La ville de Velis Mat, bien que de dimension modeste, occupe néanmoins un site impressionnant. S’appuyant sur les piémonts des Harath Eduins et protégeant la passe des sorcières, la ville abrite près de cinq cents feux. Lorsque les deux cavaliers arrivent, leur vue s’arrête sur le bourg compact puis monte vers la forteresse et le grand temple perché sur un pic. Un escalier remontant à des temps anciens serpentent à flanc de montagne pour en permettre l’improbable ascension.
Pour l'image
http://www.naturepixel.com/village_medi ... ux_b_1.htm
Le grand temple est consacré à Yhera Matis, la déesse protectrice de la cité. Le corps du héros Nemran, un des compagnons d’Erlwulf le dernier Roi Dragon est enterré sous le temple et garde ainsi la ville de tout ce qui rôde dans les Harath Eduins. Devant les deux compagnons, un petit groupe de pèlerins confirment le caractère sacrée de la cité.
Après avoir salué les pèlerins, Larsson et Démétrius arrivent dans la cité écrasée par la chaleur de cette fin d’après midi. Les faubourgs sont bien aérés et une brise bienvenue vient chasser les miasmes. De temps en temps, une bourrasque soulève la poussière et affole les chevaux. Après quelques moments passés à se renseigner, un dinandier leur indique la demeure de Miklos. Il s’agit d’une belle bâtisse de deux étages à la limite entre les faubourgs et la veille ville. Sans doute Miklos a-t-il atteint un statut de notable ici même.
Le chevalier toque à la porte et se présente au serviteur : un grand chauve aux origines indéterminées. Finalement, le chauve les fait entrer et leur demande d’attendre un moment. La pièce est impressionnante de richesses : tentures, peintures et armes d’apparat couvrent les murs ; le sol n’est pas jonché mais carrelé à la mode palatine. Arrive enfin un homme aux cheveux bouclés, à la moustache finement taillée et habillé de beaux vêtements d’étoffe hémapoline :
« Soyez les bienvenus Messires ! »
L’homme leur fait signe de prendre place à une petite table. Démétrius est assez gêné, engoncé dans son armure, il s’assied avec difficulté sur la chaise capitonnée. Larsson, plus à l’aise, échange quelques paroles avec leur hôte.
Après quelques moments, une grande cavalcade se fait entendre depuis la rue et la poussière entre à travers les fenêtres ouvertes. Le serviteur chauve se lève pour fermer les volets lorsqu’un objet vole à travers la pièce et atterrit dans un bruit humide sur le carrelage.
Démétrius se lève d’un bond et dégaine son épée au moment où la porte s’ouvre à la volée. Deux hommes rentrent, vêtus de cottes d’écaille et armés de lourdes épées. Un chevalier en armure entre dans la pièce, chacun de ses pas marquant le sol avec ses semelles de fer sur les carreaux palatins. La lourde demi main qu’il tient dégouline de sang.
Larsson et Miklos restent sans voix devant la scène et sont tout juste parvenus à se lever. Ils regardent la tête humaine qui a roulé jusqu’au pied de la table laissant une traînée de sang derrière elle.
Le chevalier relève son heaume, révélant le visage assez disgracieux d’une jeune femme, tordu dans un rictus de haine. Elle prend la parole en criant avec une voix croassante :
« Tu penses vraiment pouvoir tout acheter, fils de catin ? Je suis la Dame de Velis Mat : Gunhilde fille d’Artiom ! Pas une vulgaire marionnette ! Tes Couronnes achète peut-être l’honneur des gens du sud mais pas ici ! Vois le sort réservé à ceux qui touchent tes pièces » Elle montre du doigt la tête au sol « ton soi-disant secrétaire qui devait m’aider à gouverner avec raison et sagesse… L’étape d’après comprenait-elle le poison ou la dague ? Qu’on l’emmène ! »
Le chevalier repart alors que les gardes s’empare de Miklos qui regarde fixement le macabre reste de son agent. Démétrius baisse son épée, jugeant bon de ne pas interférer dans la justice locale. Mais un homme d’age mûr, maître Vassili le conseiller de Dame Gunhilde entouré de deux gardes leur demande de le suivre jusqu’au fort pour qu’ils s’expliquent. Il fait signe au valet de rester ici en attendant.
L’ascension se déroule sans beaucoup de paroles échangées et chacune des demandes de Larsson se voit traiter avec mépris. Décidement se dit-il, la conception du droit est vraiment particulière ici !