[CR] Quattro Compari - aventures à Ciudalia, d'après le roman Gagner la guerre (motorisé sous Epées & Voleurs)

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Doji Satori
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Re: [CR] Quattro Compari - aventures à Ciudalia, d'après le roman Gagner la guerre (motorisé sous Epées & Voleurs)

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Épisode 50 - Impasse en ville basse - accord sur le port


Surprise, essoufflée, Alba se retrouve entraînée par Ettore dans une ruelle à l’écart de la foule qui s’écoule vers la ville basse. 
Il semble énervé quand il lui plaque un bras sur le mur et l'oblige à lui faire face.

Il gronde
E/ Vous faites ça pourquoi ?
 E/ Vous voulez qu'il en meure plein pour écrire une belle histoire ? Faut en tuer combien pour que vous soyez satisfaite et que la ville explose ?
E/ Vous étiez avec Petronilla quand c'était le bazar dans les ateliers et je vous retrouve encore là à la tête de ces gens, à leur faire croire que les phalangistes vont les laisser faire une révolte aux portes des palais. Qui vous paye ?
A/ Quoi ! Contrairement à ce que vous pensez, on a pas tous un prix. Moi je suis du côté du peuple.
E/ Et les faire mourir à coups de hallebarde, ça va les aider !
A/ Les gens crèvent de faim, les prix ont monté et il faut que les gens du sénat le sachent. On va aller leur dire et s'il le faut sous leurs fenêtres.
E/ Ah oui tiens, à Benjuini et ici, les mêmes arguments partout. Toujours les mêmes sur les prix, les sorciers qui tuent des enfants. Vous allez me faire croire que les dockers et les maréchaux-ferrants sont aussi concernés par les enfants des quartiers pauvres. Quel que soit l'endroit ou ça gueule, toujours exactement les mêmes arguments, c'est pas clair. Qui vous dit quels arguments utiliser pour que tout le monde dise les mêmes ?
Le ton monte entre les deux qui croient en leur version et leur bonne foi.
A/ Ça vous étonne que tous les gens soient concernés par le fait de manger à sa faim, de ce que les sorciers font aux enfants ?
E/ Mais combien de fois faudra vous le dire, on s'en est occupé, de la sorcière qui avait fait ça aux enfants. Pendant que vous vous foutiez le bordel, nous, on s'en est chargé.
A/ Et pourquoi vous auriez fait ça ?
E/ Parce que dans les gamins qu'elle a attrapé, y'en a un de chez nous.
A/ Y'en a eu d'autres ?
E/ Oui. On était déjà sur sa piste et on a pu la retrouver mais trop tard pour Potito et Zoppa.
A/ Pourquoi je vous croirais ?
E/ Si vous ne me croyez pas, peut-être qu'une personne du culte du Desséché qui enquêtait sur ces affaires, ça pourra vous convaincre. Elle a pas de raison de mentir.
A/ Cette sorcière, elle travaillait bien pour des nobles.
E/ Les sorciers, ça coûte cher donc oui.
A/ Lequel ?
E/ Ça, on ne vous le dira pas.
A/ Pourquoi ne pas nous le dire? Qui peut nous le dire ?
E/ Personne vous le dira.
A/ Pourquoi ?
E/ Pour rester en vie.
A/ Mais si elle est morte ?
E/ C'est des affaires où y'a des nobles qui sont mêlés donc ils jugent ça entre eux. Ils savent qui c'est maintenant. Et nous, on oublie tout si on veut pas d'ennuis
A/ Et donc, c'est fini, toutes les exactions des sorciers ? Les disparitions d’enfants ?
E/ Toutes, j'en sais rien mais celle qui crève les yeux, c'est fini.

Comme il semble ne pas mentir et avoir agi pour la population aussi sur cette place qui aurait pu finir en bain de sang, Alba finit par lui faire suffisamment confiance pour donner le nom d'un troisième meneur, celui qui semble le plus virulent. Un homme qui a de l'importance dans la ville basse, sur le port, Arturo le portefaix. Partisan d'une action violente, il a de l'influence sur Monbello et c'est surtout lui avec les dockers à ses côtés qui mène ce qui ressemble de plus en plus à une rébellion.

 E/ Merci, je vais pouvoir chercher si ce gars est payé et par qui. Monbello a assez souffert pour ne pas se prendre un coup de hallebarde.
A/ Tout le monde n'est pas payé comme vous pour obéir aux ordres de quelqu'un. Arturo c'est un homme de la ville-basse, comme nous, avec un idéal.
E/ Ça, je verrai. Je peux pas courir après lui tout le temps.
A/ Il vaudrait mieux pas, l'autre jour vous avez combattu des dockers au côté des phalangistes, alors, traînez pas trop dans la ville basse.
E/ J'ai croisé les phalangistes de mon ancienne faction qui avaient affaire à plus de docker, vieux réflexe mais je note le conseil.
E/ Je peux vous contacter où ?

Alba concède de lui donner son adresse. Et sans que la conversation ne se prolonge plus qu'avec les deux mots « sur ce », elle le voit s'éloigner. Brute étrange et inclassable qui repart vers ses propres affaires ou celles pour lesquelles il est payé. Qui paye ce genre de type et pour quoi faire ? 


Pendant ce temps, Lupo continue de prendre le pouls de la ville. Il remarque qu’en parallèle de la contestation sociale qui couve dans le quartier marchand et ouvrier de Benjuini, il monte une opposition entre des partisans de Ducatore avec ceux des Bellicistes Mastiggia et Sanguinella. 
Les disputes des sénateurs au palais curial se déplacent à leur clientèle d’affiliés sur le pavé de la rue, devant leur échoppe. Les mêmes accusations d'assassin et de traître à la république se voient opposer de faire le jeu des ennemis de la république avec la même violence verbale. 
Il décide de repasser par le Boeuf Rouge pour faire le point. Il y retrouve Pidocchi et Speranza qui ont commencé à grignoter à l'étage même si Pietra n'a pas encore réussi à tout nettoyer.

L/ Salut salut !
S/ La faim appelle les Compari.
Ils échangent leurs constats sur les tensions en ville et ce qu'ils ont perçu.
Scimmia sert de système d'alerte en cas de présence d'intrus ou de l’apparition d'un caillou jaune.
L/ Mais vous avez l'air en pleine forme.
S/ Toi aussi.
L/ Vous savez où est Ettore ?
P/ Perdu en ville, probablement dans une échauffourée.
L/ Dans le quartier ça chouine aussi.
P/ Oui, beaucoup.
S/ Après ils ont leurs raisons.
L/ Me fait pas dire ce que j'ai pas dit.
P/ Nous on préfère quand les choses sont calmes et si le prix de la vie augmente, faudra peut-être monter le pizzo.
L/ Ouais, mais c'est pas moi qui vais péter les jambes.

