[CR Mage] Neuf Dragons [Récit Complet!]
- Sammael99
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Re: [CR Mage] Neuf Dragons
Tu n'as pas attendu la sortie du pavé de 800 pages que va être la 20th Anniversary Edition ;-)
C'est une chouette lecture. Je pense qu'une bonne part des concepts te seront un peu plus accessibles après avoir lu le CR. Je me souviens de nos premières parties de Mage 1ère Ed. On ne savait absolument quoi à quoi on jouait, c'était cocasse. En même temps Matrix n'était pas sorti à l'époque... C'est la meilleure explication de texte pour Mage.
C'est une chouette lecture. Je pense qu'une bonne part des concepts te seront un peu plus accessibles après avoir lu le CR. Je me souviens de nos premières parties de Mage 1ère Ed. On ne savait absolument quoi à quoi on jouait, c'était cocasse. En même temps Matrix n'était pas sorti à l'époque... C'est la meilleure explication de texte pour Mage.
Mozart n'a pas écrit que le Boléro de Ravel. Mais aussi plein d'autres trucs beaucoup moins connus (comme le canon de Pachelbel). - Le Grümph
- Paiji
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Re: [CR Mage] Neuf Dragons
Je connais un peu, j'ai déjà la première édition et Sorcerer's Crusade mais j'y ait peu (très peu) fait jouer. Je dois encore avoir un gros scénar Mage - Années Folles sur un coin de mon disque dur.
Mais là, ça me titille de gratter un contexte pour une campagne qui ne viendra surement jamais.
Mais là, ça me titille de gratter un contexte pour une campagne qui ne viendra surement jamais.
King Kirby Zavatta Team
- Sammael99
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Re: [CR Mage] Neuf Dragons
Episode Sixième: Une Pièce du Puzzle
- "Allo?"
- "Anirudha? Putain, mec, mais t'étais où?"
- "Ah, salut Oak. Mais j'étais chez moi, pourquoi?"
- "Ca fait 10 jours que tu réponds pas au téléphone, on commençait à flipper!"
- "10 jours, tu es sûr?"
- "Oui, 10 jours!"
- "En fait, je bossais sur l'analyse des disques qu'on a récupéré dans le labo d'Eternal..."
- "C'est pas une raison pour te couper du monde!"
- "C'était tellement complexe que j'ai coupé mon mobile pour pouvoir me concentrer, et puis... j'ai oublié."
- "Bon, en tous cas il faut qu'on se voie, on a plein de trucs à te dire."
***
Anirudha détaille à Oak et James ce qu'il a découvert dans les documents encryptés du laboratoire:
- "D'abord, il faut que je vous dise que je n'ai jamais rencontré une crypto comme ça. Jamais. Je suis moi-même presque surpris d'avoir réussi à craquer le contenu. Après, ce que je vais vous dire c'est presque autant des déductions que de l'information brute: au-delà de la crypto, une grosse partie du projet est décrite dans des termes volontairement vagues. J'ai une théorie sur la raison de ce flou, je vous dis ça dans un instant.
Bon, pour commencer, je pense avoir cerné, pour autant que je comprenne ces choses là, ce qu'ils essayaient de faire. C'est horrible, donc je vous le dis crument: ils extrayaient les avatars des enfants pour les greffer à des milliardaires Assoupis dans le but de leur conférer une grande longévité. Enfin, ils l'ont fait au moins une fois.
Ils ont opéré Lu Fang, le premier disparu, il y a 6 semaines. Ils ont greffé l'avatar à un milliardaire de Wuhan dans la foulée, mais ça s'est mal passé. Je ne sais pas exactement comment, les documents évitent soigneusement de le préciser, mais ça semble assez dramatique. Ils ont envisagé d'arrêter l'expérience à ce stade là, mais le Dr. Wang semble avoir milité pour continuer en ajustant le protocole.
Ils ont extrait l'avatar de Shu, la seconde disparue il y a trois semaines. Je ne sais pas s'il a été "greffé", mais je ne crois pas.
Kee que nous avons sauvé n'a pas été affecté. La procédure devait avoir lieu la nuit où nous sommes intervenus.
Mon opinion, pour avoir cogité autour de tout ça, c'est que l'expérimentation de ce laboratoire n'était pas autorisée par les technocrates. Ces scientifiques pratiquaient des expériences interdites non seulement par la morale, mais par leur propre organisation. C'est pour ça que tout est si flou, que les échanges entre les officiels sont compréhensibles quand on a déjà des pièces du puzzle, mais pas quand on ne sait pas déjà plus ou moins ce qu'ils font."
Oak et James racontent ensuite à Anirudha leurs dernières découvertes: la confrontation de James avec le Jiangshi et sa découverte de la pierre rouge, la conversation d'Oak avec le mystérieux mage motard, maraudeur supposé, et leurs interactions avec le Concile. Ils lui racontent également l'épisode de divination avec Grigori, l'identification de la pièce et son lien avec le pirate Wu Fang Choi.
- "Wu Fang Choi?" s'exclame Anirudha.
- "Oui. Tu sais de qui il s'agit?"
- "Non. Enfin, oui. Mon mentor m'a fait passer un manuscrit qui parle de lui, je viens de le lire!"
- "Et alors?"
- "Le manuscrit, ce sont les notes d'un prêtre catholique portugais de Macau, le Père Jorge. Avant de se convertir et de rejoindre les ordres, il faisait partie de la bande de Wu Fang Choi, et à la fin de sa vie, il a décrit la vie dissolue du pirate. Mr. Shi m'a dit que pour lui il s'agit de toute évidence d'un membre de notre tradition, un Euthanatoi corrompu. Un Nephandus."
- "Un Nephandus?"
- "C'est comme ça qu'on appelle les mages qui ont vendu leur âme à des entités corruptrices, mais j'avoue que je ne comprends pas bien ce que ça veut dire, tout ça."
- "Pourquoi ton mentor t'a filé ce bouquin?"
- "Je pense qu'il voulait me montrer à quel point il est facile pour nous, qui nous intéressons à la mort, de perdre de vue la raison pour laquelle nous agissons, de devenir corrompu. Mais je ne sais pas s'il parlait métaphoriquement ou réellement. Je ne sais même pas s'il le sait lui même. Les notes du Père Jorge ne parlent pas de magie, mais elles font référence au démon qui possède Wu Fang Choi, à sa corruption. Mais bon, c'est écrit par un prêtre catholique au passé plus que trouble..."
- "Il n'empêche, ça nous confirme qu'il faut s'intéresser de plus près à ce Wu Fang Choi."
Les trois mages s'interrogent sur ce qu'il leur convient de faire maintenant.
- "En gros, on a deux grosses questions à court terme: c'est quoi 'le déraciné', et comment trouver plus d'informations sur Wu Fang Choi." reprend James.
- "C'est quoi un déraciné? Quelqu'un qui est loin de chez lui ?"
- "Oui, mais volontairement ou non? Ca peut être un migrant, par exemple, mais aussi quelqu'un qui a été arraché à ses racines..."
- "Des idées ?"
- "Pas vraiment..."
- "Par contre, sur Wu Fang Choi, on a une piste sérieuse", reprend James. "On sait que la pièce a été achetée par un riche collectionneur, Mr. Kwan. Il faut qu'on trouve le moyen de se la procurer."
- "La voler ?"
- "Pas nécessairement. Je ne sais pas. J'aimerais au moins la voir et en savoir plus à son sujet..."
- "Attendez, on a le manuscrit du Père Jorge! Si le collectionneur est accro sur ce type de trucs, ça devrait l'intéresser, non ?"
- "Tu veux dire qu'on pourrait l'appâter avec ça ?"
- "Ca vaut le coup d'essayer non ?"
***
Les trois compagnons se renseignent sur Mr. Kwan. Il s'avère qu'il est aussi richissime que collectionneur d'objets en relation avec l'histoire de Hong-Kong. Il est connu pour posséder des pièces uniques, et vit au 101è étage de la tour ICC au sud de Kowloon. En fait, il possède tout l'étage. Nos trois mages réfléchissent à une manière de pénétrer subrepticement dans les lieux après qu'Anirudha aie pu confirmer que la pièce s'y trouvait bien (Correspondance 2), mais ils décident finalement qu'ils n'ont pas besoin de faire de l'infiltration et qu'il serait beaucoup plus sûr de rendre visite à Mr. Kwan.
Oak, comme il l'avait fait lors de l'infiltration du laboratoire d'Eternal Cosmetics, réussit à identifier des gardes de la résidence de Mr. Kwan et, en les fréquentant dans les bars qu'ils affectionnent, à glaner des informations sur l'emploi du temps du magnat. Il apprend en particulier que le mardi soir est sa soirée karaoke, dont il revient généralement passablement éméché.
Ils préparent donc un plan pour se faire passer pour un professeur d'université (James) et ses deux thésards (Oak et Anirudha) spécialisés dans l'histoire de Hong-Kong. Ils contactent Mr. Kwan par l'intermédiaire de sa secrétaire et obtiennent un rendez-vous en parlant du manuscrit. Mais Mr. Kwan est occupé, et son agenda très plein. Grâce à un hacking en temps réel d'Anirudha, un rendez-vous se libère le mercredi suivant, tôt le matin. Ainsi (pensent-ils), Mr. Kwan sera encore un peu éméché et peut-être moins méfiant.
Le plan se déroule à peu près sans accroc. Lorsque nos trois faux universitaires sont introduits dans le lobby du 101ème étage, ils entendent la voix du milliardaire qui fustige sa secrétaire: "Comment ça à cause d'un problème informatique? Nous n'avons jamais envoyé d'annulation pour ce rendez-vous, et je me suis levé à l'aube un mercredi matin exprès pour eux! Ils vont m'entendre!"
Quelques minutes après, Mr. Kwan se présente, la cinquantaine bien portante, cheveux poivre et sel dans un costume impeccable, imposant malgré ses cernes et son rasage approximatif.
- "Messieurs, vous avez demandé à me voir en rapport avec ma collection. Je n'ai pas beaucoup de temps, je vous serais reconnaissant d'aller droit au but".
