Un repas diplomatique... ou à peu près
Après s’être séparés en plusieurs groupes pour enquêter en ville le matin, les PJ se retrouvent au palais peu avant le repas de midi. Ils échangent leurs découvertes de la matinée et élaborent un plan. Une chose est claire : l’apparition du sanglier depuis trois semaines est liée à la progression du chantier des nouveaux remparts qui a empiété sur la forêt, et sans doute encore plus au démantèlement de l’ancien sanctuaire d’Artémis, dont la statue a été transférée à la va-vite dans le temple d’Apollon. Mais comment aborder le sujet avec Mélanion de manière délicate ? Les PJ conviennent de ne lui en parler qu’en privé, après le repas.
Avant le repas, Eucharis tente de se renseigner sur le plat préféré de Mélanion mais elle échoue (double 1) et ne fait que se fâcher encore avec Téléclès.
Comme le groupe s’éternise à choisir un plan, j’indique que quelqu’un frappe à la porte. C’est l’intendant Téléclès, venu les convier au déjeuner. Mélanion est présent, ainsi que Képhalè et Glaukè, Chrysotès, Arguros et l’aède Pardalos. Une bonne quinzaine de notables de la ville sont installés dans la salle. Mélanion invite ses hôtes aux bonnes places.
On mange en silence, puis, pendant la beuverie, la conversation s’engage. Hélas, Mélanion interroge tout de suite Euménès sur ce que le groupe a trouvé le matin. Euménès explique qu’ils ont fait un travail de reconnaissance et demande à parler seul à seul avec le souverain après le repas. Mais Mélanion éclate de rire et affirme bien fort qu’il n’a rien à cacher à ses gens. Bélos prend la parole à son tour et explique que le sanglier n’est sans doute pas le seul problème, de sorte qu’ils hésitent. Mélanion ne semble pas plus convaincu et prend cela pour de la faiblesse : il accuse (à mots à peine couverts) Bélos de lâcheté.
Pyrrha a profité du fait que l’attention générale était concentrée sur le roi pour s’approcher de Glaukè et échanger quelques mots avec elle sur le tempérament de son père. Glaukè explique que Mélanion a toujours été sujet à des sautes d’humeur qui ne font qu’empirer au fil du temps.
Dans l’intervalle, Eucharis est arrivée avec des douceurs au miel qui rencontrent beaucoup de succès, mais que Mélanion écarte dédaigneusement sans même regarder la servante.
La crise
Euménès, ayant le désavantage Arrogant, se met en colère en entendant le roi insulter son fils en public. (Je lui demande un jet de Mesure auquel il échoue ; en réalité, ce n’est pas le bon contexte pour cela, du moins dans les règles actuelles.) Il retourne le reproche à Mélanion qui n’est pas capable de s’occuper lui-même du sanglier, puis il lui lance la vérité, à savoir que les PJ ont toutes les raisons de croire que le roi a courroucé Artémis.
Mélanion (qui, au jet de dés, a échoué à garder son calme) entre dans une rage froide et déclare aux PJ d’un air glacial : « Sortez de mon palais. »
Un silence stupéfait passe sur l’assemblée ; l’aède Pardalos a cessé de jouer, les danseuses se sont immobilisées. Personne n’ose contredire le roi. Képhalia arbore un air peiné, tandis que Glaukè éclate en sanglots et se rue hors de la pièce.
Devant l’ordre du roi, les PJ sortent les uns après les autres. Bélos et Euménès ont des paroles de regret devant le comportement du roi ; Bélos ajoute « merci pour l’arc ». Pyrrha, avant de leur emboîter le pas, fait une annonce au sujet du mécontentement d’Artémis en jouant délibérément sur son aspect inquiétant (elle a le désavantage « Inquiétante ») pour impressionner l’assemblée. Le repas se termine dans une atmosphère sinistre.
Le groupe se rend compte qu’une fois mis dehors par Mélanion et en l’absence d’auberge, les PJ sont purement et simplement à la rue… Mélanion bafoue toutes les règles d’hospitalité et aucun notable de la ville n’a osé leur proposer, devant le roi, de les loger.
Bélos, qui a été le premier à sortir, décide de quitter le palais à pied sans attendre les autres. Bélos fait une prière à Hermès : « Puisses-tu guider mes pas et me montrer un moyen de prouver que Mélanion est un roi indigne ! Si tu sais le remettre à sa place, je t’offrirai l’arc que ce roi m’avait offert. »
=> Peu de temps après, une voix surgie de nulle part murmure à son oreille : « Tu as agi en prince, Bélos. Mais n’oublie pas de protéger les tiens. Ne t’éloigne pas du palais, ce n’est pas terminé. »
Une inspiration divine suggère à Bélos de se dissimuler au coin d’une rue sur la droite de l’entrée du palais.
