Islayre d'Argolh a écrit : ↑mar. mai 21, 2024 12:38 pm Ce qui me marque le plus dans cette séance c'est que la relation "impromptue" entre Fel et Anatole est devenue/va devenir une relation tragique par la force des dés.
C'est bel et bon - c'est aussi ça la force du jdr - mais c'est vrai que ça m'oblige un peu a changer de braquet concernant le roleplay du personnage... Surtout si nos PJ se retrouvent dans l'obligation de faire usage de la force a la prochaine séance pour défendre la liberté retrouvée des prisonniers.
Il va falloir mettre les Pratchetteries entre parenthèse pendant quelques heures...
Carrément. Mais on sent depuis le début qu'Anatole cache derrière son humour potache un cœur tragique !
Une note technique à ce sujet pour les lecteurs (et les joueurs, je ne suis pas sectaire) :
Ce n'était pas une séquence facile à arbitrer, d'une part parce que les personnages étaient dans une situation où l'échec pouvait rapidement signifier le TPK (un combat potentiellement dans le noir dès lors qu'Anatole était en première ligne, et contre quatre cultistes et deux fanatiques, pour moitié tieflins — j'avais bien insisté là-dessus, rappelez-vous —, jouissant donc de la vision nocturne), d'autre part parce que c'était l'archétype de la scène où il fallait gérer à la fois le roleplay et les dés, et que les deux n'étaient pas d'accord.
Déjà, la discrétion de départ, quand aucun perso ne maîtrise la discrétion. Ils avaient pourtant mis toutes les chances de leur côté, et jouissaient donc de l'avantage et d'un seuil faible (10, la perception passive des cultistes), mais la cotte de mailles de Loxias annulait cet avantage, si bien qu'il s'est retrouvé à jeter LE dé déterminant, qui échoua.
Jusque-là tout allait bien, j'ai tout de suite conclu que cela signait le réveil de Fel, pour plus de drama. C'est ensuite que ça se corse, parce qu'Anatole nous sort le discours de sa vie, très persuasif, à la fois humain et engagé, appuyant sur les bons boutons. Mais il s'agit de convaincre une personne endoctrinée et revancharde, il savait que ce ne serait pas facile et l'avantage accordé par vertu du beau discours au jet de dé n'a donc pas suffit à atteindre le seuil de 15 (difficile) qui me semblait naturel pour parvenir à "acheter" le silence de Fel. Mais il a fait pire que cela. Il a fait 14.
J'aurais pu alors aller chercher le succès avec complication (et, de fait, cela finira en succès avec complication, j'y reviendrai), c'est ce que propose le DMG. Mais je ne voyais pas bien sur le moment ce que ça pouvait être : griller une ressource, un emplacement de sort ou un dé de vie, aurait été parfaitement artificiel. Il fallait une complication narrative. Mais laquelle, qui serait compatible avec le succès ? Je n'en voyais pas. J'ai donc opté pour une autre solution : le "non mais". Fel n'est pas persuadée, mais elle leur laisse une porte de sortie. "Partez avant que je réveille les autres."
Là Anatole argumente de nouveau, bien sûr, et il le fait bien. Mais je ne vais pas lui refaire tirer les dés, ce jet est déjà passé. C'est finalement autre chose qui se joue, alors je me dis : c'est elle, ses défenses psychologiques s'amenuisent. Mais il y a quand même peu de chance qu'elles cèdent, puisqu'elles n'ont pas cédé au coup précédent. Je propose donc : elle va jeter d20+SAG (0 en SAG), et il faut qu'elle batte ton score de 14 pour voir la lumière. Elle ne l'a pas fait.
Là, elle aurait pu crier et réveiller tout le monde, mais j'opte pour une solution plus cinématographique (et qui rend justice à la sagacité d'Anatole qui avait pris soin de l'éloigner des autres en l'obligeant à remonter à l'étage du dessus) : elle décide de balancer Anatole dans l'escalier, ce qui va faire un barouf amplement suffisant pour attirer l'attention de ses camarades. Jet de sauvegarde de force. JB crâme son inspiration qu'il avait gardé en réserve pour ce genre de moment et réussit. Avec ça, il sauve la mise de ses copains.
Et nous en venons à la dernière grande décision, qui pour le coup n'était plus la mienne (ouf !). Loxias s'est approché en bas de l'escalier pendant la scène. Ils peuvent encore renoncer. Fel ne les dénoncera pas s'ils partent. Mais Loxias a aussi le temps d'intervenir à ce moment pour renverser la situation, c'est pile quand il faut. Bien sûr, s'il rate son coup, toutes les issues auront été explorées sauf une : le cri. S'ensuivent donc dix bonnes minutes de parlementations de haute volée entre joueurs aguerris, sur les conséquences de l'échec, la responsabilité, la tension de la scène, ses issues possibles, son analyse tactique et roleplay, afin que tout devienne très clair pour tout le monde et qu'Elijah agisse selon la maxime "être des héros, c'est prendre des risques", certes pas universalisable, mais bel et bien validée par ses partenaires.
Le seuil était de 13, Fel fait 9. La scène peut se poursuivre après cet acmé.
Quant à la complication, elle est évidente bien sûr : cela ne va pas se passer comme ça, le culte est au courant et ils ont bien peu d'avance. Surtout, Anatole a fait de Fel quelque chose comme une Némésis, certes pas sous un rapport de puissance, bien au contraire : sous un rapport psychologique. C'est l'enfant battue qu'il a protégée et qui va se retourner contre lui. Et il sera bien difficile de lui faire abandonner l'espoir qu'elle retourne dans son giron.