- "Bien sûr, nous vous sommes très reconnaissants pour le peu de temps que vous aurez à nous consacrer", entame James. "Personnellement, je n'aurais jamais osé vous déranger, mais mes étudiants ont été insistants, comme peut-être seuls des gwailos peuvent l'être!"
Mr. Kwan rigole à cette saillie un peu raciste, et Anirudha fronce les sourcils, mécontent d'être traité de diable blanc, sans doute, mais la glace semble être brisée.
- "Il se trouve" reprend James "que mes deux élèves font leur thèse sur une figure secondaire mais fascinante de l'histoire de Hong-Kong à savoir le pirate Wu Fang Choi."
- "Wu Fang Choi ? Incroyable! Savez-vous que je viens d'acquérir une pièce pour ma collection qui lui a appartenu!"
- "Nous le savons, en effet, c'est même pour cette raison que nous avons demandé à vous rencontrer. Nous aussi avons mis la main sur un objet lié à Wu Fang Choi qui pourrait vous intéresser."
L'oeil de Mr. Kwan s'illumine un instant.
- "Je me dois de vous préciser que ce manuscrit, puisque c'est de cela qu'il s'agit, n'est malheureusement pas à vendre. Il appartient à une université catholique Portugaise. Mais Anirudha pourra vous en dire plus."
- "Suivez-moi, je vais vous montrer la pièce i-ching que vous souhaitez voir, et vous allez pouvoir me dire ce qu'il en est de ce manuscrit."
Mr. Kwan escorte les trois mages à travers une successions de pièces qui font plus penser à un musée sans public qu'à un appartement. Finalement, il s'arrête dans une pièce dont le thème semble être la navigation. Sur l'un des présentoirs, la pièce i-ching ayant appartenu à Wu Fang Choi, et derrière un portrait à l'huile de l'homme, réalisé selon les techniques de peinture Chinoise du XIXè siècle. On distingue légèrement la pièce autour du cou du pirate, partiellement cachée par un pan de chemise.
Les trois mages regardent l'objet, et éprouvent une sensation étrange, comme si le seul objet tangible, réel autour d'eux était cette pièce. Oak essaie d'évaluer si la pièce à des propriétés magiques (Prime 1) mais ça ne semble pas être le cas. En tous cas tous les trois ont la certitude immédiate d'avoir déjà vu cette pièce. Anirudha prend la parole:
- "Comme le disait le professeur, nous avons réussi à retrouver la trace d'un manuscrit qui a été écrit par un prêtre de Macao aux alentours de 1850. Ce prêtre était un ancien membre de la bande de Wu Fang Choi, repenti et converti à la foi Portugaise. Il raconte ses années parmi les pirates et parle donc beaucoup de Wu Fang Choi."
- "Incroyable! Comment se fait-il que je n'ai jamais entendu parler de ce livre ?"
- "Ce n'est pas un livre, il n'a jamais été édité. C'est le manuscrit original dont nous avons pu obtenir une copie. Nous serions heureux de faire une copie supplémentaire à votre attention, si cel vous intéresse!"
- "Je vous en serais très reconnaissant!"
Les quatre hommes regardent en silence le tableau sensé représenter Wu Fang Choi.
- "Quelle homme fascinant", dit Oak. "Une des choses que nous essayons d'établir, c'est dans quelle mesure il avait des liens avec le Taï-Pan. Vous sauriez quelque chose à ce sujet ?"
- "Et bien, je suppose qu'ils étaient contemporains, il est possible qu'ils aient eu des relations directes, encore que cela semble peu probable. J'ai bien lu ici ou là des rumeurs selon lesquelles les sampan de Wu Fang Choi évitaient d'attaquer les navires de la maison Jardine, mais je n'y crois guère. Les concurrents de Jardine ont déployé beaucoup d'efforts pour déstabiliser le Taï-Pan."
- "Vous avez d'autres objets dans votre collection en rapport avec cette période ?"
- "Bien sûr! Des armes, du mobilier, des traités de commerce, même des livres de comptabilité ayant appartenu à Howqua, le plus riche marchand de Canton! Vous souhaitez les voir ?"
- "Volontiers. En tous cas c'est une impressionnante collection dont vous disposez. Si ce n'est pas indiscret, puis-je vous demander quelle en a été la motivation première ?"
- "Eh bien, je suis un homme petite naissance, j'ai été élevé dans les rues de Hong Kong mais mon esprit entrepreneurial m'a permis de m'enrichir, et aujourd'hui..."
- "Vous êtes dans les cosmétiques, je crois ?" interrompt Oak.
- "Pas du tout, je suis plutôt dans la construction et la finance immobilière."
- "Ah pardon, vous disiez donc ?"
Alors que Mr. Kwan continue à parler de sa collection avec Oak, Anirudha et James échangent un regard, conscients qu'il n'y a plus rien à tirer de la visite.
- "Mr Kwan", finit par dire James, "nous vous sommes réellement très reconnaissants de votre temps que nous savons précieux. Nous ferons parvenir à votre secrétaire d'ici quelques jours une copie du manuscrit portugais."
- "Tout le plaisir à été pour moi. Je suis heureux de voir enfin l'histoire populaire de Hong Kong devenir un sujet de recherche universitaire, même si ce sont des étrangers qui en assument la tâche. Voici ma carte, restons en contact!"
James a un instant de désarroi, se rendant compte qu'il n'a pas préparé de fausses cartes de visite. Mais Anirudha, sans se départir de son sourire sort de sa poche une boîte de cartes de visite:
- "Tenez professeur, j'avais remarqué que vous l'aviez laissée sur votre bureau."
Il tend à James un petit porte carte dans lequel se trouvent quelques cartes de mauvaise facture au nom du Professeur Ting, de la chaire d'Histoire Asiatique de l'Université Chinoise de Hong Kong*. Nos trois mages quittent le milliardaire, tout sourire.
(*On a encore utilisé l'approche MUSAR pour cette scène, donc le joueur d'Anirudha a pu claquer ses derniers points pour cette pirouette finale.)
- "Allo?"
- "Anirudha? Putain, mec, mais t'étais où?"
- "Ah, salut Oak. Mais j'étais chez moi, pourquoi?"
- "Ca fait 10 jours que tu réponds pas au téléphone, on commençait à flipper!"
- "10 jours, tu es sûr?"
- "Oui, 10 jours!"
- "En fait, je bossais sur l'analyse des disques qu'on a récupéré dans le labo d'Eternal..."
- "C'est pas une raison pour te couper du monde!"
- "C'était tellement complexe que j'ai coupé mon mobile pour pouvoir me concentrer, et puis... j'ai oublié."
- "Bon, en tous cas il faut qu'on se voie, on a plein de trucs à te dire."
***
Anirudha détaille à Oak et James ce qu'il a découvert dans les documents encryptés du laboratoire:
- "D'abord, il faut que je vous dise que je n'ai jamais rencontré une crypto comme ça. Jamais. Je suis moi-même presque surpris d'avoir réussi à craquer le contenu. Après, ce que je vais vous dire c'est presque autant des déductions que de l'information brute: au-delà de la crypto, une grosse partie du projet est décrite dans des termes volontairement vagues. J'ai une théorie sur la raison de ce flou, je vous dis ça dans un instant.
Bon, pour commencer, je pense avoir cerné, pour autant que je comprenne ces choses là, ce qu'ils essayaient de faire. C'est horrible, donc je vous le dis crument: ils extrayaient les avatars des enfants pour les greffer à des milliardaires Assoupis dans le but de leur conférer une grande longévité. Enfin, ils l'ont fait au moins une fois.
Ils ont opéré Lu Fang, le premier disparu, il y a 6 semaines. Ils ont greffé l'avatar à un milliardaire de Wuhan dans la foulée, mais ça s'est mal passé. Je ne sais pas exactement comment, les documents évitent soigneusement de le préciser, mais ça semble assez dramatique. Ils ont envisagé d'arrêter l'expérience à ce stade là, mais le Dr. Wang semble avoir milité pour continuer en ajustant le protocole.
Ils ont extrait l'avatar de Shu, la seconde disparue il y a trois semaines. Je ne sais pas s'il a été "greffé", mais je ne crois pas.
Kee que nous avons sauvé n'a pas été affecté. La procédure devait avoir lieu la nuit où nous sommes intervenus.
Mon opinion, pour avoir cogité autour de tout ça, c'est que l'expérimentation de ce laboratoire n'était pas autorisée par les technocrates. Ces scientifiques pratiquaient des expériences interdites non seulement par la morale, mais par leur propre organisation. C'est pour ça que tout est si flou, que les échanges entre les officiels sont compréhensibles quand on a déjà des pièces du puzzle, mais pas quand on ne sait pas déjà plus ou moins ce qu'ils font."
Oak et James racontent ensuite à Anirudha leurs dernières découvertes: la confrontation de James avec le Jiangshi et sa découverte de la pierre rouge, la conversation d'Oak avec le mystérieux mage motard, maraudeur supposé, et leurs interactions avec le Concile. Ils lui racontent également l'épisode de divination avec Grigori, l'identification de la pièce et son lien avec le pirate Wu Fang Choi.
- "Wu Fang Choi?" s'exclame Anirudha.
- "Oui. Tu sais de qui il s'agit?"
- "Non. Enfin, oui. Mon mentor m'a fait passer un manuscrit qui parle de lui, je viens de le lire!"
- "Et alors?"
- "Le manuscrit, ce sont les notes d'un prêtre catholique portugais de Macau, le Père Jorge. Avant de se convertir et de rejoindre les ordres, il faisait partie de la bande de Wu Fang Choi, et à la fin de sa vie, il a décrit la vie dissolue du pirate. Mr. Shi m'a dit que pour lui il s'agit de toute évidence d'un membre de notre tradition, un Euthanatoi corrompu. Un Nephandus."
- "Un Nephandus?"
- "C'est comme ça qu'on appelle les mages qui ont vendu leur âme à des entités corruptrices, mais j'avoue que je ne comprends pas bien ce que ça veut dire, tout ça."
- "Pourquoi ton mentor t'a filé ce bouquin?"
