LE CLAN DES LOUPS
La Légende des 4, tome 1
Cassandra O’Donnell
Auteur : - Alors, j’ai une idée pour une nouvelle série. Ça serait du jamais vu, une histoire d’amour entre un loup garou et un vampire !
Editeur : - Comme dans Underworld, quoi.
A : - Hein, ça a déjà été fait ?
E : - ça dépend de comment tu considères une série de 6 films…
A : - Ah, zut. J’aime bien mon idée de loup-garou qui tombe amoureux d’un membre d’une faction ennemie. Je sais ! On pourrait dire que ce sont des garous d’une espèce différente. Les loups, c’est un peu comme des chiens, alors il faudrait que je trouve une espèce féline…
E : - des panthères garous ?
A : - Non, c’est bizarre comme idée. Je sais : des tigres-garous !
E : - Tu trouves cela vraiment moins bizarre ?
A : - Oh, attend, j’ai une autre idée : les écoles avec des espèces différentes qui se croisent, c’est un peu à la mode, comme dans Wednesday, la série qui ne garde que les noms de la Famille Adams. On pourrait avoir d’autres familles de garous, genre des serpents. C’est toujours classe, les serpents ! Ce qui serait bien, ça serait de trouver des animaux garous ennemis des serpents, comme…
E : - une mangouste garou ?
A : - Non, c’est ridicule. Attends, je sais. Dans un livre que j’ai lu récemment, ils utilisent des aigles pour les chasser. On a qu’à prendre des aigles garous ! C’est classe, ça, les aigles garous, non ? Bon, il faut trouver un truc plus fun que garou, garou ça fait vieux et puis aigle garou, c’est moche.
E : - Si tu veux vendre ça à des ados (parce que, bon, vu le thème, pour les adultes, ça risque d’être compliqué, il vaudrait mieux leur vendre comme un livre pour ado qu’ils peuvent lire, comme les Harry Potter), il te faut un terme plus manga, plus kawai.
A : - Je sais ! des *roulements de tambour avec les doigts*… YOKAÏ !
E : - C’est pas un truc comme des Pokemons, ça, les Yokaïs ?
A : - Non ! Enfin, oui, mais non, ce sont des esprits japonais, des créatures surnaturelles. Elles penseraient donc être des êtres supérieurs, des défenseurs de la nature ! Mon monde fantasy pourrait tout à fait être en fait un monde post apocalyptique : les hommes auraient créé les Yokaïs avant de manquer de détruire la planète. Ils auraient détruit leur société, mais pas la planète et les Yokaïs imposerait leur loi. Oui, c’est bien ça !
E : - Créé des Yokaïs dans quel but ?
A : - On s’en fout, on trouvera une explication plus tard. Ce qui importe, c’est que ceux qui pensent être les défenseurs de la vie, des êtres supérieurs, seraient en fait des créatures créées de toute pièce. Les humains ne les aimeraient pas, ils en auraient peur. Et les Yokaïs prendraient les humains de haut. L’école qui regroupe les Yokaïs pourrait être une école humaine, pour que les Yokaïs se fassent à eux et inversement. Mais ils n’auraient pas le droit de se parler entre eux. Comme cela, ça fait monter les tensions !
E :- Euh, quel intérêt une école commune s’ils ne peuvent pas se parler entre eux ? Le but d’une école commune ne serait pas plutôt d’essayer de créer un espace de dialogue ?
A : - Nan, c’est mieux s’ils ne se parlent pas entre eux, comme cela 1. Ils se détesteraient tous encore plus et 2. Ça donne le moyen de faire mon Roméo & Juliette : il y aurait un cadre, un double interdit, un terrain neutre où se croiser et des risques.
E :- Euh, bon, si tu le dis. Mais tu veux raconter quoi comme histoire ?
A : - Alors voilà : dans un monde où les humains sont parqués dans des zones protégées, des terrains neutres interdits au Yokaïs, ces derniers seraient les maîtres de la nature. Chaque race de Yokaï aurait un territoire. Par exemple, les rapaces – attends, j’ai une idée, on pourrait les appeler Rapaï !
E : - Ce n’est pas un peu ridicule, comme nom ? Et après, quoi, Loupaï, Serpaï et Tigraï ?
A : - Ne soit pas ridicule, c’est moche, Tigraï… Non, on dirait plutôt… Taïgan !
E : - Hein, mais quelle est la logique ?
