Mad Max 2 : Le Défi (George Miller, 1982) : dans un monde post-apocalyptique, le vagabond Max Rockatansky se mêle du conflit entre une communauté sédentaire et un gang de pillards sanguinaires.
La voilà la matrice de nombreux tropes post-apo encore vivaces quatre décennies plus tard : le désert, les criminels ultra-violents vêtus de cuir, les voitures customisées, les pénuries, la parodie de civilisation qui se reconstruit sur les cendres de la précédente, les anti-héros sans pitié...
Après un premier film "pré-apocalyptique" dans lequel il montrait la lente fin d'une société civilisée, George Miller y va plus franchement et emprunte au western en faisant de Max, plus
mad que jamais, un mythe, un archétype, l'homme sans nom qui arrive en ville et qui va tout foutre en l'air. Il va se retrouver, tout d'abord involontairement, à protéger une relativement paisible communauté qui possède le plus précieux des trésors, l'essence, contre des pillards prêts à tout.
Miller, exceptionnel raconteur d'histoires, dépeint un univers très riche en peu de mots, crée une imagerie inoubliable et offre une des scènes de courses poursuites parmi les plus impressionnantes que 'ai pu voir (les cascades, c'est complètement fou).
Et Max repart, seul, vers le coucher du soleil, reprenant son errance dans le monde en ruine.
Bon là je vais enchaîner avec le troisième film, pas revu depuis le siècle dernier et dont j'ai un très mauvais souvenir. On verra bien...
Buffet froid (Bertrand Blier, 1979) : dans une gare déserte, un homme aborde un inconnu et lui montre son couteau. Peu après, il croise le même inconnu, poignardé... par ce couteau.
J'ai vu
Buffet froid pour la première fois pendant mon adolescence dans les années 90 et j'ai été fortement impressionné. La noirceur, l'absurdité, l'humour, le casting, à une époque où je cherchais à développer ma culture cinématographique en empruntant des chemins de traverse, ça a été une vraie petite bombe. Pas revu depuis, mais la mort de Blier m'a fait sauter le pas, confiant.
J'aurais peut-être pas dû. Derrière l'absurdité de façade et le casting de poids-lourds, j'ai très vite ressenti les limites et les artifices du projet. J'ai trouvé ça extrêmement calibré, sur-écrit et finalement assez vide. Blier se réclamait d'un surréalisme à la Buñuel, mais si dans ce cas la forme est attirante, le fond est assez vain. Sans parler du
mood "film de mecs", qui a bien mal vieilli. On est pas au niveau du beaufissime
Les Valseuses (pour celui-ci c'était déjà mon avis à l'époque) mais c'est quand même gratiné. Trois rôles féminins : l'épouse pénible que tout le monde est content de voir assassinée, la veuve joyeuse folle du cul et la silhouette froide uniquement mue par la vengeance.
Alors oui, les décors urbains vides (c'est un de mes kinks) sont réellement impressionnants et les acteurs font bien leur boulot, mais sinon quelle déception. Mais pas de regret, c'est toujours passionnant de revoir/relire/réécouter des œuvres longtemps après les avoir adorées. On redécouvre l'œuvre et on se découvre un peu plus.
Augustine (Alice Winocour, 2012) : en 1885, Augustine, 19 ans, atteinte d'hystérie, est internée à la Salpêtrière, où elle attire très vite l'attention du docteur Charcot. La relation médecin / patiente va se transformer en dominant / dominé, avec des rôles changeant au fil du temps.
Je continue mon délire du moment, les films qui se passent pendant la Belle Époque. Dans ce premier long métrage, Alice Winocour (
Proxima :wub: ) s'inspire librement de faits réels pour montrer une personne qui, par la re-possession de son corps et de ses désirs, passe de bête de cirque à femme qui a, pour la première fois, le choix. L'époque étant ce qu'elle est, pas de
happy end pour autant.
C'est donc un premier film et ça se sent, il y a des errances et des maladresses (les témoignages face caméra des patientes de la Salpêtrière, l'idée est bonne mais là ça va nulle part, et l'ambiance brumeuse et limite gothique des extérieurs est sous-exploitée), ça manque un peu de respiration, mais j'ai aimé cette mise en lumière d'événements réels devenue relecture de
Frankenstein. Et c'est toujours un plaisir de voir la trop rare Soko.