- "Je pense qu'il voulait me montrer à quel point il est facile pour nous, qui nous intéressons à la mort, de perdre de vue la raison pour laquelle nous agissons, de devenir corrompu. Mais je ne sais pas s'il parlait métaphoriquement ou réellement. Je ne sais même pas s'il le sait lui même. Les notes du Père Jorge ne parlent pas de magie, mais elles font référence au démon qui possède Wu Fang Choi, à sa corruption. Mais bon, c'est écrit par un prêtre catholique au passé plus que trouble..."
- "Il n'empêche, ça nous confirme qu'il faut s'intéresser de plus près à ce Wu Fang Choi."
Les trois mages s'interrogent sur ce qu'il leur convient de faire maintenant.
- "En gros, on a deux grosses questions à court terme: c'est quoi 'le déraciné', et comment trouver plus d'informations sur Wu Fang Choi." reprend James.
- "C'est quoi un déraciné? Quelqu'un qui est loin de chez lui ?"
- "Oui, mais volontairement ou non? Ca peut être un migrant, par exemple, mais aussi quelqu'un qui a été arraché à ses racines..."
- "Des idées ?"
- "Pas vraiment..."
- "Par contre, sur Wu Fang Choi, on a une piste sérieuse", reprend James. "On sait que la pièce a été achetée par un riche collectionneur, Mr. Kwan. Il faut qu'on trouve le moyen de se la procurer."
- "La voler ?"
- "Pas nécessairement. Je ne sais pas. J'aimerais au moins la voir et en savoir plus à son sujet..."
- "Attendez, on a le manuscrit du Père Jorge! Si le collectionneur est accro sur ce type de trucs, ça devrait l'intéresser, non ?"
- "Tu veux dire qu'on pourrait l'appâter avec ça ?"
- "Ca vaut le coup d'essayer non ?"
***
Les trois compagnons se renseignent sur Mr. Kwan. Il s'avère qu'il est aussi richissime que collectionneur d'objets en relation avec l'histoire de Hong-Kong. Il est connu pour posséder des pièces uniques, et vit au 101è étage de la tour ICC au sud de Kowloon. En fait, il possède tout l'étage. Nos trois mages réfléchissent à une manière de pénétrer subrepticement dans les lieux après qu'Anirudha aie pu confirmer que la pièce s'y trouvait bien (Correspondance 2), mais ils décident finalement qu'ils n'ont pas besoin de faire de l'infiltration et qu'il serait beaucoup plus sûr de rendre visite à Mr. Kwan.
Oak, comme il l'avait fait lors de l'infiltration du laboratoire d'Eternal Cosmetics, réussit à identifier des gardes de la résidence de Mr. Kwan et, en les fréquentant dans les bars qu'ils affectionnent, à glaner des informations sur l'emploi du temps du magnat. Il apprend en particulier que le mardi soir est sa soirée karaoke, dont il revient généralement passablement éméché.
Ils préparent donc un plan pour se faire passer pour un professeur d'université (James) et ses deux thésards (Oak et Anirudha) spécialisés dans l'histoire de Hong-Kong. Ils contactent Mr. Kwan par l'intermédiaire de sa secrétaire et obtiennent un rendez-vous en parlant du manuscrit. Mais Mr. Kwan est occupé, et son agenda très plein. Grâce à un hacking en temps réel d'Anirudha, un rendez-vous se libère le mercredi suivant, tôt le matin. Ainsi (pensent-ils), Mr. Kwan sera encore un peu éméché et peut-être moins méfiant.
Le plan se déroule à peu près sans accroc. Lorsque nos trois faux universitaires sont introduits dans le lobby du 101ème étage, ils entendent la voix du milliardaire qui fustige sa secrétaire: "Comment ça à cause d'un problème informatique? Nous n'avons jamais envoyé d'annulation pour ce rendez-vous, et je me suis levé à l'aube un mercredi matin exprès pour eux! Ils vont m'entendre!"
Quelques minutes après, Mr. Kwan se présente, la cinquantaine bien portante, cheveux poivre et sel dans un costume impeccable, imposant malgré ses cernes et son rasage approximatif.
- "Messieurs, vous avez demandé à me voir en rapport avec ma collection. Je n'ai pas beaucoup de temps, je vous serais reconnaissant d'aller droit au but".
- "Bien sûr, nous vous sommes très reconnaissants pour le peu de temps que vous aurez à nous consacrer", entame James. "Personnellement, je n'aurais jamais osé vous déranger, mais mes étudiants ont été insistants, comme peut-être seuls des gwailos peuvent l'être!"
Mr. Kwan rigole à cette saillie un peu raciste, et Anirudha fronce les sourcils, mécontent d'être traité de diable blanc, sans doute, mais la glace semble être brisée.
- "Il se trouve" reprend James "que mes deux élèves font leur thèse sur une figure secondaire mais fascinante de l'histoire de Hong-Kong à savoir le pirate Wu Fang Choi."
- "Wu Fang Choi ? Incroyable! Savez-vous que je viens d'acquérir une pièce pour ma collection qui lui a appartenu!"
- "Nous le savons, en effet, c'est même pour cette raison que nous avons demandé à vous rencontrer. Nous aussi avons mis la main sur un objet lié à Wu Fang Choi qui pourrait vous intéresser."
L'oeil de Mr. Kwan s'illumine un instant.
- "Je me dois de vous préciser que ce manuscrit, puisque c'est de cela qu'il s'agit, n'est malheureusement pas à vendre. Il appartient à une université catholique Portugaise. Mais Anirudha pourra vous en dire plus."
- "Suivez-moi, je vais vous montrer la pièce i-ching que vous souhaitez voir, et vous allez pouvoir me dire ce qu'il en est de ce manuscrit."
Mr. Kwan escorte les trois mages à travers une successions de pièces qui font plus penser à un musée sans public qu'à un appartement. Finalement, il s'arrête dans une pièce dont le thème semble être la navigation. Sur l'un des présentoirs, la pièce i-ching ayant appartenu à Wu Fang Choi, et derrière un portrait à l'huile de l'homme, réalisé selon les techniques de peinture Chinoise du XIXè siècle. On distingue légèrement la pièce autour du cou du pirate, partiellement cachée par un pan de chemise.
Les trois mages regardent l'objet, et éprouvent une sensation étrange, comme si le seul objet tangible, réel autour d'eux était cette pièce. Oak essaie d'évaluer si la pièce à des propriétés magiques (Prime 1) mais ça ne semble pas être le cas. En tous cas tous les trois ont la certitude immédiate d'avoir déjà vu cette pièce. Anirudha prend la parole:
- "Comme le disait le professeur, nous avons réussi à retrouver la trace d'un manuscrit qui a été écrit par un prêtre de Macao aux alentours de 1850. Ce prêtre était un ancien membre de la bande de Wu Fang Choi, repenti et converti à la foi Portugaise. Il raconte ses années parmi les pirates et parle donc beaucoup de Wu Fang Choi."
- "Incroyable! Comment se fait-il que je n'ai jamais entendu parler de ce livre ?"
- "Ce n'est pas un livre, il n'a jamais été édité. C'est le manuscrit original dont nous avons pu obtenir une copie. Nous serions heureux de faire une copie supplémentaire à votre attention, si cel vous intéresse!"
- "Je vous en serais très reconnaissant!"
Les quatre hommes regardent en silence le tableau sensé représenter Wu Fang Choi.
- "Quelle homme fascinant", dit Oak. "Une des choses que nous essayons d'établir, c'est dans quelle mesure il avait des liens avec le Taï-Pan. Vous sauriez quelque chose à ce sujet ?"
- "Et bien, je suppose qu'ils étaient contemporains, il est possible qu'ils aient eu des relations directes, encore que cela semble peu probable. J'ai bien lu ici ou là des rumeurs selon lesquelles les sampan de Wu Fang Choi évitaient d'attaquer les navires de la maison Jardine, mais je n'y crois guère. Les concurrents de Jardine ont déployé beaucoup d'efforts pour déstabiliser le Taï-Pan."
- "Vous avez d'autres objets dans votre collection en rapport avec cette période ?"
- "Bien sûr! Des armes, du mobilier, des traités de commerce, même des livres de comptabilité ayant appartenu à Howqua, le plus riche marchand de Canton! Vous souhaitez les voir ?"
- "Volontiers. En tous cas c'est une impressionnante collection dont vous disposez. Si ce n'est pas indiscret, puis-je vous demander quelle en a été la motivation première ?"
- "Eh bien, je suis un homme petite naissance, j'ai été élevé dans les rues de Hong Kong mais mon esprit entrepreneurial m'a permis de m'enrichir, et aujourd'hui..."
- "Vous êtes dans les cosmétiques, je crois ?" interrompt Oak.
- "Pas du tout, je suis plutôt dans la construction et la finance immobilière."
- "Ah pardon, vous disiez donc ?"
Alors que Mr. Kwan continue à parler de sa collection avec Oak, Anirudha et James échangent un regard, conscients qu'il n'y a plus rien à tirer de la visite.
- "Mr Kwan", finit par dire James, "nous vous sommes réellement très reconnaissants de votre temps que nous savons précieux. Nous ferons parvenir à votre secrétaire d'ici quelques jours une copie du manuscrit portugais."
- "Tout le plaisir à été pour moi. Je suis heureux de voir enfin l'histoire populaire de Hong Kong devenir un sujet de recherche universitaire, même si ce sont des étrangers qui en assument la tâche. Voici ma carte, restons en contact!"
James a un instant de désarroi, se rendant compte qu'il n'a pas préparé de fausses cartes de visite. Mais Anirudha, sans se départir de son sourire sort de sa poche une boîte de cartes de visite:
- "Tenez professeur, j'avais remarqué que vous l'aviez laissée sur votre bureau."
Il tend à James un petit porte carte dans lequel se trouvent quelques cartes de mauvaise facture au nom du Professeur Ting, de la chaire d'Histoire Asiatique de l'Université Chinoise de Hong Kong*. Nos trois mages quittent le milliardaire, tout sourire.
(*On a encore utilisé l'approche MUSAR pour cette scène, donc le joueur d'Anirudha a pu claquer ses derniers points pour cette pirouette finale.)
Dernière modification par Sammael99 le mer. sept. 30, 2015 3:20 am, modifié 1 fois.
