Épisode 7 ~ suite
Les trois séances qu'il aura fallu pour conclure l'Épisode ont été assez... curieuses. D'abord parce que la "maîtrise" du jeu m'a assez nettement échappé : je dirais pas que c'était "raté" non plus, loin de là, mais les joueurs ont plutôt évité d'aller dans la direction où je voulais les pousser, j'ai parfois laisser les dés décider à ma place des actions des PNJ et si le rythme a largement pâti de la lenteur avec laquelle les joueurs ont pris leurs décisions, ils en ont par contre largement profité pour compiler énormément d'infos, et pour développer la mentalité et les relations de leur protagonistes.
Bref, comme expérience de narration "partagée", c'était assez mal encadré et bordélique, mais ça a été étrangement fructueux. Et ça va être difficile à raconter notamment parce que presque tout ce qui n'était pas des scènes d'action endiablées (j'ai quand-même réussi à en placer plusieurs) a presque entièrement été du dialogue (dont surtout des débats), en grande partie roleplay.
SÉQUENCE 4 : "Here comes the BOOM !"
Depuis leur repérage par Hansou, Idir Hassan Al-Maghawir (la super-barbouze khemite avec laquelle je m'amuse à énerver les PJ depuis maintenant un moment) avait confié la surveillance des 6 "possibles refuges de Kay l'Androïde" à autant de ses contacts locaux. Notre pilote-hacker, profondément immergé dans le réseau de la cité-puits pour y surveiller l'étrange "division cellulaire" opéré par l'IA (qui envoie des paquets de logiciels dans tous les coins de la toile), et affinait peu à peu l'origine du signal, ciblant bientôt un mini-studio/atelier dans les niveaux inférieurs du secteur du chantier naval. Pendant ce temps, l'équipage de La Chimère débattait à foison : de qui est le chef (Vincent qui commence à en avoir marre d'assumer le rôle, Hansou qui est perpétuellement plongé dans la matrice, harmonie qui veut que ce soit Vincent ?), de ce qu'il fallait déduire des opérations virtuelles de Kay, de l'éventuel péril que cela pouvait représenter pour la ville (mais nos anti-héros décidèrent bientôt qu'ils en avaient rien à secouer) et d'un très éventuel plan d'action. Il faut dire que depuis un certain pétage de plomb de Vincent et d'Harmonie, une certaine "vacance du pouvoir" ralentissait les prises de décisions alors même qu'il y avait du pain sur la planche.
Et puis les PJ étaient arrivés à la conclusion que Kay n'avait que peu de moyens de rejoindre Naï-Naïn : une fois exclue la flotte pirate d'Al-Salim (avec laquelle elle aurait déjà pris contact si elle comptait prendre contact avec eux, elle n'aurait pas eu besoin "d'enlever" le navigateur ou l'aurait déjà rendu au bey, les logs de l'astroport indiquant que Kay était arrivé sur Langton depuis déjà 4 jours), la planète n'hébergeait que 4 vaisseaux posédant une maniabilité, des boucliers, une autonomie et des senseurs suffisants pour s'aventurer dans ce dangereux trajet à travers la super-nova, soit deux croiseurs légers de la flotte de la corpo de sécurité locale ("Spartan", une concurrente centauri de "Sagitar"

Pendant que le reste de l'équipage se prenait la tête, Hansou et Bellinda furetaient donc dans le réseau en s'approchant prudemment du local loué par Kay depuis quelques jours lorsque, soudain, l'IA cessa toute opération et se déconnecta. Un instant plus tard, Idir débarqua sur la passerelle pour prévenir qu'il y avait un problème : le gars qui surveillait l'appartement en question venait de cesser d'émettre après avoir hurlé dans son communicateur, il avait donc probablement été repéré puis neutralisé (en effet, il vient de se faire percuter par un drone de nettoyage et a basculé dans le puits) et leurs cibles risquaient donc de déguerpir.
