[CR] Magistrats & Manigances - parties test [SPOILER SANGYUAN]

Critiques de Jeu, Comptes rendus et retour d'expérience
Avatar de l’utilisateur
Macbesse
Dieu en cyrillique
Messages : 6000
Inscription : jeu. sept. 07, 2006 8:48 pm
Localisation : Paris-Tachkent

Re: [CR] Magistrats & Manigances - parties test

Message par Macbesse »

Romain d'Huissier a écrit :Hé ! Assure ta part de promo' un peu !
C'est pas dans mon contrat. :mrgreen:
Avatar de l’utilisateur
Macbesse
Dieu en cyrillique
Messages : 6000
Inscription : jeu. sept. 07, 2006 8:48 pm
Localisation : Paris-Tachkent

Re: [CR] Magistrats & Manigances - parties test

Message par Macbesse »

Les joueurs choisissent Peng-Lai, que vous connaissez bien pour sa proximité avec la frontière coréenne. Si j'étais pinailleur, je dirais qu'en fait, Peng-Lai, limitrophe des territoires des tribus khitans, est bordé par le golfe de Bohai et que les royaumes de Corée n'en sont qu'à quelques encablures. Mais ce n'est pas mon genre.
Ce qui m'importe vraiment, c'est que cette situation a justifié l'implantation d'une garnison et la construction d'un fort. Exactement ce que le Magistrat a tendance à négliger. Or, la présence de soldats en ville est toute récente et ne peut que causer des troubles à l'ordre public, surtout qu'il y a une communauté coréenne importante hors les murs. Nous avons une petite discussion sur le sujet. Les joueurs se demandent s'ils peuvent juger les soldats. C'est compliqué. En théorie, ils sont sous l'autorité du gouverneur militaire. Par contre, s'ils commettent un délit ou un crime sur le territoire du district, hors du fort, le Magistrat peut demander à ce que l'affaire passe dans ses mains, et le gouverneur militaire n'est pas censé refuser.

On revoit Peng-Lai ?
Notez bien le faubourg coréen en 11, au nord-est de la carte.

Image

1 Yamen
2 Temple de Confucius
3 Temple du Dieu de la Guerre
4 Temple du Dieu de la Cité
5 Tour du Tambour
6 « Le Jardin aux Neuf Fleurs »
7 Hôtel
8 Restaurant aux crabes
9 Quais
10 Fleuve
11 Faubourg coréen
12 Crique
13 Pont de l’Arc-en-ciel
14 Temple du Nuage Blanc
15 Bateaux-de-fleurs
16 Grille de protection du canal
17 Maison de ville du docteur Tsao
18 Maison de monsieur Yi
19 Maison de monsieur Kou
20 Restaurant

Je termine la création sur ces mots :
"Donner un district sensible au Magistrat est une marque de confiance.
Ou un piège."
Cela fait bien rire (jaune) tous les joueurs, et la partie s'apprête à démarrer quand je me souviens que je n'ai pas tiré au sort le devenir du précédent Magistrat du district. J'obtiens : "A été muté dans le district limitrophe". C'est à la fois pratique, car le Magistrat Wang pourra facilement lui poser des questions sur d'éventuelles affaires en souffrance, et potentiellement gênant, car ce magistrat, que nous appelons le Magistrat Long, est bien placé pour lui mettre des bâtons dans les roues.

Tant que j'ai ma feuille de "district en kit à monter" sous les yeux (c'est dans la 2e partie, ne l'attendez pas dans le prochain Casus), je regarde si je peux inclure d'autres trucs sympas.
Je tombe sur ça :
Magistrats & Manigances a écrit : Fêtes
[...]
3. La Fête des fantômes
Le mois des fantômes, le septième, est dangereux, surtout au quinzième jour. Les âmes qui ne sont pas apaisées sont relâchées sur terre. Il faut les apaiser par de grands banquets de viande, célébrés par les prêtres taoïstes et bouddhistes. La récitation des sûtras multiplie la nourriture fantomatique, des spectacles rituels sont offerts aux morts et aux vivants, des lanternes immergées pour les noyés, et pour clore le tout, un prêtre taoïste exécute la danse du pourfendeur de démons, mais personne n’y assiste car elle attire le malheur. La tension est forte et la nuit propice aux assassinats maquillés comme à la réouverture de vieilles plaies par un fantôme qui demande justice.
Rhooooo, j'ai un devin chasseur de fantômes à la table, ils ont une folle envie d'épidémie... et si c'était la fête des fantômes ?
Avatar de l’utilisateur
Macbesse
Dieu en cyrillique
Messages : 6000
Inscription : jeu. sept. 07, 2006 8:48 pm
Localisation : Paris-Tachkent

Re: [CR] Magistrats & Manigances - parties test

Message par Macbesse »

C'est le début de l'automne. La ville de Peng-Lai prépare activement la fête des fantômes. Les routes sont calmes. Le Magistrat et ses Assistants ont dû faire le voyage au cours du mois des fantômes. Les épouses les rejoindront plus tard, après le 15. Il est d'usage qu'un district soit calme pendant cette période, mais la ville leur a semblé tendue, comme dans l'attente d'un événement néfaste. Pour comble, la présence militaire vient d'être renforcée en ville et il n'est pas impossible que la cohabitation entre civils et soudards devienne difficile.

