[CR][AiME] Un Dúnadan en Terres Sauvages

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Carfax
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Re: [CR][AiME] Aventures d'un dúnadan en Terres Sauvages

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La page de garde de mon livre tiré des aventures d'AigreFeuille est prête.
Je résiste pas à vous la partager. :yes:
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AsgardOdin
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Re: [CR][AiME] Aventures d'un dúnadan en Terres Sauvages

Message par AsgardOdin »

Au top, mais les CRs ils sont où ? :P :escrime
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Re: [CR][AiME] Aventures d'un dúnadan en Terres Sauvages

Message par polki »

ben, tu ne les as pas eu ?

:mrgreen:
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Re: [CR][AiME] Aventures d'un dúnadan en Terres Sauvages

Message par Carfax »

8| Vous êtes terribles !
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Re: [CR][AiME] Aventures d'un dúnadan en Terres Sauvages

Message par polki »

tu vouvoies asgard maintenant ?
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Re: [CR][AiME] Aventures d'un dúnadan en Terres Sauvages

Message par Da Beast »

Carfax a écrit : mar. janv. 25, 2022 1:33 pm Image

La page de garde de mon livre tiré des aventures d'AigreFeuille est prête.
Je résiste pas à vous la partager. :yes:
Je clique sur l'image et ça se télécharge pas :runaway
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Maya, la plus belle des Apiss ? Mouais, c'était surtout une belle garce...
Un vétéran blatère dans une taverne de Mellifera


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Re: [CR][AiME] Aventures d'un dúnadan en Terres Sauvages

Message par AsgardOdin »

Demande à @polki et il te les envoie en MP !
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Re: [CR][AiME] Aventures d'un dúnadan en Terres Sauvages

Message par Carfax »

:geek j’y travaille j’y travaille ….
Rédaction de l’année 2973 en cours. Pas mal débordé donc j’ai pris du retard :pri
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Re: [CR][AiME] Aventures d'un dúnadan en Terres Sauvages

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Re: [CR][AiME] Aventures d'un dúnadan en Terres Sauvages

Message par Carfax »

Année 2973 T.A.
Le soupire d'une mère
Sessions 67 à 68

 
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Ainsi, ce fut là. Le petit castel s’éleva au dessus d’un lancinant cours d’eau qui pourléchait avidement le fondement de ses murailles moussues. Surmontant l’enceinte murée, un haut donjon s’érigea hardiment vers les cieux, solitaire mégalithe au milieu des plates terres alentours. Ses sombres murs grenus contrastèrent avec la brume laiteuse de l'aurore naissante dont le linceul moutonné s’étira à perte de vue sur la vaste lande herbeuse avoisinante. Seules quelques corneilles troublèrent de leurs cris roques le silence cotonneux des fugaces lueurs matinales. Les frimas de la nuit mourante gerçaient encore le sol herbeux qui craquela sous me pas et ceux de mes compagnons. Après une marche nocturne haletante, mon souffle saccadé expulsa des panaches vaporeux, tels ceux crachés par les naseaux d’un cheval éreinté dans un froid hivernal. Puis, lorsque le battement de mes tempes s’assagit, je cessais ma contemplation et repris mes enjambés vers cette lugubre citadelle pour rattraper mes amis partis plus avant. Nulle pause, nul répit, la vitesse était notre alliée car nous devions atteindre la forteresse avant les premiers rayons du levant pour préserver notre furtivité.