Mozart n'a pas écrit que le Boléro de Ravel. Mais aussi plein d'autres trucs beaucoup moins connus (comme le canon de Pachelbel). - Le Grümph
- Paiji
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Re: [CR Mage] Neuf Dragons
Bien, content de voir que la campagne est toujours vivante.
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Re: [CR Mage] Neuf Dragons
moi aussi, c'est toujours un régal...Paiji a écrit :Bien, content de voir que la campagne est toujours vivante.
-
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Re: [CR Mage] Neuf Dragons
Toujours aussi impressionnant ce CR!
- Sammael99
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Re: [CR Mage] Neuf Dragons
Merci les gars!
On rejoue une longue séance Jeudi prochain avec une grosse surprise pour les joueurs (et pour vous) !!!
On rejoue une longue séance Jeudi prochain avec une grosse surprise pour les joueurs (et pour vous) !!!
Mozart n'a pas écrit que le Boléro de Ravel. Mais aussi plein d'autres trucs beaucoup moins connus (comme le canon de Pachelbel). - Le Grümph
- Jorune
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Re: [CR Mage] Neuf Dragons
Paiji, Killerklown, Antharius, Jorune, sincèrement merci.
C'est du taf un CR (Paiji en sait quelque chose) et les commentaires, questions et encouragements c'est le moteur qui motive à continuer.
La bonne nouvelle c'est que suite à une réunion "au sommet" du groupe de JdR on a décidé que Mage serait le primary jusqu'à Décembre. Je vais essayer de mener la bande à une "fin de saison" satisfaisante, en espérant qu'ils seront assez motivés pour vouloir continuer au-delà. Ou alors je vais pousser pour une fin d'histoire, carrément, je n'ai pas encore décidé.
C'est du taf un CR (Paiji en sait quelque chose) et les commentaires, questions et encouragements c'est le moteur qui motive à continuer.
La bonne nouvelle c'est que suite à une réunion "au sommet" du groupe de JdR on a décidé que Mage serait le primary jusqu'à Décembre. Je vais essayer de mener la bande à une "fin de saison" satisfaisante, en espérant qu'ils seront assez motivés pour vouloir continuer au-delà. Ou alors je vais pousser pour une fin d'histoire, carrément, je n'ai pas encore décidé.
Mozart n'a pas écrit que le Boléro de Ravel. Mais aussi plein d'autres trucs beaucoup moins connus (comme le canon de Pachelbel). - Le Grümph
- Sammael99
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Re: [CR Mage] Neuf Dragons
Désolé pour le teasing, mais on a fait deux parties hier, et les deux étaient d'enfer!
Les joueurs commencent à y voir plus clair... ou non!
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Mozart n'a pas écrit que le Boléro de Ravel. Mais aussi plein d'autres trucs beaucoup moins connus (comme le canon de Pachelbel). - Le Grümph
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Re: [CR Mage] Neuf Dragons
Episode Septième: Tensions
- "Monsieur, si vous voulez bien nous suivre..."
Dans, fraîchement rentré d'Amérique du Sud est cueilli à la sortie de l'avion par l'immigration de Hong Kong. On lui explique qu'il est interdit de territoire à Hong Kong pour "troubles à l'ordre public". Il prend le premier vol pour Singapore, d'où il appelle son avocat.
- "C'est très simple, vous dites à nos interlocuteurs de la police que s'ils ne font pas sauter cette interdiction de territoire dans les 24 heures, on fait une conférence de presse où on publiera toutes les vidéos de l'arrestation, non seulement celles prises depuis l'hélico, mais les vidéos de sécurité de l'hôtel, la conversation des quatre gorilles, et leurs visages en gros plan. On en profitera pour dévoiler leur identité que j'ai pu tracer entre temps. 24h, pas une de plus."
- "Compris, monsieur Smith. Au passage, on m'a demandé de vous faire passer un message. Un certain Dominic Calahan a appelé à plusieurs reprises pour vous parler. Il m'a indiqué, je cite, que "c'est à propos d'enfants aux destinées brisées."
- "Vous avez un moyen de le joindre?"
- "Oui, un numéro de téléphone."
- "Donnez le moi."
***
L'expérience de Dan en matière de cryptographie téléphonique est suffisante pour identifier que le numéro qu'il appelle est rerouté à travers de multiples serveurs et pour ainsi dire intraçable. Il n'essaie d'ailleurs même pas. Quand on décroche à l'autre bout, une voix grave et posée dit:
- "Mr. Robert Smith, je suppose. Enfin, si tel est votre nom."
- "Mr. Monahan, si tel est le vôtre..."
- "Je vois que nous nous comprenons."
- "Vous avez cherché à me joindre?"
- "En effet. Je souhaiterais parler avec vous, disons en privé."
- "Pourquoi pas au téléphone?"
- "Vous savez mieux que moi que pour sécurisée que soit une ligne, il n'est jamais impossible de la hacker. J'ai de bonnes raisons pour que nos échanges ne soient pas écoutés."
- "Et bien soit. Singapore, au bar du Raffles demain soir à 19h30."
- "Parfait."
***
Un jeune garçon d'origine Chinoise s'approche de Dan et, après l'avoir salué, lui fait signe de le suivre. Dan s'exécute, non sans activer toutes ses routines de surveillance pour vérifier qu'il n'est ni suivi ni surveillé (au delà de l'inévitable raisonnable.) Le jeune garçon l'emmène sur un bateau-bus qui remonte la Singapore River pour le déposer à Boat Quay. L'enfant le mène vers un petit restaurant qui ne paye pas de mine et dont la spécialité semble être le Chili Crab. Dan entre à l'intérieur et est accueilli par le propriétaire qui le mène dans la salle, vide à l'exception d'un homme assis au fond. Le propriétaire s'éclipse.
L'homme est roux et porte une barbe bien entretenue. Il a la quarantaine et porte un costume blanc. Il se lève et tend la main à Dan.
- "Monsieur Smith, merci d'être venu".
- "Monsieur Monahan..."
Dan scanne les alentours (Correspondance 1) et se rend compte que l'endroit est vide excepté eux deux. Il se rend également compte qu'il est protégé par un puissant effet de Correspondance qui empêche quiconque à l'extérieur d'espionner leur conversation. Ceci mis à part, son interlocuteur ne présente aucun signe particulier de nature magique.
- "Je suis conscient de la nature atypique de notre introduction, et je vous suis reconnaissant de m'avoir fait confiance."
- "Je ne suis pas sûr de vous faire confiance."
- "Et vous auriez sans doute raison, trop de choses nous séparent pour que vous le puissiez. Mais si j'ai souhaité vous parler ce soir c'est que vous pouvez peut-être m'aider sur une affaire importante pour moi, et que je peux peut-être, modestement, vous rendre la pareille."
- "Dites moi d'abord comment vous avez entendu parler de moi."
- "C'est assez simple. J'enquête depuis plusieurs semaines sur une série de meurtres dont nous avons toutes raisons de penser qu'ils ne sont pas naturels. Au cours de cette enquête, qui se concentre sur un quartier au nord de Kowloon, j'ai entendu des rumeurs concernant des enlèvements d'enfants. Ce n'était pas l'affaire principale qui me concernait, mais j'ai gardé l'oreille aux aguets. Quand le fiasco de votre arrestation a fait le tour des bureaux, j'ai entendu une nouvelle rumeur selon laquelle vous étiez soupçonné de l'enlèvement des enfants. J'ai donc creusé, et j'ai vu assez rapidement que cette excuse était montée de toute pièce. C'est peu de dire que vous n'êtes pas appréciés, par chez nous. Mais je ne fais pas de politique pour ma part, et cette intersection avec mon enquête me semblait être plus qu'une coïncidence. Or mon enquête piétine, et le nombre de meurtres ne fait qu'augmenter. Je suis donc, je ne vous le cache pas, un peu désespéré et disposé à envisager des méthodes non conventionnelles pour avancer."
- "Je suis au courant de ces meurtres. Trois meurtres, c'est ça ?"
- "Cinq à ce jour. Est-ce que vous pouvez me dire quelque chose à propos des meurtres et du lien avec les enlèvements ?"
- "Il faut que je réfléchisse. Je suis chiffonné par un certain nombre de choses à commencer par le fait que toute information sur les meurtres ait été minutieusement cachée. Je ne suis pas particulièrement fan de ce genre de couverture."
- "Nous avons du faire un choix. Ces meurtres sont odieux, à un point difficilement supportable même pour les policiers en charge de ces dossiers et ceux qui les assistent comme moi. Avez vous vu un des corps, monsieur Smith ?"
- "Non, j'ai lu trois des rapports d'autopsie."
Monahan a l'air un peu surpris mais se reprend vite.
- "J'en ai vu un. Croyez-moi sur parole quand je vous dis ceci: j'ai vu pas mal de choses que l'on pourrait aisément qualifier d'horribles dans ma carrière, mais je n'ai jamais rien vu de tel. Je pense que nous n'avons pas juste affaire à un serial killer. Et je ne pense pas qu'une panique massive de la population des quartiers concernés rendra plus aisé le fait d'identifier la cause de ces morts ignobles."
- "Et concernant l'attaque sur mon appartement? Là aussi c'est silence radio."
- "Ecoutez, je ne sais pas quel est le lien, il y en a forcément un puisque me voici. Je veux bien y regarder prudemment et partager avec vous ce que je peux."
- "Ce serait déjà un bon début. De mon côté je peux vous donner dans les grandes lignes les résultats de notre enquête concernant les enlèvements."
Dan décrit sans trop détailler ce qu'il sait des agissements d'Eternal Cosmetics.
- "Comme vous le voyez, pas de lien évident avec les meurtres, sinon qu'ils sont dans les mêmes quartiers et que une des enfants que nous avons sauvé semblait avoir peur de quelque chose dans son quartier. Et encore, ce dernier point ne concernait peut-être que les auteurs des enlèvements."
- "Il semble que je vais devoir agir en interne pour en apprendre plus sur Eternal Cosmetics... En attendant je vous propose de vous faire passer les nouveaux rapports d'autopsie, et que nous restions en contact. Vous savez comment me joindre si besoin."
