Résumé des épisodes précédents : conviés par le roi Mélanion dans la ville de Sigynna afin de traquer un sanglier qui désole la région, les PJ découvrent que le vrai fléau de Sigynna n'est peut-être pas celui qu'ils pensaient. Rappelons que les PJ sont désormais en fuite après avoir été chassés par le roi Mélanion au beau milieu du déjeuner, puis poursuivis par ses soldats !
Dans la forêt
Après avoir quitté la demeure de Mélanion en emmenant avec eux le vieil aède, les PJ cinglent au galop vers la forêt en contournant la ville largement par le nord. Dans le second char, Eucharis s’active à regrouper leurs affaires indispensables dans un seul coffre. Parvenus à la lisière des arbres, ils renvoient les deux attelages, dirigés chacun par un des deux serviteurs PNJ (Philon et Orissos), vers Aïdoné. (Ils hésitent à leur ordonner de revenir deux jours après avec les attelages, mais ne le font finalement pas.) Puis les PJ s’enfoncent profondément dans la forêt.
Pyrrha, habituée à fréquenter bois et forêts en quête de pharmaka pour ses mixtures, repère les endroits par où passer pour laisser le moins de traces possibles. Eucharis, dotée de l’ouïe la plus fine, demeure aux aguets tandis que les autres s’arrêtent enfin, fourbus, pour faire une pause. Bélos dissimule le coffre ainsi que la lourde cuirasse d’Euménès sous une grosse racine qui s’avance comme un auvent au-dessus de buissons touffus. Les PJ discutent entre eux pour faire le point et élaborer un plan. Ils décident d’attendre la nuit pour aller voler la statue d’Artémis dans le temple d’Apollon afin de la replacer à son ancien emplacement, dans le sanctuaire démantelé, au sud de la ville, non loin du rempart en construction.
Tandis qu’ils discutent, des frémissements dans les buissons environnants les font taire. Le sol se met à vibrer en rythme sous les pas d’une bête gigantesque… Une masse énorme passe, lentement, sans s’arrêter. Au travers des frondaisons, les PJ distinguent les flancs couverts de soies du sanglier d’Artémis. Les a-t-il vus ou sentis ? Difficile de le savoir ; il n’y a pas de vent, mais ces animaux ont l’odorat sensible. Le sanglier les dépasse sans s’arrêter ; il semble se diriger lentement dans la direction dont ils viennent. Inspectée, la route qu’il a suivie étonne les PJ par le peu de traces que la bête a laissées : on voit certes des traces et quelques taillis écrasés, mais l’animal semble doté d’une capacité à se couler entre les arbres, surprenante pour un sanglier haut deux fois comme un homme.
En dépit de la nécessité de rester discrets, plusieurs PJ s’ingénient à mettre à profit l’après-midi pour réaliser quelques préparatifs :
- En fouinant dans le sous-bois, Pyrrha parvient à découvrir trois mottes d’une mousse phosphorescente qui seront plus discrètes que des torches une fois venu le moment de s’aventurer dans la ville. Ces mousses n’éclairent cependant qu’à quelques centimètres et ne remplaceront pas un flambeau.
- Au cours de ses recherches, elle découvre également quelques truffes, et un trou énorme où le sanglier a fouiné.
- Pyrrha prépare enfin de la colle à partir de résine : elle servira à fixer à l’autel la statuette d’Artémis, afin de décourager les citadins qui tenteraient de l’ôter une nouvelle fois ; et qui sait, peut-être cela réveillera-t-il chez eux la crainte de contrarier la déesse ?
- Pyrrha envisageait également de tenter d’utiliser sa potion d’empoisonnement nocturne sur le sanglier, mais elle ne dispose pas d’assez de doses pour faire un effet quelconque à une bête d’une telle taille, et elle n’a pas son laboratoire et son matériel pour préparer d’autres doses ; elle y renonce donc.
- Eucharis, quant à elle, prépare des langes afin d’envelopper la statuette d’Artémis. La statuette, faite de bois ancien, mesure environ 70-80 cm de haut ; mais, de loin, dans la quasi obscurité, on peut espérer la faire passer pour un enfant emmaillotté.
Les PJ envisagent, un temps, de grimper à un arbre pour repérer à l’avance l’emplacement exact de l’ancien sanctuaire. Mais le seul à le connaître avec assez de précision est Mélodicos, qui est trop vieux pour jouer les monte en l’air.
Un vol dans un temple
La nuit tombe lentement. Entre chien et loup, les PJ se séparent en deux groupes :
- Bélos, Hagias et Eucharis se dirigent vers le temple d’Apollon.
- les autres attendent quelque temps, puis se dirigent vers l’ancien emplacement du sanctuaire d’Artémis.