Ettore arrive d'un pas décidé avec en tête l'information importante qu'il doit absolument transmettre à Pido mais intercepté par Speranza qui l'attrape par le col pour lui coller une bise sur la joue, il perd son texte.

E/ C'est pas passé loin. Encore quelques instants et les phalanges tiraient sur la foule. J'ai réussi à faire bouger la foule vers le port mais ça peut revenir n'importe quand.
J'ai dit à Alba qui les menait de se calmer mais elle ne me croit pas l'histoire de la sorcière et comme elle fait partie des meneurs, ça redescend pas vite. Elle voudrait croiser Majan pour avoir un autre témoin.
S/ Elle est pas partie la rabougrie ?
L/ Elle n'est pas complètement remise de ses blessures.
S/ Sinon on peut demander à Dagarella d'expliquer les choses à Alba.
E/ Elle ne s'en remettra pas.
P/ Il risque de pas aimer et c'est pas le genre à faire de l'humour sur ça.
S/ Si jamais on lui fait croiser Majan, elle va pas croire non plus que Majan est une gyrovague.
P/ Ça serait pas risqué.
S/ Ils veulent un coupable, juste lyncher quelqu’un en place publique.
L/ On pourrait dénoncer le vrai.
E/ Je crois que c'est Dagarella qui a dit que tu devais oublier
S/ Y'a pas quelqu’un que t'aimes pas ?
E/ J'ai pensé que c'était Alba qui manipulait la révolte mais à priori non. Elle m'a donné un autre nom, un gars qui serait chef des dockers, Arturo. C'est lui qui a les plus virulents.
P/ Chaque fois que les dockers sont mêlés c'est violent.
E/ C'est comme les phalangistes, c'est fait pour taper.
P/ C'est logique d'utiliser cette force.
S/ Problème de virilité ?
S/ Trouve toi une copine !
L/ Faut qu'il trouve une femme qui cogne plus fort que lui.
E/ Au lieu de dire des conneries, passe un bout de fromage.
L/ Un peu de chaleur humaine, un peu de tendresse.
S/ Si c'est ce que tu veux, va directement aux putes.
L/ Tu les a regardés quand ils arrivent chez les filles et qu'ils en repartent.
S/ Prêt à t’égorger quand ils arrivent, quand ils repartent ils sifflotent.
L/ Moi je fais ça régulièrement, regardez, doux comme un agneau.
Ils passent un bon moment à se chambrer gentiment, assis sur le peu de meubles encore en état.

Pendant quelques heures, les quattro Compari partagent le pain et rient de leurs plaisanteries.  La tension des derniers jours retombe.

Pietra les hèle d'en bas
Pi/ y'a quelqu'un pour vous les Compari, vous descendez ?
P/ J'arrive.
Les autres continuent de profiter du repas pendant que Pido descend dans la salle. Encore une soirée de travaux et demain matin ça devrait être bon estime t-il en passant dans la grande salle.
Près de la porte, Pidocchi reconnaît Savino Mala Vida avec qui Lupo et Speranza ont joué dernièrement. Il plaisante avec Pietra qui semble sous le charme du bellâtre.


SMV/ On est toujours aussi bien accueilli chez vous.
P/ Absolument.
SMV/ La déesse te bénisse.
P/ La déesse te bénisse aussi.
SMV/ Y'a moyen de discuter tranquille ou on peut causer comme ça.
P/ Derrière, là y'a des gens qui travaillent.

Il l'emmène dans la cour et récupère un cruchon auprès de Pietra qui, du coin de l’œil, indique l'étage pour savoir s'il faut du soutien mais Pido hausse les épaules.
Quelques banalités sont échangées, la qualité du vin, l'ambiance des affaires en ville.

SMV/ En fin de compte, je suis venu pour vous remettre une invitation au mariage de Ducio Mala Vida avec une fille Esposito, Mina.
Le cerveau de Pidocchi carbure à toute berzingue 
Fille d'Esposito Chiappo, lui-même chef des Esposito. L'invitation qui vaut la reconnaissance de ses pairs ?
P/ Ça aurait lieu quand ?
SMV/ Dans onze jours, j'espère que Speranza pourra venir, elle semblait en colère la dernière fois.
P/ Les familles Mala Vida et Esposito se rapprochent ?
SMV/ C'est bien d'avoir des liens du sang pas que sur les dagues.
SMV/ Ça ferait plaisir au patriarche que vous soyez là.
SMV/ En général, c'est une trêve et faut pas venir les mains dans les poches.
P/ Merci de l'invitation.
SMV/ Tu passeras le bonjour à Lupo et Speranza. 
On boira, on jouera, ça se finira sur une bagarre générale. Y'aura peut-être quelques Cominello qui viendront. Le soir, une discussion entre les familles.
P/ Nous y serons.
SMV/ La déesse te bénisse.
P/ Tu es toujours le bienvenu, nous devrions ouvrir demain avec du mobilier tout neuf.
SMV/ Le bois, c'est solide.

Les deux hommes se quittent et Pido remonte avec le reste du cruchon qui a survécu à cette discussion et il informe les autres Compari.

