Le Manoir Sélénite.
Contexte :
Sur la face lumineuse de la lune immobile qui éclaire la cité sans nom est construit un manoir.
Ce bâtiment luxueux est le territoire de Jean de la Lune et de sa Cour.
Haut de trois étages et richement meublé le manoir abrite donc en son sein une ribambelle de créatures étranges et bestiales.
En effet Jean de la Lune lui-même, ainsi que bon nombre de ses suivants, est un homme-bête. En l’occurrence un puissant et massif homme Lion.
Chaque espèce animale est représentée une fois, et une seule, parmi les habitants du manoir.
Ainsi le plus proche conseiller du Roi Lunaire, comme les flagorneurs aiment parfois à appeler Jean, est le Cardinal Sarquiss, un homme serpent, tandis que le colossal escalier de lumière spectrale qui relie parfois la Lune immobile au reste de la cité sans nom est gardée par un puissant minotaure appelé Dédale.
La vie du Manoir Sélénite est une vie de plaisir, de débauche diraient certains, mais aussi de réflexion et d’aspirations esthétiques orchestrées par Jean.
Jean règne en seigneur et maître absolu sur son Manoir : son omnipotence de fait lui a été donnée par Justine elle-même et seules les règles qu’il édicte peuvent s’y appliquer.
Description rapide :
La manoir fait penser à ces grands châteaux français de la fin de la monarchie : spacieux, remarquable sur le plan architectural, doté de grandes fenêtres et de vastes terrasses qui donnent sur un magnifique jardin ornemental.
Il accueille en permanence une centaine d’habitants, essentiellement les hommes bêtes de la Cour Lunaire mais aussi les invités de marque à qui Jean offre son hospitalité ce qui, dans l’univers impitoyable de la cité sans nom, est toujours bon à prendre.
Tout comme Baskerville au sein de la Cour des Miracles, Jean a, petit à petit, imposé progressivement une mode vestimentaire spécifique et symbolique : celle de Versailles sous Louis XIV.
Les hommes bêtes qui peuplent ces lieux arborent donc souliers vernis, cannes ouvragées ou perruques poudrées avec un bonheur parfois très inégal.
Ainsi vêtus ils vaquent à leurs occupations dans les allées innombrables et les somptueuses pièces à vivre, ou à recevoir, du Manoir, s’essayant tant bien que mal à une parodie grotesque de la vie de Cour du Roi Soleil.
Enfin, le Manoir Sélénite, selon les voeux de son seigneur et maître, est probablement l’endroit le plus prestigieux de la capitale : ses réceptions sont les plus courues et les plus renommées, à juste titre, pour leur magnificence mais aussi, parfois, pour leur caractère orgiaque et démesuré.
Lieux importants :
Bâtiment unique, le Manoir est le seul lieu d’importance qui mérite d’être mentionné.
On pourrait bien sur parler de la bibliothèque de Jean, la plus vaste de la cité, qui comporte des ouvrages issus de centaines de mondes, ou pourrait aussi évoquer la salle de bal d’une grandeur et d’un raffinement sans équivalent.
On pourrait parler de l’escalier.
Formé de lumière spectrale il apparaît en fonction des désirs de Jean pour relier le Manoir à tel ou tel point de la Cité.
Quelque part au cours de l’ascension les invités de Jean croiseront forcément Dédale, qui les laissera passer, ou pas, selon la volonté du seigneur des lieux.
On pourrait parler du Navire.
Antique voilier, le navire est le seul et unique engin volant de la cité sans nom, et même la monstruosité qui veille dans les cieux de la ville le laisse voguer à son gré.
Jean y organise parfois des croisières, invitant une poignée de privilégiés à partager avec lui un somptueux repas tout en goûtant ce point de vue unique sur la cité. La plus courue de toutes ces croisières et, bien sur, celle de Carnaval, qui permet aux spectateurs dotés d’un féroce sens du macabre de reprendre une deuxième fois de la perdrix truffée pendant que la ville en flammes hurle et se consume.
Personnalités importantes :
Fauve humanoïde, Jean de la Lune règne sans partage sur le Manoir Sélénite et sur ses habitants, les hommes-bêtes. C’est un poète, un esthète et un libertin : les fêtes qu’il donne sont les plus courues de la cité sans nom, tant pour leur raffinement que pour leur décadence et, parfois, leur sauvagerie.
En effet le coté bestial reprend épisodiquement le dessus chez Jean et le pousse à des accès de violence absurde, redoutables car sa force physique est légendaire. Il s’habille toujours comme un noble français de l’époque du roi soleil, mode suivie par son entourage, et porte des lunettes rondes sur son mufle léonin.
