Inspi historique #2

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WolfRider
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Re: Inspi historique #2

Message par WolfRider »

Dans la Rome antique c'était commun pour les familles patriciennes et plébéiennes riches d'avoir des esclaves lettrés servant de précepteurs aux enfants de la famille. C'étaient aussi très commun d'affranchir ces esclaves. Les affranchis représentaient une classe sociale non négligeable, le plus souvent très fidèle au maitre qui les avait affranchi et à sa famille.
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Killing Joke
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Re: Inspi historique #2

Message par Killing Joke »

Une carte navigable (façon Google Earth) avec une composition de cartes du 19e siècle : 
https://maps.arcanum.com/en/map/europe- ... .051728834

Pas mal fait, pour le coup.

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legnou
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Re: Inspi historique #2

Message par legnou »

Ce qui est toujours dommage avec ce genre de cartes, c'est qu'elle sont annotées.
Vierges, ce serait du pain béni pour du bac à sable.
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Killing Joke
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Re: Inspi historique #2

Message par Killing Joke »

Oui, là c'est plus pour de l'inspiration historique...

Du coup si tu veux des cartes "europe" vierges, çà ne va pas répondre à ton besoin, mais sinon pour rappel, tu peux partir de zéro avec des softs comme Inkarnate (et, certes, le rendu ne sera pas tout aussi authentique, et çà représente bien sûr plus de boulot).

Exemples en mode "parchemins" : 

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Re: Inspi historique #2

Message par Tybalt (le retour) »

legnou a écrit : lun. déc. 27, 2021 1:38 pm Ce qui est toujours dommage avec ce genre de cartes, c'est qu'elle sont annotées.
Vierges, ce serait du pain béni pour du bac à sable.

Tu cherches des fonds de cartes gratuits, c'est ça ? Il en existe pas mal sur le Net.
Géoportail (avec l'IGN)
Geographie Muniga, etc.
Mes sites : Kosmos (un jdra sur la mythologie grecque qui a lu les auteurs antiques pour vous) ; blog de lectures ; site d'écriture.
Disclameur : j'ai écrit pour "Casus" et "Jdr Mag".
legnou
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Re: Inspi historique #2

Message par legnou »

L'idée c'est de zoomer sur une vraie carte d'epoque pour avoir le rendu mais sans legendes ou annotations.

Au passage, j'ai ceci sous le coude pour ceusses qui veulent faire du "Cassini maison"

pictogrammes carte Cassini.
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Inigin
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Re: Inspi historique #2

Message par Inigin »

legnou a écrit : mer. déc. 29, 2021 12:34 am L'idée c'est de zoomer sur une vraie carte d'epoque pour avoir le rendu mais sans legendes ou annotations.

Au passage, j'ai ceci sous le coude pour ceusses qui veulent faire du "Cassini maison"

pictogrammes carte Cassini.

Super !
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Lotin
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Re: Inspi historique #2

Message par Lotin »

Je m’en vais vous partager une conversation tenue sur le forum de Black-book éditions dans la section Würm (forcément) car elle peut fournir des inspirations pour certains contextes de jeu.

Tout est parti de la question de Poboasne au sujet des potentiels ressources naturelles ayant des vertus hallucinogènes présentes en Europe durant la dernière période glaciaire (la période nommée Würm, et hop on retombe sur nos pattes). Il s’interrogeait donc sur ce qu’avaient pu prendre nos préhistoriques pour se « shooter ». Quelques pistes ont été évoquées par les intervenants au sujet : chanvre, champignons, crapauds, sauge, etc.

Je vous retranscris ma réponse en suivant.

