New York - New York
Start spreadin' the news, i'm leaving today, I want to be a part of it
(ou l’Horreur à New York).
I want to wake up in a city that doesn't sleep and find I'm king of the hill, top of the heap… (ou “quand même, New York, ça a de la goule”).
Sur ces 152 pages on trouve trois grandes parties. La première (25 pages), après une nouvelle lourdingue sur un festin dans les ténèbres avec des goules qui ne s’intitule même pas Devine qui on va manger ce soir ?*, est consacrée à l’historique de la ville. Tout y passe depuis la fondation de la ville sur un territoire sacré en passant par l'installation des premiers colons Hollandais, et ainsi de suite jusqu’à l’époque du jeu. On découvre au passage qu’une secte lunaire y prospère depuis longtemps… L'organisation contemporaine et les généralités sur la cité occupent ensuite la plus grande partie du chapitre : logement, prohibition, crime organisé, tout pour faire du Chtulhu sans Chtulhu finalement...
* : ce qui lui permet de rentrer directement en troisième position du top 50 des occasions de fines allusions manquées.
These little town blues are melting away, i'll make a brand new start of it in old New York (ou “I love craft”).
La seconde partie (101 pages) est consacrée à la description quartier par quartier de l'agglomération de New York, en quatre chapitres : l'île de Manhattan est bien sûr la partie la plus détaillée, avec Uptown, Midtown et Downtown, alors que les autres quartiers (le Bronx, le Queens, Brooklyn et Staten Island) occupent « Les bourgs extérieurs » (en effet, New York à cette époque là c’était bourgs et bourgs et Manhattan). Chaque région fait l'objet d'un court rappel historique, d'un chapitre sur les généralités, puis d'une description des lieux les plus intéressants, surnaturels ou pas. Le tout est émaillé de la description de PNJ typiques avec des petits portraits format carte d’identité bien sympathiques, de précisions, de plans, de cartes et de photographies d'époque, qui permettent de se mettre dans l’ambiance.
Enfin une dernière partie (33 pages) propose deux scénarios pour mettre en scène le contenu du supplément, dont je ne parlerai pas ici parce que je ne les ai pas lus.
La fin de l'ouvrage contient différentes aides de jeu pour les scénarios, des cartes, une bibliographie et une table des matières détaillée. C’est plutôt utile, mais comme trop souvent pour les aides de jeu il faudra les refaire si on tient un peu à l’ambiance parce qu’elles ne sont pas bien belles ni trop crédibles… Quand on voit ce qu’on peut faire aujourd’hui à ce niveau, c’est quand même dommage que des suppléments pro en soient encore là !
If I can make it there i'll make it anywhere, it's up to you (ou la ville qui a le vent en poulpe).
Voilà pour le contenu, venons-en maintenant à l’intérêt de la chose. Pour vous dire le fond de ma pensée je trouve que ces « Secrets de New-York » sont sans surprise, et presque sans secrets. Ou, pour être plus précis, qu'il s'agit encore et encore des mêmes vielles ritournelles du Mythe, des rengaines archiéculées du genre. S’il y a un ver dans la grosse pomme, je prends les paris que ça va être un Dhole !
Roger Caillois définit le fantastique comme « l’irruption de l’inadmissible […] ce qui ne peut pas arriver et qui se produit pourtant, en un point et à un instant précis, au cœur d’un univers parfaitement repéré, et d’où l’on avait à tort estimé le mystère à jamais banni »**. Mais le problème justement avec Les Secrets de New York, c’est qu’à moins d’être un lapin de trois jours on finit par tout voir venir à des kilomètres, et du coup l’inadmissible est inévitablement attendu au tournant, ce qui le rend pas franchement fantastique. Des égouts ? Des goules. Un cimetière ? Des goules. Une boulangerie ? Des…
** : Article « Fantastique » de l’Encyclopoedia Universalis, 1966.
I want to wake up in a city that never sleeps and find I'm a number one, top of the list, King of the hill, a number one! (ou La Chose suspendue dans le vide… qui a mis son slip par-dessus son pyjama).
Bref, ce n'est pas que la lecture en soit désagréable – loin de là – ou qu'il ne puisse pas se révéler à un titre ou à un autre de quelque utilité, mais ce guide reste quand même une déception. Je sais bien qu'en écrivant ces lignes j'attaque la falaise des classiques indéboulonnables chers aux « grands anciens » et que je risque de m'attirer quelques reproches innommables mais je ne peux pas faire autrement que de vous avouer mon ennui. Lovecraft lui-même posait comme « authentique récit fantastique » celui qui met en place « une certaine atmosphère oppressive, une inexplicable peur de l’inexplicable des forces de l’inconnu »*** que l’imagination des joueurs peut s’empresser d’accentuer, créant ainsi, eux-mêmes, leurs propres terreurs.
*** : Epouvante et Surnaturel en littérature, Bouquins, Robert Laffont, Tome 2 des Œuvres, 1927
These little town blues are melting away, i'm gonna make a brand new start of it in old New York (ou La couleur tombée du Gratte-ciel).
La venue du surnaturel ne devrait donc pas être brutale mais subtilement et délicieusement lente, insidieuse ; et la mise en place de l’ambiance s’avérer primordiale puisque le travail du MJ consiste à distiller au compte-gouttes les éléments fantastiques afin de faire monter l’angoisse chez les joueurs, créant de ce fait un univers oppressant. Difficile avec ce supplément qui amène ces éléments assez souvent comme des cheveux sur la soupe. Le coup de la maison de style colonial (« tu sais, la vieille maison hantée qui ne stationne qu’une semaine sur deux dans le fond de l’impasse où on ne va pas, oui oui, celle où il y a toujours du brouillard ») qui traverse les dimensions et les époques - qui plus est avec un gros monstre dans la cave (ça les gars, c’est ceinture-bretelles) par exemple, mais les exemples sont nombreux.
Le récit fantastique tente de réveiller « la plus vieille, la plus forte émotion ressentie par l’être humain », comme la nommait Lovecraft, ajoutant que « la forme la plus puissante découlant de cette peur, c’est la Peur de l’inconnu**** ». Mais là bien loin de la peur de l’inconnu, c’est la peur du déjà vu !
**** : idem.
Un jour j’irai à New York avec toi… (ou I love NY !).
La version française ne présente que peu de différences avec la version originale au niveau du contenu. Le moindre nombre de pages s'explique par une mise en page plus dense et, en fin d'ouvrage, par l'absence de la table des matières et de la bibliographie, et la présence d'une page de publicité pour les futurs produits de l'éditeur remplaçant deux pages de publicité présentes dans l'édition originale. Et c’est bien ça qui est dommage ! Ce qu’il manque à ce supplément c’est la célèbre French Touch, qui fait d’un ouvrage comme Paris, Ombres et Lumières une frenche réussite par exemple. Le traitement qui nous est ici proposé ne rend selon moi pas hommage au potentiel ludique de la plus européenne des villes américaines, et c’est bien dommage. Bref, un supplément qui passe un peu à côté, mais par contre qu’est-ce que la bande son est bonne !
And if I can make it there i'm gonna make it anywhere. It's up to you, New York, New York.
New York!
Les Secrets de New York
- david@lpha
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Les Secrets de New York
Sache ô Prince qu’entre les années qui virent surgir Casus et l’avènement des fils d’Internet il fut un âge où existaient de brillants fanzines. Alors vint Davidalpha : rôliste rêveur, figuriniste, choisi par les Dieux pour recouvrir avec des curlys et du café froid les tables de jeu de ce monde !
- Soner Du
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Les critiques, c'est plutôt là : viewtopic.php?t=10685
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Re: Les Secrets de New York
Rien que pour ça je dis : Bravodavid@lpha a écrit : New York à cette époque là c’était bourgs et bourgs et Manhattan

