À ma connaissance, les paroles de cet hymne ne font pas partie des paroles ou des partitions musicales antiques connues (qui sont terriblement peu nombreuses par rapport à la masse de la musique antique).
Quant à la comparaison opérée par Brasillach, elle en dit plus sur le patriotisme du XXe siècle que sur celui de la Grèce classique* et n'est pas pertinente dans le cas de l'hymne qui intéresse Belphégor, puisque les Dix-Mille de l'
Anabase sont des mercenaires qui ne défendent nullement une patrie quelconque, mais simplement les intérêts du plus offrant. Du coup, je ne sais pas ce qui conviendrait comme comparaison... La BO des
Expendables, peut-être ?
Prudence aussi avec les écrits d'antiquisants trop anciens (Brasillach a fait ses études dans les années 1920-1930 et est mort en 1945) dans des domaines comme celui-ci, où les connaissances avancent beaucoup à chaque nouvelle découverte archéologique ou épigraphique, sans parler du renouvellement des approches. Mieux vaut aller voir des spécialistes de musique ancienne actuels, comme Annie Bélis ou Sylvain Perrot par exemple.
Pour en revenir à la musique, on connaît un fragment d'air de trompette militaire spartiate, sans paroles, qui est assez générique. N'importe quel solo de trompette aux accents militaires, sans accords trop complexes, peut fournir un équivalent. En matière de péans, l'un des plus connus est un bel hymne à Apollon retrouvé à Delphes, et qui célèbre notamment la victoire du dieu contre le Python. On y entend à un moment donné un péan ("païann, ié païann !"). Ce n'est pas un air militaire, mais ça peut donner une idée de ce que c'est qu'un péan (c'est assez animé). L'hymne est écoutable en ligne,
notamment sur la chaîne de l'ensemble Kérylos, groupe de musique grecque dirigé par la musicologique helléniste Annie Bélis.
*Les cités-états grecques ont une conscience patriotique bien différente de celles des pays du temps de la Révolution française. Les cités-états grecques, en dépit de leur conscience d'une langue et d'une culture à peu près commune, rivalisaient constamment les unes avec les autres et s'unissaient difficilement face à un ennemi commun (les films d'action récents oublient soigneusement de rappeler que nombre de cités restaient neutres face aux Perses ou "médisaient" c'est-à-dire passaient du côté des Perses — il faut dire qu'ils oublient aussi de rappeler que Sparte, auto-érigée en défenseuse de la liberté, était la pire cité esclavagiste de son époque — et, par "esclavage", il faut comprendre : esclavage avec toutes sortes de populations, et avant tout entre populations grecques, par exemple avec les Messéniens, les voisins des Spartiates).