CasusNO

Comic books, films, séries, jeux vidéo, romans, essais, tout ce que vous voulez tant qu'il y a des masques et des capes !

Je reposte mon message sur les films de superhéros chinois qui s'est perdu à dernière page du précédent.

Pour concurrencer les films Marvel, les Chinois lancent leurs propres blockbusters superhéroïques :
https://www.youtube.com/watch?v=Ayo3HLlP38U
Par contre Mutant Ghost Wargirl, c'est pas top comme nom de code. 
Sinon j'avais repéré ça aussi :
https://www.youtube.com/watch?v=hcdEbH5MQYo
Ça a l'air assez sympa. Reste à voir si les bandes annonces tiennent leurs promesses.

Je lis en ce moment la BD Imbattable de Pascal Jousselin, parue chez Dupuis. Ce sont des histoires courtes dans lesquelles on suit donc Imbattable, "le seul véritable super-héros de bande dessinée". Son pouvoir, c'est qu'il est conscient d'être dans une BD ; c'est donc bourré de trouvailles visuelles, le personnage agit sur les cases adjacentes, se balade dans les marges, interagit avec ses doubles d'autres cases, etc... C'est vraiment malin, très bien trouvé (certaines histoires sont tordues, il faut se creuser un peu la tête pour comprendre comment agit le héros) et ça utilise à fond le concept de base ; je pense notamment à certains alliés ou adversaires qui ont des pouvoirs dans le même thème : un contrôle les phylactères, un autre profite des dessins en 2D du format BD pour agir sur la profondeur de champ, etc...

J'ai lu les deux premiers tomes (sur 3), c'est excellent. Un digne équipier pour Plageman, Supermurgeman et Superdupont.

Quelques pages en spoiler :

Lu dans Spirou magazine, c'est excellent Imbattable.

Yep, j'ai découvert cette BD il y'a quelques années grace à un cadeau fait à mes gamins...c'est assez génial

Nouvelle fournée de comics pas très chers chez Panini, avec 10 nouveaux tomes des Grandes Sagas. Je ne connais pas tout mais il y a du très bon dans le lot : La Quête de Thanos, L'Arme X, L'Homme sans peur...

Un article d'Howard Chaykin (American Flagg, Black Kiss, The Spirit, Ironwolf) sur son rapport aux superhéros (pas loin de Moore d'ailleurs).
https://howardchaykin.substack.com/p/my ... blem?sd=pf
Où j'apprends que cette poire de Spielberg était (est ?) supposé réaliser Blackhawks (d'après la bd), un film à la gloire des costumes Hugo Boss.

Edit : à propos de ce que je crois être respectivement 1 le Batman de Miller et 2 les Watchmen de Moore 

The result was a visual screed, a comic book that flattered its audience and its presumption of seriousness in regard to the rescue and transliteration of material from goofiness to gravitas.  This production made assets of its liabilities, and was an occasionally arresting, occasionally incoherent reinvention of one of the trinity, a comic book that was the medium’s resonant equivalent of that brilliant remark of Irving Kristol—the one-time City College Trotskyite and founding father of Neo-Conservatism—in his definition, “A Neo-Conservative is a Liberal who’s been mugged by reality.”
 
The other comic book was a brutally formalist assault on the very nature of what that zeitgeist had demanded of comic books in the first place, identifying the nightmarish notion of transliterating these children’s stories, these adolescent power fantasies, into realistic narrative for the consumption of adults, along the lines of, say, taking Curious George and the Man in the Yellow Hat back to Africa to address the crisis of female circumcision.

 Both these comic books were, as noted, hugely successful critically and commercially, and, of course, enormously influential too.  The first opened the door to an epidemic of self-dramatization and self-mythologizing, of the paper-thin characters, and, curiously, of a discomfiting bunch of the talent pool itself, too, who made it clear that mistaking gravity for enormity was no mistake at all if they made it.
 The second, as was clear to anyone paying attention, was a cautionary tale…and like all too many other cautionary tales, it became an instruction manual. 

Moi moi moi, je rattrape mes lectures d'intégrales Marvel parues en 2022...

Tout fraîchement lues : West Coast Avengers 1986-1987 (3e volume) et Docteur Strange 1978-1979 (7e volume)



Alors, en bref :