Les malles à peine posées, les assistants prennent les devants et, connaissant la propension du Magistrat Wang à négliger ces problèmes, se proposent d'aller faire un tour en ville pour prendre la température et en apprendre davantage sur ce qui inquiète la population du district. Le Magistrat, de son côté, se plonge dans les dossiers pour examiner les affaires en souffrance.
Hu Ziao, qui craint déjà une insurrection, tient à découvrir le faubourg coréen, tandis que Chi Linghun et Jing Yang décident d'aller faire ensemble le tour des temples pour prendre connaissance des préparatifs. Il s'en est fallu de peu pour que les Assistants ne fassent trois groupes de un, mais quelques petits conseils de MJ à joueur ont permis d'éviter la dispersion totale.
Hu Ziao passe les portes, retire l'insigne du Tribunal et son calot d'Assistant et s'installe tranquillement à la table d'une auberge en bord de mer, où on lui sert une sorte de chou saumuré très pimenté. [Battre le pavé : triple yang] Il y a là des voyageurs, une famille, et un petit groupe de commis, qui parlent dans un sabir mêlant le chinois et le coréen. Ils sont bientôt rejoints par un homme aux vêtements de bonne coupe qui semble exercer sur eux une position d'autorité. Hu Ziao se joint à eux et montre de l'intérêt pour leur pays. Cela leur fait plaisir. Par contre, ils sont assez mécontents. Ils disent que depuis la guerre, la charge fiscale qui pèse sur eux a considérablement augmenté. Leurs affaires sont étouffées et ils se sentent rejetés, alors que leur pays, le royaume de Silla, a combattu aux côtés de la Chine et qu'il a tout autant contribué à la victoire ! Hu Ziao n'avait jamais entendu parler de cet impôt, et il apprend qu'il n'est pas perçu par le district, mais par un envoyé spécial du Bureau des Taxes de la Préfecture. L'homme, appelé Ping Qiu, a quitté récemment le district [yang : tout cela forme une piste]. Hu Ziao se demande s'il n'y a pas [insérer ici un procès d'intention - au mieux - que la modération reprouve] sous roche. L'homme riche de la table, Kwon Taek, qui paye l'intégralité des repas et se dit négociant, se dit ravi qu'il y ait un nouveau magistrat en ville. Il prépare une pétition et espère qu'il lui sera fait bon accueil. Hu Ziao rompt alors son anonymat et annonce qu'en tant qu'Assistant du Juge Wang, il peut assurer que cette demande trouvera un bon accueil auprès du Magistrat. Il le connaît bien et il sait qu'il aura à coeur d'entendre les doléances des sujets de l'Empereur et de rétablir l'équité. Le rapport change considérablement. Les commis sont soudain très respectueux, presque obséquieux, tandis que Kwon Taek le jauge d'un regard appréciateur. Hu Ziao sent également dans son dos un regard appuyé. Une jeune fille qui mange avec ses parents, toute habillée de blanc, le regarde avec insistance depuis qu'il a annoncé qu'il avait un lien avec le Tribunal. En écoutant la conversation, Hu Ziao parvient à obtenir son nom, Kwang Young, mais il ne lui pose aucune question [deuxième rumeur]. Après le repas, Kwon Taek à Hu Ziao propose d'aller passer l'après-midi sur un bateau de fleurs et donne quelques instructions à ses commis en coréen. Hu Ziao aurait préféré une maison de jeu, et de loin, mais il accepte.
Avatar de l’utilisateur
Macbesse
Dieu en cyrillique
Messages : 6000
Inscription : jeu. sept. 07, 2006 8:48 pm
Localisation : Paris-Tachkent

Re: [CR] Magistrats & Manigances - parties test

Message par Macbesse »

Jing Yang veut aller se recueillir sur un autel de Confucius. Il prie à haute voix et promet au Maître d'accomplir son devoir envers l'Etat et de préserver l'ordre coûte que coûte. Chi Linghun profite de ses prières pour tirer les augures. Il regarde la fumée qui s'élève de l'encens votif tenu par son compagnon et constate que le flux s'écoule mal. L'harmonie du monde est perturbée ! Il décide que leur prochaine étape sera le temple de Guandi, car la perturbation de l'équilibre du tao est peut-être liée au conflit. Le temple est noir de monde. Beaucoup de soldats viennent faire leurs dévotions pour que Guandi leur apporte la victoire et éloigne la mort. Chi Linghun a alors une révélation. Guandi lui montre un charnier, et il devine que ce charnier n'a rien à voir avec la guerre, mais qu'il s'agit d'une vieille offense faite à la terre, offense qui n'a jamais été lavée. Voilà qui expliquerait pourquoi les fantômes de la région sont si vindicatifs. [yang : la vision est claire, elle constitue une piste ; yang : époque facile à deviner].

De son côté, Jing Yang suprend une conversation inquiète entre deux prêtres taoïstes. Ils se demandent comment assurer le succès des cérémonies. Jing Yang leur demande de but en blanc s'ils manquent d'argent. Ils sont d'abord interloqués, puis constatent qu'il est du Tribunal et se radoucissent. Ils ont toutefois l'honnêteté de dire que les fidèles sont généreux et que le problème est ailleurs. L'année passée, des rituels fastueux ont été déployés, et rien n'a enrayé "le mal". Chaque année, lors du mois des fantômes, survient une curieuse épidémie. Des fièvres, puis des rougeurs, doublés d'une suffocation et de visions terribles du monde d'en-dessous ravagent le malheureux. La mort survient généralement au bout du cinquième jour. Le Père Supérieur indique également que les premiers cas surviennent généralement au pied de la colline située à l'est de la ville, en-dessous du Monastère des Nuages blancs.