- david@lpha
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Mince oui, c'est tout à fait exact ! Est-ce que quelu'un peut déplacer ça ?Soner Du a écrit :Les critiques, c'est plutôt là : viewtopic.php?t=10685
Sache ô Prince qu’entre les années qui virent surgir Casus et l’avènement des fils d’Internet il fut un âge où existaient de brillants fanzines. Alors vint Davidalpha : rôliste rêveur, figuriniste, choisi par les Dieux pour recouvrir avec des curlys et du café froid les tables de jeu de ce monde !
- Lordelric
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Excellente critique, david@lpha, sur le fond comme sur la forme
Cela rejoint bien mon propre avis à la lecture de la vo, abandonnée en cours pour les mêmes motifs (manque de surprise et d'ambiance "lovecraftienne"). Avec en plus le sentiment de lire plus une présentation touristique à destination d'un voyageur de passage à New York qu'un véritable guide à l'incarnation du newyorkais pur souche
Pour ton post, je te suggérerai d'en recopier toi-même le contenu dans le thread critique, et de demander simplement à un modo de déplacer celui-ci dans la partie Discussion JDR, histoire qu'il soit purgé naturellement à expiration, ou que d'autres forumistes puissent donner leur avis. Cela devrait limiter le travail de la modération du forum*
(*c'est juste une supposition, j'ignore comment cela fonctionne dans la pratique. C'est juste que cette solution me semble éviter le découpage de thread
)

Cela rejoint bien mon propre avis à la lecture de la vo, abandonnée en cours pour les mêmes motifs (manque de surprise et d'ambiance "lovecraftienne"). Avec en plus le sentiment de lire plus une présentation touristique à destination d'un voyageur de passage à New York qu'un véritable guide à l'incarnation du newyorkais pur souche
Pour ton post, je te suggérerai d'en recopier toi-même le contenu dans le thread critique, et de demander simplement à un modo de déplacer celui-ci dans la partie Discussion JDR, histoire qu'il soit purgé naturellement à expiration, ou que d'autres forumistes puissent donner leur avis. Cela devrait limiter le travail de la modération du forum*
(*c'est juste une supposition, j'ignore comment cela fonctionne dans la pratique. C'est juste que cette solution me semble éviter le découpage de thread

co-fondateur autoproclamé de l'ABA (désolé)
Le jdr : faire et se faire plaisir. What else ?
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