P/ T'as des fonds suffisants Lupo pour te faire beau.
L/ Maintenant que t'en parles.
P/ Y'a les fonds communs.
L/ Si on peut, je suis pas contre.
P/ Combien ?
L/ Je sais pas, 500 florins ?
E/ T'es pas censé être plus beau que le marié.
S/ C'est obligé d'y aller ?
L/ Moi non mais toi oui.
S/ Pour quoi faire ?
L/ C'est qu'on te voit jamais et si ...
P/ Si tu veux une guerre des clans, dis le tout de suite.
L/ Y'a plein de filles perdues, tristes d’être seules.
S/ J'ai pas envie d'y aller moi
L/ On sait bien Speranza. Pido, tu voudrais qu'elle vienne ou pas ?
un toc sur la vitre d'un petit gravier et dehors un souriceaux montre un caillou jaune.
E/ Et le docker ? Qui s'en charge ? Ou sinon on file l'info à Benito, on est pas payé pour ça.
P/ Il devait mettre une autre équipe la dessus.
E/ Vu qu'ils cherchent le sorcier de Ducatore ou son homme de main, c'est sûrement de chez les bellicistes.
Pidocchi se tourne vers Speranza
P/ C'est quoi tes activités du moment ?
S/ Ben, je me balade.
L/ Ah ouais ?
E/ Elle fait les boutiques pour s'acheter sa robe pour le mariage.
S/ Est ce que je vous demande ?
L/ Non mais c’est vexant.
P/ Il paraît qu'on est une bande organisée
L/ Ah bon ?
P/ Et que je serai l'organisateur.
L/ Et il te demande ce que tu fais.
S/ Et si j'ai pas envie d'en parler
P/ J’entends.
S/ J'ai pas envie
P/ Mais j'ai posé la question.
S/ Est ce qu’il y a déjà une des mes activités qui t'a pété à la figure ?
P/ Non, si ça devait tu le saurais.
S/ Qu'est ce ça vous apporte de le savoir ?
L/ Ils veulent savoir où te trouver en cas d'urgence
S/ De toute façon vous sauriez pas où et comment me trouver vu que ça dépend des autres crétins.
E/ Quels crétins ?
S/ Les Cazahorca.
P/ Ils te voient pas trop ?
S/ Ils se rendent même pas compte que je suis là.
L/ L'idée c'était pas de calmer le jeu ?
S/ Si je retrouve les affaires d'Ettore, je lui ramène.
E/ Merci.
P/ Mais faut que ça se fasse de façon discrète.
S/ Alors pourquoi vous posez la question ?
L/ Parce que tu dis jamais on on aime savoir.
L/ Et nous, tu t'en branles.
S/ Non, j'ai du respect pour votre vie privée.
L/ Rentrer dans nos chambres pendant qu'on dort ou qu'on est pas là.
S/ Tu m'a jamais dit de pas le faire.
L/ Même quand on dit tu le fais pas.
S/ J'y peux rien.
P/ Sur ce, j’y vais.


Pido prépare quelques échantillons alchimiques à fournir à Argante si besoin et prend le livre de Alba.
Speranza décide d'accompagner Pido, habillée en page. 
Pidocchi porte son masque sur le trajet pour aller au rendez-vous avec Argante au banc de nage. Speranza l’accompagne mais ne rentre pas dans la taverne, préférant traîner sur le port.

Y'a de la tension dans les rues mais les gens ne leur sont pas hostiles à la vue de leurs tenues.
Ça discute beaucoup au banc de nage en cette fin d'après-midi, de l’agitation, des problèmes d’argent. 
Une fois sur place, au fur et à mesure de modifications vestimentaires par étape, le page devient un gamin du port du genre qu'on ne regarde même plus. 

Entré dans la taverne, Pidocchi avise Argante et le rendez-vous se fait dos à dos en causant chacun dans son verre.
A/ Bonjour Pido tu voulais ?
P/ Oui, j'ai appris que Julio devait s'absenter.
A/ Il part demain.
P/ Je voulais t'assurer notre soutien. Je sais pas comment, moins ça se remarque mieux ça va
A/ Pour le moment, j'essaie de calmer le jeu en parlant des salopards de Compari parce que vous en avez buté beaucoup. Même si le régime de Porzia est fini, plein de Carpone ont perdu des parents ou des connaissances.
P/ Je vois.
A/ Avec le départ de notre meilleure lame, je calme le jeu au risque de passer pour un dégonflé.
A/ Y'aura peut-être deux trois à calmer.
P/ J'ai quelques préparations spéciales qui peuvent te filer un coup de main et ...
A/ C'est-à-dire ?
P/ Compari uno, poudre jaune, ça marche bien dans tous les alcool, le gars qui va consommer va avoir besoin de se vider les tripes pas longtemps après.
P/ Compari six, poudre noir, gros coup de booste suivi d'un gros coup de fatigue.
A/ Ça se mange ?
P/ Ça se dissout dans l'eau. Là t’as trois doses.
A/ Merci.
P/ Je sais pas de quoi tu aura besoin ou pas.
A/ Rosina joue un drôle de jeu.
P/ Qu'est ce que tu entends par là ?
A/ c'est à dire que c'est la veuve de Vascularino et ça s'est su qu'elle avait des contacts avec les Morellli et le fait qu'elle cherche ouvertement la paix ne plait pas à tout le monde.
A/ Ils sont venus nous taper sur la tronche et ils ont du sang Carpone sur les mains.
P/ C'est eux qui sont venus ? T'avais une Morelli capturée par les Carpone.
A/ Oui mais ...elle avait été attrapée sur notre territoire.
P/ A propos des familles, t'es au courant du mariage des Mala Vida
A/ Non. Y'a un mariage ?
P/ Dans une dizaine de jours.
A/ On devrait être mis au courant d'ici peu mais c'est vrai que je ne me suis pas positionné comme celui qui reprend le clan.
P/ Tu devrais faire ça quand ?
A/ Si tu pouvais réduire le pizzo, je pourrai montrer qu'en discutant on arrive à négocier
P/ Tu baisserais de combien ?
A/ Le même qu'avant vu qu'on vous a déjà donné le contrôle de la via Ferrari.
P/ C'est beaucoup.
A/ C'est pour montrer qu'on obtient en discutant avec les Compari, on peut arriver
P/ Je dis pas non.
A/ Tu réfléchis à ma proposition.
P/ Pour les deux trois à calmer, tu vois quoi ?
A/ On fait une réunion pour de faux à l'hirondelle et derrière tu fais des concessions ?
P/ Ça me paraît le mieux en attendant que Julio revienne.
A/ On surveille ça et on cause avec les cailloux jaunes et si besoin en urgence tu vois avec Amanda. Elle a l'air de vous considérer mais y'a souvent des Carpone par là.
P/ Tu peux faire pareil avec Pietra.
A/ Moi je peux pas t’envoyer de gamin Carpone. Ça s’espionne trop et à part Natale qui est un franc, je peux pas trop.
P/ Dis moi, question plus personnelle, vous êtes tous fâchés avec Benito ou y'a des gens qui l'aiment bien.
A/ Moi je l'aimais bien mais il a craché sur son nom, sur le clan.
P/ A cause de sa mère ?
A/ Elle a fait tuer son fils et Benito a pas supporté qu'elle ait fait tuer son frère …
P/ Le frère de Benito ?
A/ Ouais, même père, même mère
P/ Toi t'es pas spécialement fâché avec lui.
A/ J’éviterais de le croiser parce qu'il a beaucoup de haine envers les Carpone.
A/ Je l’aimais bien , il a fait beaucoup pour la famille mais ça l'a démoli cette histoire.
P/ Merci de l’information et en tout cas c'est notre intérêt de Compari que tu sois l'interlocuteur Carpone.
A/ Je joue ma carte mais je fais comme c'était conclu depuis le départ, depuis les Di Santi. 
J’ai pas bougé.
P/ Quitte à pouvoir compter sur des gens en ce moment.
P/ Nous on prévoit d’essayer de te soutenir et que les Carpone soient dirigés par Argante
A/ Je prends ça pour un compliment et avec plaisir.