- "De votre côté, n'hésitez pas à passer par mon avocat, je lui parle régulièrement."
- "Monsieur, si vous voulez bien nous suivre..."
Dans, fraîchement rentré d'Amérique du Sud est cueilli à la sortie de l'avion par l'immigration de Hong Kong. On lui explique qu'il est interdit de territoire à Hong Kong pour "troubles à l'ordre public". Il prend le premier vol pour Singapore, d'où il appelle son avocat.
- "C'est très simple, vous dites à nos interlocuteurs de la police que s'ils ne font pas sauter cette interdiction de territoire dans les 24 heures, on fait une conférence de presse où on publiera toutes les vidéos de l'arrestation, non seulement celles prises depuis l'hélico, mais les vidéos de sécurité de l'hôtel, la conversation des quatre gorilles, et leurs visages en gros plan. On en profitera pour dévoiler leur identité que j'ai pu tracer entre temps. 24h, pas une de plus."
- "Compris, monsieur Smith. Au passage, on m'a demandé de vous faire passer un message. Un certain Dominic Calahan a appelé à plusieurs reprises pour vous parler. Il m'a indiqué, je cite, que "c'est à propos d'enfants aux destinées brisées."
- "Vous avez un moyen de le joindre?"
- "Oui, un numéro de téléphone."
- "Donnez le moi."
***
L'expérience de Dan en matière de cryptographie téléphonique est suffisante pour identifier que le numéro qu'il appelle est rerouté à travers de multiples serveurs et pour ainsi dire intraçable. Il n'essaie d'ailleurs même pas. Quand on décroche à l'autre bout, une voix grave et posée dit:
- "Mr. Robert Smith, je suppose. Enfin, si tel est votre nom."
- "Mr. Monahan, si tel est le vôtre..."
- "Je vois que nous nous comprenons."
- "Vous avez cherché à me joindre?"
- "En effet. Je souhaiterais parler avec vous, disons en privé."
- "Pourquoi pas au téléphone?"
- "Vous savez mieux que moi que pour sécurisée que soit une ligne, il n'est jamais impossible de la hacker. J'ai de bonnes raisons pour que nos échanges ne soient pas écoutés."
- "Et bien soit. Singapore, au bar du Raffles demain soir à 19h30."
- "Parfait."
***
Un jeune garçon d'origine Chinoise s'approche de Dan et, après l'avoir salué, lui fait signe de le suivre. Dan s'exécute, non sans activer toutes ses routines de surveillance pour vérifier qu'il n'est ni suivi ni surveillé (au delà de l'inévitable raisonnable.) Le jeune garçon l'emmène sur un bateau-bus qui remonte la Singapore River pour le déposer à Boat Quay. L'enfant le mène vers un petit restaurant qui ne paye pas de mine et dont la spécialité semble être le Chili Crab. Dan entre à l'intérieur et est accueilli par le propriétaire qui le mène dans la salle, vide à l'exception d'un homme assis au fond. Le propriétaire s'éclipse.
L'homme est roux et porte une barbe bien entretenue. Il a la quarantaine et porte un costume blanc. Il se lève et tend la main à Dan.
- "Monsieur Smith, merci d'être venu".
- "Monsieur Monahan..."
Dan scanne les alentours (Correspondance 1) et se rend compte que l'endroit est vide excepté eux deux. Il se rend également compte qu'il est protégé par un puissant effet de Correspondance qui empêche quiconque à l'extérieur d'espionner leur conversation. Ceci mis à part, son interlocuteur ne présente aucun signe particulier de nature magique.
- "Je suis conscient de la nature atypique de notre introduction, et je vous suis reconnaissant de m'avoir fait confiance."
- "Je ne suis pas sûr de vous faire confiance."
- "Et vous auriez sans doute raison, trop de choses nous séparent pour que vous le puissiez. Mais si j'ai souhaité vous parler ce soir c'est que vous pouvez peut-être m'aider sur une affaire importante pour moi, et que je peux peut-être, modestement, vous rendre la pareille."
- "Dites moi d'abord comment vous avez entendu parler de moi."
- "C'est assez simple. J'enquête depuis plusieurs semaines sur une série de meurtres dont nous avons toutes raisons de penser qu'ils ne sont pas naturels. Au cours de cette enquête, qui se concentre sur un quartier au nord de Kowloon, j'ai entendu des rumeurs concernant des enlèvements d'enfants. Ce n'était pas l'affaire principale qui me concernait, mais j'ai gardé l'oreille aux aguets. Quand le fiasco de votre arrestation a fait le tour des bureaux, j'ai entendu une nouvelle rumeur selon laquelle vous étiez soupçonné de l'enlèvement des enfants. J'ai donc creusé, et j'ai vu assez rapidement que cette excuse était montée de toute pièce. C'est peu de dire que vous n'êtes pas appréciés, par chez nous. Mais je ne fais pas de politique pour ma part, et cette intersection avec mon enquête me semblait être plus qu'une coïncidence. Or mon enquête piétine, et le nombre de meurtres ne fait qu'augmenter. Je suis donc, je ne vous le cache pas, un peu désespéré et disposé à envisager des méthodes non conventionnelles pour avancer."
- "Je suis au courant de ces meurtres. Trois meurtres, c'est ça ?"
- "Cinq à ce jour. Est-ce que vous pouvez me dire quelque chose à propos des meurtres et du lien avec les enlèvements ?"
- "Il faut que je réfléchisse. Je suis chiffonné par un certain nombre de choses à commencer par le fait que toute information sur les meurtres ait été minutieusement cachée. Je ne suis pas particulièrement fan de ce genre de couverture."
- "Nous avons du faire un choix. Ces meurtres sont odieux, à un point difficilement supportable même pour les policiers en charge de ces dossiers et ceux qui les assistent comme moi. Avez vous vu un des corps, monsieur Smith ?"
- "Non, j'ai lu trois des rapports d'autopsie."
Monahan a l'air un peu surpris mais se reprend vite.
- "J'en ai vu un. Croyez-moi sur parole quand je vous dis ceci: j'ai vu pas mal de choses que l'on pourrait aisément qualifier d'horribles dans ma carrière, mais je n'ai jamais rien vu de tel. Je pense que nous n'avons pas juste affaire à un serial killer. Et je ne pense pas qu'une panique massive de la population des quartiers concernés rendra plus aisé le fait d'identifier la cause de ces morts ignobles."
- "Et concernant l'attaque sur mon appartement? Là aussi c'est silence radio."
- "Ecoutez, je ne sais pas quel est le lien, il y en a forcément un puisque me voici. Je veux bien y regarder prudemment et partager avec vous ce que je peux."
- "Ce serait déjà un bon début. De mon côté je peux vous donner dans les grandes lignes les résultats de notre enquête concernant les enlèvements."
Dan décrit sans trop détailler ce qu'il sait des agissements d'Eternal Cosmetics.
- "Comme vous le voyez, pas de lien évident avec les meurtres, sinon qu'ils sont dans les mêmes quartiers et que une des enfants que nous avons sauvé semblait avoir peur de quelque chose dans son quartier. Et encore, ce dernier point ne concernait peut-être que les auteurs des enlèvements."
- "Il semble que je vais devoir agir en interne pour en apprendre plus sur Eternal Cosmetics... En attendant je vous propose de vous faire passer les nouveaux rapports d'autopsie, et que nous restions en contact. Vous savez comment me joindre si besoin."
- "De votre côté, n'hésitez pas à passer par mon avocat, je lui parle régulièrement."
Dernière modification par Sammael99 le mer. sept. 30, 2015 3:22 am, modifié 1 fois.
Mozart n'a pas écrit que le Boléro de Ravel. Mais aussi plein d'autres trucs beaucoup moins connus (comme le canon de Pachelbel). - Le Grümph
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Re: [CR Mage] Neuf Dragons
Mon moment plaisir du weekend!
Vivement la suite!
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Re: [CR Mage] Neuf Dragons
Encore deux fois ça à rédiger à peu près, et on rejoue Jeudi prochain avec une séance qui s'annonce très riche en évènements.
Mozart n'a pas écrit que le Boléro de Ravel. Mais aussi plein d'autres trucs beaucoup moins connus (comme le canon de Pachelbel). - Le Grümph
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Re: [CR Mage] Neuf Dragons
Warning avant le post qui vient: Mike Bruick est un nouveau personnage joué par Renz, bien connu des services de CNO.
Mozart n'a pas écrit que le Boléro de Ravel. Mais aussi plein d'autres trucs beaucoup moins connus (comme le canon de Pachelbel). - Le Grümph
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Re: [CR Mage] Neuf Dragons
Episode 7.1
Mike Bruick est un néo-zélandais qui vit depuis quelques années à Hong Kong. Il a la quarantaine légèrement empâtée et le look défraîchi d'un rocker qui ne s'est pas remis des années 60. Il porte une barbe fournie, les cheveux longs d'un blond sale en queue de cheval. La panoplie complète comporte les santiags, le jean déchiré, un vieux T-Shirt de hard-rock et, clou du spectacle, une veste en cuir à franges. Il a un humour bon enfant mais un peu étrange. Depuis plusieurs années, suite à une expérience extra-corporelle induite par la drogue lors d'une cérémonie chez les indiens Yaquis au Mexique, il sait se détacher de son corps, communiquer avec les esprits. Il a aussi appris à manipuler les petites accidents du quotidien et jouer sur les probabilités à son avantage.
Somme toute, il ne fait pas grand chose de ses pouvoirs. Il vit une vie pépère avec sa copine Chinoise, il joue dans les bars, il gagne de petites sommes dans les tripots, et une fois de temps en temps, quand il sent que la technocratie pousse le conformisme un peu loin, il les fait chier. Sabotage urbain, dégradation des systèmes, même un appel occasionnel à des esprits frappeurs. Ca ne dure jamais bien longtemps, et quand les 'têtes carrées', comme il les appelle, se rendent compte qu'on s'est mêlé de leurs affaires, il est déjà loin.
