Au cours du mois d'août, j'ai mené 19 parties de DD5 pour deux de mes fils, de 13 et 7 ans. Environ deux heures par session pour une petite quarantaine d'heures au total, qui nous ont permis de jouer entièrement
Hoard of the Dragon Queen et
Rise of Tiamat, autrement dit la campagne complète de
Tyranny of Dragons.
Je ne vous fais pas le résumé de l'histoire, ce serait lourdingue et bien trop proche du déroulé standard pour vous passionner tant soit peu. Par ailleurs, si ça vous intéresse quand même, il peut se lire sur le Dédale dans le canal #raconte-moi-ta-partie,
premier post le 04/08.
Je ne l'avais pas trouvée bien terrible à la lecture, cette campagne, trop linéaire, trop "succession de donjons où tout défourailler" dans sa première partie, tandis que la deuxième m'avait paru plus ouverte après un rapide survol. Eh bien j'avais tout faux.
Hoard of the Dragon Queen est une excellente campagne, en réalité, bien que limitée à un genre bien précis. J'avais eu le nez creux, puisqu'il se trouve que ce genre, c'est "à faire jouer à une table toute fraîche qui s'attend à ce qu'on lui raconte une belle histoire, une aventure épique, et pour ça qu'on la guide tout du long tout en lui laissant les coudées franches dès lors que les scènes sont plantées". Mes enfants, quoi. Ses forces :
– Ce que j'avais pris pour des donjons statiques n'en sont pas du tout. Chacun est un jeu de factions très dynamiques qui s'ébranle sans presque aucun effort du MJ, quand bien même il n'était que très discret à la lecture. Il est toujours possible de s'allier, de trahir, d'infiltrer tel ou telle, de tirer ce fil là pour le retrouver ici, au point qu'il doit être théoriquement possible de faire un "non lethal run" complet, à mon avis. (Je n'ai pas vérifié, mes loustics aiment la baston.)
– Tout est conçu pour accompagner ce genre de tables, en particulier les PNJs, qui se passent la patate chaude des PJs, en quelque sorte, si bien qu'ils ne sont jamais laissés à eux-mêmes, alors même qu'aucun de ces compagnons de voyage temporaire ne partage leurs objectifs, voire y sont opposés (Talis et Blagokthus, par exemple). Tous sont très différents et très faciles à capter et faire interagir, depuis Leosin le moine à Onthar le paladin en passant par Jamna la Zenth et Talis la dracophante. Grosse surprise de ce côté-là, puisque j'ai dû jouer pour m'en rendre compte. Je n'avais pas du tout envisagé les choses sous cet angle à la lecture, engoncé que j'étais dans mes habitudes de tables d'adultes farouches défenseurs de l'agentivité à tout crin et du "mais pourquoi on ferait ça ?". La question qu'il s'agit de résoudre, ici, n'est pas tant "pourquoi faire ça ?", en effet, que "que faire ?" C'est à ça que servent ces PNJ, ce sont des balises, des relais dans la course, tous placés en des points stratégiques et parfaitement maquillés.
Les choses sont moins roses dans la suite, du moins côté MJ. J'ai trouvé
Rise of Tiamat plus décousue, et bien trop expéditive sur les deux derniers chapitres à un point presque impardonnable. Tout est fait pour que la table sente monter la sauce et l'importance du jeu d'alliance, et patatras, rien ou presque n'en dépendra finalement, du moins rien d'explicite, c'est à vous de vous débrouiller pour décrire en deux phrases le rôle de chaque faction dans la bataille finale. Mégabof. Cependant, les enjeux sont si épiques, la sensation de puissance et d'importance tellement présente que mes loulous ont absolument a-do-ré ça de leur côté, si bien que me voilà contraint et forcé, limite, de leur improviser bientôt une campagne de niveau 11-20. Des idées ?