Pendant ce temps, Speranza suit les mouvements sur le port et elle observe que comparé au reste de la ville l'activité semble normale sur le port marchand avec moins de tensions même si ici les engueulades entre négociants et marins sont monnaie courante. Elle remarque aussi une présence importante de phalangistes surtout du côté de l'arsenal. Elle voit même l'Anguille qui discute beaucoup et pose des questions, du genre convivial et porteur de missives ou d'objets. Il propose ses services, actif et à l'aise entre les divers groupes ou clients présents.
Personne ne semble surveiller le banc de nage et par conséquent Pido et Argante.
Par rapport à Benjuini, l'activité semble normale voire apaisée. La contrebande suit son cours, les marins jouent au dés. Cette partie du port vit bien contrairement aux journaliers de la ville-basse à l'opposé.
L'Anguille porte des bières aux phalangistes et discute deux trois mots, sa façon à lui d'aller à la pêche aux informations. Il semble actif et apprécié sur le port.

Pidocchi finit par quitter le banc de nage.
P/ Je vais amener le bouquin chez Alba.
S/ Tu veux que je t'accompagne ou tu y vas seul ?
P/ Comme tu veux.
P/ Si elle est pas là, je pose ça et elle saura d’où ça vient
S/ L’échange sur les gamins, ça va me crisper.
S/ Sur le port l'anguille est plus du genre à gratter les infos qu'à les donner mais il m'a pas reconnu.
P/ Il cherche des infos ?
S/ À priori.
P/ J'espère que c'est pour nous.
La démocratie, ce n’est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité.
Albert Camus
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Épisode 51 - Entre quatre yeux


Dans le courant de l’après midi, Ettore va se fournir en armes vu qu'une bonne partie de son stock a disparu emporté par les phalangistes lorsqu'ils ont pillé sa chambre. 
Lupo profite d'une sieste crapuleuse avec Pietra.


Speranza et Pidocchi restent quelques temps sur les quais à observer les pêcheurs avant de partir vers la ville-basse et ses entrepôts. Cette partie est plus pauvre et les gens désœuvrés les regardent passer, entre indifférence et hostilité.
Les escaliers pour sortir de ce quartier permettent d'arriver sur la rue transversale où se trouve l'appartement d'Alba. Pidocchi accompagné d'une Speranza attifée comme un gamin des quais, entre dans la cour du bâtiment d'Alba et ils rejoignent l'étage. Derrière la porte, des bruits et paroles échangées mais comme ils toquent à la porte, elle ouvre.
Autour d'une table derrière elle, quelques gamins avec des ardoises qui montrent un œil curieux vers ces nouveaux arrivants.
P/ Je crois que vous avez oublié ça.
Pidocchi rend son livre à Alba.
Le merci est un brin arraché avec un signe de tête de salutation.

P/ Vous avez des élèves.
A/ Oui , le savoir est important même à cet âge, surtout à cet âge.
P/ C'est une chance pour eux qu'ils en profitent.
A/ Je vous remercie.
Ça s'adressait surtout aux gamins pendant qu'Alba ne les regarde pas.
P/ Je vois que vous êtes occupés, on ne va pas vous déranger trop longtemps, vous avez respecté vos engagements.
A/ Rentrez, je préfère ne pas parler sur le seuil.
La leçon est terminée pour aujourd’hui adresse t'elle aux gamins qu’elle renvoie.
P/ Je ne voulais pas aborder certains sujets devant vos élèves.
Elle sort une petite bouteille d'un vin clairet et indique de se servir.
Speranza prend un verre d'eau d’une bouteille sur la table
.
P/ Comme je l'ai suggéré, vous n'êtes pas revenue vers les ouvrières et on a pas besoin de plus de problèmes dans notre quartier. Je voulais juste vous expliquer notre position même si je comprends votre démarche. Ici, c'est la ville basse, c'est pas chez nous. Dans notre quartier on a d'autres responsabilités. Apprendre aux gamins ne doit pas remplir votre bourse.
Elle ignore la proposition 
A/ Je n'ai pas de gros besoins.
P/ Je ne pense pas m'imposer plus longtemps et nous ne sommes pas partis sur un très bon pied mais la prochaine fois que vous passez dans notre quartier, passez dire bonjour d'abord.
A/ Je dois le prendre comme un conseil avisé ?
Pidocchi se lève.
A/ Ettore m'a parlé d'une personne qui pourrait confirmer les propos qu'il a avancé, sur ce qui est arrivé aux enfants.
P/ Vous avez discuté avec Ettore des enfants enlevés ?
Elle fait signe oui de la tête
P/ Si vous voulez la mienne, l'affaire a été réglée, ce qui reste se joue en haut lieu et n'aura plus d'impact sur aucun gamin.
A/ Il m'a dit aussi qu'il y aurait une personne digne de confiance, je me méfie de vous.
P/ Et qu'est ce qu'il vous a dit ? Qu'est ce qu'elle vient faire là dedans ?
A/ Qu'elle pourrait confirmer ou infirmer.
P/ Je pense savoir à qui il pense.
A/ Une personne du culte du desséché.
P/ C'est à elle que je pensais, c'est une gyrovague qui a participé à l'enquête.
A/ Je pourrai la voir ?
S/ Faudrait déjà qu'elle soit d'accord !
P/ Elle loge à l'auberge de …
S/ Faut lui demander d'abord !
A/ Demandez-lui et soit elle peut venir chez moi, soit j'irai la trouver selon sa convenance ou la votre.
P/ Je suis pas certain qu'il faille passer par notre intermédiaire mais y'a pas trente six mille gyrovagues en ville.
A/ Je préfère éviter de poser des questions sur elle car il y a des personnes qui nous surveillent et préviennent les autorités.
P/ Je lui transmettrai le message et si elle a envie de vous parler elle vous contactera.
Alba hoche la tête et repose les mêmes questions qu’elle avait posées à Ettore.
A/ Très bien. Et qu’en est-il du risque de nouvelles disparitions ?
P/ L'information importante et que vous pouvez répandre c'est que ceux-là y'en aura plus. Peut-être d'autres mais plus pour ça.
A/ Je vais pouvoir prévenir Emilio et calmer son désir de vengeance
P/ Une justice a été faite.
Elle réfléchit.
A/ Emilio est très perturbé. Il est influençable.
P/ Par qui ?
A/ Par de personnes qui souhaitent que les choses aillent plus loin.
P/ Vous n'avez pas de nom ?
S/ Et vous êtes au courant de ça mais vous faites rien ?
S/ Votre chantage à la confiance il est sympa mais vous attisez plus les braises qu'autre chose
A/ Vous êtes plutôt du côté du bâton que des battus.
S/ C'est facile, c'est ce que vous avez dit à Ettore.
Pido tente en vain de calmer l'orage qui gronde.
A/ Vous dites qu'on est manipulé mais vous êtes les chiens de ceux qui vous payent.
S/ Parlez bien de chienne, vous savez de quoi vous parlez.
L’atmosphère est glaciale quand Pidocchi, poli et stoïque, prend congé et que Alba le raccompagne.
A/ Si cette personne vient et que je ne suis pas présente, dites-lui bien d'attendre qu'on vienne me chercher.