Un modèle d’altération de la conscience a été envisagé par certains auteurs pour nos préhistoriques, notamment (si ce n’est essentiellement) les tenants du chamanisme préhistorique. Il s’agit du modèle TST, des Trois Stades de la Transe, extrapolé d’après des données ethnographiques des populations Khoekhoe d’Afrique australe et Shoshone coso du grand bassin de Californie (ce qui déjà pose énormément de souci en soit). Je ne vais pas parler du chamanisme, car cela demanderait bien trop de temps tant il y a à dire, du moins pas ce soir… mais des interrogations liées à cette volonté humaine de se « shooter ».
Que dit la science préhistorique ? Ces états altérés de la conscience, dans leur majorité, peuvent être atteints par des « transes » produites soit par des drogues soit provoquées naturellement. Je vais évoquer les cas de transes naturelles rapidement, elles sont éventuellement à ne pas négliger selon le contexte du scénario envisagé. Arnold Ludwig en répertorie plus de 70 dans son article « Altered States of Consciousness » publié en 1968 dans l’ouvrage "Trance and Possession States". Quelques exemples : hétérohypnose ou autohypnose, extrême fatigue, prière fervente, relaxation profonde, privation sensorielle, migraine, épilepsie, expérience esthétique profonde, danse rituelle, etc. Tous ces états provoquent donc des altérations de conscience qui se traduisent par une variété très importante d’effets donc aucune ne correspond au fameux modèle TST.

Les drogues artificielles peuvent aussi provoquer des états de conscience modifiés/altérés néanmoins on peut raisonnablement les retirer à nos préhistoriques. Il nous reste donc les substances naturelles. Le choix est cependant très limité, il y a trois types de plantes qui ont pu être présents en Europe : l’amanite muscarine (Amanita muscaria), un champignon donc, et deux plantes, la jusquiame (Hyoscyamus niger) et le datura (Datura metel) et capables d’altérer les esprits. L’amanite ne semble pas avoir colonisé l’Europe avant le début du Moyen Âge ou la toute fin de l’Antiquité donc chez nous entre les 4e et 6e siècles de notre ère. Son arrivée est peut-être à relier à une certaine péjoration climatique qu’ont connu les populations tardo-antiques, on est bien loin chronologiquement de nos groupes du Würm. Les deux autres plantes sont très dangereuses et considérées comme poison mortel. Le datura contient un alcaloïde, la scopolamine, qui provoque une intoxication s’accompagnant de narcose alternant des hallucinations entre les phases de conscience et de sommeil. Pour finir, le consommateur ne se souvient pas de ce qu’il a vécu, perd tout sens de la réalité, délire profondément (état rapproché du delirium alcoolique) pouvant conduire jusqu’à la mort. La jusquiame est connue anciennement, au moins depuis l’Antiquité. Elle provoque quant à elle un état d’intoxication, pression sur la tête, obligation de fermer les paupières, vision floue, perceptions déformées, hallucinations visuelles inhabituelles, soit là aussi des symptômes assez éloignés de ceux du modèle TST.

Un site en Écosse a peut-être livré des traces d’utilisation de la jusquiame (Balfrag) pour une occupation datée du Néolithique (soit quelques nombreux millénaires après Würm), cependant ces « preuves » sont loin d’être fiables. La conclusion d’un article de Long (auteur principal) à ce sujet est que « l’emploi de drogues hallucinogènes pendant la Préhistoire ne peut encore être démontré de manière convaincante en utilisant des données botaniques, le débat doit se poursuivre, mais pas avec l’impression que les preuves scientifiques sont déjà là ». Les auteurs résument parfaitement la problématique (et qui pourrait être étendue à de nombreux autres sujets préhistoriques).
En fait, les états de conscience correspondant au modèle TST ne peuvent être induits que par l’absorption de mescaline, de LSD ou de psilocybine. Bon, la mescaline est mexicaine d’origine, donc trop lointaine pour nos préhistoriques européens. Qu’en est-il des deux autres ? Si le LSD peut être fabriqué, il existe aussi à l’état naturel et vous le connaissez surement sous cette forme. Il s’agit de l’ergot de seigle ayant provoqué de nombreux décès durant le Moyen Âge européen, une forme de moisissure (un champignon) (Claviceps purpurea) qui se développe sur certaines plantes dont le seigle. Il y a deux réactions documentées pour l’ergotisme : une première impliquant des délires, hallucinations visuelles bizarres, gangrènes et avortements spontanés, une seconde causant des convulsions et des épilepsies. On sait par ailleurs par l’ethnographie qu’aucun groupe humain n’a consommé volontairement ce parasite du seigle comme hallucinogène. Puisque ces comparaisons ethnos sont très souvent mobilisées pour « prouver » tel ou tel état de fait pour nos préhistoriques, acceptons donc ce qu’elle peut dire ici. Ce parasite peut aussi se développer sur des plantes sauvages, mais ne développe pas les alcaloïdes nécessaires pour intoxiquer un humain. Il n’y a donc presque aucune chance que nos paléolithiques qui ne maitrisaient pas la domestication des plantes aient pu en consommer, sans même parler d’adéquation climatique avec le milieu würmien.
Quant à la psilocybine ? Un seul champignon en Europe en contient assez pour impacter un humain, le psilocybe (Psilocybe semilanceata) cependant nous n’avons pas de chance, il n’existe aucune preuve certaine de la présence de ce champignon en Europe avant la toute fin du 18e siècle de notre ère. Au mieux certains cas d’empoisonnement avec des champignons qui peuvent être rapprochés du psilocybe, mais rien avant la toute fin du 15e siècle de notre ère, ce champignon étant probablement d’origine américaine.