Quelques jours auparavant, j’avais retrouvé Beleg et Vannedil aux portes d’Esgaroth où l’été naissait à nouveau mais ne chassait en rien la froidure prégnante de l’Ombre. Ouvertement, et plus que jamais, l’Ennemi manigançait et fomentait sa vilénie en toutes saisons et en tous lieux. A Dale, dans le Rhovanion septentrional, le complot contre son roi toujours souffreteux prit subitement une dramatique ampleur. Alerté par un Vigenère forcé à l’exil, je voyageais prestement vers la cité lagunaire. Sur mon trajet, je me remémorais inlassablement le message de l’affidé fugitif : « La situation est grave. J'ai dû quitter ma cité devenue trop dangereuse pour ma vie. Les assassins rôdent. Je réside maintenant à Esgaroth, dans une cache. Lors de ma fuite, j'ai heureusement pu intercepter Ottar, l'écuyer du Prince Bain. Celui-ci m'a appris que son jeune Prince est en visite à la citadelle du Seigneur Orlmond, l’un de ses fervents fidèles. Mais, lors de se séjour, la forteresse a été prise, soudainement et sournoisement, par des combattants menés par Girion lui-même. Les assaillants ont rapidement maîtrisé la place forte et emprisonné le prince et ses soutiens. Par un heureux aléa, Ottar a pu s'enfuir pour immédiatement chercher des renforts à Dale. Mais j’ai pu l’intercepter avant que la détention de Bain ne s’ébruite et ne déclenche une inévitable guerre civile. Il nous faut absolument libérer le Prince. Rejoignez-moi au plus vite à Esgaroth, demandez « la fleur bleue » à l'aubergiste du « Brochet d’argent ». Il vous répondra « Elle est fanée… » et vous lui direz « … car ce n'est pas encore le plein été ». Il vous mènera alors à moi. Par les dieux, faites vite ! ». L’Ennemi jouait une de ses pièces maîtresses et la manigance de Valdis se concluait ; au mieux, son fils Girion était un innocent manipulé et désormais obnubilé par un destin providentiel d’une lignée présumée royale ; au pire, déjà un vampire subordonné aveuglement aux dictats de l’Ombre.

Parcourant pontons humides et pilotis putrides, retrouver l’affidé fut une simple gageure en suivant ses instructions. Il demeurait dans une chambre exiguë gorgée de parchemins, rouleaux, livres et autres papiers épars. Elle était située à l’étage d’une vielle bâtisse en bois toute branlante et, de sa fenêtre grande ouverte, une forte odeur d’algues pourrissantes montait des eaux stagnantes de la lagune. Au contraire de Vannedil et moi-même, Beleg vint en compagnie d’Orophin, un élégant et émérite guerrier elfe. Face à ses quatre visiteurs, Vigenère en dévoila plus car il lui restait un homme fidèle au sein des murs du castel d’Orlmund. Le prince Bain, le seigneur et ses hommes étaient détenus dans les geôles souterraines mais, néanmoins, traités avec égard par Girion et ses sbires. Ceux-ci étaient peu nombreux pour tenir efficacement les murailles contre un assaut frontal d’une importante troupe d’armes. Cependant, une telle folie menacerait assurément la vie des détenus avant que les portes et la herse ne cèdent. Non, il nous faudrait inévitablement agir avec une grande subtilité pour libérer intelligemment le prince de ses fers.

Doubler la frêle vigilance du garde fut un jeu d’enfant. Perché derrière la crénelure des remparts et bercé par une profonde oisiveté, le clampin semblait somnoler. Mais, lorsque j’atteignis le pied des murailles et levais la tête pour m’assurer de sa nonchalance, je vis l’ombre planante de deux grandes ailes diaphanes me survoler pour atteindre le faîte du donjon. Tel un lugubre augure dans les cieux rosés du petit matin, la mère vampirique rejoignait ainsi sa descendance en son nid. Mon visage se crispa car je sentis immédiatement une aura maléfique glacer l’atmosphère de l’aurore naissante.

En quelques brassées agiles, je grimpais et atteignis l’étroit conduit des latrines du castel. Les immondices s’y déversaient pour s’écouler le long d’une rigole peu ragoutante au bas de la muraille. Après une contorsion malaisée, je parvins à m’extirper crotté et souillé du boyau. Pester me fut inutile : je savais malheureusement ce seul passage accessible pour nous infiltrer silencieusement dans la forteresse car le fidèle Ottar avait fui par ce même orifice. Ma lutte contre l’Ennemi n’était donc pas toujours glorieuse et chevaleresque et je souris presque à cette pensée lorsque, finalement, nous nous retrouvâmes quatre sycophantes maculés d’une fange brune malodorante à l’intérieur d’une alcôve fétide du château. Par chance, nul ne vint inopportunément se soulager ou verser des eaux usées. Nos armes au clair, nous abandonnâmes ce lieu pestilentiel pour trouver au plus vite le chemin des cellules.  
Dernière modification par Carfax le lun. janv. 31, 2022 2:39 pm, modifié 11 fois.
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AsgardOdin
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Re: [CR][AiME] Aventures d'un dúnadan en Terres Sauvages

Message par AsgardOdin »

Ah enfin ! :rock

Cette infiltration !
 