Chi Linghun n'est pas remis de son épiphanie et voit la mort de tous les soldats présents dans la salle [c'est mon Yin]. Bien sûr, il entreprend de leur révéler à tous, même quand cela fâche. Ainsi, il révèle à un certain Bai Lun qu'il mourra d'un coup de lance dans le dos. Bail Lun le prend mal, car cela signifie qu'il aurait pu fuir, ce qui n'est pas possible. Chi Linghun lui révèle alors que ce sera dans cette ville. Il ne s'agit donc pas de couardise mais... d'un coup donné par traîtrise ! Il lui conseille alors de se méfier de ses proches. [Pour avoir été prosélyte au mépris du danger, il récupère un point de Ren].
Avatar de l’utilisateur
Macbesse
Dieu en cyrillique
Messages : 6000
Inscription : jeu. sept. 07, 2006 8:48 pm
Localisation : Paris-Tachkent

Re: [CR] Magistrats & Manigances - parties test

Message par Macbesse »

Pendant ce temps, Hu Ziao découvre un établissement de grande classe. Il prend un deuxième repas, plantureux, en compagnie de femmes superbes originaires du monde entier. Elles exécutent des danses somptueuses. Mademoiselle Oeillet Rose pratique la danse des épées, Lueur d'Emeraude, la Sogdienne, une danse occidentale très sensuelle et Kim Su une variante coréenne de la danse des sept voiles. La beauté du geste finit par faire oublier le commerce de la chair, et Hu Ziao se sent finalement assez à l'aise, car il se dit qu'il n'aura pas à consommer, lui qui goûte peu les relations charnelles avec les femmes. Il commence à poser beaucoup de questions à Kwon Taek, qui lui demande d'arrêter de travailler et de profiter du spectacle et de la bonne compagnie. Passent les heures, et Kwon Taek aimerait descendre en cabine. Il fait en sorte que son hôte se retrouve avec une fille sur ses genoux, mais rien n'y fait. Plutôt que d'être impoli, il renonce et verse à boire. Oeillet Rose lance ensuite un jeu des poèmes, et sa culture classique est beaucoup plus étendue que celle de l'ancien candidat aux examens littéraires, qui perd souvent, se trompe de plus en plus dans ses citations, et boit donc de plus en plus.
Quand arrive le soir, Hu Ziao est fin saoul. Techniquement, c'est une Condition. Elle est infligée hors des Procédures, pour des raisons narratives évidentes. Par contre, il peut noter Kwon Taek le négociant en Contact (c'est le dernier yang du "Battre le Pavé").
Hu Ziao rentre péniblement au Tribunal, prend le bac qui remonte le fleuve. A l'arrivée, il lui semble entendre des cris dans une langue qu'il ne comprend pas. Les docks sont hors les murs. Il s'agit peut-être de Coréens ? Il s'approche en titubant, voit que deux groupes se font face, des soldats en permission et des Coréens. Il reconnaît la jeune fille de la taverne. Son kimono est déchiré d'une façon obscène, qui la fait ressembler à une prostituée non enregistrée. Là, il choisit de prendre le temps d'avoir une vision claire de la situation (le joueur voudrait à la fois avoir des indices et intervenir, mais j'impose un choix, sachant que l'alcool joue). Ce sera donc un Inspecter et pas un Recourir à la Force. Résultat : deux yang, un yin. Hu Ziao crie des imprécations que personne n'entend, et l'affrontement est un peu chaotique. Hu Ziao voit tout de même très clairement un Coréen tenter d'arracher la lance d'un soldat chinois et un autre soldat dissimuler le pan de la robe déchirée dans sa manche. Ensuite, un soldat tombe à terre, percé dans le dos d'un coup de lance dans l'épaule gauche. Alors, tout le monde recule, et l'un des soldats plus vite que les autres. Le silence se fait, les regards se tournent enfin vers l'Assistant.
Dernière modification par Macbesse le lun. avr. 11, 2016 10:10 pm, modifié 1 fois.
Avatar de l’utilisateur
Macbesse
Dieu en cyrillique
Messages : 6000
Inscription : jeu. sept. 07, 2006 8:48 pm
Localisation : Paris-Tachkent

Re: [CR] Magistrats & Manigances - parties test

Message par Macbesse »

Hu Ziao déclare qu'un meurtre a été commis, que personne ne s'en ira tant que tout le monde n'aura pas été interrogé. Il confie rapidement à un gamin de passage la mission d'avertir le yamen. Le gradé de la troupe en profite pour s'avancer et le toiser. Le lieutenant Lun Fang est furieux. Il vient de perdre un de ses hommes. Il pointe du doigt les Coréens et dit qu'ils les ont attirés dans un traquenard en utilisant une pute comme appât. Les Coréens répondent par une bordée d'invectives dans leur langue et montrent le poing. Hu Ziao crie et impose le calme. Curieusement, il n'a nulle envie d'être pris entre deux groupes armés. Il dit qu'ils seront tous interrogés au Tribunal. Lun Fang conteste aussitôt : il doit être rentré avec ses hommes à la forteresse pour rendre compte au commandant avant 21h00, et rien ne pourra l'y contraindre. Il n'a pas peur des civils. Hu Ziao ne relève pas et commence à interroger celui qui s'est reculé plus tôt que les autres, le Sergent Fong. Celui-ci nie s'être reculé plus vite que les autres. Il dit qu'il ne sait pas, qu'il a vu que Bai Lun avait pris une lance par derrière et que ce n'était pas normal. Comme tout le monde, il a reculé pour ne pas risquer d'en porter la responsabilité. Ses camarades grincent des dents.