Speranza, partie fâchée, file direct sans attendre Pidocchi en direction des toits dès les premières ruelles passées. Les réflexes de rupture de filature par les traboules puis trouver un coin tranquille sur les toits pour faire redescendre la pression dans un point très haut avec vue sur la ville, tout à l’opposé de la ville basse, tout en haut du clocher du temple du Resplendissant.

Pidocchi sort et il n'y a aucune Speranza visible alors que d'autres gaillards le suivent des yeux même s'il feint de les ignorer. D'après le style, ça serait des portefaix, des dockers occupés à autre chose que bouger des caisses.
Il essaye de les ignorer et repart en direction de la via Tamborini par le quartier noble.
Les gars commencent à le filocher. Quand ils le voient monter les escaliers en direction de Torrescella, ils accélèrent pour ne pas le laisser quitter le quartier. Pidocchi avise une boutique de friperie, pas mieux dans le coin, il entre en contact avec le marchand tout en l’entraînant vers le fond de la boutique. Trois pièces pour obtenir une sortie discrète par une arrière cour ou le toit. Une pièce de plus pour le remercier et Pidocchi a déjà pris le chemin indiqué pour se retrouver dans le débarras puis via une trappe sur les toits. Derrière, le fripier doit être en train de recevoir les quelques coups qui claquent mais quand Pidocchi descend via un lierre, les deux hommes ne sont pas en vue et avec un détour à rebours, il prend une autre trajectoire via le bœuf rouge.



Dans toute la ville, les phalangistes empêchent tout regroupement, du jeu de dés aux petits vieux sur le banc, faut que ça se sépare et chacun rentre chez soi sous les conseils avisés et fortement appuyés des hommes d'armes.
Angelo est à la porte du bœuf quand Pidocchi finit par arriver.
Pido rameute les souriceaux pour avoir les rapports de la journée. Le bain de sang évité sur la place, l'agitation générale, le mécontentement des gens, quelques histoires de coucherie et de mauvais voisinage. Rien de neuf sous le soleil, il profite de la lumière restante pour inspecter les travaux en cours.



Lupo a laissé Pietra dormir et il a profité de l'après-midi pour prendre la direction de l'hirondelle où il pense trouver Majan.
Amanda lui confirme la présence de Majan à l'étage même si les Carpone regardent Lupo d'un air toujours aussi peu accueillant. Majan le reçoit dans une meilleure santé et elle a pu se déplacer jusqu'au temple de la déesse douce pour faire changer les pansements.

M/ Je pourrai rentrer sous peu. Don Pidocchi m'a proposé son aide pour trouver un navire rapidement mais d'ici quelques jours ça pourra se faire.
M/ Repartir en direction de …
L/ Bromaël !
M/ Oui, ça ne devrait pas poser encore trop de problèmes en cette saison.
L/ J'ai pu voir pour la pièce de théâtre, c'est faisable demain soir si vous vous sentez d'attaque.
M/ Tant que je ne suis pas sur la scène.
L/ Ça sera pas moi non plus. Soirée presque privée au théâtre.
M/ Je partirai assez tôt et si besoin je ferai des pauses
L/ Je viendrai vous chercher. Je ne vais pas laisser une dame, surtout blessée, se promener dans les rues.
Il arbore son sourire numéro 3, l'ambigu qui trouble et qui fait douter, qui fait battre les coeurs.

Elle n'est plus désarmée comme lors de cette soirée à l'auberge de la porta Letichina où elle a vu dans son regard qu’il savait qu'il provoquait un émoi en elle. 
Elle a depuis accepté qu'il la confronte à ces désirs et ses désirs car depuis elle a pû y réfléchir, elle a pû lire en elle, elle a pû lui dire qu'elle contrôle son “animalité charnelle” et qu'elle reste une adepte laie du Desséché.

Il joue aujourd'hui avec des paroles, des gestes et une proximité, menant la conversation d'un ton badin tout en lui laissant le choix tacite de cette intimité qu'elle pourrait suspendre de quelques mots. 
Qui profite de l'autre ? Qui joue de l'autre ? Aucun ou les deux ? Qu'importe peut-être, l'important est juste ce moment de proximité.

La discussion continue vers des anecdotes et banalités jusqu'au soir.
M/ Voulez-vous que nous dînions ensemble ?
L/ Avec plaisir.
M/ Ici ou dans la salle commune ? La nourriture y est correcte.
L/ Peut-être avez-vous envie de vous changer les idées et de manger autre chose ?
M/ Je ne suis pas une gourmet. Vous allez me trouver toujours aussi austère mais notre culte enseigne la tempérance et de ne pas céder aux plaisirs terrestres.
L/ On ne peut apprécier la vie sans connaître la mort. Une vertu qu'on ne teste pas n'est pas vraiment une vertu. Il faut goûter aux plaisirs pour savoir ce dont on se passe.
M/ Demain, je testerai les plaisirs futiles du divertissement, laissez moi le temps de découvrir don Tramonte.
L/ Je préfère qu'on dîne ici ensemble, je vais nous faire monter le repas.
M/ Je vais écrire en attendant.
Il sort dans l’idée d’aller chercher ailleurs des plats d'un niveau amélioré par rapport à l'ordinaire de l'hirondelle.