A ses cotés se tient le plus souvent le Cardinal Sarquiss, homme serpent vieux et voûté, vêtu de la tenue rouge des cardinaux de l’époque moderne. S’il ne goûte guère la débauche, son sang est par trop froid, Sarquiss est tout de même le conseiller le plus écouté et le plus respecté de Jean. C’est lui qui gère la majorité des interactions entre le Manoir et la Cité, laissant à son seigneur et maître le loisir de se consacrer à ses écrits philosophiques ou à ses orgies.
Eternellement seul et arpentant sans trêve le grand escalier spectral, Dédale est haut de neuf pieds et, dit on, absolument invincible. Parfois, pour le spectacle, Jean laisse apparaître l’escalier en pleine nuit du Carnaval et se délecte ainsi de voir les flots de la légion démente se briser sur son gardien et retomber, par centaines, dans les profondeurs de la ville.
Un certain nombre d’invités se sont vus offrir l’hospitalité de Jean et demeurent désormais avec les Hommes bêtes de la Cour Lunaire.
Voici trois des plus intrigants.
Blondin est le ménestrel favori de Jean et il est vrai que tous ceux qui l’ont entendu jouer de la flûte savent qu’il est exceptionnellement doué. Homme entre deux âges, habillé le plus souvent d’une tenue grise et simple de voyage, d’un long manteau et coiffé d’un tricorne, il semble cultiver le mystère et, seul parmi les invités de Jean, prends plaisir à passer de longues journées au cœur de la cité. Certains disent d’ailleurs de lui qu’il a, plus souvent qu’à son tour, fait aussi preuve de dons peu communs dans le maniement de la rapière et de la dague biscayenne.
Oonah est appelée la Dame en Rouge, car elle marque une préférence particulière pour les robes de cette couleur. C’est, actuellement, la maîtresse préférée de Jean. Brune voluptueuse et sensuelle, elle dispose d’un magnétisme sexuel qui n’est égalé dans la cité que par celui de Minuit. On lui connaît de nombreux partenaires (hommes et femmes) et un tempérament qui s’accommode sans peine des goûts démesurés de Jean. On la croise parfois sur les gradins de l’Arène du Quartier des Portes ou aux réceptions de Minuit ou de Zarastro.
Pour finir je parlerais de Patrocle, l’Oiseleur.
Colosse blond doté d’un charisme et d’une beauté remarquable il arbore en permanence une armure de métal bleuté d’un travail tout bonnement exquis. Son surnom lui vient du don particulier qu’il possède de comprendre et de contrôler tous les oiseaux de la Cité sans Nom.
Nombreux sont d’ailleurs ceux qui pensent qu’il détient ainsi la clé du meilleur service de renseignements qui soit et que Jean ne l’a pas invité par hasard…
Jouer dans le Manoir Sélénite :
- A partir du moment où les personnages des joueurs jouiront d’une certaine renommée au sein de la Cité sans Nom, ils pourraient tout à fait recevoir une invitation pour une soirée donnée par Jean au Manoir. Ils découvriront alors un luxe et une démesure absolus qui devrait les marquer longtemps. Occasion unique, ils pourront y croiser les personnalités les plus puissantes de la Cité, notamment Zarastro et Viviane qui observeront une paix scrupuleuse, et même, au détour d’un miroir, Dame Justine en personne. En fonction de la nature profonde des personnages certains débordements pourront choquer et provoquer des réactions violentes. Il n’appartient qu’à vous d’en déterminer les conséquences.
- Un gang de petits malins du quartier des portes a trouvé le moyen d’enlever Oonah, la Dame en Rouge, lors d’une de ses excursions vers l’Arène. Le Maestro, qui ne souhaite pas encourir la colère de Jean va donc engager les joueurs pour retrouver les kidnappeurs avant que ceux-ci aient fait parvenir leur demande de rançon et pour rendre au seigneur de la lune son amante favorite. Toutefois l’affaire se corse quand les joueurs vont s’apercevoir que c’est Baskerville lui-même qui à commandité cette opération : il y a en effet quelques temps que celui-ci souhaitait s’approprier la terriblement désirable compagne de l’homme Lion. Il ne restera donc plus qu’aux joueurs qu’à transformer leur expédition punitive en mission d’exfiltration d’une discrétion à toute épreuve. Opération d’autant plus difficile a réussir que Oonah elle-même n’y mettra par forcement autant de bonne volonté qu’on aurait pu le croire, Baskerville étant tout de même très bel homme et toutes ces histoires de rivalité et de possession symbolique la mettant, littéralement, dans tous ses états…