Et il est déjà minuit et demi, l'heure de se séparer. Les joueurs partent contents et ils ont envie de jouer la suite !
Avatar de l’utilisateur
Macbesse
Dieu en cyrillique
Messages : 6000
Inscription : jeu. sept. 07, 2006 8:48 pm
Localisation : Paris-Tachkent

Re: [CR] Magistrats & Manigances - parties test

Message par Macbesse »

Hu Ziao a discrètement fait passer un message à un gamin pour qu'il rameute le Juge et des renforts. Il gagne du temps comme il peu, discute, jusqu'à ce que le chef des sbires débarque à la tête d'une petite compagnie. Là, les Coréens décident qu'il est temps de partir et s'enfuient dans la nuit en prenant des directions opposées. Hu Ziao tente d'imposer la volonté du Tribunal et crie des ordres [techniquement, c'est un Recourir à la force, qui change de nom et devient Contraindre ; merci les testeurs]. Rien n'y fait, mais il parvient à saisir un mot "le pont de l'arc-en-ciel". Sûrement leur point de rendez-vous. [c'est comme ça qu'il utilise son seul yang]
Ne restent plus que Kwan Young et son frère. Les militaires, eux, se mettent en formation, bien décidés à en découdre. Les sbires restent prudents et se concentrent finalement sur les deux Coréens qui restent !
Le Magistrat Wang arrive sur ces entrefaites, et parlemente avec le Lieutenant. Je le confie à un joueur dont l'assistant n'est pas là, et il s'en sort à merveille. Il obtient la coopération de l'unité, à la condition expresse de passer par la voie hiérarchique. S'il veut les auditionner, il faudra qu'il passe par le Commandant du fort. Le Magistrat n'est pas très inquiet. Il a normalement autorité sur l'affaire, mais on ne sait jamais...

Jing Yang et Chi Linghun arrivent sur ces entrefaites, accompagnés d'un homme débraillé qu'ils disent médecin et qui, lui, le nie formellement, quoiqu'il soit venu avec ses instruments. Il est juste un "amateur un peu éclairé". Ils l'ont récupéré quand ils ont trouvé la maison du contrôleur des décès totalement close, comme s'il était parti pour un long voyage, et qu'ils ont interrogé le voisinage. L'homme qu'ils ont trouvé leur a semblé particulièrement au courant des symptômes et remèdes, et ils ont fait fi de son apparence comme du tremblement de ses mains. Ils se répartissent examens et interrogatoires. Il est plus que temps !
Avatar de l’utilisateur
Macbesse
Dieu en cyrillique
Messages : 6000
Inscription : jeu. sept. 07, 2006 8:48 pm
Localisation : Paris-Tachkent

Re: [CR] Magistrats & Manigances - parties test

Message par Macbesse »

Waow, j'ai laissé ça en friche alors que la première enquête a été bouclée. Ce n'est plus très frais dans mon esprit, mais je vais essayer de reconstituer.

Le médecin examine examine le corps du soldat et conclue à un coup de lance donné dans le dos. L'homme était en bonne santé mais présentait de nombreuses cicatrices. Rien de bien anormal pour un soldat.
La jeune coréenne est couverte d'un vêtement de brac. Elle dit qu'elle se promenait avec son frère, et raconte à Jin Yang que les soldats s'en sont pris à elle. Son kimono déchiré est là pour en attester. [usage de la procédure Interroger : un seul yang, pour les omissions] Il y a des trous dans son récit. Ce qu'elle faisait à cette heure sur les quais n'est pas clair, et Jin Yang est convaincu qu'elle ment quand elle dit qu'elle se promenait avec son frère. Interrogé, Kwang Cheung livre une histoire qui ne colle pas tout à fait avec celle de sa soeur. Il se promenait avec des amis et leur rencontre serait fortuite. Forcément, il n'a pas compris le récit de sa soeur, qu'elle a fait en chinois. Elle le parle bien d'ailleurs. Interrogé sur ce point, elle mentionne une certaine "tante Kou" du quartier coréen, qui lui aurait appris la langue. Le frère confirme qu'il a eu la lance entre les mains, mais qu'il l'a perdue assez vite.
A ce stade, l'hypothèse retenue est un meurtre commis par le frère pour défendre sa soeur. Il est emmené au Tribunal.

[hors-jeu : la jauge de mécontentement augmente de 1]

Le lendemain matin, le Magistrat Wang part au fort pour faire valoir ses droits sur l'enquête auprès du commandant. Les Assistants partent au Temple du Nuage blanc pour mener l'enquête sur l'épidémie. Ils parviennent à faire la corrélation entre la date anniversaire d'un massacre de religieux perpétré cinquante années auparavant, la fête des fantômes et l'épidémie. Surtout, ils font le lien entre la viande qui transite par le monastère et les victimes de l'épidémie. Ils identifient aussi les familles impliquées dans le massacre et commencent à pencher pour un empoisonnement collectif, une sorte de vengeance de longue durée.

De retour au yamen, Hu Ziao cuisine Kwang Cheung. En l'absence du Magistrat, il prend l'initiative de l'interrogatoire [on utilise la jauge d'aveu, normalement une prérogative du Magistrat], et joue de l'inquiétude de Kwang Cheung pour sa soeur et sa peur d'aller en prison pour rien. Il craque assez vite, et révèle qu'il surveillait sa soeur de loin, avec des amis, pour éviter que son honneur ne soit blessé. Elle était seule avec un soldat quand les autres sont arrivés. Ils ont interpelé leur camarade et ont eu des paroles obscènes. Le soldat a commencé à se disputer avec les autres et celui qui est mort s'en est pris à sa soeur. Alors il est intervenu.
Avatar de l’utilisateur
Macbesse
Dieu en cyrillique
Messages : 6000
Inscription : jeu. sept. 07, 2006 8:48 pm
Localisation : Paris-Tachkent

Re: [CR] Magistrats & Manigances - parties test

Message par Macbesse »

Forcément, les projets des Assistants changent.