Speranza tombe sur un Lupo devant l’Hirondelle, donnant des consignes à des gamins pour les envoyer faire ses courses à coups de piécettes. Elle s'approche discrètement dans son dos. Un gamin hésite quelques instants et Lupo se retourne pour en trouver la raison.
S/ T'es avec la rabougrie ?
L/ J'ai prévu de dîner avec elle.
S/ Tu peux lui donner un message.
L/ Tu t'intéresses à elle ?
S/ C'est pas moi c'est Alba.
L/ Qu'est ce qu'elle veut ?
S/ Je crois qu'Ettore a dit qu'il lui ferait rencontrer ta copine pour lui prouver.
L/ Elle va pas croire de toute façon.
Pido était à deux doigts de lui dire où est Majan.
L/ Si tu veux transmettre, elle est là haut.
S/ Ben si tu dois manger avec elle tu lui diras.
L/ Entre la poire et le dessert.
L/ Tu veux toujours pas lui parler?
S/ Comment tu veux que je lui parle ?
L/ Ben comme ça, ça serait sympa.
L/ Je me suis engagé à rien.
S/ Ben je te demande, pour une fois.
L/ OK
S/ Juste qu'on vienne pas l'embêter si elle a pas envie.
L/ C'est à elle de décider.
S/ L'autre conne je vais m'occuper de son cas ça va lui faire drôle. Avec son petit manège elle me saoule, tu l'as vu, à jouer les incrédules. Est-ce qu'elle a vu les gamins ? Est ce qu'elle leur a parlé ? A part critiquer elle a fait quoi ?
S/ Bref, si tu veux pas …
L/ Je voulais juste te taquiner. C'est marrant, on dirait que tu l'aimes un peu.
S/ Arrête de dire n'importe quoi. Qu'elle se sente pas obligée.
L/ Je veux pas qu'elle prenne de risque vu qu'on nous a dit de nous taire.
L/ Pour traiter Ettore de menteur, faut pas le connaître.
S/ Elle joue avec ses couilles.
L/ C'est marrant, toi t'en joue pas.
S/ Je cherche pas à rentrer dans son lit pour abuser de sa confiance.
L/ Tu pourrais.
L/ Et toi ça va ?
S/ Elle m'a énervée, à vouloir des preuves.
L/ Tu crois que ça suffira à calmer ton père que de dire j'ai discuté avec quelqu'un qui dit que ?
S/ Bref !
L/ Tu me fais pas la gueule au moins ?
Mais elle a déjà tourné le dos pour repartir vers d'autres activités.



À nouveau seul, Lupo reprend ses activités de commande de nourriture aux gamins qui ont patiemment attendu à l’écart. Déjà qu’il est bien apprécié de par son attitude toujours souriante et aimable, Il va rapidement être très la coqueluche des gamins vu la vitesse avec laquelle les pièces généreuses sortent de son escarcelle.
Il retourne dans la chambre en attendant qu'on fasse monter les victuailles par Amanda.



Il est remonté dans la chambre et Majan continue d'écrire malgré la fatigue et un refus poli quand Lupo propose son aide. Les propos restent aimables et dans une certaine complicité en attendant les mets qui montent et le repas se fait autour de la table une fois que les écritures ont été repoussées plus loin. Un feu dans la cheminée, une chandelle sur la table et Majan s'autorise même à goûter le vin au grand plaisir de Lupo qui la voit s'autoriser de vivre ce moment relâché.
Constatant la fatigue de Majan, il choisit de lui indiquer qu'elle devrait se reposer. La journée a été longue et il pourra repasser demain.
M/ Vous avez mieux à faire que de visiter une malade.
L/ Pas spécialement, rassurez-vous, ça me fait du bien à moi aussi.
M/ Je vous attendrai en fin d'après-midi ou en début de soirée, je suis impatiente.
L/ Moi de même.
M/ Découvrir le théâtre et une partie de vous.
L/ Attendez-vous à tout.
M/ A tout ?
L/ C'est autobiographique.
M/ C'est vous qui l'avez écrite ?
L/ Non mais quelqu'un qui me connaissait bien, disons biographique.
M/ Je suis curieuse de découvrir le Lupo de cette époque et en quoi vous êtes différent aujourd’hui.
L/ Le jeu des différences sera intéressant.
M/ Voir en quoi il est intéressant pour vous que vos turpitudes soient exposées.
L/ Ce n'était pas prévu mais ça m'a permis de revoir les travers de cette époque et d'éviter d'y retomber.
M/ Bonne nuit don Tramonte
L/ Reposez vous bien.
Les salutations de bonne nuit closent la soirée et Lupo descend. 

Amanda l'intercepte alors qu’il ne lui avait rien demandé.
A/ Vous désirez une chambre pour cette nuit. Ça tombe bien, j'en ai une de disponible.
L/ Oui très bien merci.
Elle farfouille dans les clefs derrière et elle lui en tend une sans croiser son regard.
A/ Muto va vous accompagner.
Muto prend la clé et une paire de draps qu'elle utilise pour faire le lit.
Lupo s'installe sur le lit mais il décide d'attendre habillé et proche de ses armes qu'une éventuelle visite se présente. Il ne bloque pas la porte mais place un objet devant pour qu'un déséquilibre le réveille au cas où il s’assoupisse.
Il commence par se relâcher sans que le sommeil vienne au cas où une visite impromptue ne tarderait pas trop.



