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Re: Le business du jdr est-il une poche dimensionelle temporaire?
Publié : sam. oct. 26, 2024 2:43 pm
par Tristan
Si votre travail d'auteur n'est pas rémunéré à sa juste valeurs, qu'est-ce qui fait que vous continuez néanmoins à le faire?
Il y a une période d’une dizaine d’années où je n’ai pas écrit. Ça s’est avéré délétère pour ce qui me reste de santé mentale. Et tant qu’à écrire, autant publier.
Re: Le business du jdr est-il une poche dimensionelle temporaire?
Publié : sam. oct. 26, 2024 3:11 pm
par Isatis
Johan Scipion a écrit : ↑sam. oct. 26, 2024 1:40 pm
C'est la force de la passion
La passion, c'est pas si fort. Si ça l'était, on pourrait payer EDF et les courses à Lidl avec.
Je pensais en premier lieu au domaine associatif.
Après, j'ai la chance d'exercer ce que l'on appel un "métier-passion" dans un domaine de niche : ça paye EDF et me permet même de manger bio en bossant 4 jours par semaine, payé 1900€/mois.
En France on a un espèce de tabou sur l'argent qui est assez pénible.
Je n'ai encore jamais entendu une interview d'auteur sur un grand media public où l'on pose la question : ok, vous êtes écrivain, poète, photographe, etc .. comment vivez vous de votre art, est-ce que vous générez un revenu decent et si non, comment vous faites pour vivre?
Au contraire, on est dans le non dit et on sous-entend que bien sûr c'est un taf à temps plein qui paye toute les factures.
Je trouve ce manque de transparence dommage parce que ça n'aide pas à faire avancer la cause des créateurs, bien au contraire.
Re: Le business du jdr est-il une poche dimensionelle temporaire?
Publié : sam. oct. 26, 2024 3:23 pm
par Killing Joke
Mais la "passion" n'a rien à voir avec le fait de gagner sa vie, c'est l'adéquation de l'objet de la passion avec les attentes du marché qui peut générer des revenus - c'est juste souvent mis en avant car çà "aide à se lever le matin" et/ou çà permet d'aller plus facilement + loin dans son activité si on est passsioné.
Re: Le business du jdr est-il une poche dimensionelle temporaire?
Publié : sam. oct. 26, 2024 4:19 pm
par Isatis
Est-ce que une partie du déséquilibre dans la relation auteur/éditeur ne vient pas du fait que parce que l'auteur propose et a envie de se faire éditer il se place de fait en position de vulnérabilité ? (Et je ne dis pas que c'est bien, en fait c'est nul mais je suis bien obligé de constater la réalité)
En reformulant ça en terme capitaliste (qui n'est pas un système qui me plaît mais c'est celui dans lequel je vis) : l'auteur est à la fois en position d'offre mais aussi de demande de son propre produit.
On pourrait alors parler de demande extérieure (celle du public) et de demande intérieure (celle de l'auteur).
Et pour le coup, les financements participatifs peuvent être une solution pour rééquilibrer la balance entre l'offre et ces deux demandes.
Re: Le business du jdr est-il une poche dimensionelle temporaire?
Publié : sam. oct. 26, 2024 4:20 pm
par DocZagul
Isatis a écrit : ↑sam. oct. 26, 2024 3:11 pm
Johan Scipion a écrit : ↑sam. oct. 26, 2024 1:40 pm
C'est la force de la passion
La passion, c'est pas si fort. Si ça l'était, on pourrait payer EDF et les courses à Lidl avec.
Je pensais en premier lieu au domaine associatif.
Après, j'ai la chance d'exercer ce que l'on appel un "métier-passion" dans un domaine de niche : ça paye EDF et me permet même de manger bio en bossant 4 jours par semaine, payé 1900€/mois.
En France on a un espèce de tabou sur l'argent qui est assez pénible.
Je n'ai encore jamais entendu une interview d'auteur sur un grand media public où l'on pose la question : ok, vous êtes écrivain, poète, photographe, etc .. comment vivez vous de votre art, est-ce que vous générez un revenu decent et si non, comment vous faites pour vivre?
Au contraire, on est dans le non dit et on sous-entend que bien sûr c'est un taf à temps plein qui paye toute les factures.
Je trouve ce manque de transparence dommage parce que ça n'aide pas à faire avancer la cause des créateurs, bien au contraire.
On est dans un non-dit mais ce n'est pas du fait des auteurs.