West Coast Avengers 1986-1987
Le tome débute par une mini-saga étrange. On y apprend que l'univers parallèle du mystérieux peuple-chat, qui avait donné à Tigra ses pouvoirs, est en fait l'une des sections des Enfers ! Je ne vous détaille pas le périple, mais en gros les WCA s'allient à Daimon Hellstrom, Hellcat et même leur adversaire Master Pandemonium pour une Odyssée aux Enfers. Master Pandemonium retrouve une fraction de son âme, Tigra réconcilie son côté félin et humain, elle n'est plus métamorphe et guérit de ses soucis psychologiques (nymphomanie, berserk...).
Après un ou deux épisodes bouche-trous, suit une grande saga temporelle très funky. Un adversaire lambda (j'ai déjà oublié son nom...) précipite l'équipe à travers le temps ; ils se retrouvent piégés et ne disposent pour voyager que d'une machine défectueuse uniquement capable de se déplacer vers le passé ! Je ne vous résume pas le bordel, mais c'est vraiment plutôt cool, l'équipe filant vers le passé lointain pour tenter de s'allier avec une version plus ou moins sympa de Rama-Tut/Kang. Au fil des épisodes les personnages s'éclatent entre plusieurs sous-équipes, on s'envoie des messages cachés à travers le temps, on agit en parallèles d'autres personnages présents aux mêmes époques (on croise Dr Strange au 18e siècle, lui encore et les 4 fantastiques contre Rama-Tut, etc.).
C'est l'une des sous-intrigues de cette saga qui a une réputation un peu sulfureuse : le résumé le plus brut étant "Mockingbird se fait violer par le Ghost Rider d'origine et se venge en le tuant". Alors c'est ça mais tout de même moins brutal. En gros, à l'arrivée des WCA au 19e siècle, ils croisent les proto-Avengers de l'Ouest de l'époque, Night Rider (le Ghost Rider des comics western Marvel des années 60, en fait son frère qui lui a succédé), Rawhide Kid et Two-Gun Kid. Ce Night Rider à la santé mentale fragile, tombe amoureux de Mockingbird et la capture. Il l'emmène avec lui et la drogue pour lui faire perdre la mémoire et la rendre docile, et vit maritalement avec elle dans le village où il est marshall. Repartis vers le passé lointain, les WCA sont incapables de la secourir. C'est Rawhide Kid et Two-Gun Kid qui vont retrouver Mockingbird et la libérer, poursuivre leur ancien camarade, qui mourra lors d'une confrontation, mais là aussi ce n'est pas un meurtre sauvage (grand classique, suite à une baston il se retrouve accroché au bord d'une falaise et Mockingbird le laisse chuter plutôt que de lui tendre la main pour le remonter). Voilà donc ce très controversé moment de "rape and revenge" chez Marvel. Pas très fin, mais bon, rien d'horrifiant non plus.
Le tome s'achève par l'unique épisode de la série "Wonder Man", très anecdotique (sympa sans plus, et sans lien avec WCA).
C'est plutôt bon côté aventures et rebondissements, dommage que le côté psychologique manque de subtilité pour certains personnages (Wonder Man devient un gros connard arrogant se chamaillant avec Iron Man, c'est lourd). Mais c'est très distrayant globalement, avec de la magouille temporelle bien ficelée !

Docteur Strange 1978-1979
La série a toujours du mal à se remettre du départ de Steve Englehart (intégrale précédente). Celui-ci avait quitté la série (et l'éditeur Marvel) au milieu d'une odyssée temporelle de Strange à la naissance des USA.
Du coup, Docteur Strange avait achevé son périple, laissant en plan le méchant de cette saga (un certain sorcier Stygyro) et rangeant sous le tapis la sous-intrigue soap (Cléa amoureuse de Benjamin Franklin ... mais non c'était un clone maléfique). Avaient suivi une valse de scénaristes et de dessinateurs, lançant des intrigues sans trop savoir où elles allaient. Un méchant en slip au services des maîtres secrets du Quadrivers (le quoi ? bah on sait pas) débarque de nulle part pour une grosse baston magique, Cléa pète les plombs et sème le chaos, etc.
Commence donc la présente intégrale...
Jim Starlin déboule pour reprendre la série, décidant de rassembler et clore les sous-intrigues lancées l'année précédente (Stygyro, le Quadrivers...). Strange part explorer le Quadrivers où il vit des aventures psychédéliques, et découvre que les maîtres secrets du Quadrivers ont pour but se prendre la place des étoiles de notre univers et d'en devenir les démiurges, avec la complicité du mystérieux Intermédiaire (plus-ou-moins le gardien des réalités parallèles). Mais Starlin se barre aussi de la série, laissant Roger Stern au scénario.
Celui-ci rame un peu pour remettre de l'ordre dans tout ce bordel et rendre compréhensibles les délires de Jim Starlin. Allié au dessinateur Tom Sutton, excellent et progressant au fil des épisodes, il termine magistralement cette "saga du Quadrivers" en mettant en scène notre univers ravagé par le chaos avec notamment la Terre dominée par des hommes-bêtes, parmi lesquels le terrifiant "Doctor Stranger" !

Suivent diverses aventures à tonalité lovecraftienne, Docteur Strange s'attirant le courroux d'une nouvelle Nemesis, l'Hôte des Ténèbres, après avoir tué l'un de ses serviteurs. Un adversaire intéressant, sorte de mangeur de peur, capable de manipuler les mortels par leurs rêves et avec de puissants alliés (dont Cauchemar).
Roger Stern, dans l'introduction, ne cache pas le chaos dans lequel il s'est retrouvé en charge de la série, avec quelques anecdotes croustillantes : planches redessinées à la hâte, erreurs de dialogues...
En résumé : ça commence dans du grand n'importe quoi incompréhensible, mais le duo de créateurs stable et motivé Stern-Sutton fait retrouver à la série cohérence et continuité, c'est chouette. Vivement la suite !