Pyrrha ne sort pas tout de suite : une fois hors du mégaron, elle s’éclipse par un couloir et traverse une petite cour pour gagner l’escalier qui mène à la chambre de Glaukè. Dans la cour, une servante, qui de près s’avère être un serviteur, l’aborde et la prévient de se sauver, car Mélanion a ordonné de tous les faire arrêter. (Pyrrha ne le sait pas, mais l’allure androgyne du serviteur provient du fait que la personne qui l’a abordée n’est autre qu’Hermès, qui apprécie de type de déguisement. En outre, l’avantage « sympathie des humbles » de Pyrrha lui a valu l’estime de plusieurs esclaves, servantes et serviteurs du palais bel et bien humains après la tirade aussi pieuse que sévère qu’elle a tenue à l’assemblée avant de quitter le mégaron.)
A l’étage, Pyrrha, sans être jamais venue, n’a pourtant aucun mal à trouver la chambre de Pyrrha : des sanglots se font entendre à travers la porte. Elle frappe et Glaukè la fait entrer aussitôt, en dissimulant mal son chagrin : elle a le visage rougi et bouffi par les larmes. Pyrrha remet à la jeune fille son « nèpenthès », sa potion d’indifférence, en lui demandant de la verser dans la boisson de son père.
Eucharis, de son côté, supervise les autres serviteurs pendant qu’ils emballent les affaires de ses maîtres. Elle laisse son panier de succulents biscuits au miel aux serviteurs de Mélanion, ce qui lui vaut la popularité générale ; Téléclès en personne s’abstient de tout commentaire déplaisant et se contente d’arborer un air pincé ; après leurs querelles de la journée, c’est déjà beaucoup !
Pendant que Bélos se tient aux aguets au coin de la rue, les autres PJ s’apprêtent à partir et Euménès s’inquiète de ne plus trouver son fils. La préparation et le chargement des deux attelages prend quelque temps. Les PJ repartent à bord de deux chars :
- Un quadrige du type « char de guerre » où monte Euménès. Normalement conduit par Bélos, il est mené par le serviteur de Bélos, Orissos, en l’absence de son maître.
- Un char « civil » plus grand, sorte de chariot couvert pouvant accueillir une dizaine de personnes et/ou de gros bagages. C’est là que voyageaient Pyrrha, Hagias, Eucharis et le serviteur d’Euménès, Philon.
Pendant qu’ils quittent le palais, Euménès fait une prière à Zeus : il l’implore d’aider les PJ à faire en sorte que Mélanion entende raison et à sauver la cité. Il promet, en échange, sa plus belle génisse.
=> Peu après, un roulement de tonnerre se fait entendre alors qu’il fait beau. Il semble que Zeus ait entendu la prière.
S'enfuir du palais
Les PJ tournent à droite en sortant du palais et s’engagent dans la rue, quand ils voient déboucher, en face, une troupe d’une bonne quinzaine de gardes armés de boucliers et de lances !
Pyrrha, quant à elle, adresse une prière à Héra : « Aide-nous à nous échapper de ce guet-apens et à faire triompher la raison par l’esprit de la mère et de la fille ! » Elle promet à Héra une statue dans leur ville natale d’Aïdoné, où le culte d’Héra est moins bien représenté depuis la mort de la reine (Euménès est veuf).
=> A l’insu des PJ pour le moment, Héra entend la prière… et va demander à Aphrodite de faire tomber Bélos amoureux de Glaukè, afin que les PJ aient une raison de rester et que Glaukè les aide à raisonner le reste de la famille royale. Autant pour les hésitations de Bélos !
Les PJ discutent pour élaborer un plan. En l’absence de Bélos, Euménès est le seul guerrier réellement capable de faire face à une troupe en armes. Et voilà que d’autres gardes, menés par Chrysotès en personne, sortent du palais ! La situation devient préoccupante…
Euménès, sans son armure lourde, mais pourvu d’une lance, d’une épée à la ceinture et d’un bouclier, descend du char dans l’intention de dégager le passage en impressionnant les gardes ou en les mettant en fuite.
Pyrrha s’empare d’une dague et d’un bouclier et accompagne son père.
Eucharis, elle, saisit une poêle et une amphore d’huile, puis descend du second char pour faire face aux soldats.
Nous entamons un « combat » (quoique le mot soit un peu fort, vu ce qu'ont fait les PJ...) et je demande aux PJ de faire un jet de réaction.
Ordre d’action :
Pyrrha : 13
Bélos : 9
Euménès : 8
Chrysotès (PNJ coriace)
Eucharis : 4 (jet de dés raté)
Gardes (piétaille)
Round 1 :
Euménès active son avantage « Inspirateur » et en profite pour lancer des paroles impressionnantes aux gardes qui approchent dans la rue. Pyrrha emploie la même technique sans l’avantage, mais en tâchant d’avoir l’air inquiétante : « Ne provoquez pas le courroux d’une prêtresse d’Hécate ! »
Les gardes reculent de façon plus ou moins ordonnée ; l’un d’eux trébuche et tombe par terre.
Eucharis entreprend de verser l’huile devant l’entrée du palais pour faire glisser les gardes (!), puis sort une dague.