La petite équipe se rue dans le quartier coréen. Les Assistants n'ont pas le droit d'y rentrer sans qu'on fasse appel à eux, mais Hu Ziao découvre avec plaisir que son nouveau meilleur ami de trente, Kwon Taek, a la responsabilité de la surveillance du quartier. Il arrange facilement l'affaire.
Kwon Taek les mène à la famille de la jeune fille. Comme de juste, elle ne s'est pas montrée. Les parents ne se sont pas inquiétés. Il arrive qu'elle reste tard dans sa chambre. Celle-ci est vide. Le volet a été fracturé. [Procédure Inspecter] Hu Ziao cherche à déterminer si la jeune fille est partie de son plein gré. Il repère des vêtements dérangés, s'informe auprès de la mère de l'état des différents tas de la veille. La jeune fille est partie dans la précipitation, mais il n'y a pas de traces de lutte et elle a vraisemblablement elle-même choisi de quoi se vêtir plusieurs jours.

Les Assistants en ont assez pour conclure qu'elle a fui avec son amant.
Avatar de l’utilisateur
Arkham
Initié
Messages : 184
Inscription : mar. févr. 18, 2014 10:48 pm
Localisation : Lyon

Re: [CR] Magistrats & Manigances - parties test

Message par Arkham »

Bravo pour les CR et surtout pour le jeu!! Je suis fan du Juge Ti et du Juge Vao (son confrère en bd, que je recommande chaudement) et on ressent bien toute l'ambiance des enquêtes dans la Chine impériale!
Je vais me ruer de ce pas sur le casus... :)
The most important aspect of a story is how it affects the characters in it, not whether the characters manage to save the world in the end.
Jeepform rpg piece of cake
Avatar de l’utilisateur
Macbesse
Dieu en cyrillique
Messages : 6000
Inscription : jeu. sept. 07, 2006 8:48 pm
Localisation : Paris-Tachkent

Re: [CR] Magistrats & Manigances - parties test

Message par Macbesse »

@ Arkham : merci !

Je m'aperçois que je n'avais pas écrit la fin du précédent CR. C'est un peu loin et je n'en fais pas la relation complète. Pour faire court, ils ont retrouvé les tourtereaux en fuite mais ont obtenu l'incarcération de tout le groupe de soldats en goguette. Bien leur en ont pris car le soldat amoureux de la Coréenne n'était pas l'assassin, bien qu'il ait un mobile, ce que des interrogatoires méticuleux et piégeux menés dans la prison séparément ont fini par révéler. Les assistants se sont complètement assis sur la procédure judiciaire normale, mais il fallait bien ça. Ils avaient aussi beaucoup avancé sur l'épidémie et avaient conclu qu'il s'agissait d'empoisonnements ciblés utilisant la viande destinée aux sacrifices de la fête des fantômes et subodorant une histoire de vengeance. A part les victimes villageoises, l'épidémie choisit bien ses victimes ! Mais encore une fois, c'est un peu nébuleux dans mon esprit...

Venons-en à une partie beaucoup plus récente. Attention, si vous comptez jouer dans Sangyuan :

SPOILER ALERT SPOILER ALERT SPOILER ALERT
SPOILER ALERT SPOILER ALERT SPOILER ALERT

Un dimanche après-midi, sur un balcon parisien.

- 16h. On devrait quand-même lui envoyer un message. Deux heures de retard, ça commence à faire.
- Ah oui, déjà. On ne jouera peut-être pas à Rêve de Dragon aujourd'hui.
- De toute façon, au moindre combat un peu équilibré, ça dure des plombes, on aurait jamais fini.
- SMS envoyé... ah voilà, j'ai la réponse. Il croyait que c'était annulé.
- Grrrrrr. On fait un plateau ?
- Un Horreur à Arkham ? Non je déconne. J'ai Scylla, mais j'ai jamais testé. Warhammer Quest... mais c'est tout fade. Space Hulk j'ai l'impression d'en avoir déjà fait le tour...
- Je dois dire que tu sais vendre un jeu.

"Vous-me laissez cinq minutes pour rassembler mes idées ?" intervins-je.

Un quart d'heure plus tard, une imprimante crachait des feuilles de personnage de Magistrats & Manigances. Je n'avais donc pas mon cher district, pas mes scénarios, tout cela n'était plus très frais dans ma mémoire, mais le devoir m'appelait.

Les aventures du Juge Lin !

J'ai deux joueurs. L'un d'eux a fait presque tous les tests, le second découvre. On lui laisse donc le soin de choisir d'abord.

Il opte pour un Lettré Mélancolique. Yi Jen a été le premier recalé aux examens littéraires. Il vient d'un milieu modeste et sa famille s'était saignée aux quatre veines pour lui payer ses études. C'est une catastrophe qu'il n'a de cesse de remâcher et qui le rend aigri et cynique. Evidemment, le dernier reçu vient d'une bonne famille et les deux hommes se connaissent et s'apprécient peu. Ce dernier est déjà adjoint au Préfet dans une région stratégique de l'Empire, à Lanzhou plus précisément (pile là où est nommé le magistrat, bien sûr).
Yi Jen a rencontré le magistrat au moment où il grenouillait dans un centre d'archives secondaires. Son caractère obsessionnel lui a permis de sortir les documents-clés dont le magistrat avait besoin pour son affaire.

L'autre joueur crée un Praticien Dévot. Li Pao Gao est un de ces médecins taoïstes en quête d'immortalité. Il ne supporte pas les patients, d'autant plus que son sens du devoir l'oblige à finir par répondre à leurs jérémiades, et préfère l'étude des cadavres, qui ont au moins le bon goût de se taire.
Il a rencontré le magistrat à l'occasion d'une bien sinistre affaire. Un contrôleur des décès venait d'être assassiné par le frère d'un négociant en soierie, récemment déclaré mort par icelui. Pour sa défense, l'homme invoquait la vengeance : le contrôleur des décès, à qui on avait amené son frère, l'aurait déclaré mort après lui avoir porté le coup de grâce. Pao Gao avait été consulté et avait confirmé les dires du frère, qui fut tout de même envoyé cinq ans sur la grande muraille par le magistrat (eût-il été le fils du défunt, il aurait été hors de cause). La piste du commanditaire de l'assassinat remonte à la capitale...

