Falcon Lake (Charlotte Le Bon, 2023) : Bastien, 13 ans, passe l'été avec sa famille au bord d'un lac québécois. Il rencontre Chloé, 16 ans, fille de leur hôte.
L'actrice Charlotte Le Bon réalise ici son premier long métrage dont elle est également scénariste. C'est une adaptation semble-t-il très libre d'une BD de Bastien Vivès que je n'ai pas lue. Une très belle réussite, étonnamment maîtrisée pour un premier essai. Filmée dans un 4/3 granuleux qui, s'il peut sembler un peu poseur arty à première vue est tout à fait adpté à l'ambiance, accompagnée d'une très belle BO, l'histoire navigue entre
coming of age sensuel et cruel, film de fantôme (quasi) sans fantômes et peinture réaliste d'un été de vacances d'adolescents.
Sara Montpetit est une révélation dans le rôle de Chloé, dont elle aborde parfaitement les contradictions. J'avais découvert cette actrice dans
Vampire humaniste cherche suicidaire consentant où elle était déjà excellente, ici elle est encore meilleure. Le cinéma québécois n'arrive pas forcément jusqu'à chez nous mais j'espère quand même la revoir rapidement.
Tchao Pantin (Claude Berri, 1983) : Lambert, solitaire et alcoolique, travaille de nuit dans une station-service parisienne. Il fait la connaissance de Bensoussan, un jeune dealer. Les deux hommes se lient d'amitié.
Quelle capsule temporelle ! Le casting, le Paris nocturne cradingue, les punks et leur concert de Gogol Premier, la BO de Charlélie Couture, on est dans un monde lointain et à la fois très proche.
La première partie du film fonctionne très bien par son minimalisme, sa radicalité, ses non-dits et je me suis vite attaché à ces trois paumés qui se croisent de nuit en nuit. Dès que l'intrigue vire au
Justicier dans la ville j'ai un peu décroché. Le film y perd de sa "ligne claire" auparavant mise en place. Les meurtres de Lambert sont un peu trop facilement justifiés, son monologue face au flic est trop explicatif alors que tout était déjà clair sans paroles, et, évidemment, le vieux gars couche avec la petite jeunette, là c'est carrément hors-sujet.
Attention ça gâche pas le film, qui reste bon, mais c'est quand même une déception après l'ambiance construite dans la première moitié du film. À voir quand même si vous ne le connaissez pas.
But I'm a Cheerleader (Jamie Babbit, 1999) : Megan, lycéenne pom-pom girl en couple avec le capitaine de l'équipe de foot, est envoyée par ses parents dans un camp de conversion pour la "soigner de son homosexualité".
J'ai découvert le film par hasard sur France TV dans le cadre de leur sélection pour le mois des fiertés. Attiré par la présence de Natasha Lyonne (géniale dans la série
Orange is the New Black que je regarde en ce moment) dans le premier rôle, j'ai tenté. Étrange visionnage. Le film est une vraie
teen comedy lourdingue de son époque, avec des gags navrants dignes de
American Pie et en même temps il traite d'un sujet grave et arrive à être pertinent et touchant. Aborder l'homophobie, le
coming out et les thérapies de conversion de cette manière est osé, surtout en 1999 où ces sujets étaient encore invisibilisés. Le tout emballé comme un clip fluo et acidulé.
Le résultat est moyen, la faute à l'humour bas de plafond, mais je comprends tout à fait l'impact que le film a pu avoir à sa sortie sur son public et le fait qu'il soit devenu relativement culte. J'ai beaucoup le casting complètement Kamoulox : Natasha Lyonne, Clea DuVall, Melanie Lynskey, Cathy Moriarty, Julie Delpy, Michelle Williams, RuPaul, Bud Cort, à chaque fois qu'une nouvelle gueule apparaissait j'y croyais pas.