Re: Le business du jdr est-il une poche dimensionelle temporaire?
Publié : sam. oct. 26, 2024 4:22 pm
par Isatis
Killing Joke a écrit : ↑sam. oct. 26, 2024 3:23 pm
Mais la "passion" n'a rien à voir avec le fait de gagner sa vie, c'est l'adéquation de l'objet de la passion avec les attentes du marché qui peut générer des revenus - c'est juste souvent mis en avant car çà "aide à se lever le matin" et/ou çà permet d'aller plus facilement + loin dans son activité si on est passsioné.
On est d'accord.
En fait à dire vrai c'est surtout les autres qui qualifient mon taf de métier passion.
Moi j'ai surtout tendance à dire que j'ai beaucoup de bol.
Re: Le business du jdr est-il une poche dimensionelle temporaire?
Publié : sam. oct. 26, 2024 10:50 pm
par Macbesse
Isatis a écrit : ↑sam. oct. 26, 2024 2:27 pm
Si votre travail d'auteur n'est pas rémunéré à sa juste valeurs, qu'est-ce qui fait que vous continuez néanmoins à le faire?
J'applique la règle : soit tout le monde est payé, et à sa juste mesure, soit personne ne l'est.
De mon côté, j'ai mis cette énergie dans des projets d'écriture et d'édition bénévoles (le 4e tome du recueil du quarantenaire sort en novembre !). J'ai parallèlement refusé plusieurs projets pro sur la seule base du tarif (4%, vous rigolez ?). Cela m'a toutefois conduit à m'éloigner de l'édition du jdr.
Il faut dire que j'ai un autre travail, qui me convient et me permet aussi d'écrire, sur d'autres modalités il est vrai. J'ai donc le luxe de refuser. J'aurais aussi celui d'accepter, mais j'estime que c'est important de ne pas faire concurrence à celles et ceux dont c'est la source primaire de revenus, et j'ai mon orgueil.
Re: Le business du jdr est-il une poche dimensionelle temporaire?
Publié : sam. oct. 26, 2024 11:11 pm
par cdang
Isatis a écrit : ↑sam. oct. 26, 2024 3:11 pm
Johan Scipion a écrit : ↑sam. oct. 26, 2024 1:40 pm
C'est la force de la passion
La passion, c'est pas si fort. Si ça l'était, on pourrait payer EDF et les courses à Lidl avec.
Je pensais en premier lieu au domaine associatif.
Justement, concernant l'associatif : dans l'asso où je suis, on rémunère les maquettistes et les illutrateur·ices (mal, mais quand même), mais les traducteur·ices et auteur·ices sont (sauf exception) bénévole. J'y vois une application de la loi du marché : la rareté fait le prix.
Re: Le business du jdr est-il une poche dimensionelle temporaire?
Publié : sam. oct. 26, 2024 11:29 pm
par Cédric Ferrand
Isatis a écrit : ↑sam. oct. 26, 2024 4:19 pm
Est-ce que une partie du déséquilibre dans la relation auteur/éditeur ne vient pas du fait que parce que l'auteur propose et a envie de se faire éditer il se place de fait en position de vulnérabilité ?
Encore une fois, c'est insultant de décrire l'auteur comme l'artisan de son propre malheur.
Tu remarqueras que ceux qui n'ont aucun problème pour parler pognon sont ceux qui en gagnent suffisamment.
Je voudrais bien parler de mes chiffres de vente et de mes droits d'auteur, mais ce sont justement les éditeurs qui me demandent de ne pas le faire. Littéralement.
Re: Le business du jdr est-il une poche dimensionelle temporaire?
Publié : dim. oct. 27, 2024 12:37 am
par Saladdin
[petite digression] Et au passage, c’est la même chose dans le reste de la société : les soignants, les enseignants, etc., du fait que leur métier est censé être un métier passion, sont payés au lance-pierre chez nous. Et quand on le dit, on nous répond qu’on a choisi ce métier, et qu’il faut donc en accepter le salaire… Même rhétorique : « Vous faites un métier qui vous passionne, vous ne voulez pas en plus être payés décemment pour ça quand même ? »
Re: Le business du jdr est-il une poche dimensionelle temporaire?
Publié : dim. oct. 27, 2024 2:02 am
par oufle
Cédric Ferrand a écrit : ↑sam. oct. 26, 2024 11:29 pm
Isatis a écrit : ↑sam. oct. 26, 2024 4:19 pm
Est-ce que une partie du déséquilibre dans la relation auteur/éditeur ne vient pas du fait que parce que l'auteur propose et a envie de se faire éditer il se place de fait en position de vulnérabilité ?
