Inspi linguistique : mots, langues, patois et jargons
Publié : mer. juil. 26, 2017 3:05 pm
Je vous propose un nouveau fil général d'inspis sur tout ce qui peut aider à travailler sur la place des langues et des mots dans les univers de jdr.
* Certains types d'inspis viennent vite à l'esprit, comme les langues imaginaires propres à tel ou tel univers, qu'elles prennent la forme de créations complexes (à la Tolkien) ou simplement de quelques mots ici et là qui donnent plus de profondeur à un univers. On peut poster ici des liens et conseils pour créer des langues. Mais il y a beaucoup d'autres aspects possibles :
* Les différents parlers et idiomes d'un univers de jdr, c'est aussi les jargons techniques (que serait un univers de SF sans son jargon technologique ? Que serait Harry Potter sans le latin de cuisine des formules magiques ? On peut aussi penser au jargon commercial ou administratif).
* C'est aussi les patois et langues régionales variées. On pense souvent à faire parler tel ou tel PNJ avec un accent et deux ou trois mots différents, mais pourquoi ne pas creuser ça un peu plus ? C'est très vite dépaysant et ça peut renouveler les ambiances de jeu (et pose des casse-tête aux PJ venus de la ville...
* ...ou aux PJ qui arrivent tout juste en ville, car un univers de jdr, surtout une ville, c'est aussi l'argot ! Il y a plein de choses à faire avec les argots historiques réels, mais on peut aussi les reprendre ou s'en inspirer pour d'autres univers.
* Faire parler des PNJ suppose souvent un travail sur les registres de langage (du plus vulgaire au plus raffiné voire à l'archaïque, en passant par le familier et le soutenu). Cf. Wastburg et Raoûl (au hasard).
* Mais que faire si vous voulez jouer dans une époque passée en essayant de reproduire un peu la langue de l'époque - suffisamment pour que ce soit dépaysant, mais pas trop pour que votre groupe de jeu comprenne quand même quelque chose ? Les inspis sur le français du XVIIe ou XVIIIe siècle ou sur les moyens de créer un parler médiéval compréhensible ou bien de causer à la Shakespeare, c'est ici.
* Inversement, on peut se demander ce que serait une anticipation des évolutions futures du français et des autres langues du monde.
* Un univers a aussi tout de suite plus de profondeur dès qu'on y intègre des langues anciennes. Encore connues à l'écrit ou complètement oubliées, d'ailleurs. Supposons que les PJ tombent sur une inscription dans une langue complètement inconnue qui semble absolument essentielle pour comprendre ce que trament les Funcky de Youregoth: tout de suite ils vont s'intéresser à la linguistique et à la cryptologie...
* Les langues dans un univers de jdr, c'est aussi énormément d'enjeux utiles pour des intrigues : politiques (les indépendantistes klatschiens veulent imposer l'usage de leur patois comme unique langue administrative), sociaux ("désolée, ma grand-mère ne parle que le tamoul, ça ne sert à rien de l'interroger en hindi, surtout pour ces questions compliquées que vous voulez lui poser sur ce qu'elle a vu précisément cette nuit..."), économiques (I don't care if you're from some economically insignificant First Nation, dude, I want English catchwords on these ads, 'kay ?), religieux (bravo, vous avez libéré la Déesse Ziva, mais quand vous lui parlez, elle ne comprend rien à ce que vous dites... eh oui, dans cette religion, on ne peut s'adresser à la déesse que dans la langue sacrée que vous n'avez pas pris la peine d'apprendre...), militaires (les autochtones de l'archipel de Pakonu sur l'ancienne Aldéraan sont nos alliés et leur langue a disparu depuis l'implosion de la planète, du coup personne ne sait ce qu'ils disent, et ils sont nos alliés désormais : on va utiliser leur langue pour coder nos messages entre rebelles dans le secteur !)...
* Les langues, c'est aussi la question des traductions, qui recouvrent elles-mêmes tout un tas d'enjeux ("nous réclamons le droit de lire le Livre de Druzul en langue originale, pas seulement dans la traduction autorisée par l'église de Sang-Sûr !").
* Enfin, c'est bien sûr aussi la question des erreurs de compréhension, quiproquos, doubles sens et approximations de langage ("On en a assez des colibris et on demande à être considéré en tant que tels !" - Perceval dans Kaamelott).