Immédiatement, les Chiméronautes se mobilisent : Hansou et sa copine virtuelle scannent les caméras de sécurité à la recherche des fugitifs, Jackson et Harmonie composent des tenues de combat "légères" (combinaison de protection, bouclier personnel, fusils d'assaut à impulsions, shock-guns, grenades... ahem), Vlad charge le "sèche-cheveux", on neutralise la sécurité du hangar (parce que sinon les sas d'accès risquent de se mettrent à couiner quand eux bourrins vont les traverser avec leur arsenal) et Vincent (qui fait encore la gueule) tâche mollement de se renseigner auprès des autorités. Le hacker repère bientôt la petite cyber-asiate et son pirate à dreadlocks, remontant vers l'astroport à la pleine vitesse de leurs rollers motorisés (vous voyez Gunnm ? pareil)... En fait, ils roulent si vite (probablement car l'IA contrôle les commandes) qu'ils bousculent les passant et déclenchent l'intervention de quelques drones de circulation qui les bombardent d'avertissement légaux avant d'être neutralisés les uns après les autres : rien qu'en les regardant, Kay les éteint ou les envoie sur des trajectoires détournées.

Quand ils atteignent les niveaux supérieurs, poursuivis par le dernier robot qui clame avec insistance leurs infractions, les miliciens de Spartan ont été alertés et se préparent à les recevoir... mais soudain les caméras du secteur s'éteignent autour des deux patineurs endiablés, puis l'éclairage publique, la signalisation et les enseignes holographiques des boutiques ! "Kay pompe le jus de tout ce qu'elle trouve, et la sécurité est dans le noir !" annonce Hansou à Jackson, Idir et Harmonie qui, relativement discrètement dans le frémissement d'inquiétude qui parcourt peu à peu la foule des boulevards, ont commencé à remonter au petit trot vers leur cible, Vlad ayant passé son costume de khemite et saisi un pistolet pour s'élancer sur leurs talons. Lorsque la milice tire les premières salves de schock-guns en déclenchant quelques accidents, une foule de rollers et de segways effrayés commencent à se constituer en bouclier humain autour de Kay et de son navigateur ("La vache, elle prend le contrôle de tous les appareils !"), les pauvres patineurs pris en otage s'agitant comme des possédés ou s'affalant sous les tirs neutralisant pour être trainés sur le bitume par leurs patins à moteur. L'inquiétude tourne carrément à la panique, l'avenue est bientôt plongée dans la pénombre et c'est justement le moment qu'attendaient Harmonie, postée avec son propre shock-gun derrière un étal de fruits hydroponiques que son propriétaire vient de déserter à toutes jambes : les premières déchargent ne font qu'assommer quelques innocents de plus dans le troupeau qui fonce maintenant à vive allure, alors que les portes de sécurité se ferment tout le long des boulevards et que les projecteurs de miliciens volants apparaissent sous la voute vitrée de l'avenue d'où perce le pâle lueur jaunâtre du jour. Jackson vise soigneusement au fusil et colle une impulsion dans l'épaule de Kay (à près de 200m à travers le troupeau humain : tir magnifique) et l'androïde manque de se vautrer, perdant un instant le contrôle sur les l'électronique qui l'entourent et envoyant plusieurs patineurs voler dans les stands de souvenirs et les terrasses de café qui bordent l'avenue.
Depuis le boulevard qui borde l'autre côté du puits central, deux inconnus planqués derrière un véhicule de livraison viennent à leur tout d'ouvrir le feu sur Kay (ou les miliciens ?) et les premiers "spartiates" volants qui déboulaient en armure de combat partent soudain en vrille quand l'IA se substitue à leurs ordinateurs de vol : les jet-pack qui les portent automatiquement vers les zones d'alerte larguent soudain les miliciens au hasard, plusieurs d'entre eux dans le puits de lumière qui s'enfoncent vers les entrailles de la ville (250m plus bas : splatch). Lorsque quelques autres flics (complètement dépassés) s'avisent que des "civils" tirent depuis le stand de fruits et se retournent vers les PJ, ils sont impitoyablement démontés au shock-guns et Harmonie s'élance en empoignant le canon EMP que Vlad venait de lui apporter, suivi par Idir qui balance des ondes des ondes de choc pour aider Jackson à la couvrir de tous côtés des passants affolés, des jet-packers qui ont gardé le contrôle de leurs engins ou des flics aux sols qui ripostent au hasard. La Médiane grimpe l'escalator (arrêté) le plus proche 4 à 4 pour atteindre le boulevard supérieur, 25m plus haut, et pouvoir surplomber le bordel : elle freine brutalement contre une rambarde, épaule le "sèche-cheveux", repère sa cible dans la foule et la pénombre de l'avenue éteinte et tire une puissante décharge EMP sur l'androïde.