Encore une fois, c'est insultant de décrire l'auteur comme l'artisan de son propre malheur.
Tu remarqueras que ceux qui n'ont aucun problème pour parler pognon sont ceux qui en gagnent suffisamment.
Je comprends, et pourtant, si je me place en tant que consommateur, pour ce qui est du jdr, il n'y a jamais eu autant d'auteurs publiés. 'Tout le monde' s'y met. Et c'est perturbant parce qu'en même temps personne ne semble en vivre. Ça renforce l'étiquette 'metier passion' (ce qui n'a rien à voir avec le métier de prof, infirmier.re... qui sont des métiers essentiels).
Re: Le business du jdr est-il une poche dimensionelle temporaire?
Publié : dim. oct. 27, 2024 8:28 am
par Emmuel
Je comprends, et pourtant, si je me place en tant que consommateur, pour ce qui est du jdr, il n'y a jamais eu autant d'auteurs publiés. 'Tout le monde' s'y met. Et c'est perturbant parce qu'en même temps personne ne semble en vivre. Ça renforce l'étiquette 'metier passion' (ce qui n'a rien à voir avec le métier de prof, infirmier.re... qui sont des métiers essentiels).
D’un autre côté si tu fais les comptes ça arrête vite d’être perturbant. Même si t’as des droits d’auteurs élevés (mettons 10%) : quand 330 copies est un chiffre pas nul et que t’enlève les cotisations sociales et les impôts si t’as de la chance, c’est vite vu.
Re: Le business du jdr est-il une poche dimensionelle temporaire?
Publié : dim. oct. 27, 2024 8:32 am
par Macbesse
Cédric Ferrand a écrit : ↑sam. oct. 26, 2024 11:29 pm
Isatis a écrit : ↑sam. oct. 26, 2024 4:19 pm
Est-ce que une partie du déséquilibre dans la relation auteur/éditeur ne vient pas du fait que parce que l'auteur propose et a envie de se faire éditer il se place de fait en position de vulnérabilité ?
Encore une fois, c'est insultant de décrire l'auteur comme l'artisan de son propre malheur.
Tu remarqueras que ceux qui n'ont aucun problème pour parler pognon sont ceux qui en gagnent suffisamment.
Je voudrais bien parler de mes chiffres de vente et de mes droits d'auteur, mais ce sont justement les éditeurs qui me demandent de ne pas le faire. Littéralement.
L'interdiction de parler des rémunérations est l'un des moyens de contrôle de l'employeur sur le salarié, tous secteurs confondus. L'échange d'informations sur ce point est le préalable à la structuration de revendications.
Re: Le business du jdr est-il une poche dimensionelle temporaire?
Publié : dim. oct. 27, 2024 8:49 am
par Islayre d'Argolh
Cédric Ferrand a écrit : ↑sam. oct. 26, 2024 11:29 pm
Tu remarqueras que ceux qui n'ont aucun problème pour parler pognon sont ceux qui en gagnent suffisamment.
C'est curieux comme façon de présenter les choses.
Certains, dont moi, ce sont contentés de rappeler que le modèle auto-édition + PDF/POD était beaucoup plus rémunérateur pour l'auteur, chiffres à l'appui.
Ce n'était pas une occasion de se la raconter, juste une façon d'expliquer que si on souhaite être payé (et pas dédommagé) pour son écriture et son boulot de
game design il pouvait être intéressant de faire un pas de coté par rapport au circuit traditionnel, qui n'est guère valorisant de ce point de vue.
Il l'est par contre beaucoup plus au niveau de la rémunération symbolique : on voit son taf en boutique, présenté sur rôliste TV, éventuellement récompensé en convention, etc.
Re: Le business du jdr est-il une poche dimensionelle temporaire?
Publié : dim. oct. 27, 2024 10:11 am
par wade le rond
Une petite interrogation naïve : je les ai contacté pour savoir si ce que je créais via Lulu était susceptible de les intéresser, mais visiblement pas du tout, je n'ai même pas eu de réponse sur ma proposition.
Je n'ai pas l'impression que Roliste TV soit (trop) positionné édition indépendante et j'ai parfois l'impression (mais peut-être que je me trompe) d'un entre soi ou les éditeurs classiques sont surtout représentés.