Existe-t-il d’autres moyens de s’intoxiquer en provoquant des états altérés de consciences ? L’alcool n’est pas à négliger, mais est-ce que nos sociétés paléolithiques en produisaient, c’est assez peu probable. Le préhistorien Michel Lorblanchet, spécialiste de l’art paléolithique a évoqué avec beaucoup de précautions des empoisonnements au manganèse qui pourraient provoquer des changements neuropathologiques proches du syndrome parkinsonien et pouvant aboutir à des hallucinations visuelles, des délires, mais seulement après plus de six mois d’exposition par inhalation et ingestion. Cependant, les premiers symptômes sont l’asthénie, la rigidité, des frissons forts, l’hypokinésie et la dystonie rendant la pratique du dessin impossible. Je ne reviens pas sur la sauge/laurier/chanvre (certaines utilisées par les pythies oracles grecques), leurs limites ont été évoquées au-dessus. Il resterait la consommation de bufotoxyne éventuellement, mais les crapauds (Bufo sp) capables d’en produire assez (en quantité et en posologie) ne vivent pas tellement sous nos tropiques et encore moins en contexte climatique würmien. Au sujet du crapaud commun, Bufo bufo, de ce que j'en sais par la littérature accessible, il n'y a que très peu de cas d'intoxication chez l'homme et aucune ne s'est accompagnée d'hallucination. Il y a des cas célèbres aux US avec un groupe intoxiqué dont je crois me souvenir que la grande majorité en est décédée car il y a beaucoup de choses toxiques dans ce que produit le crapaud sur sa peau dont des stéroïdes cardiotoniques pouvant amener des fibrillations ventriculaires et des arrêts cardiaques (pas de quoi laisser quelqu'un apte à dessiner au fond d'une grotte ). Ces empoisonnements concernent une ingestion de préparation à base de peau de crapaud (selon la médecine traditionnelle chinoise*) et vendue comme aphrodisiaque (il me semble). À ce propos, on parle de venin de crapaud même si cette appellation est incorrecte car un venin est injecté par définition mais l'usage faisant loi… D'autres cas sont recensés mais il s'agit souvent de préparations avec association de "venin" de crapaud à d'autres produits comme le rapporte cette publication de 1993 : "Misuse and legend in the "toad licking" phenomenon" de Thomas Lyttle et dont le titre à lui seul résume un peu les légendes urbaines associées au léchage de crapauds communs. Pour finir, il existe des cas répertoriés d'envenimements aux bufotoxines attribués par erreur à Bufo bufo et probablement dus à d'autres espèces de crapauds plus toxiques. En revanche, leur toxicité est très dangereuse pour nos animaux domestiques (chats et chiens, mais aussi tout ce qui est capable d'attraper un crapaud dans la gueule et d'absorber des toxines) et il n'est pas rare qu'ils en décèdent malheureusement.