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Re: [CR][AiME] Aventures d'un dúnadan en Terres Sauvages

Message par Carfax »

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De corridors en corridors, nous trouvâmes l’escalier pentu vers les bas-fonds et ses geôles. Aucune âme errante ne nous surprit : toutes sommeillaient encore profondément ou arpentaient transies le chemin de ronde. Marche par marche, suivi par mes camarades et aussi discrètement qu’il me fût possible dans une obscurité oppressante, j’atteignis finalement une petite porte chenue et ferrée. Une écoute attentive m’avertit immédiatement de voix râleuses et invectives derrière son seuil. Deux hommes pestaient sur les prisonniers, sûrement les gardiens mécontents de leur astreinte nocturne et, à l’évidence, leur irritation matinale dictait leurs dires et gestes. Quolibets et injures fustigèrent à nouveau les détenus. Mais ces insolences furent précieuses aux creux de mes oreilles car je sus ainsi le nombre précis des surveillants colériques. J'eus aussi confirmation de l’emprisonnement du prince Baine derrière cette porte lorsque j’ouïs son verbe autoritaire réprimander l’agressivité de ses geôliers.

Subrepticement, je soulevais la clenche à poucier de la lourde porte puis la poussais violement pour jouer de l’effet de surprise. Les gonds couinèrent une longue complainte grinçante lorsque je me précipitais dans l’ouverture béante. Surprise par la soudaineté de mon élan, la soldatesque n’eut que peu de réactions. Ma lame perça la gorge du premier gardien. Il suffoqua dans un borborygme disgracieux lorsque sa bouche expulsa de violents spasmes sanguins. Terrassé, son corps s’écroula et convulsa sur le sol crasseux à l’instant même où les flèches de Beleg et Vannedil transpercèrent mortellement son comparse. La fulgurance de notre assaut évita l’alerte.

Une à une, Vannedil crocheta les cellules à l’aide du trousseau accroché à la ceinture du premier mort. Peu à peu, les prisonniers dépenaillés sortirent de leurs cachots et s’agglutinèrent dans le dégagement étriqué du sous-sol. Le prince écarta quelques-uns d’entre eux pour s’extirper du lot et nous rejoindre. Un homme barbu, au crâne dégarni et âgé d’une cinquantaine bien tassée, le suivit en claudiquant. Un bandage grossier auréolé de vilaines tâches rougeâtres cernait son flanc droit. Empressé et tout à son étonnement, le prince oublia de nous présenter son acolyte, qui ne pouvait être que le seigneur Orlmond, et bégaya ses remerciements ahuris : « Mes amis, comment se peut-il ? Merci. Merci mille fois d’être venu. Votre ost tient elle la forteresse ? Girion est-il entre ses mains ? ». Vannedil coupa l’engouement du jeune homme : « Prince, nous sommes ici sournoisement et n’avons pu venir jusqu’à vous que par l’emprunt d’une issue détournée et malaisée comme l’attester nos accoutrements… C’est votre homme Ottar qui nous prévint de votre enfermement et précipita notre infiltration. Mais cessons là nos palabres et pressons pour nous extirper au plus vite de ce château avant que les félons ne s’éveillent. ». Baine infléchit sa tête puis murmura : « Il est nulle question que je sois exfiltré. Nous avons plus de vingt hommes ici qui veulent en découdre. Girion est dans cette place forte et je dois profiter du sort pour, si ce n’est le raisonner, le contraindre à l’entendement. ». Vannedil rétorqua : « Mais sa mère est là à présent. Aigre-Feuille fut témoin de son arrivée au petit matin lors de notre intrusion. Vos hommes sont démunis et, quand bien même, pensez-vous être en mesure de combattre la furie de cette bête ?  Vous n’avez aucune idée de ses pouvoirs maléfiques. Nous avons déjà affronté ce monstre et échoué. Croyez moi, fuir est parfois la sagesse même ! ». Orlmund réagit bruyamment devant l’effarement de Baine : « Voyons ce n’est tout au mieux qu’une guerrière accomplie parmi les quelques traitres qui prirent ma forteresse par un vil subterfuge. Même désarmée, je me fais fort de profiter de l’aubaine pour reprendre prestement l’armurerie avec ma soldatesque et défaire ensuite celle de l’usurpateur ! Soyez assurés que mes hommes sont… ». Incisif, Beleg interrompit avec autorité les propos rocailleux du châtelain : « Le grand vampire de Mirkwood… la mère de Girion est cette créature réincarnée. La combattre est tout sauf aisé. Sa morsure est mortelle pour le prétentieux qui songe… ». Je posais une main lénitive sur l’avant-bras de l'elfe albinos car il suffisait à présent. Nos atermoiements et disgressions ne duraient que trop dans ce cul-de-basse-fosse et leur inutilité indéniable car je sus inévitable l’affrontement avec Valdis dans le regard courroucé de Beleg.