Bélos, au coin de la rue, tient son arc bandé, prêt à tirer sur les soldats qui approcheront.
Chrysotès crie des ordres aux gardes pour qu’ils se déploient dans la rue ; l’un d’eux glisse sur l’huile et tombe.
Round 2 :
Même tactique de la part d’Euménès et Pyrrha. Certains gardes reculent, mais d’autres commencent à reprendre courage.
Bélos, voyant avancer des soldats, débouche au coin de la rue et longe les deux attelages pour rejoindre Eucharis, l’arc toujours bandé.
Round 3 :
Euménès passe à l’action, mais, ne souhaitant pas tuer des gens directement, il se contente de sonner les gardes à grands coups de bouclier. Quatre gardes sont ainsi mis provisoirement hors de combat et le reste recule en grand désordre, lances baissées. Pyrrha emploie la même technique. Le passage est un peu dégagé, mais pour combien de temps ?
Voyant Chrysotès sur le point de s’en prendre à Eucharis, Bélos décoche une flèche en visant le sol entre les pieds du capitaine de la garde, qui s’immobilise. Le prince d’Aïdoné lance une admonestation à Chrysotès pour qu’il laisse partir les PJ, mais ce dernier, serrant les dents, réplique : « J’obéis aux ordres de mon roi ».
Round 4 :
C’est le moment de ne plus s’attarder pour les PJ. Les deux attelages avancent, profitant de la surprise semée parmi les gardes. Euménès réussit un brillant jet de dés (double 6) pour remonter sur le premier char au moment où il passe, ce qui lui permet de donner un coup de main à sa fille qui a plus de mal.
Bélos et Eucharis grimpent comme ils peuvent dans le second char.
Retour chez Mélodicos
Renversant, écrasant et piétinant au besoin les gardes désorganisés, les attelages s’élancent dans la rue et filent au grand galop vers le sud, hors de l’acropole de Sigynna. Ils font route vers la demeure de Mélodicos, où Hagias, pendant ce temps, est resté à apprendre le chant enseigné par le vieil aède.
Hagias réussit un excellent jet (17) et a parfaitement retenu les leçons du poète, qui est content de lui. Un bruit de galop les interrompt au moment où Mélodicos félicite son nouveau disciple. Ils sortent et découvrent les autres PJ qui les mettent au courant des événements. Mélodicos n’est pas surpris par le caractère de plus en plus tyrannique de Mélanion. Les PJ le convainquent de fuir avec eux pour éviter toutes représailles. Après un arrêt trop bref, les deux attelages repartent, car on aperçoit déjà les silhouettes d’autres chars qui débouchent des portes de la ville, au loin, lancés à la poursuite des PJ.
Où vont aller les PJ ? Sauront-ils semer leurs poursuivants ? Comment les dieux et les déesses réagiront-ils aux prières des PJ ? Comment libérer Sigynna de l’emprise délétère de Mélanion ?
Nous nous arrêtons là à cause de l’heure. La suite à la prochaine séance, dans deux semaines !
Bilan de maîtrise
- Beaucoup de prières pendant cette séance (certaines, même, contradictoires, par deux PJ qui ne pouvaient pas être chacun au courant de la prière de l’autre !).
=> Les PJ vont avoir bien des offrandes à faire : vérifier qu’ils pensent à les faire à la fin du scénario !
=> C'est bien pratique d'avoir un peu de temps avant la suite, pour réfléchir à la manière dont les dieux vont réagir, même si j'ai déjà des idées indiquées ci-dessus.
- Première utilisation d’un bruitage de roulement de tonnerre de Zeus en plus de la musique d'ambiance.
- Les PJ sont étonnamment pacifistes. On sent qu’ils n’ont pas envie de tuer des PNJ pour rien. Je leur ai pourtant expliqué qu'ils étaient nettement plus forts que le péquin moyen. J’aurais dû faire pleuvoir sur eux des flèches et des coups d’épée pour les forcer à se défendre. Mais, vu la situation, ils ne pourront pas éviter éternellement le combat…
Quelques phrases mémorables
« On pourrait demander à l’aède d’imiter un cri de sanglier. »
« (Les autres envisagent de demander à Mélanion de rendre un hommage à Artémis, et de faire de cela une condition pour aller chasser le sanglier.)
Hagias : des héros grecs qui veulent conditionner leur aide à une solution à long terme à un problème. C’est quoi ce bordel ? »
« Guélato thnèta » signifie MDR en grec (moderne, mais les deux verbes employés sont étonnamment proches du grec ancien).
Pyrrha : « J’ai pas une potion fumigène dans mon équipement ? »
MJ : « tu pourrais, mais tu dois la préparer toi-même à l’avance ! »
Bélos : « On a essayé la solution subtile, hein ! »
Bélos : « Ça sert à quoi de nous mettre dehors si c’est pour nous arrêter après ? Il faudrait savoir ce qu’il veut ! »
Eucharis : « et si on se rendait ? »