Pour rentrer dans la ville, les PJ envisagent d’abord de passer par la porte nord-est, la plus proche du temple d’Apollon ; mais Mélodicos les prévient que les portes de la ville sont fermées la nuit, par sécurité contre les bandits et les ennemis… et encore plus depuis les premières attaques du sanglier ! Les PJ décident donc de tenter leur chance dans la partie du rempart encore en construction.
En s’approchant, ils cherchent le long de la clôture en bois et finissent par découvrir des planches disjointes qu’ils peuvent écarter sans trop de peine, afin de se glisser à l’intérieur.
Commence ensuite, pour Bélos, Hagias et Eucharis, un long cheminement dans la ville pas tout à fait endormie. Ils remarquent beaucoup de soldats et de patrouilles ; mais, par chance ou par la volonté des dieux, aucune ne les intercepte. Nos héros s’engagent ensuite dans les ruelles tortueuses du quartier des artisans, tandis qu’une obscurité totale se referme lentement sur Sigynna.
Les PJ doivent réussir plusieurs jets de dés (esprit + carrière pertinente : soldat, magicienne ou esclave) afin d’être discrets. Aucun incident ne se produit à l’aller.
Une fois les trois PJ parvenus au temple d’Apollon et d’Artémis, Bélos s’emploie à ouvrir la lourde porte de bois dotée d’un large anneau de bronze, pendant qu’Eucharis fait le guet dissimulée derrière une des colonnes. Bélos parvient à ouvrir sans trop faire grincer la porte. Tous se glissent à l’intérieur. Ils savent que s’aventurer dans l’abaton (la partie d’un sanctuaire interdite à tout le monde sauf aux prêtres et prêtresses) constitue une impiété. En s’emparant de la statuette, Bélos, à voix basse, explique à Artémis ce qu’il fait et leur intention de rapporter la statue à son ancien emplacement, pour rétablir le sanctuaire démantelé. Après avoir emmailloté la statuette, Bélos se dirige vers la sortie. Il n’avait poussé la porte que juste ce qu’il fallait pour se glisser à l’intérieur. Mais, chargé de la statue, il est un peu trop volumineux. Au moment où il s’en aperçoit, voilà que la porte s’entrouvre toute seule davantage, assez pour le laisser passer ! Bélos murmure « Merci… » et quitte les lieux sans s’attarder. Il est temps de repartir !
Le trajet du retour se passe sans encombre, jusqu’au moment où les PJ parviennent dans un espace plus dégagé, avec, sur leur gauche assez loin, le campement des soldats et sa palissade, et, sur la droite, des maisons éparses entre lesquelles s’étend de l’herbe râpée : l’ancien sanctuaire d’Artémis. Devant eux, plus loin, c’est la clôture de bois qui tient lieu de futur nouveau rempart en attendant que le chantier ait avancé jusque là.
Nouveaux jets de discrétion… ratés pour Eucharis et Hagias ! Ce dernier décide de dépenser un point d’héroïsme afin d’invoquer un Coup de chance (un couple qui se dispute non loin de là).
Une patrouille de trois soldats remarque le petit groupe et les aborde. Eucharis les baratine en présentant la statuette emmaillottée comme étant son enfant malade. Voilà qu’un des soldats s’avère compréhensif contre toute attente : lui aussi a un fils en bas âge. Sur ces entrefaites, des éclats de voix parviennent de derrière les PJ : un couple se dispute à plein gosier quelques rues plus loin. Avec des jurons, les soldats dépassent les PJ pour s’intéresser à l’esclandre. Ouf !
Pendant ce temps, les deux autres PJ (Euménès et Pyrrha) se sont également introduits dans la ville, guidés par Mélodicos. Arrivés sur les lieux de l’ancien sanctuaire d’Artémis, ils repèrent les limites du lieu sacré aux trous de poteaux qui restent régulièrement dans le sol d’herbe piétinée : l’ancienne clôture. Plus loin, dans ce qui était la partie la plus éloignée de la forêt, l’ancien autel a été traîné sur le sol puis couché par terre. Pour replacer la statuette, il va falloir remettre d’abord l’autel à son emplacement d’origine. Euménès et Pyrrha s’échinent à pousser puis à faire basculer le lourd autel de pierre en position debout. Pyrrha réussit du premier coup, mais Euménès échoue et utilise un point d’héroïsme afin de bénéficier d’une Faveur divine pour relancer les dés, cette fois avec succès. Le vieux roi est épuisé et a mal aux reins : il perd 1 PV. Mais l’autel est debout ! Il n’y a plus qu’à patienter dans les environs en restant discrets…
Les deux groupes des PJ font leur jonction quelque temps après. Les PJ replacent la statuette sur l’autel, sans oublier la colle de résine pour la fixer. Bélos pose une flèche sur l’autel, tandis qu’Eucharis cueille quelques fleurs pour confectionner un humble bouquet à ajouter devant la statuette.