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à suivre...
Dernière modification par Carfax le mer. févr. 02, 2022 3:24 pm, modifié 1 fois.
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Re: [CR][AiME] Aventures d'un dúnadan en Terres Sauvages

Message par Carfax »

L‘étroite montée en colimaçon dans l’épaisse obscurité m’oppressa peu à peu car chaque échelon gravis vers la cime du donjon concrétisa le choc d’un combat incertain. J’en acquis la certitude. Une anxiété galopante paralysa mon esprit et ma main enserra fermement la fusée de ma lame jusqu’à blanchir mes phalanges. J’entendis le souffle saccadé du prince Baine sur mes talons. Les reflets de sa torche enflammée creusèrent un peu plus ses traits soucieux car, lui et plus qu’aucun autre, savait grimper vers son devenir. Derrière lui, Vannedil et Beleg haletèrent sous l’effort de l’interminable ascension. Tous les quatre, nous empruntions un poussiéreux passage secret connu du seul sieur Orlmond depuis la crypte de ses ancêtres. Blessé et amoindri, ce dernier se convainquit au retrait malgré les premiers soins de Beleg et, alors que nous montions dans ce suffocant et obscur boyau à l’aube naissante, ses soldats menés par l‘elfe Orophin reconquirent par surprise la cour et les dépendances aux félons encore ensommeillés.

Fidèle aux indications d’Orlmond, le passage atteignit enfin la porte murée dérobée. Celle-ci ouvrait sur la salle de cartes où, nous avait-il dit, elle était astucieusement masquée derrière une haute tenture ouvragée honorant les exploits guerriers de sa lignée. Attentif au moindre son, je perçus des bribes de paroles calfeutrées au-delà de l’épaisse porte secrète. A l’évidence un fils parla à sa mère : « …ne puis m’y résoudre, mère. Baine est mon prisonnier certes, mais… ». Il fut coupé par une voix féminine malheureusement bien trop familière à mes oreilles : « Girion, tu es le roi légitime de Dale. Lui n’est rien, si ce n’est le descendant d’un vulgaire usurpateur, simple archer dont le tir chanceux trompa le destin et les dieux. Désormais, tu es soutenu en ton royaume. Les nobliaux reconnaissent le roi que tu es. Le leur. Il te faut néanmoins couper la tête du perfide serpent mais aussi saccager son nid. De mansuétude, tu ne peux avoir. Tu es mon fils et es en mon pouvoir. J’attends de toi… ». Je perdis le fil lorsque la discussion s’atténua mais peu m’importa car le sort fut jeté. Baine enclencha le mécanisme d’ouverture de la porte secrète et celle-ci s’escamota bruyamment. Nous nous engouffrâmes précipitamment dans l’interstice pour surgir dans une salle circulaire baignée d’une semi obscurité car seule une meurtrière exiguë laissait filtrer la lumière ténue du soleil levant. En son milieu, sous un plafond lambrissé, une lourde table en chêne trônait sur laquelle un fatras de cartes éparses déroulées bataillait avec deux brocs à vin, quelques gobelets et deux candelas enflammées. A l’une de des deux extrémités, Girion et Valdis conversaient côte à côte alors que quelques gardes, vêtus d’une broigne cuivrée et armés de lances, gardaient silencieusement la pièce. Notre intrusion les médusa tous.