Quand Ettore et Pidocchi rentrent au Bœuf, Angelo affiche un grand sourire alors que Pietra est fatiguée, indolente. Le lit d'Ettore est à monter à l'étage et à assembler.
Benito se présente au Bœuf Rouge accompagné d’Orso, son garde du corps.
B/ Ça fait plaisir de sentir cette odeur de bois neuf.
P/ Comme tu vois ça a changé un peu mais la cave est intacte.
Alors qu’Orso reste à l’écart près de la porte, les trois hommes trouvent une table dans le coin déjà achevé dans le calme d'un établissement en travaux et sans clients.
Benito rend à Pidocchi une bourse très rebondie qui ressemble à celle qu'il lui avait confiée.
P/ Ah ?
B/ J'ai réussi à négocier pour quatre vingt florins donc je lui ai donné une petite partie de la somme et j'ai pris sur mes lettres de change plutôt que lui filer de la fraîche. J'ai utilisé ma réputation d’intermédiaire officieux et l'histoire du noble. Du coup quatre vingt florins auxquels s’ajoute vingt pour ma commission si t’es d’accord.
P/ Il va tenir ses hommes à carreaux.
B/ Si ses hommes passent par ici, va y avoir des mutations pour des contrées lointaines, Qir aura besoin d’une garnison.  Il a compris le message et a gobé l’hameçon et toute la ligne.
P/ J'aime quand un plan se déroule sans accroc.
B/ Je suis habitué avec les Compari, c'est pour ça qu'on travaille ensemble.
B/ J’espère que vous avez pas trop angoissé, moi je me ronge souvent les sangs.
P/ T'en est où sur l’équipe qui s'occupe des troubles.
B/ Ça se passe bizarrement.Vous avez quoi ?
E/ On a peut-être un des meneurs.
B/ J'ai confié ça à des gars réglo mais en face y'a des gars qui ont mis plus de moyens, plus de gars donc ça noie le message de ceux qui veulent calmer le truc.
P/ Si je te dis Steffani, ça te cause ?
B/ Je crois pas qu'ils aient envie que ça dégénère.
P/ Si ils voulaient que ça s'arrête, ça se serait arrêté.
B/ Les portefaix, y'a un problème de leur côté, c'est eux qui jettent les cailloux les premiers mais j'ai pas été voir.
E/ Nous on a un Arturo qui serait le leader.
B/ Ben justement, c'est un gars marié à une Steffani, donc ça devrait relayer les plans de la famille. Mais visiblement, t’en a qui se font arroser pour foutre la merde et d'autres non chez les Steffani. C'est le foutoir, on sait plus très bien qui obéit à qui dans cette histoire.
B/ Je vais voir avec mon commanditaire.
E/ C'est qui le chef des Steffani.
B/ C'est Luciano, le patriarche.
P/ Et la fraternité, pas de soucis avec eux ?
B/ C'est même l'inverse, si la fraternité salée dit blanc, Steffani dit noir. En tout cas, c'est le bordel un peu partout en ville … et organisé.
B/ T’as des gars qui disent qu'ils vont calmer le jeu et le lendemain ils jettent des cailloux.
B/ Y'aurait même des ...
Il mime le silence d'un doigt sur la bouche.
P/ C'est clair qu'il y a des intérêts.
B/ Sinon j'ai quelque chose pour vous, faudrait que vous veniez demain en milieu de matinée.
P/ Pour un truc rapidement ou sur la durée ?
B/ Un truc urgent, faudra même que ça soit urgent et rapide. Même que vous devriez venir tous pour répondre très vite.
P/ Tous les quatre ?
B/ Oui, histoire que la réponse soit oui ou non tout de suite.
P/ Ça roule.
B/ Je vais rentrer vu que la journée est pas finie.
Il siffle le reste de son verre. La bouteille achetée à Dagarella a pas survécu à la rencontre.
Benito Carpone regarde Ettore en se levant
B/ Si y'a le moindre souci Ettore, tu préviens tout de suite. L'autre doit comprendre, action -  réaction. Le premier merdeux, tu le sèches pas, tu me l'envoies, ça roule ?
Le Compari acquiesce. Benito s’en va après les salutations d’usage



Pendant ce temps, Speranza est rentrée par les toits et elle est dans sa chambre. Molosse veillant sur le placard.


P/ T'en es où de tes côtes.
E/ J'en ai autant qu'avant.
P/ T'es apte à te battre ?
E/ Toujours.
P/ Je pense que demain ça va être un truc violent.
P/ Argante m'a parlé de la veuve. Rosina.
P/ Pour lui, c'est une source de soucis. Elle a mené une action en allant voir les Morelli qui est mal perçue, ça peut agacer des gens. Est-ce que t'as une idée ?
E/ À part que j'ai tué son mari.
P/ Comment on pourrait gérer ça ?
E/ Pourquoi tu veux qu'on s'en occupe ? OK, grâce à elle Iacommo va peut-être survivre.
P/ Je veux juste éviter qu'il y ait un coup d'état chez les Carpone.
E/ Elle n'a aucun pouvoir.
P/ On peut garder nos yeux ouverts.
E/ A part avoir tué son mari, j'ai pas grand chose à y voir.
P/ Si elle est menacée pour avoir causé aux Morelli, la protéger par les Compari, ça va pas aider.
E/ Si Argante t'en parles, c’est qu'il veut qu'elle reste en vie mais vis à vis des autres Carpone. On va essayer de la sauver malgré elle.
P/ On a un panier de vipères, on bouge d'un côté, ça pousse de l'autre.
P/ La sauver, elle est pas en danger direct mais garder un œil et avoir un plan B.
E/ C'était quoi sa famille avant ?
P/ Pas une famille mafieuse.
 
La démocratie, ce n’est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité.
Albert Camus
Doji Satori
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Épisode 52 - Souriceaux et changement de propriétaire


Le lendemain matin, Lupo est réveillé par des coups légers frappés à sa porte, il se vêt d'un drap qui lui permet de cacher sa main gauche tout en ayant l'air décontracté. Il découvre Amanda qui s'éclaire avec une bougie, regardant dans le couloir nerveusement. Elle est déjà habillée pour travailler alors que le jour n'est pas levé. L'œil aguerri de Lupo note la robe propre du matin au décolleté pigeonnant, les cheveux coiffés avec soin. Sur un sourire, il l'invite à entrer et après une hésitation, elle quitte le pas de la porte qu'il peut alors refermer en jetant un œil dans le couloir. L’odeur de son parfum lui parvient, confirmant l’idée qu’elle s’est apprêtée pour l’occasion. 

