Sinon, pour en revenir au
Graal...
(je double-poste car sinon mon message précédent deviendrait vraiment très long)
Merci pour vos retours, c'est à la fois plus clair (en gros le déclic qui me manquait, ce sont les terres gastes qui s'étendent...), et très enthousiastmant.
Mugen a écrit : ↑lun. juin 09, 2025 11:41 am
Arthus a écrit : ↑dim. juin 08, 2025 11:51 pm
Et en même temps, ça me fait me poser une question fondamentale que je ne m'étais jamais posée : que représente le Graal dans tout ça?
Chrétien de Troyes étant mort sans achever son œuvre, il n'y a pas de réponse définitive à cette question.
Et si la suite la plus connue -et qui sert de référence à Pendragon- en fait le réceptacle du sang du Christ, et donc un symbole très chrétien, elle n'est pas la seule.
D'une simple réécriture du mythe de la Corne d'abondance à Dan Brown, en passant par Gabriel Knight (variante du précédent), Wolfram von Eschenbach, Excalibur ou Fate/Stay Night, il y a l'embarras du choix.
Dan Brown : c'est la descendance du Christ, son
sang au sens héréditaire, cachée par les cathares ;
Gabriel Knight : les cathares encore, mais avec une histoire de vampires ;
Wolfram von Eschenbach : c'est une émeraude tombée du front de Lucifer pendant sa rébellion ;
Excalibur : c'est le symbole du lien entre Arthur et sa Terre ;
Etc...
Et je ne suis pas très fan de l'"officielle", qui vole son rôle à Perceval, pas assez pieux, pour le donner à Galahad.
Je crois que si j'avais à le refaire, j'en ferais le symbole de la lutte entre la foi ancienne, qui périclite et entraîne avec elle le pays, et la foi chrétienne, qui doit la remplacer pour arrêter son déclin.
Ou alors une version Bretonne de Mononoke Hime, où le Graal est la tête d'un Dieu ancien...
Dans mes bras!

Moi aussi je préfère le Perceval de Boorman qui trouve le Graal! Et je suis aussi plutôt attiré par une saga Arthurienne païenne que chrétienne.
Je rajoute donc quelques références er suggestions à ta liste, avant de proposer mon orientation probable :
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le jeu de rôles "les héritiers" : bon là pour le coup je vous renvoie au jeu, dont les secrets -denses et bien pensés- peuvent être extraits tels quels pour les greffer dans une saga Arthurienne. En gros le temps Arthurien est une tentative d'alliance entre les fées et les hommes qui a foiré sur la fin, à cause d'une entité de puissance égale à celle qui a tenté l'alliance. Aprés, le pourquoi du comment, ce serait long à écrire et surtout cela spoilerait beaucoup trop cet autre jeu.
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Bernard Cornwell : je suis en plein dedans actuellement, et pour l'instant "le graal" semble être un des treize trésors de Bretagne, un Chaudron de l'ancienne religion (qui n'est pas nommé comme étant celui du Dagda, c'est peut-être un autre). Au stade où j'en suis, il est recherché par Merlln, et pas par Arthur. Retrouver les 13 trésors de Bretagne, dont le Chaudron, serait la dernière petite chance de rétablir la connection entre la Bretagne et ses anciens dieux (ce qui correspondait à un âge d'or selon Merlin), qui a été rompu avec l'invasion Romaine et la destruction du centre de la religion druidique sur l'Île de Mona (ynis Mon, l'actuelle île d'Anglesey).
Le point de vue d'Arthur (qui n'est pas roi, mais régent de Mordred, futur roi de Dumnonie et petit-fils "légitime" d'Uther encore enfant) est que la quête du Chaudron est une chimère, car même s'il existait la Bretagne a changé, avec l'arrivée des romains, sarmates, grecs, numides et tutti quanti.
Enfin, il est à noter que les chrétiens ne sont pas dépeints sous un bon jour dans Cornwell.
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Excalibur de Boorman : même si effectivement la solution de l'énigme du Graal est "terre et roi sont un", j'ai l'impression que c'est plus subtil que ça.
En ce qui me concerne, j'ai l'impression que le Graal, c'est surtout la fraternité et l'unité du pays autrefois divisé.
Car comme le dit Merlin : "vous ne formez plus qu'un sous les étoiles".
Et surtout, comme le dit Arthur :
La fraternité fut un bref instant, un beau moment qui ne sera pas oublié. Et parce qu'il ne sera pas oublié, ce beau moment reviendra peut-être.
Pour moi le Graal c'est ça, et cela transcende même l'ancienne et la nouvelle religion. C'est Arthur qui pardonne à Guenièvre. C'est Guenièvre qui lui rend Excalibur qu'elle avait gardé pendant des années. C'est Lancelot qui revient, en permettant de triompher (à la Pyrrus) à Camlann. Et aussi, c'est ce qui avait été perdu avec le départ de Lancelot, les dissensions à la Table Ronde, et la "trahison" finale de Lancelot et Guenièvre.
Et au final, je pense que le Graal sera pour moi un mélange de ces 2 dernières inspirations, en rajoutant une petite couche de Soeur Fidelma et du Roi Arthur avec Clive Owen : une Bretagne au croisement entre ses anciennes traditions, les nouveaux dieux importés par les romains et un christianisme qui se construit à coups de luttes de pouvoir interne (église celtique vs église romaine, y compris la condamnation du pélagisme et le durcissement du courant romain, avec l'introduction des pénitentiels pour remplacer les lois ancestrales et la tolérance qui s'amenuise concernant les mariages entre religieux).
Et le Graal au final, c'est cette fraternité, cette union construite sur des idéaux nobles et universels. C'est le cercle plein lorsque l'on voit la coupe/le chaudron vu du dessus. C'est la Table Ronde.
Et le graal n'est retrouvé qui pour être détruit, mais c'est cette dernière étincelle de lumière pure qui permet de détruire (temporairement) les ténèbres, et laisser le monde aux hommes.
Bien sûr, je partirais sans doute d'une majorité de chevaliers païens, dans cette optique. Mais de nombreux traits perçus comme "chrétiens" dans le jeu originel seraient plutôt perçus comme des idéaux universels. Pat exemple :"chaste" ne serait pas vu comme une vertu chrétienne, mais plutôt comme une marque de respect pour les femmes et une valorisation de l'amour noble, versus le sexe bestial et le viol assumé, totalement accepté à l'époque comme faisant partie de la récompense du vainqueur, et du tribut du vaincu.