À ce jour, aucune analyse paléobotanique n’a apporté la moindre preuve de l’existence de substances hallucinogènes au Paléolithique. Ce qui n’exclut pas d’envisager cette possibilité tout en gardant en tête qu’elle n’a, pour le moment, aucun fondement scientifique, aucun.

Mais qu’en dit la rule of cool ? Faîtes bien ce que vous en voulez, personne n’ira vous pondre le speech que je viens de vous faire à votre table, donc allez-y, mettez les potards à 11 et faites du datura ou de la jusquiame ou d’autres champignons des trucs capables de provoquer des hallucinations et des états d’altérations non mortels !
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Lotin
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Re: Inspi historique #2

Message par Lotin »

Dans les échanges entre les participants, certains ont remonté avoir lu des articles au sujet des hypoxies provoquées par des torches au fond des grottes induisant des hallucinations, comme là aussi il y a beaucoup à en dire, quelques précision ci-après (et encore désolé pour le pavé).

L’année 2021 a en effet vu ressortir sur beaucoup de sites de news cette hypothèse de grottes (mal) ventilées qui relayaient un article publié la même année dans la revue Time and Mind (journal académique avec examen par les pairs qui croise plusieurs disciplines et très orienté folklore, rituel, symbolisme, religion pour tenter d’apporter de nouvelles pistes en archéo et anthropo (entre autres)). Les auteurs sont trois chercheurs israéliens (Yafit Kedar, Gil Kedar et Ran Barkai) dont deux de l’Université de Tel-Aviv. Le troisième étant un « chercheur indépendant », ce qui n’est pas souvent bon signe, malheureusement. Cet article fait suite à plusieurs publications de l’auteure première qui semblaient bien tracer la voie de cette hypothèse et suggère que l’utilisation de lumières artificielles (torches ou lampes à graisse/huile) provoquerait une chute mesurable du taux d’oxygène dans les parties de grottes étroites et de petits volumes entrainant des hypoxies chez nos préhistoriques et favorisant une altération de la conscience (ce qui introduit un énorme biais car excluant d’office les grandes salles de nos grottes, et il y en a beaucoup, l’art rupestre extérieur, l’art mobilier, toutes les représentations en hauteur, etc. altérant par ailleurs fortement le caractère généraliste de la démonstration de l'article). C’est une hypothèse de travail que les auteurs se proposent d’investiguer plus avant dans de futures recherches. Je passe très vite sur la couverture médiatique biaisée de la part de médias généralistes (où l’on ne lit pas tout l’article et on ne fait ressortir que le(s) point(s) le(s) plus bling-bling. L’article présente quelques biais et raccourcis fâcheux notamment avec le syllogisme du chamanisme qui tombe du ciel dans le déroulé de la démonstration (mais qui n’est pas une surprise vu les références bibliographiques mobilisées jusque-là dans le texte et qui va clairement devenir le sujet principal de l’article) : plusieurs groupes ethniques indigènes utilisent les altérations de la conscience (ASC) dans leur système de croyance -> le chamanisme est un phénomène multiculturel pour beaucoup de groupes indigènes (ce qui se discute fortement déjà) -> donc ASC = chamanisme. Certaines comparaisons qui servent de démonstration sont un peu étranges, a minima, comme avec les pratiques prophétiques de la Grèce ancienne qui mobilisent privation sensorielle et présence d’un gaz narcotique comme l’éthylène (et non pas le manque d’oxygène). Ce qui est intéressant c’est que les auteurs ne mentionnent jamais le taux de CO2, qui fonctionne avec le taux d’oxygène pour une raison que j’ignore et/ou que je ne perçois pas. C’est dommage car quand le taux d’oxygène baisse dans ces milieux, celui du CO2 augmente et s’accompagne de certains phénomènes compensatoires comme une hyperventilation pulmonaire, l’hypercapnie (une hyperventilation qui peut être provoquée par quelqu’un essayant de retrouver son souffle, et ses effets sont très bien documentés : points lumineux dans le champ de vision, lumières, transpiration intense, tremblement des mains, hypertension, confusion et désorientation mais aucune hallucination, ni de près ni de loin) et augmentation du rythme cardiaque. Il n’est jamais fait mention non plus que les taux des différents gaz présents dans une grotte varient d’un jour à l’autre, d’une saison à l’autre selon les conditions climatiques et d’autres. D’ailleurs très peu de cavités renferment assez de CO2 pour être dangereuses. Soulignons aussi par ailleurs, que de nombreuses sociétés pratiquant les altérations de conscience montrent que la personne vivant des hallucinations est incapable de dessiner et qu’elle est aidée en cela par des assistants qui retranscrivent les visions de l’officiant (mais du coup, si ces fameux passages étroits sont pas assez oxygénés et provoquent des hypoxies, quid de ces assistants ?).