Il a bien été contacté, quelques mois après son arrivée, par une magnifique femme indienne, Sanjeeta. Elle lui a fait dit faire partie de la même tradition que lui, le Culte de l'Extase. Elle lui a fait comprendre que tant que ses agissements n'étaient pas trop visibles, il pouvait continuer. Il aurait bien continuer à la fréquenter, mais June, sa copine, lui a fait une telle scène la seule fois où Mike a commis l'erreur d'inviter Sanjeeta à boire un verre qu'il a jugé plus sûr de maintenir le contact au strict minimum.
Bref, un quotidien tranquille.
Enfin, ça c'était avant sa visite au Hong Kong Museum of History. Il y a quelques semaines, June l'a tanné parce qu'ils ne sortent pas assez, et que quand ils sortent c'est toujours de la musique. Elle l'a traîné au musée. Il y avait une exposition sur la piraterie dans la Mer de Chine. Il se promenait nonchalamment quand un portrait a attiré son attention. Un chef pirate. Ce n'est qu'à la fermeture du musée qu'il s'est extirpé de la torpeur contemplative dans laquelle le tableau l'avait plongé. Après cela il a commencé à faire des rêves de plus en plus vivaces. Il se voyait à bord de sampans sur la Mer de Chine, prenant d'assaut des navires marchands Anglais. Les visions étaient floues, et il ne lui restait au réveil que des images vagues, mais des impressions de déjà-vu tenaces.
Ne trouvant plus le sommeil, il s'est décidé à parler de ses rêves et de leur facteur déclencheur à Sanjeeta. S'étant documenté entre temps il lui a dit que le chef pirate du portrait s'appelait Wu Fang Choi. A ce nom, Sanjeeta a eu l'air surprise et lui a indiqué que d'autres Mages à Hong Kong enquêtaient sur ce même chef pirate, et qu'il serait sans doute bon qu'ils se rencontrent.
***
Sanjeeta Banerjee est la plus belle femme que Oak ait jamais vu d'aussi près. James, quant à lui, essaye de ne rien montrer, mais est troublé par sa présence envoutante. Elle leur a donné rendez-vous au Mysteries of Madras, un restaurant indien réputé sur les hauteurs de Central. Dans une petite salle privative, elle les attend avec un verre de Lhassi.
- "Je suis ravie de vous revoir!" dit elle alors que les deux hommes arrivent et s'assoient.
- "Nous aussi..." répond Oak d'une voix enrouée.
- "Je vous ai demandé de me retrouver parce qu'un éveillé qui partage avec moi certaines... croyances a fait récemment des rêves concernant un chef pirate du nom de Wu Fang Choi. Je me suis dit qu'il serait sans doute bon qu'il vous rencontre, mais dans la mesure où vous ne le connaissez pas et que vous me connaissez peu, je pense qu'il serait mieux que nous en parlions et que vous puissiez décider par vous même."
- "Comment savez-vous que nous nous intéressons à Wu Fang Choi ?" demande Oak, troublé à plus d'un titre.
- "Vous nous avez parlé de la divination de Marius qui vous a montré la pièce, et P1agu3 m'a informé du nom de son ancien propriétaire."
- "Et comment s'appelle cet ami dont vous nous parlez ?" demande poliment James.
- "Mike. C'est un C of X, comme moi, même si son approche est moins tantrique et plus psychotropique."
- "Un branleur, quoi..." intervient Oak.
- "Je ne crois pas." répond Sanjeeta le plus sérieusement du monde. "Il y a bien sûr de nombreux C of X qui utilisent la masturbation pour obtenir le détachement nécessaire au modèlement de la réalité, mais j'ai le sentiment que Mike utilise d'autres méthodes."
Oak rougit, James se sent un peu mal à l'aise.
- "Mon ami ne parlait pas littéralement. Il s'inquiétait de la motivation du jeune homme."
- "J'ai bien compris. Je vous taquinais. Il m'est toujours amusant de voir à quel point la sexualité, la chose la plus naturelle du monde, peut mettre les gens mal à l'aise. C'est mon péché mignon, ce genre de taquineries."
- "Pour ma part j'ai passé l'âge de ces... galipettes".
- "J'en doute. Je serais très heureuse de vous le démontrer!"
- "Le printemps n'est pas la bonne saison pour se départir de sa sève..."
Oak et James s'extirpent rapidement de cette conversation dangereuse et malgré la chaleur de cette milieu de printemps ils sont heureux de se retrouver à l'air libre.
***
- "Ainsi, c'est toi Mike ?"
Oak et James ont retrouvé Mike dans une des nombreuses échoppes de Noodle-Fu, une chaîne de nouilles Wonton. C'est le milieu de l'après-midi, il fait chaud et le soda glacé que le néo-zélandais a devant lui ne fait pas grand chose pour l'empêcher de transpirer dans sa barbe. Ses yeux rieurs ne le quittent pas toutefois alors qu'il fait connaissance avec les deux mages. Il commence par raconter ses rêves récents, mais explique également les sabotages qui l'occupent pour mettre des bâtons dans les roues de la technocratie. A ces mots d'ailleurs, Oak et James sentent que sa bonne humeur le quitte temporairement. Il ne porte vraiment pas les technomanciens dans son coeur.
A son tour, Mike interroge Oak et James sur leur passé récent et particulièrement sur ce qui concerne Wu Fang Choi. James fait un rapide résumé des évènements récents et de la piste "pirate" qui les a menés à la pièce I-Ching du chef pirate, mais lui parle aussi des papiers du Père Jorge.
D'un seul coup, James arrête de parler et échange un regard avec Oak. Tous les deux sentent qu'il se passe quelque chose de pas normal. Mike lui est légèrement mal à l'aise, mais pense que c'est parce qu'un client Chinois vient de passer dangereusement près de sa guitare (qu'il emmène toujours avec lui...)
- "Il faut partir!" dit James. "Je ne sais pas ce qui se passe, mais c'est massif."
Les trois hommes se lèvent et sortent du petit restaurant. Dans la rue, une voiture vient de s'arrêter, le capot fumant. A côté un piéton peste contre son téléphone portable qui ne marche plus. Oak scrute les environs pour sentir si la Quintessence présente des anomalies (et accessoirement si des mages en utilisent dans les environs), et perçoit des flux inhabituels, mais rien qu'il ne puisse identifier comme étant une source (Prime 1). Parallèlement, Mike chantonne un vieil air de rock n' roll et vérifie si quelqu'un manipule les probabilités autour de lui (Entropy 1). Ce n'est pas le cas, par contre là encore ce qui se passe est hautement improbable. Finalement, James a l'idée de regarder dans l'Umbra. Il sort sa queue de vache et écarquille les yeux: dans l'Umbra, des Jiangshi approchent. Il n'arrive pas à les dénombrer, mais ils sont plusieurs.
- "Il faut courir, aller vers des endroits technologiques où le Voile sera plus épais. Sinon nous sommes morts!"
Les trois mages se mettent à courir alors que des sirènes se rapprochent et qu'un hélicoptère apparaît dans le ciel. Ils foncent vers la station de métro la plus proche, espérant que cela sera le moyen le plus rapide d'arriver au sud de Kowloon, là où la ville est la plus dense. En tous cas, leur timing est parfait (grâce à une petite intervention de James (Time 2)) et un métro arrive à la seconde où ils parviennent au quai. Dans leur wagon, un clochard endormi, une dame avec sa petite fille et un businessman qui lit son journal. Alors que le métro prend de la vitesse, James remarque soudain comme une onde sur le plafond du wagon, et tout à coup deux Jiangshi apparaissent, bondissant vers James, tous crocs dehors. La femme et son enfant hurlent, le businessman terrifié met son poing dans sa bouche, et le clochard ne bronche pas.
Le combat s'engage. Les Jiangshi en veulent clairement à James et rien qu'à lui. Aucun des trois mages n'étant armés, cela se règle aux poings et aux pieds. Les Jianshi malgré leur maigreur cadavérique sont animés d'une force surhumaine et qui plus est armés de longues griffes et de crocs. Heureusement pour James, sa ceinture en soie blanche, cadeau de son mentor, encaisse une partie des blessures. Il est néanmoins mordu et coupé à plusieurs reprises. Lui, Oak et Mike donnent autant qu'ils reçoivent, mais les Jianshi sont coriaces.
Un coup d'oeil permet à Oak de voir que le plafond ondule toujours, et des bras apparaissent: d'autres Jiangshi tentent de passer. James a alors une idée. Il sort de sa poche la gemme rouge retrouvée fichée avec l'épingle dans la tête du premier Jiangshi qu'il a affronté et la plaque contre le front du vampire devant lui. Il espère que celui-ci va se dessécher, mais il n'en est rien. Par contre, le second Jiangshi qui semble attiré par la pierre se rue sur son collègue et lui assène une violente blessure.
Prenant avantage de cette aide imprévue, Oak et Mike parviennent à achever le premier Jiangshi tandis que le second tombe sous les coups de James. Il est temps: au fond du wagon, ils aperçoivent des étincelles, comme si quelqu'un était en train de pénétrer dans le wagon par le toit en sciant la tôle. Les bras des Jiangshi s'agitent toujours sur le lieu de passage entre l'Umbra et le monde réel, mais James et Mike sentent que le voile se renforce. Du trou au fond commence à descendre un homme en combinaison de travail orange.
Le métro arrive à la station suivante, et à la seconde où les portes s'ouvrent, nos trois mages sortent en courant. Mais Oak a le temps de concentrer l'électricité statique du wagon et de la décharger près du trou d'où émerge l'homme en orange. Il pousse un juron et s'écroule au sol. Il porte un casque, mais c'est tout ce qu'ont le temps de voir les trois mages qui fuient à toute vitesse. La station est déserte et ils ont vite fait d'arriver au niveau de l'accueil.
- "Tout doit être cerné par nos amis technomanciens" dit James. "Si nous prenons une des sorties publiques, nous allons nous faire cueillir comme des baies de murier..."
- "Par là!" dit Oak, qui en suivant le flux de l'électricité (Forces 1) parvient à distinguer les corridors de maintenant et leurs issues.
Il les amène devant une lourde porte et s'apprête à l'enfoncer.
- "Regarde, elle a été laissée ouverte!" dit Mike en ouvrant la porte (Entropie 2). "Quel coup de bol!"