Vient le tour du Magistrat. En plus d'être intègre et brillant, il est jeune, sensible, curieux et ambitieux (mais la curiosité l'emporte, sinon il serait resté à la capitale). Il n'a pas de concubines, seulement une épouse, d'un rang très supérieur au sien (c'est une noble titrée et une fille de haut fonctionnaire, issue d'une famille plutôt sur le déclin), dont il est très épris. La réciproque est certes vrai, mais avec la différence de rang, Madame, qui est aussi très autoritaire, a barre sur lui. Il a été aidé pendant les concours par un ami de la famille puissant, le comte de Liang, qui est actuellement Premier Secrétaire au Trésor et dont l'ascension semble irrésistible. C'est aussi cet ami qui a convaincu la famille de Madame que la carrière du juge effacerait bientôt la différence de rang.

La séance commence alors que le comte de Liang porte un toast au Juge Lin et le félicite pour sa nomination à Sangyuan, un poste certes provincial - il aurait préféré que son protégé reste à la capitale -, mais dans un district suffisamment stratégique pour qu'un jeune homme intelligent brille aux yeux de leurs Majestés impériales. Entre la route de la soie, vitale pour l'Empire, à contrôler, le mince cordon de Chine menacé par les Tibétains à surveiller et la proximité des alliés de la Chine, il y a beaucoup à faire, alors même que la capitale n'est pas très loin. Il laisse également entendre avec des mots choisis qu'à l'exception du climat, un peu âpre, le confort est supérieur à celui de bien des districts et qu'il est facile de s'y enrichir.

Est-il besoin de préciser que l'arrêté de nomination n'est pas encore arrivé et que le comte est déjà au courant des moindres détails ?
Et puis le Préfet de Lanzhou est un vieil ami, que le juge ne manquera pas d'aller saluer...
Avatar de l’utilisateur
Macbesse
Dieu en cyrillique
Messages : 6000
Inscription : jeu. sept. 07, 2006 8:48 pm
Localisation : Paris-Tachkent

Re: [CR] Magistrats & Manigances - parties test

Message par Macbesse »

La découverte de Sangyuan.

Image

C'est l'été, il pleut. Le Fleuve Jaune n'est pas navigable. Aussi le Juge et ses assistants ont-ils voyagé à cheval, et Madame en palanquin fermé.
Malgré la pluie, le paysage est de plus en plus aride, ce qui déplaît profondément à Madame, qui a grandi dans les plaines verdoyantes du Shaanxi. Le Magistrat vante la beauté des canyons, multiplie les citations poétiques mais rien n'y fait.

Image

Sangyuan est une belle bourgade, forte d'environ 50 000 âmes et sise sur les bords du Fleuve Jaune. Le port, hors la ville, et le pont trahissent la cité marchande.
C'est déjà le soir quand le Magistrat et ses assistants arrivent en ville. Madame est lasse et laissent ses servantes l'installer.
Le joueur qui interprète le lettré avait dirigé le Magistrat pendant le toast. Il passe la main à son camarade.
Le Magistrat a le déplaisir de constater que son prédécesseur est déjà parti. Il a préféré partir un jour faste, alors que la navigation sur le Fleuve était encore ouverte. Les administrés ont donc été trois semaines sans "père et mère du peuple", explique le Premier Scribe, qui fait une rapide présentation de la ville. Sung Huan fait plutôt bonne impression au Magistrat, celle d'un lettré intelligent, poli sans être obséquieux. Le magistrat s'enquiert des problèmes, d'abord hors les murs, et entend parler du bandit tibétain Tête de Cerf et de Tigre caché sous les hautes herbes. Le Premier Scribe évoque aussi l'afflux régulier de pèlerins au Monastère des Huit pétales de Lotus où trône le Bouddha, proies faciles pour ces bandes ou les aigrefins de la ville. Il passe ensuite aux aspects administratifs, vante le travail du secrétaire au trésor du district, Cheung Ho, qui contrôle les marchés, les rentrées de douane et les récoltes dans une ville très prospère.

La Magistrat a l'air déçu d'apprendre qu'il n'y a aucune affaire en souffrance et que le peuple s'est bien tenu pendant les trois semaines de carence, aussi le Premier Secrétaire lui fait faire un tour dans la prison pour lui montrer leur détenu en attente d'exécution, un homme richement vêtu et bien nourri. Il se nomme Xi Jiao, et il appartient à une famille d'orfèvres. Il a tué un homme qui lui devait de l'argent, vingt rouleaux de soie. "Belle somme" commente le Magistrat - c'est précisément le seuil qui vaut à un fonctionnaire la décapitation dans une affaire de corruption. Sung Huan acquiesce, mais nuance. Cette somme n'a rien d'exceptionnel à Sangyuan, où les familles marchandes sont riches et puissantes. Il complète le récit : "le Magistrat Dao votre prédécesseur a recouru à la petite torture et le prévenu a avoué avoir tué son débiteur, par accident. Le ton est monté entre eux, ils se sont battus, l'autre est tombé et il a eu la nuque brisée". La Cour Métropolitaine doit encore confirmer le verdict, sévère, et peut le commuer en bannissement.
Avatar de l’utilisateur
Macbesse
Dieu en cyrillique
Messages : 6000
Inscription : jeu. sept. 07, 2006 8:48 pm
Localisation : Paris-Tachkent