Quels sont les effets de cette baisse d’oxygène et augmentation de CO2 sur le corps humain. S’agit-il d’un gaz hallucinogène ? Plusieurs spéléologues ont pu expérimenter de tels états, ils sont assez bien documentés, voir la liste établie par James et Dyson dans une publication de 1981 (CO2 in caves) : dyspnée (sensation de respiration gênante et désagréable), céphalée, tachycardie, hypotension, sueurs froides, asthénie physique (fatigue), lenteur d’idéation (la formation et l’enchaînement des idées), troubles de la mémoire, nausée, vomissement, goût métallique dans la bouche, somnolence, agitation, angoisse, euphorie et dans les phases les plus graves : torpeur, confusion mentale sévère, collapsus et coma. Les études montrent par ailleurs que la symptomatologie varie d’un individu à l’autre en fonction de très nombreux critères. En revanche il suffit de quelques minutes d’exposition à un tel milieu pour subir les effets de l’hypercapnie. Les études montrent aussi qu’une exposition fréquente engendrera de multiples troubles chroniques graves*. Il existe des dizaines d’études récentes au sujet de ces symptômes et de ces effets mais les études sur le chamanisme (par exemple Jean Clottes en 2001) ne citent que deux ouvrages anciens au sujet du risque de la présence de CO2 en grotte, deux thèses dont l’une consacre seulement 10 pages au sujet et l’autre à peine quatre pages et il ne parle pas d’hallucination mais d’hallucinose (l’observateur arrive à distinguer la réalité). Les nombreux témoignages de spéléologues et aucun ne fait mention d’hallucination, tout au plus des points lumineux, des vaguelettes, rien qui n’entame l’appréciation de la réalité environnante de l’observateur. Les seuls très rares cas avérés d’hallucinations complexes ont eu lieu lors de l’étape immédiatement avant la mort du sujet. Moi-même en fouille dans plusieurs contextes j’ai pu être exposé à de telles conditions (notamment sondages dans des réseaux karstiques occupés par des préhistoriques dans le Lot, fouille de puits profonds), heureusement dans le cadre professionnel, une plateforme d’assistance est installée au-dessus du puits fouillé pour permettre l’acte de fouille en toute sécurité avec surtout pompe à CO2 et apport en oxygène.