Baine, droit comme un jeune bouleau, s’avança convaincu de son autorité : « Girion, c’est fini ! Tes manigances s’achèvent ici. Mon emprisonnement dans les bas-fonds de ce château sera ta dernière erreur. Mes alliés ont agi pour m’en libérer et... ». Girion coupa sèchement les velléités du prince : « Crois-tu Baine que tes alliés, certes puissants, justifie ton héritage ? La faiblesse de ton père face à l’Ombre grandissante est la marque indéniable de la couardise de ta lignée. Les hommes de Dale ont ouvert leurs yeux sur la bassesse de ton père comme sur la tienne. Je suis légitime et… ». Posté dans le dos de Baine, Beleg trancha d’une voix cisaillant le monologue de Girion : « Peut-être vous serait-il judicieux de questionner votre mère Valdis de l’origine du mal qui enserre nos terres ? Valdis n’est plus son nom d’ailleurs depuis que le grand vampire s’incarne en elle ! Viens, créature maléfique ! Viens endurer la lumière d’Elbereth ! Viens si tu n’es pas conquise par l’Ombre et soumets-toi à la lumière divine de la Reine d’Arda ! ». Une rage irascible déforma le blanc visage de Beleg qui tendit sa lampe vers Valdis. Avec une assurance hautaine, celle-ci cracha son fiel après un éclat de rire sardonique : « Pauvre elfe ! Tes tromperies n’ont que peu de prise ici loin de tes bois et de ton roi. Range ton bibelot ! Oui, cache ton misérable artefact… Réprime ta venimeuse parole car ce n’est pas ainsi que l’on s’adresse à la reine mère d’un puissant royaume. ». Mais l’elfe fut investi. Un halo miroita autour de lui lorsqu’il s’élança et bondit sur la table faisant voltiger cartes, gobelets et candélabres. Agile et preste, son arc surgit dans ses mains et chanta sa létale mélodie. Un trait bleuit et fila vers Valdis.

Je pestais et me précipitais à mon tour vers Girion et sa mère. Brandissant mon épée, je fis luire sa pâleur et m’écriais : « Je suis Araval, fils d’Araglas. Je viens de l’Ouest pour battre l’Ennemi et ses séides. Ma lignée est royale et en son nom je pourchasse et occis le mal ! ». Girion recula d’un pas et balbutia : « Mais comment ? Pourquoi ? Pourquoi traverser les Monts Brumeux et l’Anduin ? Pourquoi venir ici en mon Royaume, toi le dunedan ? ». Puis, lorsque la flèche de Beleg frappa sa mère, Girion cria un « non » perçant et tira sa lame. Mais je n’eus pas l’opportunité de l’affronter car Baine me dépassa et se jeta au devant de son destin. Par ailleurs, les gardes sortirent de leur torpeur et m’assaillirent. Je déviais une première lance sans pour autant éviter une seconde qui m’entailla la cuisse. Concentré face aux assauts répétés des deux soldats, je perdis le fil de la mêlée. Juste, je pus m’apercevoir les difficultés de Vannedil contre deux autres hommes d’armes, comme celle de Baine cédant sous les coups de Girion. La mêlée s’enragea, halètements, souffles et chocs resonnèrent dans la salle. Puis celle-ci s’illumina lorsque j’entendis Beleg incanter ses litanies magiques pour illuminer sa lampe. Aux cris désespérés de Valdis, je la sus se métamorphoser.