Re: [CR] Magistrats & Manigances - parties test [SPOILER SANGYUAN]

Message par Macbesse »

Les assistants veulent aussi parler au Premier Scribe. Fervent taoïste, le médecin s'enquiert des particularités du monastère. Le Premier Scribe semble assez mal renseigné sur ce point et se contente de dire que son architecture et ses bouddhas gigantesques taillés à même la montagne valent le détour. Ayant compris que la sensibilité de son interlocuteur le portait vers le taoïsme, il lui indique le temple de Guanyin et laisse entendre avec un air matois qu'il est assez unique en son genre.
Li Pao Gao n'a pas une très haute opinion du Premier Scribe, qui lui semble ne retenir de la spiritualité que les détails croustillants et matériels. Agacé, il met fin à l'entretien et entraîne son camarade avec lui. Le juge annonce qu'il va se coucher et part rasséréner son épouse. Il leur recommande de faire connaissance avec la population, mais leur premier mouvement est pour les temples.
Li Pao Gao commence par rendre ses dévotions au dieu de la Cité [Battre le Pavé : 1 yang, deux yin], Lin Bei, l'architecte des murs et des digues de la ville, divinisé pour veiller à la sécurité des habitants. Beaucoup de prières et d'ex-voto, de fait, supplient le dieu de protéger une maison de la montée des eaux. En écoutant les conversations, les assistants surprennent quelques bribes sur une inondation meurtrière qui a eu lieu il y a cinq ans, et une phrase énigmatique : "tu sais bien que ça n'arrivera plus maintenant qu'il est mort". La famille s'en va, et les assistants les laissent partir. Yi Jen tente de voir s'il y a des ex-voto datant de cette époque, mais n'en trouve pas. Ce faisant, il attire l'attention du prêtre, qui en profite pour lui en vendre et lier connaissance. D'après Pureté Généreuse, cela fait vingt ans qu'il n'y a pas eu de grande crue du fleuve. Le lettré lui fait part de sa surprise. Pureté Généreuse le détrompe : il y a cinq ans, une digue a cédé, mais la crue du fleuve n'avait rien d'exceptionnel. C'est pourquoi certains supposent une intention humaine derrière cette rupture de digue, un sabotage et pas un accident. [rumeur ! rumeur ! C'est la rumeur gratuite du "Battre le Pavé"].

Une vieille affaire à déterrer ?
Avatar de l’utilisateur
Macbesse
Dieu en cyrillique
Messages : 6000
Inscription : jeu. sept. 07, 2006 8:48 pm
Localisation : Paris-Tachkent

Re: [CR] Magistrats & Manigances - parties test [SPOILER SANGYUAN]

Message par Macbesse »

Mes joueurs ne se saisissent pas tout de suite la perche et les assistants se séparent. Qu'à cela ne tienne, j'ai d'autres billes dans mon grand sac.

Li Pao Gao continue sa tournée des temples. Le temple de la guerre est fermé, mais celui de Guan Yin semble ouvert. D'ailleurs, il entend des bruits de lutte et des cris d'hommes et de femmes. Une huitaine de bonzes sont en train de prendre une belle raclée devant le temple. Six nonnes, visiblement très bien instruites dans les arts martiaux, les cognent avec ferveur et force insultes, sous la surveillance de leur supérieure. Elles n'ont pas l'air de vouloir s'arrêter. Aussi Li Pao Gao décide-t-il d'intervenir. Il se dirige posément vers la Supérieure, entre deux craquements d'os, se présente comme un coreligionnaire, et lui demande d'arrêter. Cela ne suffit pas : la Supérieure répond qu'ils ont agressé deux femmes et qu'ils n'ont que ce qu'ils méritent. Alors, il lui tient un discours très convaincant sur la maîtrise du corps et la compassion. [Convaincre : 1 Yang, 2 Yin, il utilise son Yang pour atteindre son objectif]. La moniale pousse un cri sec et les jeunes filles s'arrêtent de frapper, puis viennent se mettre en rang et saluer.
Li Pao Gao évalue rapidement les dégâts chez les moines : ecchymoses, traumatismes crâniens, côtes cassées, os fracturés... rien qui engage le pronostic vital, il peut les laisser. Il propose alors ses services de médecin à la supérieure. L'une des moniales a l'arcade sourcilière brisée, une autre se tient curieusement. La hanche a été déplacée et elle ne sera plus déplacée qu'en brancard, ordre du médecin. [En termes techniques, Li Pao Gao vient de gagner un levier sur les nonnes, levier que je m'empresse de dépenser avec mon yin]. Ensuite, Li Pao Gao et la Supérieure, qui se nomme Clarté Compatissante, entame une longue discussion autour d'un bon thé, évoquant leur démarche respectives, interne pour l'une, externe pour l'autre, et la quête d'immortalité. Chacun est bientôt convaincu d'avoir affaire à un interlocuteur sérieux et avancé dans la Voie. La discussion revient sur l'incident, et Clarté Compatissante lui raconte sa version des faits. Elle parle d'abord du monastère, un "nid de charlatans" qui font de "prétendus miracles". Rendez-vous compte, ils font pleurer une statue de Bouddha ! Cela n'abuse bien sûr que les masses crédules... Li Pao Gao n'avait déjà pas une haute opinion des moines et il ne faut pas le pousser beaucoup pour qu'il épouse cette idée [dépense du Yin pour que l'Assistant en soit convaincu].

Puisqu'il reste un yang aux joueurs sur le Battre le Pavé, je leur indique que Li Pao Gao peut prendre Clarté Compatissante en contact au prix d'un yang, et le joueur se précipite sur l'occasion. Li Pao Gao est enchanté de sa première soirée à Sangyuan. Il y a de l'action, et il a rencontré une Soeur au moins aussi avancée que lui dans la Voie.