La théorie des visions hallucinées provoquées par des états d’hypoxie au fond des grottes (peu importe leur finalité) n’est pas nouvelle. En effet, Jean Clottes, grand préhistorien français et spécialiste de l’art pariétal se faisait déjà l’écho d’une telle hypothèse au début des années 2000 dans sa préface d’un article de Max Sarradet au sujet de la grotte de Lascaux. Ce dernier, détaille, pour la première fois, une expérience vécue en 1961 dans la grotte alors qu’il en est le Conservateur. Il raconte qu’en faisant chemin dans la grotte pour en sortir après minuit il a vu dans le rayon lumineux de sa lampe une ombre massive de silhouette humaine, un fantôme comme il l’a appelé et avec qui il va parler, lui seul (M. Sarradet) a « gesticulé ». Un hydrogéologue à qui il en a parlé lui suggéra qu’il avait peut-être été victime de bouffées de gaz carbonique, ce à quoi il ne croit pas sans arriver toutefois à émettre une hypothèse lui-même. Dans un article touffu et très sourcé de 2006, le Dr. Gilles Delluc aussi préhistorien célèbre et spécialiste de Lascaux, entre autres, étudie ce témoignage pour tenter de le comprendre. Tout d’abord, le lieu même où cela s’est déroulé est très propice à la projection d’ombres via lampe torche. M. Sarradet, a déjà décrit succinctement cette expérience de nombreuses années auparavant et rien ne concorde, ce n’est plus le même lieu dans la grotte, plus tout à faire la même « vision », beaucoup moins chargé émotionnellement, pas de monologue à l’attention de l’esprit observé. L’analyse du récit de 2003, s'il est vrai, montre qu’il ne s’agit non pas d’une hallucination (qui sont des perceptions réelles pour l’observateur) mais d’une illusion (erreur sensorielle causée par un élément extérieur). Ce phénomène d’illusions dues à des ombres projetées** est déjà mentionné en 1943 par un autre préhistorien, le comte Henri Begouën, toulousain, qui y évoque là la possibilité de l’origine des représentations rupestres animales. À ce titre, la grotte de Lascaux (la vraie avant la réalisation des copies ayant permis de limiter la casse) était visitée par plus d’un million de visiteurs entre 1940 et 1963 pour un tour d’une heure environ, aucun témoignage d’hallucinations (jusqu’à 2000 personnes par jour, trois groupes de 20 au moins en même temps). Beaucoup de chercheurs y ont passé des nuits entières et de manière répétée sans connaître pire qu’une céphalée (et rarement).

Cette hypothèse demanderait donc à être consolidée/vérifiée fortement (il s’agit après tout d’une modélisation informatique oubliant de prendre en compte certains points comme la très forte variabilité du niveau de sol de l’entrée d’une grotte au cours de son histoire ou le nombre d'officiants), quant au modèle théorique qu’elle sous-entend (et qui est le véritable objectif de l’article qui met clairement la charrue avant les bœufs) rien pour le moment ne l’étaye et je m’en vais travestir une citation de mon précédent post qui colle parfaitement : « l’emploi volontaire de situations d’hypoxie/hypercapnie pendant la Préhistoire ne peut encore être démontré de manière convaincante en utilisant l’intégralité des données archéologiques, le débat doit se poursuivre, mais pas avec l’impression que les preuves scientifiques sont déjà là ». Il est, en l’état de la recherche, un peu vain à mon avis de rechercher une origine unique et applicable à tous les contextes (culturels, géographiques, chronologiques, etc) à cet art préhistorique. Donc pour le moment, c’est très capillotractée comme hypothèse (et malheureusement très difficile à démontrer en plus, dommage l’image est plaisante) et rien ne va en ce sens pour le moment, donc niveau plausibilité très faible (à voir selon votre niveau d’acceptation de WTF personnel dans vos parties). Encore une fois, faites-en bien ce que vous voulez.

Clottes 2003, préface de l’article de M. Sarradet intitulé Lascaux la mystérieuse dans la revue Documents d’archéologie et d’histoire périgourdine, n° 18.
Delluc 2006, Une vision « chamanique » à Lascaux ?
James et Dyson 1981, CO2 in caves.

* Ce qui me fait penser qu’avec un bon paléopathologiste et un squelette en parfaite conservation, certaines de ces atteintes seraient observables et pourraient apporter un début de preuve palpable.

** Notez par ailleurs qu'il existe une hypothèse émise en 2013 par David et Lefrère dans l'ouvrage La plus vieille énigme de l'humanité propose que les préhistoriques utilisaient les jeux d'ombre avec des figurines d'animaux en les projetant sur les parois pour les représenter graphiquement. Je le mentionne juste sans y accorder plus d'importance car l'ouvrage présente de nombreuses erreurs.
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Sans Visage
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Re: Inspi historique #2

Message par Sans Visage »

Super intéressant! Merci @Lotin .