Euménès déclare : « Nous espérons, Artémis, que tu seras satisfaite et que ton sanglier ne causera plus de victimes ! »
Mais cela suffira-t-il à apaiser le courroux d’Artémis ?
D'inquiétantes révélations
La soirée s’avance. Tous les PJ sont fatigués par cette journée mouvementée et riche en émotions. Mélodicos et Euménès sont particulièrement épuisés. Il est temps de regagner l’abri de la forêt et de dormir.
Les PJ s’attardent un peu à discuter à voix basse, pour échanger leurs espoirs sur ce qui pourr se passe le lendemain. Une question les taraude : qu’est devenue Glaukè ? A-t-elle réussi à administrer le nèpenthès à son père ? Bélos et Pyrrha hésitent à aller la trouver au palais. Mais voici qu’une patrouille de trois soldats se dirige vers le lieu où les PJ discutent à voix basse, à découvert. Bélos et Eucharis entendent des bribes de leur conversation tandis qu’ils approchent. L’un des soldats râle sur les patrouilles nocturnes et sur le travail incessant depuis la fuite des PJ le midi :
« … et l’invasion à préparer plus vite que prévu… Tu sais que ça barde au palais ? Paraît que Mélanion a fait arrêter sa propre fille ! Haute trahison, qu’il dit. Elle aurait tenté de l’empoisonner ! Ces maudits espions de Mégapenthès l’ont séduite pour en faire une traîtresse à sa patrie. »
L’invasion ? L’invasion de quel endroit ? Voilà que les PJ craignent pour leur ville…
Nouveaux jets de discrétion… et voilà qu’Hagis (le moins doué en la matière) trébuche sur une pierre anguleuse qui dépasse de l’herbe, et s’étale par terre !
« Halte là ! s’écrie un soldat. Que faites-vous ici ? »
L’heure de la discrétion est passée. Levant leurs boucliers, Bélos et Euménès assomment chacun un garde ; profitant qu’ils prennent les sentinelles au dépourvu, car elles ne s’attendaient pas à une telle résistance, Bélos appuie la lame de son épée sur la gorge du troisième et lui ordonne de rester silencieux. Traînant et poussant leur otage, les PJ regagnent la brèche dans la clôture de bois et regagnent l’orée de la forêt, où ils entreprennent l’interrogatoire du soldat.
Ils apprennent ainsi que :
- Mélanion les accuse d’être des espions à la solde de Mégapenthès, roi de Tirynthe.
- Glaukè a été surprise par le devin Arguros en train de tenter de glisser une mixture dans une coupe de boisson destinée au roi.
- Mélanion a déclaré que les PJ avaient séduit et corrompu Glaukè pour l’amener à tenter d’assassiner son propre père. Il a fait enfermer sa fille au palais. Les PJ pensent qu’elle pourrait avoir été enfermée dans sa chambre, à l’étage.
- L’armée de Sigynna est en plein branle-bas de combat : le lendemain à l’aube, Mélanion compte partir pour attaquer Tirynthe. Les PJ réfléchissent. Aïdoné se trouve entre Tirynthe (à l’ouest) et Sigynna (à l’est), sur la côte nord, est à peu de distance de la route qui mène de Sigynna à Tirynthe. Or la famille royale de Sigynna est absente, puisque Mélanion les a invités à Sigynna. Sera-t-il tenté de faire un détour pour s’attaquer à leur ville ?
Les PJ s’efforcent de convaincre le soldat qu’ils ne sont pas des espions. Celui-ci, qui n’est pas une lumière, finit par sembler sensible à leurs arguments, notamment au fait qu’ils n’ont encore tué personne. Ils tentent de lui faire comprendre les causes de l’arrivée du sanglier et les dangers du courroux d’Artémis. Bélos lui conseille de faire croire qu’il a poursuivi les PJ en vain vers la forêt.
Finalement, ils le relâchent. Le soldat, assez décontenancé, s’éloigne vers l’orée du bois, d’abord en marchant, puis en courant à toutes jambes.
Mélodicos fournit quelques renseignements aux PJ. Il leur confirme que l’inimitié entre Mélanion et Mégapenthès est relativement connue parmi la population de Sigynna.
Les PJ s’interrogeant sur les divinités les plus vénérées à Tirynthe, Mélodicos leur indique que Mégapenthès vénère particulièrement Zeus.
L’heure devenant tardive, nous arrêtons là pour cette fois.