Nimgalgor rougit lorsque son fil transperça le buste de l’un de mes deux assaillants. Son corps flancha et sa lance chuta bruyamment au sol. Puis avant même une respiration, je tournais sur mes appuis et pourfendis le second d’un revers retors. Bien que sur le reculoir mais conscient du vent victorieux qui souffla après mes assauts, Baine incita Girion : « Il suffit. Tes gardes meurent. Ta mère dévoile sa laideur. Cesse ! ». Un court instant, Girion figea son épée au-dessus du prince et constata l’évidence. Sa mère n’était plus qu’une infâme et hideuse créature aîlée. Ses cris déchirés témoignèrent d’une immense souffrance infligée par la lumière féerique qui la cibla. Envoûté d’une aura divine, arc bouté sur la table et psalmodiant ses imprécations, Beleg triomphait du mal. Mais le vampire déploya un ultime effort et, de l’une de ses immenses ailes translucides, le faucha promptement. L’elfe valdingua et sa lampe voltigea avant de s’éteindre.

Bain hurla sa peur. Girion se tétanisa. Je lui soufflais hardiment : « Regarde ! Regarde ce qu’est ta mère ! Le mal incarné ! ». Je bondis et courus vers le monstre cauchemardesque. Sa furie se décupla et je dus refreiner mon élan. Face à l’envergure démesurée de la bête dans cette enceinte circulaire étriquée, je marquais le pas. Bien qu’embarrassée par la faible hauteur du plafond, elle bondit sur son fils d’un battement d’ailes, le saisit violement et le mordit avidement. Ses crocs percèrent la chair de Girion qui devint livide comme un damné.

Une flèche elfique lumineuse siffla et frappa durement le vampire à l’épaule, le forçant à relâcher son étau. Je bondis courageusement et, d’une main ferme, extirpais sa proie de ses monstrueuses griffes pour l’envoyer valdinguer derrière moi. Ragaillardie par sa succion, la bête m’infligea une griffure titanesque au torse qui déchira mon cuir protecteur et me laissa chancelant. Bain ramassa l’épée longue de Girion et se jeta sur le monstre. Folie ! Ses deux ailes fouettèrent brutalement les airs l’élevant d’un bon mètre et libérant ses deux membres postérieurs qui rudoyèrent le prince. Avant qu’un deuxième assaut ne lui fût fatal, je piquais mon épée de tout mon poids vers mon ennemi. La lame crépita lorsqu’elle fouilla les entrailles du vampire. Il chercha alors une issue pour s’enfuir mais, là où précédemment la caverne fut son atout, la petitesse du lieu désormais sa faiblesse, tout comme la corde lancée par Vannedil qui ceintura l’une de ses ailes. Le monstre se contrit et l’halali suivit sous les gémissements du fils incrédule face à l’horreur incarnée de sa mère démoniaque.  Et lorsque celle-ci expira son dernier souffle, son corps s’embrasa soudainement comme un fétu de paille et, consumé, libéra une déflagration d’énergie noire qui me souffla avec fulgurance telle une frêle brindille dans une tourmente venteuse. Sitôt l’onde de choc évanouie, hébété et groggy, je vis avec effroi convulser sur le sol un cadavre noirci et décharné enveloppé d’une infâme peau brune filandreuse. Un froid glacial emplit mon cœur quand le corps brûlé se figea dans sa sombre chrysalide.
 
Image
 
Du haut d’un sombre donjon, au dessus des vastes landes léchées d'une brise légère, au-delà même d’une rivière aux flots revêches, le cri d'effroi d’un fils exorcisé vrilla le calme éveil d’une matinée blafarde. Apeurées, de noires corneilles s’envolèrent par delà des nappes brumeuses colporter vers un sud lointain le dernier soupir d’une mère.

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J'opte pour ce logo pour mon "auto-édition" à venir. J'hésitais entre deux mais après une sympathique discussion tardive avec @polki mon choix est fait :rock

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Je trouve qu'il associe bien le jeu de rôle et la plume -en toute modestie  :oops: - narratrice des CR.
Dernière modification par Carfax le ven. févr. 04, 2022 6:04 pm, modifié 2 fois.
Dieu infatigable des archivistes fictionnels

SUR1DPERCHÉ - Rôle & Plume
Le vent se lèveLes 5 supplices, Les noces du vicomte Corvo, du Steampulp sous ItO et YZE
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polki
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Re: [CR][AiME] Aventures d'un dúnadan en Terres Sauvages

Message par polki »

:yes:
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:bierre:
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