Adoslescent, je m'étais toujours fait la reflexion que les "artistes" comme des conteurs, les musiciens et meme les personnes "religieuses" pendant la préhistoire devaient constituer un poids mort pour une tribu.
Mais en fait vu le ratio temps de travail/temps libre, ils devaient etre absolument essentiels. En bref, pas de drogue, pas de loisirs, pas de lecture, on devait sérieusement s'emmerder pendant des heures à ne rien faire. Je n'ai pas les sources mais dans mes vagues souvenirs un chasseur cueilleur travaillait tout au plus 3-4h par jour. Le reste du temps... Faut bien le meubler alors si un conteur te propose ses services, tu dis pas non.
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Mickey-bis
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Re: Inspi historique #2

Message par Mickey-bis »

Sur cette question du temps de journée dispo, je m'étais fait une réflexion lorsque j'étais en humanitaire au Burkina.
Là bas, on dormait mal. Chaleur, inconfort, moustiques, bruits, promiscuité, animaux, etc. Et évidemment, il n'y a pas orgie de nourriture pour le paysans de base.
Et en journée, pas mal de monde tourne finalement au ralenti. Bon, ok, surtout les hommes :neutral:

Plutôt qu'un regard néocolonial bassement moralisateur, je n'étais dit que c'était peut être assez naturel d'être "mou" car il se peut que les organismes n'ont pas des masses d'énergie ni de sommeil.

Tout ca pour dire - si mes constats ont la moindre chance d'avoir un sens :P - que PEUT ÊTRE que ca se passait aussi ainsi à l'ère préhistorique, avec des gens pas très actifs entre 2 travaux manuels (cueillette, chasse, tannerie...), et donc, pas forcément besoin de divertissements très actifs.
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Qui Revient de Loin
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Re: Inspi historique #2

Message par Qui Revient de Loin »

Zut, j'avais vu un article de presse dont je n'avais lu que le titre, et je le retrouve pas. Il titrait du genre "le mythe du temps de travail" et le chapeau faisait le distinguo entre le temps de travail à l'ère industrielle (10-16 h/jour, 6j/semaine) et avant, où ce temps de travail journalier aurait été plus (beaucoup?) faible.

Mais je m'étais vaguement demandé ce qui était considéré comme du travail, car affuter ses outils ou filer la laine à la tombée de la nuit au coin du feu en écoutant des histoires, c'est aussi du travail.

Sur une autre sujet, mais pas déconnecté, un autre papier parlait du sommeil polyphasique d'avant l'ère industrielle : on ne dormait pas 8 h d'une traite mais 2-3 fois dans la journée, avec notamment des heures de veille au milieu de la nuit. Cela m'expliquait enfin ces drôles de sonneries du temps de prière à pas d'heure.

Peut-être à utiliser dans un scénario façon Nom de la Rose ? Ou pour gérer autrement les attaques nocturnes et les tour de guet ?
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Re: Inspi historique #2

Message par 184201739 »

La maison maléfique de Paris
https://www.pariszigzag.fr/secret/lieux ... ntee-paris
Et dans le cadre de l'émission Esprit des Lieux, France Culture.
https://www.franceculture.fr/
Située dans le quartier de Pigalle, à Paris, la maison Frochot est une demeure bien particulière. Construite dans le style néo-gothique, cette maison a connu bien des histoires étranges et inexpliquées.
Rosco
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Re: Inspi historique #2

Message par Rosco »

Vue sur netflix le film 6 jours, le film raconte la prise d'otage qui a eu lieu le 30 avril 1980 dans l'ambassade d'Iran, à Londre.
Les preneurs d'otages sont des idenpendentistes arabes, qui militaient pour l'independance de la province arabe iranienne. L'oppération a été organisé par les services secrets irakien.

L'ambassade a été rapidement entouré par les caméras filmant en permanence.
On a donc des images d'époques de l'entrée des SAS, c'est levenement ayant relancé leur legende, en raison du bilan.
26 otages, 1 morts
6 preneurs, 5 morts
Et un blessé grave chez les SAS.
Plein de réference pour un scenar se passant à l'époque et une belle illustration de l'importance du matos.
Le blessé SAS est blessé car son matos de rappel se bloque et qu'il est pris dans l'explosion de la fenetre.

le lien wiki
un article avec vidéo d''époque
Gork est « brutal mè ruzé » et son frère Mork est « ruzé mè brutal »
legnou
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Re: Inspi historique #2

Message par legnou »

C'est toujours rigolo...

Le Come-back des stars
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