Bref, il y a largement de quoi faire, alors c'est parti !
Je commence avec une inspi pour tout ce qui concerne les univers façon "Les Trois Mousquetaires" inspirés par la France du XVIIe siècle. Cette époque est aussi celle de Molière, de Corneille et de Racine. Et à cette époque, la langue française, au sens du français de Paris, était loin de s'être imposée partout et d'être comprise partout comme c'est le cas de nos jours. On se souvient souvent de l'accent gascon de Cyrano de Bergerac, mais la réalité allait bien plus loin que ça...
Bien entendu, on ne peut pas abuser de ce genre de barrière des langues, sinon le jeu devient impossible. Mais, à dose raisonnable, ça peut être intéressant pour obliger les PJ à adopter une approche plus subtile pour aborder certains PNJ. Il faudra qu'ils prennent le temps d'apprendre un peu le patois local, ou bien de chercher un-e interprète (mais comment trouver quelqu'un de fiable ?). Peut-être aussi ont-ils de la famille ou d'anciens camarades d'armée dans la région qui pourraient les aider ? Et au fait, ton valet n'était pas originaire du coin ? Il pourrait nous aider à faire parler un peu ces gens... etc.
* Certains types d'inspis viennent vite à l'esprit, comme les langues imaginaires propres à tel ou tel univers, qu'elles prennent la forme de créations complexes (à la Tolkien) ou simplement de quelques mots ici et là qui donnent plus de profondeur à un univers. On peut poster ici des liens et conseils pour créer des langues. Mais il y a beaucoup d'autres aspects possibles :
* Les différents parlers et idiomes d'un univers de jdr, c'est aussi les jargons techniques (que serait un univers de SF sans son jargon technologique ? Que serait Harry Potter sans le latin de cuisine des formules magiques ? On peut aussi penser au jargon commercial ou administratif).
* C'est aussi les patois et langues régionales variées. On pense souvent à faire parler tel ou tel PNJ avec un accent et deux ou trois mots différents, mais pourquoi ne pas creuser ça un peu plus ? C'est très vite dépaysant et ça peut renouveler les ambiances de jeu (et pose des casse-tête aux PJ venus de la ville...
* ...ou aux PJ qui arrivent tout juste en ville, car un univers de jdr, surtout une ville, c'est aussi l'argot ! Il y a plein de choses à faire avec les argots historiques réels, mais on peut aussi les reprendre ou s'en inspirer pour d'autres univers.
* Faire parler des PNJ suppose souvent un travail sur les registres de langage (du plus vulgaire au plus raffiné voire à l'archaïque, en passant par le familier et le soutenu). Cf. Wastburg et Raoûl (au hasard).
* Mais que faire si vous voulez jouer dans une époque passée en essayant de reproduire un peu la langue de l'époque - suffisamment pour que ce soit dépaysant, mais pas trop pour que votre groupe de jeu comprenne quand même quelque chose ? Les inspis sur le français du XVIIe ou XVIIIe siècle ou sur les moyens de créer un parler médiéval compréhensible ou bien de causer à la Shakespeare, c'est ici.
* Inversement, on peut se demander ce que serait une anticipation des évolutions futures du français et des autres langues du monde.
* Un univers a aussi tout de suite plus de profondeur dès qu'on y intègre des langues anciennes. Encore connues à l'écrit ou complètement oubliées, d'ailleurs. Supposons que les PJ tombent sur une inscription dans une langue complètement inconnue qui semble absolument essentielle pour comprendre ce que trament les Funcky de Youregoth: tout de suite ils vont s'intéresser à la linguistique et à la cryptologie...