Les trois mages fuient par les couloirs de maintenance et s'éloignent de la station de quelques centaines de mètres avant d'émerger dans une section des égouts et de s'en extraire. Aussitôt sortis, James prend le téléphone qu'il s'est acheté, un bête téléphone pas "smart" pour deux sous, et appelle P1agu3.
- "Nous avons besoin d'aide".
Il lui résume très rapidement la situation.
- "Ah ouais. Vous faites pas dans la demi-mesure, vous. Bon, vous avez besoin d'une planque. Je t'envoie un plan sur ton téléphone."
- "Mais il ne peut pas recevoir d'images, mon téléphone!"
- "Maintenant, il peut. Magnez-vous!"
En effet, le téléphone de James montre maintenant un plan de Hong Kong avec leur localisation actuelle et leur destination.
Ils traversent les rues au pas de course pour aboutir devant un salon de massage où une jeune hôtesse les attend. Elle les escorte dans une salle aveugle, et ferme la porte derrière eux après avoir apporté un thermos de thé et des bouteilles d'eau. Oak détermine rapidement que la salle est non seulement aveugle mais n'est reliée à aucun réseau: la lumière vient de lampes à batterie.
Ils attendent plusieurs heures, parfois en silence, parfois en essayant de comprendre ce qui vient de se passer. Ils se demandent si la technocratie pourrait avoir envoyé les Jiangshi à leurs trousses, mais James ne le croît pas.
- "Personne au sein de cette organisation n'est disposé à admettre que de telles créatures existent, alors de là à les manipuler pour les faire apparaître en public... Je n'y crois pas."
Quelques heures plus tard, P1agu3 en personne vient les retrouver et les escorte dans une autre planque un peu moins isolée. Ils peuvent se restaurer et regarder les chaînes d'actualité en continu.
La police de Hong Kong et les services de Sécurité Intérieure se relaient pour présenter l'attaque du métro comme une tentative d'attaque terroriste. La piste de séparatistes Ouïgours semble privilégiée, mais les moyens, disent-ils, sont bien au-delà de tout ce dont ils disposaient jusqu'à présent. Le gouvernement explique que pour la sécurité de tous les contrôles de police et la supervision d'Internet vont devoir être renforcés. On précise également que trois hommes sont recherchés: un vieux Chinois portant barbe et habit traditionnel ainsi que deux autres hommes plus corpulents, dont l'un pourrait être barbu*.
Alors que James, qui goûte peu le fait d'avoir été décrit par la télévision, s'apprête à couper, il entend le début du bulletin de météo: "Hong Kong pourrait bien selon un des experts météorologues de l'Institut Climatique de Chine du Sud vivre une vague de chaleur et de sécheresse sans précédent. Cela fait douze jours qu'il n'a pas plu, ce qui pour la saison est tout à fait exceptionnel. Cela fait 63 ans qu'en cette saison traditionnellement très humide on a pas connu un tel épisode de sécheresse. Pour le moment le gouvernement ne considère pas qu'il s'agisse là d'un risque majeur et indique d'ailleurs qu'une dépression se dirige vers Hong Kong et est attendue demain."
James sort de sa poche la gemme rouge et la regarde d'un oeil morne.
***
Quelques jours plus tard, Dan invite Oak, James et Mike dans une villa qu'il loue sur l'île de Hei Ling Chau. Anirudha qui a raté 10 jours de travail fait des heures supplémentaires pour tenter de conserver son job et n'est donc pas de la partie.
Mike est présenté à Dan. Ce dernier raconte à ses compagnons sa rencontre avec Dominic Monahan et l'accord qu'ils ont passé concernant l'enquête relative aux meurtres.
- "Tu bosses avec les yeux carrés ???" demande Mike interloqué.
- "Probablement", répond Dan. "Mais les meurtres continuent, et si je peux les aider sans me compromettre, je le ferais."
Quant à Mike, James et Oak, ils racontent leurs péripéties à Dan, et également l'angle Wu Fang Choi. L'histoire de la pièce I-Ching l'intrigue fortement et il demande l'autorisation à James de partager avec lui le souvenir d'avoir vu la pièce chez Mr. Kwan (Mind 2). James accepte et Dan, en regardant la pièce, a lui aussi une forte sensation de déjà-vu...
Mike Bruick est un néo-zélandais qui vit depuis quelques années à Hong Kong. Il a la quarantaine légèrement empâtée et le look défraîchi d'un rocker qui ne s'est pas remis des années 60. Il porte une barbe fournie, les cheveux longs d'un blond sale en queue de cheval. La panoplie complète comporte les santiags, le jean déchiré, un vieux T-Shirt de hard-rock et, clou du spectacle, une veste en cuir à franges. Il a un humour bon enfant mais un peu étrange. Depuis plusieurs années, suite à une expérience extra-corporelle induite par la drogue lors d'une cérémonie chez les indiens Yaquis au Mexique, il sait se détacher de son corps, communiquer avec les esprits. Il a aussi appris à manipuler les petites accidents du quotidien et jouer sur les probabilités à son avantage.
Somme toute, il ne fait pas grand chose de ses pouvoirs. Il vit une vie pépère avec sa copine Chinoise, il joue dans les bars, il gagne de petites sommes dans les tripots, et une fois de temps en temps, quand il sent que la technocratie pousse le conformisme un peu loin, il les fait chier. Sabotage urbain, dégradation des systèmes, même un appel occasionnel à des esprits frappeurs. Ca ne dure jamais bien longtemps, et quand les 'têtes carrées', comme il les appelle, se rendent compte qu'on s'est mêlé de leurs affaires, il est déjà loin.
Il a bien été contacté, quelques mois après son arrivée, par une magnifique femme indienne, Sanjeeta. Elle lui a fait dit faire partie de la même tradition que lui, le Culte de l'Extase. Elle lui a fait comprendre que tant que ses agissements n'étaient pas trop visibles, il pouvait continuer. Il aurait bien continuer à la fréquenter, mais June, sa copine, lui a fait une telle scène la seule fois où Mike a commis l'erreur d'inviter Sanjeeta à boire un verre qu'il a jugé plus sûr de maintenir le contact au strict minimum.
Bref, un quotidien tranquille.
Enfin, ça c'était avant sa visite au Hong Kong Museum of History. Il y a quelques semaines, June l'a tanné parce qu'ils ne sortent pas assez, et que quand ils sortent c'est toujours de la musique. Elle l'a traîné au musée. Il y avait une exposition sur la piraterie dans la Mer de Chine. Il se promenait nonchalamment quand un portrait a attiré son attention. Un chef pirate. Ce n'est qu'à la fermeture du musée qu'il s'est extirpé de la torpeur contemplative dans laquelle le tableau l'avait plongé. Après cela il a commencé à faire des rêves de plus en plus vivaces. Il se voyait à bord de sampans sur la Mer de Chine, prenant d'assaut des navires marchands Anglais. Les visions étaient floues, et il ne lui restait au réveil que des images vagues, mais des impressions de déjà-vu tenaces.
Ne trouvant plus le sommeil, il s'est décidé à parler de ses rêves et de leur facteur déclencheur à Sanjeeta. S'étant documenté entre temps il lui a dit que le chef pirate du portrait s'appelait Wu Fang Choi. A ce nom, Sanjeeta a eu l'air surprise et lui a indiqué que d'autres Mages à Hong Kong enquêtaient sur ce même chef pirate, et qu'il serait sans doute bon qu'ils se rencontrent.
***
Sanjeeta Banerjee est la plus belle femme que Oak ait jamais vu d'aussi près. James, quant à lui, essaye de ne rien montrer, mais est troublé par sa présence envoutante. Elle leur a donné rendez-vous au Mysteries of Madras, un restaurant indien réputé sur les hauteurs de Central. Dans une petite salle privative, elle les attend avec un verre de Lhassi.
- "Je suis ravie de vous revoir!" dit elle alors que les deux hommes arrivent et s'assoient.
- "Nous aussi..." répond Oak d'une voix enrouée.
- "Je vous ai demandé de me retrouver parce qu'un éveillé qui partage avec moi certaines... croyances a fait récemment des rêves concernant un chef pirate du nom de Wu Fang Choi. Je me suis dit qu'il serait sans doute bon qu'il vous rencontre, mais dans la mesure où vous ne le connaissez pas et que vous me connaissez peu, je pense qu'il serait mieux que nous en parlions et que vous puissiez décider par vous même."
- "Comment savez-vous que nous nous intéressons à Wu Fang Choi ?" demande Oak, troublé à plus d'un titre.
- "Vous nous avez parlé de la divination de Marius qui vous a montré la pièce, et P1agu3 m'a informé du nom de son ancien propriétaire."
- "Et comment s'appelle cet ami dont vous nous parlez ?" demande poliment James.
- "Mike. C'est un C of X, comme moi, même si son approche est moins tantrique et plus psychotropique."
- "Un branleur, quoi..." intervient Oak.
- "Je ne crois pas." répond Sanjeeta le plus sérieusement du monde. "Il y a bien sûr de nombreux C of X qui utilisent la masturbation pour obtenir le détachement nécessaire au modèlement de la réalité, mais j'ai le sentiment que Mike utilise d'autres méthodes."
Oak rougit, James se sent un peu mal à l'aise.
- "Mon ami ne parlait pas littéralement. Il s'inquiétait de la motivation du jeune homme."
- "J'ai bien compris. Je vous taquinais. Il m'est toujours amusant de voir à quel point la sexualité, la chose la plus naturelle du monde, peut mettre les gens mal à l'aise. C'est mon péché mignon, ce genre de taquineries."
- "Pour ma part j'ai passé l'âge de ces... galipettes".
- "J'en doute. Je serais très heureuse de vous le démontrer!"
- "Le printemps n'est pas la bonne saison pour se départir de sa sève..."
Oak et James s'extirpent rapidement de cette conversation dangereuse et malgré la chaleur de cette milieu de printemps ils sont heureux de se retrouver à l'air libre.
***
- "Ainsi, c'est toi Mike ?"