Gridal a écrit : ↑jeu. sept. 29, 2022 9:58 am Je lis en ce moment la BD Imbattable de Pascal Jousselin, parue chez Dupuis. [...]

j'aime beaucoup aussi et je le recommande. 

Ganelon a écrit : ↑ven. oct. 21, 2022 9:36 am Un article d'Howard Chaykin (American Flagg, Black Kiss, The Spirit, Ironwolf) sur son rapport aux superhéros (pas loin de Moore d'ailleurs).
https://howardchaykin.substack.com/p/my ... blem?sd=pf

L'article a l'air dense et un peu touffu et peut etre trop reference pour moi, mais je vais tacher de le lire.

Il veut dire quoi par Wathcmen comme manuel d'instruction ? J'adore W, mais je vois pas ce qui dans la vraie vie s'en rapproche.

J'ai trouvé ca ce matin :
https://longreads.com/2022/10/20/anatom ... ding-list/
avec son premier article sur le golden age faconné par la montée du facisme, qui fait un peu pendant

@Morningkill Un manuel d'instruction soit pour les comics déconstruits, conscients d'eux-mêmes, soit pour le genre dystopique et autocritique. Ce qui pourrait concerner l'intégralité des publis de Moore. Enfin, Chaykin dit en substance qu'il est ironique que les tentatives réussies de renouveler l'esthétique (et son corolaire l'idéologie) des sups se concluent par leur inevitable récupération et leur prévisible dévoiement par l'industrie du divertissement. Je t'avouerai que je le trouve effectivement difficile à lire.

La façon dont j'interprète le texte, c'est que les super-héros pour lui, c'est au mieux une fantasy adolescente et hyper-simpliste dans son idéologie. Chaykin a le sentiment que, comme lui (et ça a toujours effectivement été la position de Moore), les adultes devraient s'en écarter à un moment donné, et pas la célébrer, et que vu sous un prisme "réaliste", le super-héros est en lui-même un concept malsain, voire fasciste. Et il est aujourd'hui célébré par les millions de gens qui se pressent au cinéma pour voir ces films, et Chaykin le note, y compris par le type qui se moquait de toi quand, enfant, tu lisais tes comics, et qui aujourd'hui est sur le siège derrière toi au multiplexe.

C'est tout le propos de Watchmen, une déconstruction "adulte" du mythe du super-héros. C'était, comme le Dark Knight de Miller, censé être une exception, une anomalie, mais l'industrie a récupéré les deux titres pour en faire des modèles à émuler. De "cautionary tales", des histoires qui informeraient sur les dérives du genre s'il est pris trop au sérieux, ils deviennent "manuels d'instruction".

C'est Moebius qui le disait aussi : "Il n’y a que l’innocence qui peut sauver le super-héros  de quelque chose de déplaisant et presque de fascisant." C'était dans les bonus du documentaire "De Superman à Spider-Man".

Je suis d'accord avec toi @Pascalahad. L'interrogation faite à l'esthétique superhéroïque (superérotique soutient à raison Chaykin) est devenue une esthétique propre. Mais je pense qu'il y a une intransigeance un peu puritaine du côté de Moore qui met de côté l'amateur, celui qui apprécie le style d'un dessinateur, les dialogues d'un scénariste, ce qu'on appelle les "runs" comme en témoignent ici-même les échanges sur telle ou telle publication, bref l'amateur de la forme.

Et c'est aussi ignorer la part cathartique de toute fiction censée, comme on sait, nous purger de nos mauvaises passions. C'est pourquoi l'exercice de la "fiction adulte" est si périlleux à mettre en œuvre, le paradoxe moorien (et sa réussite) étant qu'il livre un récit à la forme apparemment et formellement classique, "bourgeoise" aurait-on dit naguère (Hugo Pratt ou Frank Miller sont à ce titre bien plus novateurs ) mais aux intrications narratives passionnantes.

Pascalahad a écrit : ↑sam. oct. 22, 2022 10:32 am C'est tout le propos de Watchmen, une déconstruction "adulte" du mythe du super-héros. C'était, comme le Dark Knight de Miller, censé être une exception, une anomalie, mais l'industrie a récupéré les deux titres pour en faire des modèles à émuler. De "cautionary tales", des histoires qui informeraient sur les dérives du genre s'il est pris trop au sérieux, ils deviennent "manuels d'instruction".

Je suis loin d'etre un expert, mais j'avais pas compris que Wathcmen elevait de la même intention que Dark Knight, ce dernier me semblant plus premier degre par son auteur -ou je le mélange avec ses polémiques suivantes ?

Morningkill a écrit : ↑sam. oct. 22, 2022 11:30 am mais j'avais pas compris que Dark Knight relevait de la même intention que Dark Knight,

Et pourtant !...