Kay dérape en plein virage alors qu'elle s'engageait dans une passerelle traversante pour atteindre l'autre côté de l'avenue, où les deux tireurs non-identifiés sont maintenant en pleine fusillade avec une patrouille de Spartan [comme les PJ l'apprendront plus tard, ce sont deux équipiers du BlackHawk qui réagissent à l'attaque informatique que leur vaisseau vient de subir dans son hangar : Kay vient de griller leur pilote et d'ouvrir tous les sas pour préparer sa fuite, mais cet équipage aussi possède un hacker qui a su localiser la source de l'attaque]. Quand l'IA perd le contrôle de la foule, son navigateur et ses boucliers humains volent dans toutes les directions, percutant à 50km/h les rambardes et les éventaires de boissons fraîches.
Pendant que Jackson, Idir et Vlad continuent de se mitrailler sauvagement avec les miliciens, les agents de sécurité et les drones qui affluent de tous côtés, Harmomie redescend en courant, bouscule plusieurs passants façon rugby, se défait de l'encombrant "sèche-cheveux" et empoigne une grenade choc en atteignant la passerelle où l'androïde se relevait déjà : Kay pointe à peine son pistolet à impulsions vers la Médiane que celle-ci lui balance la grenade en pleine geule, l'onde de choc neutralisant pour le compte non seulement la cyber-chieuse mais le navigateur et plusieurs victimes innocentes. Vlad accourt bientôt à la suite de sa belle qui s'était approchée pour ramasser le khemite hébété, quand l'androïde prise de soubresauts émet un son strident. Courant depuis le boulevard, le chef-mécano hurle à plein poumon "AAAATTEEEEENTIOOOON !" : arrachant le navigateur avec elle, Harmonie a le réflexe de se jeter à couvert d'un stand de boissons fraiches renversé et le cyborg explose dans une déflagration qui expulse des corps, des véhicules et des stands de babioles sur un rayon de 10m. Encore à moitié sonnée contre le revêtement tiède, Harmonie sent bientôt le sol s'affaisser sous elle : brisée en son milieu par l'explosion, la passerelle de béton s'effondre au ralenti des torsions de son armature d'acier, le stand démantibulé, la médiane étourdie et le navigateur inconscient glissant lentement vers le vide béant...
Subitement dégrisé par la perspective de la chute, Harmonie parvient à saisir le khemite par le col et tente d'empoigner un fer à béton saillant, mais le poids du navigateur l'entraîne inexorablement vers le bas et elle tombe bientôt... pour se raccrocher in-extremis au cadre tordu du toit de toile du stand qui s'est pris dans l'armature mise à nue de la passerelle [Vlad et Harmonie ont payé chacun 1pH pour créer cette "Occasion"]. Sous leur poids combiné, la toile se déchire et les vestiges de la buvette glissent peu à peu vers l'abîme. Vlad, suspendu à un parasol publicitaire qu'il a coincé dans la rambarde, parvient juste à temps à agripper un coin du cadre, rattrape de peu sa compagne et, dans un effort désespéré de ses puissantes épaules*, réussit à les retenir le poids des deux corps pour qu'Harmonie puisse se hisser vers le haut, tractant à la force des bras le khemite que Jackson vient enfin récupéré.
Et lorsque tous sont sains et saufs sur le tronçon stable de la passerelle, voyant les lumières revenir sur l'avenue dévastée, les Chiméronautes déguerpissent en ramassant au passage leur fusil EMP abandonné sur le boulevard.
*Parce que le "Mens raté" est taillé comme un nain de fantasy (épilé) : à peine 1m65 mais une carrure de rugbyman et un cou de taureau pour porter son énorme crâne.
Le CR continue page suivante >>, après plusieurs mois d'absence et donc un gros récapitulatif avant de s'y remettre.