A : - La logique, on s’en fout. Tu crois vraiment que la science permettrait de créer des humains capables de se transformer en animaux ? Taïgan, c’est un nom qui claque. Ca fait penser à Taïga. Ca fait fort et mystérieux, la taïga. Donc, on dirait des Lupaï (c’est plus classe), les Serpaï, les Rapaï et les TAÏGAN.
E : - Euh… Ok, si tu le dis…
A : - Donc, les Yokaïs sont là pour empêcher les hommes de se détruire et de détruire la planète. Ils interdiraient le progrès technologique, comme cela, on resterait dans ce que j’ai envie de faire : du médiéval fantastique, mais où l’on pourrait parler des méfaits de la science et de l’hubris humain !
E : - Euh, tu crois que les ados maitrisent le concept d’hubris ?
A : - Non, mais on s’en fout, ils comprendront juste que la technologie, c’est le mal parce que ça peut mettre les humains à égalité avec les Yukaïs. C’est à la mode de dire du mal de la technologie et de prôner des régimes autoritaires. On peut avoir tout cela : les animaux, ce ne sont pas des humains, ils ne votent pas. Ils ont un chef, celui qui est le plus fort. Oh, il y aurait une forme d’hérédité aussi parce que c’est plus facile à comprendre, mais de toutes façons, le fils ou la fille du chef, c’est le plus fort.
E : - C’est bien de mettre des héroïnes, c’est important. Il faut prendre en compte le secteur féminin du lectorat.
A : - Oui, des filles, oui. Non, mais en fait, on s’en fout, c’est juste pour créer de la tension sexuel…
E : - Popopopopopo ! Je t’arrête. Si tu mets du sexe, on quitte la littérature enfance et ça risque d’être compliqué de vendre ton truc qui n’a pas l’air de vraiment tenir debout à des adultes. Sauf, bien évidemment, si tu fais une série érotique. Dans ce cas là, les lecteurs se moquent un peu de la consistance de l’univers, ils ne s’intéressent qu’à…
A : - NON MAIS NON. Pas érotique, disons amoureuse. On se moque de savoir ce que Roméo & Juliette aimeraient faire ensemble ou s’ils ont consommé le mariage. On va dire « tension amoureuse » pour te préserver.
E : - Ah, ça, oui, les enfants aiment bien les couples. Tu as remarqué, d’ailleurs, ils se « mettent en couple » de plus en plus tôt aujourd’hui, c’est un peu fo…
A : - Oui, oui. Bon, donc, les Yokaïs sont les gardiens de la folie des hommes. Mais comme ce sont des animaux, ils ont toujours des conflits de territoire. Ce qui veut dire des guerres. Et puis, bon, les chiens n’aiment pas les chats et inversement, donc les Lupaïs et les TAÏGANS seraient toujours au bord de la guerre qui éclaterait régulièrement. Et pareil pour les Serpaïs et les Rapaïs…
E : - Plus tu les répètes et plus je trouve ces noms ridicules…
A : - Ridicules ? Oui, c’est pour les ENFANTS. Il faut des choses simples, des noms qui claquent et tous ressemblent à Yokaï qu’ils ont déjà croisés dans des mangas ou des jeux vidéo, ils sont donc prêts à l’accepter facilement et les autres aussi !
E : - D’accord, mais, bon, Taïgan, quoi…
A : - MAIS ON A DIT QUE SA CLAQUAIT GRAVE SA MAMAN EN SHORT ! Bon, continuons. En allant à l’école humaine, les héritiers TAÏGAN et Lupaï tomberaient amoureux. Mais ils le refuseraient. On dirait que quand une louve tombe amoureuse, c’est pour la vie.
E : - Pourquoi ? C’est un truc des loups ?
A : - Qu’est-ce que j’en sais ? On s’en fout, c’est pour la TENSION DRAMATIQUE. Elle vit un amour impossible, donc ça ne peut que conduire au drame, on le sait depuis Shakespeare. En plus, ça fait sérieux et profond, genre « l’auteur a lu des livres », tu vois. Tu pourras vendre le bouquin en survendant mes connaissances littéraires, tu sais faire, ça, non ?
E : - Oui, oui, ne t’inquiète pas, ce n’est pas la première fois que j’essaierai de faire passer un mulet pour un cheval de course. Quelques références à Harry Potter, à Roméo & Juliette et ça devrait faire l’affaire.