Oak et James ont retrouvé Mike dans une des nombreuses échoppes de Noodle-Fu, une chaîne de nouilles Wonton. C'est le milieu de l'après-midi, il fait chaud et le soda glacé que le néo-zélandais a devant lui ne fait pas grand chose pour l'empêcher de transpirer dans sa barbe. Ses yeux rieurs ne le quittent pas toutefois alors qu'il fait connaissance avec les deux mages. Il commence par raconter ses rêves récents, mais explique également les sabotages qui l'occupent pour mettre des bâtons dans les roues de la technocratie. A ces mots d'ailleurs, Oak et James sentent que sa bonne humeur le quitte temporairement. Il ne porte vraiment pas les technomanciens dans son coeur.
A son tour, Mike interroge Oak et James sur leur passé récent et particulièrement sur ce qui concerne Wu Fang Choi. James fait un rapide résumé des évènements récents et de la piste "pirate" qui les a menés à la pièce I-Ching du chef pirate, mais lui parle aussi des papiers du Père Jorge.
D'un seul coup, James arrête de parler et échange un regard avec Oak. Tous les deux sentent qu'il se passe quelque chose de pas normal. Mike lui est légèrement mal à l'aise, mais pense que c'est parce qu'un client Chinois vient de passer dangereusement près de sa guitare (qu'il emmène toujours avec lui...)
- "Il faut partir!" dit James. "Je ne sais pas ce qui se passe, mais c'est massif."
Les trois hommes se lèvent et sortent du petit restaurant. Dans la rue, une voiture vient de s'arrêter, le capot fumant. A côté un piéton peste contre son téléphone portable qui ne marche plus. Oak scrute les environs pour sentir si la Quintessence présente des anomalies (et accessoirement si des mages en utilisent dans les environs), et perçoit des flux inhabituels, mais rien qu'il ne puisse identifier comme étant une source (Prime 1). Parallèlement, Mike chantonne un vieil air de rock n' roll et vérifie si quelqu'un manipule les probabilités autour de lui (Entropy 1). Ce n'est pas le cas, par contre là encore ce qui se passe est hautement improbable. Finalement, James a l'idée de regarder dans l'Umbra. Il sort sa queue de vache et écarquille les yeux: dans l'Umbra, des Jiangshi approchent. Il n'arrive pas à les dénombrer, mais ils sont plusieurs.
- "Il faut courir, aller vers des endroits technologiques où le Voile sera plus épais. Sinon nous sommes morts!"
Les trois mages se mettent à courir alors que des sirènes se rapprochent et qu'un hélicoptère apparaît dans le ciel. Ils foncent vers la station de métro la plus proche, espérant que cela sera le moyen le plus rapide d'arriver au sud de Kowloon, là où la ville est la plus dense. En tous cas, leur timing est parfait (grâce à une petite intervention de James (Time 2)) et un métro arrive à la seconde où ils parviennent au quai. Dans leur wagon, un clochard endormi, une dame avec sa petite fille et un businessman qui lit son journal. Alors que le métro prend de la vitesse, James remarque soudain comme une onde sur le plafond du wagon, et tout à coup deux Jiangshi apparaissent, bondissant vers James, tous crocs dehors. La femme et son enfant hurlent, le businessman terrifié met son poing dans sa bouche, et le clochard ne bronche pas.
Le combat s'engage. Les Jiangshi en veulent clairement à James et rien qu'à lui. Aucun des trois mages n'étant armés, cela se règle aux poings et aux pieds. Les Jianshi malgré leur maigreur cadavérique sont animés d'une force surhumaine et qui plus est armés de longues griffes et de crocs. Heureusement pour James, sa ceinture en soie blanche, cadeau de son mentor, encaisse une partie des blessures. Il est néanmoins mordu et coupé à plusieurs reprises. Lui, Oak et Mike donnent autant qu'ils reçoivent, mais les Jianshi sont coriaces.
Un coup d'oeil permet à Oak de voir que le plafond ondule toujours, et des bras apparaissent: d'autres Jiangshi tentent de passer. James a alors une idée. Il sort de sa poche la gemme rouge retrouvée fichée avec l'épingle dans la tête du premier Jiangshi qu'il a affronté et la plaque contre le front du vampire devant lui. Il espère que celui-ci va se dessécher, mais il n'en est rien. Par contre, le second Jiangshi qui semble attiré par la pierre se rue sur son collègue et lui assène une violente blessure.
Prenant avantage de cette aide imprévue, Oak et Mike parviennent à achever le premier Jiangshi tandis que le second tombe sous les coups de James. Il est temps: au fond du wagon, ils aperçoivent des étincelles, comme si quelqu'un était en train de pénétrer dans le wagon par le toit en sciant la tôle. Les bras des Jiangshi s'agitent toujours sur le lieu de passage entre l'Umbra et le monde réel, mais James et Mike sentent que le voile se renforce. Du trou au fond commence à descendre un homme en combinaison de travail orange.
Le métro arrive à la station suivante, et à la seconde où les portes s'ouvrent, nos trois mages sortent en courant. Mais Oak a le temps de concentrer l'électricité statique du wagon et de la décharger près du trou d'où émerge l'homme en orange. Il pousse un juron et s'écroule au sol. Il porte un casque, mais c'est tout ce qu'ont le temps de voir les trois mages qui fuient à toute vitesse. La station est déserte et ils ont vite fait d'arriver au niveau de l'accueil.
- "Tout doit être cerné par nos amis technomanciens" dit James. "Si nous prenons une des sorties publiques, nous allons nous faire cueillir comme des baies de murier..."
- "Par là!" dit Oak, qui en suivant le flux de l'électricité (Forces 1) parvient à distinguer les corridors de maintenant et leurs issues.
Il les amène devant une lourde porte et s'apprête à l'enfoncer.
- "Regarde, elle a été laissée ouverte!" dit Mike en ouvrant la porte (Entropie 2). "Quel coup de bol!"
Les trois mages fuient par les couloirs de maintenance et s'éloignent de la station de quelques centaines de mètres avant d'émerger dans une section des égouts et de s'en extraire. Aussitôt sortis, James prend le téléphone qu'il s'est acheté, un bête téléphone pas "smart" pour deux sous, et appelle P1agu3.
- "Nous avons besoin d'aide".
Il lui résume très rapidement la situation.
- "Ah ouais. Vous faites pas dans la demi-mesure, vous. Bon, vous avez besoin d'une planque. Je t'envoie un plan sur ton téléphone."
- "Mais il ne peut pas recevoir d'images, mon téléphone!"
- "Maintenant, il peut. Magnez-vous!"
En effet, le téléphone de James montre maintenant un plan de Hong Kong avec leur localisation actuelle et leur destination.
Ils traversent les rues au pas de course pour aboutir devant un salon de massage où une jeune hôtesse les attend. Elle les escorte dans une salle aveugle, et ferme la porte derrière eux après avoir apporté un thermos de thé et des bouteilles d'eau. Oak détermine rapidement que la salle est non seulement aveugle mais n'est reliée à aucun réseau: la lumière vient de lampes à batterie.
Ils attendent plusieurs heures, parfois en silence, parfois en essayant de comprendre ce qui vient de se passer. Ils se demandent si la technocratie pourrait avoir envoyé les Jiangshi à leurs trousses, mais James ne le croît pas.
- "Personne au sein de cette organisation n'est disposé à admettre que de telles créatures existent, alors de là à les manipuler pour les faire apparaître en public... Je n'y crois pas."
Quelques heures plus tard, P1agu3 en personne vient les retrouver et les escorte dans une autre planque un peu moins isolée. Ils peuvent se restaurer et regarder les chaînes d'actualité en continu.
La police de Hong Kong et les services de Sécurité Intérieure se relaient pour présenter l'attaque du métro comme une tentative d'attaque terroriste. La piste de séparatistes Ouïgours semble privilégiée, mais les moyens, disent-ils, sont bien au-delà de tout ce dont ils disposaient jusqu'à présent. Le gouvernement explique que pour la sécurité de tous les contrôles de police et la supervision d'Internet vont devoir être renforcés. On précise également que trois hommes sont recherchés: un vieux Chinois portant barbe et habit traditionnel ainsi que deux autres hommes plus corpulents, dont l'un pourrait être barbu*.
Alors que James, qui goûte peu le fait d'avoir été décrit par la télévision, s'apprête à couper, il entend le début du bulletin de météo: "Hong Kong pourrait bien selon un des experts météorologues de l'Institut Climatique de Chine du Sud vivre une vague de chaleur et de sécheresse sans précédent. Cela fait douze jours qu'il n'a pas plu, ce qui pour la saison est tout à fait exceptionnel. Cela fait 63 ans qu'en cette saison traditionnellement très humide on a pas connu un tel épisode de sécheresse. Pour le moment le gouvernement ne considère pas qu'il s'agisse là d'un risque majeur et indique d'ailleurs qu'une dépression se dirige vers Hong Kong et est attendue demain."
James sort de sa poche la gemme rouge et la regarde d'un oeil morne.
***
Quelques jours plus tard, Dan invite Oak, James et Mike dans une villa qu'il loue sur l'île de Hei Ling Chau. Anirudha qui a raté 10 jours de travail fait des heures supplémentaires pour tenter de conserver son job et n'est donc pas de la partie.
Mike est présenté à Dan. Ce dernier raconte à ses compagnons sa rencontre avec Dominic Monahan et l'accord qu'ils ont passé concernant l'enquête relative aux meurtres.
- "Tu bosses avec les yeux carrés ???" demande Mike interloqué.
- "Probablement", répond Dan. "Mais les meurtres continuent, et si je peux les aider sans me compromettre, je le ferais."
Quant à Mike, James et Oak, ils racontent leurs péripéties à Dan, et également l'angle Wu Fang Choi. L'histoire de la pièce I-Ching l'intrigue fortement et il demande l'autorisation à James de partager avec lui le souvenir d'avoir vu la pièce chez Mr. Kwan (Mind 2). James accepte et Dan, en regardant la pièce, a lui aussi une forte sensation de déjà-vu...
Dernière modification par Sammael99 le mer. sept. 30, 2015 3:22 am, modifié 1 fois.
Mozart n'a pas écrit que le Boléro de Ravel. Mais aussi plein d'autres trucs beaucoup moins connus (comme le canon de Pachelbel). - Le Grümph