Du côté de Yi Jen, la soirée est moins mouvementé. Il se rend dans une maison de thé familiale, du genre où le public est mixte, et assiste à une représentation fruste mais honnête du Conte de la Princesse Palourde. Il peut se rendre compte que l'ambiance de la ville est bonne, et que la prospérité n'exclut pas les gens du peuple. Après cette bonne soirée qui lui a rappelé son enfance modeste, il rentre au yamen.
Avatar de l’utilisateur
Macbesse
Dieu en cyrillique
Messages : 6000
Inscription : jeu. sept. 07, 2006 8:48 pm
Localisation : Paris-Tachkent

Re: [CR] Magistrats & Manigances - parties test [SPOILER SANGYUAN]

Message par Macbesse »

Le lendemain matin, alors que le Tribunal s'éveille, que le Magistrat lisse ses favoris et que Madame Première compose les chignon complexe digne de son rang à l'aide de deux servantes attentionnées, le gong retentit.

La salle d'audience est encore vide. Le Premier Secrétaire est le premier à entrer et à s'installer au greffe, suivi de près par le magistrat. On fait attendre un peu les plaignants, une bonne demie heure. Huit moines, pour la plupart blessés, font leur apparition dans la salle d'audience. Ils se prosternent devant le Magistrat. Le plus âgé prend la parole :

"L'insignifiante personne qui se tient devant le Magistrat se nomme Feuille de Thé et souhaite porter plainte pour agression. Une quinzaine de nonnes nous a tendus une embuscade alors que nous traversions prêt du Temple de Guanyin. Nous nous sommes inclinés sous la force du nombre".

Un certain assistant a un sourire en coin et demande à conférer avec le magistrat et fait remarquer que les moines ont des problèmes avec les mathématiques. Ils s'isolent un instant. Le médecin fait un récit qui met les nonnes très en valeur, indiquant qu'elles se sont arrêtées quand la situation était sous contrôle, et omettant soigneusement de préciser que c'était après son intervention.

Le magistrat revient et roule des yeux furieux vers l'aîné des moines.

- Comment ose tu mentir au Tribunal, chien !

Le chef des sbires, un couturé, s'approche et lève le bras pour frapper la bouche du plaignant menteur. Le Magistrat l'arrête d'un geste.

- L'insignifiante personne qui se tient devant le magistrat rougit de honte, mais ces nonnes sont de véritables diablesses qui comptent chacune comme trois femmes. Je reconnais qu'elles n'étaient que six. Elles ont engagé le combat, nous ont frappés et ont continué à nous battre alors que nous étions à terre.

- Le Tribunal n'apprécie pas les mensonges et n'apprécie pas non plus les troubles à l'ordre public. Clarté Compatissante a déclaré que vous vous en étiez pris à des dames, qu'avez vous à répondre à cela ?

- C'est pure calomnie, Votre Excellence. Jamais je n'aurais osé attenter à la pudeur d'une dame. La morale et mes devoirs me l'interdisent.
Un instant passe. Feuille de Thé se retourne, inquiet et suspicieux, vers les autres moines.

- Que l'on fasse venir Clarté compatissante et ses moniales ! L'audience est suspendue !

Quand l'audience est rouverte, le public s'est massé dans la salle d'audience. Les moniales se répartissent en bon ordre, et les moines leur jettent des regards mauvais. Clarté compatissante fait le ko-téou avec une lenteur calculée, dans une attitude qui marque davantage la dignité que la soumission.

- L'humble personne qui se tient devant son Excelle se nomme Clarté compatissante. Elle a sous sa responsabilité les six moniales ici présentes et le temple de Guanyin.

- Ces plaignants nous ont rapporté être tombé dans une embuscade tendue par les vôtres près de ce temple. Le Tribunal veut entendre votre version des faits.

- Je remercie Son Excellence de sa bienveillance et je suis certaine qu'il considérera notre action comme un acte d'assistance à personne en danger quand je l'aurais exposée. Deux des soeurs se tenaient devant le portail quand elles ont été témoin d'une scène odieuse. Ces moines s'en prenaient à une jeune femme de bonne famille et à sa servante, tirant leurs jupes. Sans notre intervention, Guanyin sait ce qui serait advenu !

- Calomnies ! crie Feuille de Thé.
Le chef des sbires lève à nouveau son bâton. Le juge frappe son martelet et reprend l'interrogatoire.

- Sauriez-vous identifier ces dames ? Leur témoignage serait précieux pour accréditer votre version des faits.

- Ces dames se sont enfuies. Avec la pénombre et la masse, elles étaient difficiles à identifier précisément, mais je pense qu'il s'agissait d'une femme bien née et de sa servante. La première était habillée d'une robe fleurie et portait une voilette violette qui lui dissimulait le visage, ainsi qu'un châle rouge brodé d'or. La seconde portait une robe plus simple et allait tête nue.

- Je vous remercie de cette description détaillée. Nul doute que mes assistants sauront la retrouver. Rien n'échappe à la sagacité du Tribunal. L'audience est suspendue.

En attendant le retour des assistants, le magistrat règle de petits litiges, entre autres une affaire de poule que se disputent deux paysannes. Leurs poules ont été mélangées dans le bateau. La solution est brillamment résolue et fait l'admiration du public. Le magistrat demande à chaque paysanne avec quoi elle nourrit ses poules, et leur fait couper le gésier. Alors, il attribue la poule à la légitime propriétaire et fait donner cinq coups de petit bâton à l'autre. Il remarque à cette occasion que son chef des sbires a naturellement la main lourde et convient d'un code avec lui pour moduler la force des coups.
Répondre