L'intérêt d'un oracle basé sur les consonnes est qu'il est plus facile de trouver des mots pertinents dans le contexte, tout en contraignant la créativité. Ensuite on interprète, puis la constellation d'indices finit par prendre forme. Je me retrouve avec des éléments de background, parfois flous ou ambigus mais qui posent l'ambiance et une amorce d'aventure/situation initiale.
Démonstration.
En italique, des interprétations.
Je prends une situation initiale, la plus banale possible : "j’attends dans une taverne".
Puis je questionne l'environnement, mon état d'esprit, les événements autour, etc. Et je jette un ou plusieurs dés, et cherche la consonne correspondante, puis trouve un mot qui me parait coller. Enfin, j'interprète et spécule sur l'implicite. Rebondis éventuellement sur d'autres questions et jet de dé.
Rappel (table des correspondances)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Code_chiffres-sons
Quels sons ? 9, b, bruits
Les bruits viennent de la rue. Pourquoi ? Fête. Autour d’une divinité.
Quel dieu ?
6,6,7. ch/j, c. Dieu des
CHants, de la
Joie et de la
Cruauté.
Etrange combinaison pour donner un ton incongru et inquiétant
Le nom de ce dieu ? 4,2 r,n. RââNu.
Clients dans la taverne ? 4, r. Rare.
La taverne est quasiment vide.
Odeur ? 9, p. Puanteur.
Décor ? 3, m. Misérable.
Pourquoi je suis là ? 0, s. Sans le Sou.
A voir pourquoi. On m'a volé, j'ai tout claqué, j'ai perdu au jeu...
Attitude du tavernier ? 1, t. Tyrannique.
Il tyrannise son employé, un gnome.
Climat/température ? 0,s.
Soleil, Sueur. J’ai chaud. La ville est au milieu d'un désert.
Le “client” arrive. Il souhaite louer mes services. Comment est-il ?
8,9. f/v, p. Fébrile, Volubile, Paniqué.
Synthèse & Amorce :
Je suis attablé, en sueur, dans une taverne minable et puante, à observer le tenancier, un ventripotent colérique qui abreuve d’insulte le serveur gnome, et lui balance des ustensiles de cuisine. Le gnome s’enfuit en courant entre les tables, hilare (et à moitié fou). Pas un chat dans ce lieu, mais beaucoup de mouches.
Dehors des bruits de casseroles, tambours, des chants discordants et des hurlements d’extase et de douleur, je vois passer des furieux aux visages peinturlurés, couverts de plaies sanguinolentes qui invoquent leur dieu maudit, Râânu, le seigneur de la joie, de la cruauté et des chants.
Je préfère ne pas aller voir de quoi il retourne. Chacun ses moeurs.
Un culte délirant de plus, dans cette ville perchée sur un haut plateau, dans le désert brulant, mais lieu de tous les commerces et cultes, parce que carrefour des caravanes.
Voici qu’entre un type fébrile, au regard fuyant, vêtu de haillons. Il regarde autour de lui, m’aperçoit, s’approche et se met à débiter un long monologue inquiet à propos de…
A propos de quoi, au fait... ? 2d10 (et deux mots)
7,4…c,r…la Concubine du Roi…elle a disparu, et on compte sur moi pour la retrouver. Kidnappée? Evadée? A voir...
8,9…f,p…la Folie de la Plèbe…le roi soupçonne l’influence d’un culte secret qui rend fou les gens et pourrait entrainer des révoltes. Je dois infiltrer le culte.
1,6…t,j…la Tour de Jade…elle regorge de trésors, il a les plans pour aller la cambrioler et me les fournit, à condition que je lui ramène un artefact spécifique. A voir ce qu'il me cache, et les dangers réels du lieu...
4,1…r,s…la Reine des Sables…une momie (celle d'une reine déchue) ne demande qu’à être "réactivée" pour aider les peuples esclaves du désert à se soulever et renverser le pouvoir en place. Je suis partant pour la récupérer dans les tréfonds d'un "donjon" enfoui dans le désert ?
Me voilà prêt pour l'aventure, avec un lieu, une motivation, une mission et quelques éléments de background à développer et sur lesquels m'appuyer.
C'est un exemple court, je passe en général un chouia plus de temps à poser d'autres questions : qui sont mes contacts? quelle situation politique ? qualité et défaut de mon personnage ? etc...Jusqu'à ce que l'immersion/inspiration me dise : c'est suffisant. Il faut trouver le point entre "pas assez" (on ne visualise pas la scène et on est à court d'idées inspirantes) et "trop" (on a saturé la situation et il n'y a plus de mystère ou perspective à explorer et compléter...)
Pour un démarrage plus rapide/brutal, ça marche aussi très bien avec une situation
, qu'on décrit d'abord de façon concise : "je cours", ou bien "je viens d'esquiver un coup mortel", ou encore "je dépose mon fardeau pour souffler"...
Une phrase simple, courte et riche en promesses de questionnements.
Puis on pose des questions autour, sur le même principe. Pourquoi je cours ? Qui est derrière moi ? Vers où ? C'est quoi ce fardeau ? Qui a tenté de me tuer ? etc...