* Les langues dans un univers de jdr, c'est aussi énormément d'enjeux utiles pour des intrigues : politiques (les indépendantistes klatschiens veulent imposer l'usage de leur patois comme unique langue administrative), sociaux ("désolée, ma grand-mère ne parle que le tamoul, ça ne sert à rien de l'interroger en hindi, surtout pour ces questions compliquées que vous voulez lui poser sur ce qu'elle a vu précisément cette nuit..."), économiques (I don't care if you're from some economically insignificant First Nation, dude, I want English catchwords on these ads, 'kay ?), religieux (bravo, vous avez libéré la Déesse Ziva, mais quand vous lui parlez, elle ne comprend rien à ce que vous dites... eh oui, dans cette religion, on ne peut s'adresser à la déesse que dans la langue sacrée que vous n'avez pas pris la peine d'apprendre...), militaires (les autochtones de l'archipel de Pakonu sur l'ancienne Aldéraan sont nos alliés et leur langue a disparu depuis l'implosion de la planète, du coup personne ne sait ce qu'ils disent, et ils sont nos alliés désormais : on va utiliser leur langue pour coder nos messages entre rebelles dans le secteur !)...
* Les langues, c'est aussi la question des traductions, qui recouvrent elles-mêmes tout un tas d'enjeux ("nous réclamons le droit de lire le Livre de Druzul en langue originale, pas seulement dans la traduction autorisée par l'église de Sang-Sûr !").
* Enfin, c'est bien sûr aussi la question des erreurs de compréhension, quiproquos, doubles sens et approximations de langage ("On en a assez des colibris et on demande à être considéré en tant que tels !" - Perceval dans Kaamelott).
Bref, il y a largement de quoi faire, alors c'est parti !
Je commence avec une inspi pour tout ce qui concerne les univers façon "Les Trois Mousquetaires" inspirés par la France du XVIIe siècle. Cette époque est aussi celle de Molière, de Corneille et de Racine. Et à cette époque, la langue française, au sens du français de Paris, était loin de s'être imposée partout et d'être comprise partout comme c'est le cas de nos jours. On se souvient souvent de l'accent gascon de Cyrano de Bergerac, mais la réalité allait bien plus loin que ça...
(Page extraite du site La Clé des langues.)L'officialisation du français par l'ordonnance de Villers-Cotterêts a joué en faveur de l'extension du français, faisant franchir un pas décisif à cette langue, non seulement par rapport au latin, mais par rapport aux dialectes. Toutefois cette ordonnance n'avait fait que remplacer une langue écrite, le latin, par une autre langue écrite, le français, et les notaires avaient souvent simplement pris l'habitude de rédiger en français les testaments de gens qui continuaient à parler patois, comme en témoignent, en plein XVIIe siècle, les aventures arrivées à Racine et à La Fontaine.
« Racine raconte ainsi son voyage à Uzès dans une lettre de 1661 à son ami La Fontaine : "J'avais commencé dès Lyon à ne plus guère entendre le langage du pays, et à n'être plus intelligible moi-même. Ce malheur s'accrut à Valence, et Dieu voulut qu'ayant demandé à une servante un pot de chambre, elle mit un réchaud sous mon lit. Vous pouvez imaginer les suites de cette maudite aventure, et ce qui peut arriver à un homme endormi qui se sert d'un réchaud dans ses nécessités de nuit". Le voyage se poursuit et, à Uzès, il ne comprend tout d'abord rien à ce qui se dit autour de lui. Au bout d'un certain temps, il reconnaît dans ce qu'il entend quelque chose qui ressemble à un mélange d'italien et d'espagnol, et il parvient alors à établir la communication ». (Henriette Walter, Le français dans tous les sens, Paris, Robert Laffont, 1988 : 105).
« A la même époque, La Fontaine, au cours de son voyage en Limousin, est un peu perdu dans les environs de Bellac : "Comme Bellac n'est éloigné de Limoges que d'une petite journée, nous eûmes tout le loisir de nous égarer, de quoi nous nous acquittâmes fort bien et en gens qui ne connaissaient ni la langue, ni le pays" » (op. cit. : 105).
Bien entendu, on ne peut pas abuser de ce genre de barrière des langues, sinon le jeu devient impossible. Mais, à dose raisonnable, ça peut être intéressant pour obliger les PJ à adopter une approche plus subtile pour aborder certains PNJ. Il faudra qu'ils prennent le temps d'apprendre un peu le patois local, ou bien de chercher un-e interprète (mais comment trouver quelqu'un de fiable ?). Peut-être aussi ont-ils de la famille ou d'anciens camarades d'armée dans la région qui pourraient les aider ? Et au fait, ton valet n'était pas originaire du coin ? Il pourrait nous aider à faire parler un peu ces gens... etc.