A : - Parfait. Donc, on dit que l’héritier TAÏGAN ça claque sa mère serait un beau jeune homme, très fort, très noble et au cœur pur et l’héritière Lupaï serait une belle jeune fille, forte aussi et têtue, un classique du genre. Blonde, ça serait bien, mais ça ne court pas les rues, des loups blonds. Il ne faudrait pas qu’on la prenne pour un Golden Retriever…
E : - Blanche
A : - Bah, oui, elle serait blanche, on ne va quand même pas ajouter des noirs et des asiatiques, hein ? Il faut que mon public réussisse à se projeter dans les personnages. En plus, noir, tout de suite ça fait incarnation du mal, ils auront du mal à comprendre. Et je sais pas comment ça marche, moi, un noir, je n’en ai jamais fréquenté. Je mettrai des « peaux cuivrées ». C’est bien, ça, les peaux cuivrées, on ne sait pas si c’est quelqu’un d’un peu bronzé ou si c’est un métèque. Attends, je peux mettre des Chinois, peut-être : les Chinois, c’est vicieux, comme les serpents… Les serpaïs seront peut-être des Chinois. Ça peut être une idée…
E : - Non. Enfin, oui. De toutes façons, ce sont des livres destinés à des enfants de classe moyenne, blancs en général, donc c’est mieux d’éviter les couleurs trop voyantes. En plus, ça serait bête de risquer une interdiction de publication sur les fascistes arrivent au pouvoir et classe notre livre dans la catégorie woke. Blanche, je parlais de la robe de la louve : la Louve blanche, c’est un classique du genre.
A : - Par classique, tu veux dire cliché ?
E : - Oui, c’est pareil. Ils savent, ils trouvent ce qu’ils cherchent et ça leur fait plaisir.
A : - Ok, va pour les cheveux blancs, ça fait classe. Donc, ils sont dans cette école. Ils n’ont pas le droit de se parler, mais ils tombent quand même amoureux. Et là, le drame. Un TAÏGAN assassine un Lupaï. Sauf, qu’en fait, c’est pas vrai : c’est une machination des humains pour lancer une nouvelle guerre entre les TAÏGANS et les Lupaïs et les adultes sont trop bêtes pour se rendre compte de la supercherie ou commencer par des échanges diplomatiques sur la question. Et pour renforcer le tout, les Lupaïs assassinent un TAÏGAN ! Sauf que, ah ah, ce n’est pas vrai. Ce sont les hommes qui font cela pour provoquer une guerre. Alors, les héritiers, seuls capables de réfléchir parce que ce sont des enfants, comprendront l’histoire. Pour être sûre que les enfants qui lisent comprennent bien cela, des humains tenteront d’assassiner les enfants yokaïs sur le terrain de l’école. Avec des fusils.
E ; - Des fusils dans un univers médiéval fantastique ?
A : - Oui, ça serait des armes interdites !
E : - Mais les enfants ne sauraient pas ce que c’est, alors ?
A : - Si, comme cela ils réagiront avant d’être abattus et tueraient tous les humains armés !
E : - Et ils récupèreront les armes pour montrer ce qui se passe,
A : - Non, non. Ils mangeraient les humains qu’ils ont tué pour faire disparaitre les traces mais aussi pour montrer qu’ils sont bestiaux. Ce sont des héros, mais ils ont leur part d’ombre…
E : - Comme dans un roman d’Ellroy ?
A : - Euh… Ouais, ouais, comme dans un roman de machin, là qui écrit des romans avec des parts d’ombre, là. Donc, les héritiers, au terme d’une enquête courte mais efficace (on va rester simple, on s’en fout de l’enquête, on est là pour des actes de violences) remonteraient la piste jusqu’au commanditaire des meurtres : le chef de l’une des villes humaines. Après avoir risqué leur vie, les héritiers tueraient tous les soldats et quand ils arriveraient devant le chef humain, celui-ci se suiciderait pour leur montrer qu’ils ont été piégés : ils ont fait ce qu’il attendait, montrer le danger des yokaïs et forcer les humains à se battre contre eux…
E : - Et comment tu finis ton histoire d’amour entre le Taïgan et la Lupaï ?
A ; - TAÏGAN. Bin, mal, mais ça ne sera pas pour tout de suite. Ca, ce n’est que le tome 1. Comme dans Hunger Games, on pose l’univers et après on joue à le détruire grâce à des héros trop forts. On pourrait faire un tome par race de Yomaï !
E : - Faut pas utiliser le terme de race, c’est raciste. Ca veut dire qu’on vendra moins de livre.
A : - Ok, ok, on parlera alors de… clans. C’est à la mode, ça, clan, non ?
E : - Ouais, c’est mieux. Bon, vas-y, écris ton truc, on devrait pouvoir le vendre !
Bref, j’ai lu un livre qui est le premier tome de la meilleure série du monde de l’univers d’après mon ado.