A/ Hier soir, vous n'avez pas été trop surpris que je vous fasse rester ?
L/ Si, mais content que vous l'ayez fait
A/ J'avais entendu des personnes qui en avaient après vous et attendaient que vous sortiez pour vous faire un mauvais sort.
L/ C'est ce que j'ai suspecté.
A/ Je pense pas qu'ils soient restés toute la nuit. Rien ne s'est passé après qu'on ait fermé l'auberge avec Muto.
L/ Merci beaucoup, vous pouvez me dire qui étaient ces types ?
A/ Je ne les connais pas … sans doute des mauvais garçons mais eux vous connaissaient bien.
Il n'insiste pas malgré le mensonge évident.
L/ Merci encore de m'avoir prévenu, puisqu'on parle de mauvais garçons qui pourraient s'en prendre à vos locataires, personne ne s'est intéressé à votre locataire d'à côté ?
A/ Dame Majan ?
L/ Tout à fait.
A/ Certains se demandent ce qui vous lie.
L/ En tout bien tout honneur.
A/ C'est surtout sur vous que s'interrogent certaines personnes. Je n'espionne pas non plus les conversations dans l'auberge.
L/ Ah, dommage.
Elle baisse les yeux.
A/ Ah, parce que vous souhaiteriez que ?
L/ Non, je ne demande pas ça, vous avez déjà assez pris de risque pour moi.
Elle rosit et balbutie.
A/ C'est parce que malgré tout ce que vous avez pu faire dans l'hirondelle, vous et vos compagnons avez été correct avec moi mais je ne peux pas non plus œuvrer contre, contre … les gens d'ici.
L/ La situation est compliquée pour vous du fait de cette proximité.
A/ Non, car depuis que j'ai hérité de mon père, j'ai toujours connu cette situation. Aujourd'hui, c'est un peu différent.
Il s'est assis sur le lit alors qu'elle reste debout.
Lupo a reposé sa bougie sur la table de nuit alors que Amanda garde la sienne près d’elle en attendant qu'il ait fini sa réflexion et une éventuelle consigne.
L/ Faites comme chez vous si j'ose dire.
A/ Je vais devoir y aller.
L/ Ah bon ?
A/ Je suis venue vous trouver avant l'aube pour que vous puissiez partir … c'est pas ce que je voulais dire, vous pouvez rester bien sur.
L/ Je comprends bien, ne vous en faites pas.
Il se relève et se prépare à partir en allant chercher ses affaires. Quand le drap glisse, elle détourne le regard et dit sans bouger de place. 
A/ Je vais vous laisser.
L/ Je vais descendre avec vous.
Il attrape sa chemise et joue avec les émotions qui parcourent Amanda quand le drap tombe.
L/ Il nous reste combien de temps avant l'aube ?
A/ Une heure environ.
L/ Il reste encore un peu de temps.

Les remerciements s’esquissent d’abord dans la douceur d’un baiser, un geste timide mais sincère. Face à l’écho chaleureux qu’il suscite, un second baiser s’ajoute, accompagné d’un murmure discret : « merci ». Peu à peu, les mots s’effacent, laissant place à un langage plus tendre, où les lèvres parlent à leur manière.
Mais la pudeur nous invite à détourner le regard sur ce qui suit, même si Lupo, dans un élan de liberté, rejette à la fois le drap et les vêtements, comme pour défier l’idée d’un mari jaloux surgissant à l’improviste. Pourtant, à cette heure-là, le temps semble suspendu, une heure volée à l’aube, juste assez pour disparaître avant que le jour ne s’éveille. Ce matin, l’auberge ouvrira ses portes avec un peu de retard, mais qu’importe ? Les habitués patienteront.

Quand ils descendent tous les deux, Amanda rêvasse encore car Lupo continue cette complicité tant que les portes ne sont pas ouvertes. La compagnie fût agréable pour les deux et elle refuse qu'il paye la chambre alors qu'il le proposait et elle choisit de le faire sortir par la porte arrière en veillant à ce qu'il n'y ait pas d'embuscade et d'enfin, l’autoriser à s'échapper de l'hirondelle. Le sourire croise un clin d’œil et il file sans traîner.

Pas d'embuscade mais un gamin qui était assis se lève rapidement dans l’ombre d’une ruelle en le voyant. Lupo choisit de quitter le quartier sans prendre le chemin le plus court mais en pressant le pas. Dans les ombres du matin, savoir ce que le gamin a vu ? S'il s'agit bien d'un gamin. Plus tard, il se retourne mais le gamin ne l'a pas suivi dès les premières manœuvres pour casser la filature.
Il arrive au bon moment pour voir Angelo ouvrir aux premiers habitués avec des ah de soulagement émanant des clients car le Bœuf Rouge est de nouveau ouvert et c'est à qui sera le premier assis près du feu. La salle est presque neuve et la salle sent encore le bois ciré.



Ettore fait signe à Pirate et la balade va commencer et le chien descend tout joyeux les marches. Pietra sourit à Lupo qui s'est assis en rentrant et une nouvelle journée commence.
Ettore avise un Lupo déjà en bas alors que Pietra se moque de Lupo mi-amusée mi...comment dire.
L/ Merci ma belle.
Ettore reste via Tamborini pour ses exercices habituels mais pas de visiteurs impromptus. Les ateliers embauchent avec moins de discussion que la veille.
Il croise les habitués puis voyant les alguazils passer la porte pour prendre leurs collations, décide, lui aussi, d'entrer prendre de quoi manger et se pose dans le coin des alguazils pour avoir les infos toutes fraîches. Les nuits ne sont pas calmes et on ne sort qu'à plus de deux.
Anielo/ On a été à deux doigts de se friter avec des Cazahorca, plus cons que la moyenne. Ils semblent se croire encore à Ressine ?



Speranza descend, prend à manger dans la salle commune puis remonte manger dans le salon. Lupo en a profité pour aller se laver, raser et mettre des vêtements propres.
Ettore les rejoint à l'étage et Pidocchi se lève en dernier pour les rejoindre.
Les souriceaux vont prendre leurs consignes pour la journée auprès de Pidocchi. Désormais ils vont oeuvrer de jour en partie à cause de la pluie et du froid et surtout de la vie nocturne devenue patrouillée et contrôlée.

E/ Rosina et les Morelli, toi qui a discuté avec elle, comment ça se passe ? Parce que le fait qu'elle veuille faire la paix, ça en énerve un paquet dans sa famille proche ?
S/ Qu'est ce ça peut leur foutre ?
L/ C'est pas nos affaires ?
E/ C'est ce qu'on discutait, hier soir avec Pidocchi. Dans la lutte interne, elle est en danger.
L/ Tu sauves pas la veuve et l'orphelin ?
E/ C'est moi qui les ait fait veuve et orphelin ceux là.
L/ Si on la maintient, on peut faire en sorte d'avoir une famille Carpone moins hostile ou, au moins , moins conflictuelle.
P/ C'est Argante qui va pas aimer si elle lui fait concurrence.
E/ Elle est pas du milieu, y'a aucune chance qu'elle ait les épaules pour prendre et contrôler les Carpone. Argante va tenter de devenir le nouveau chef. C'est mieux que les gros bras.
L/ Argante, avec les Carpone on va au devant d'emmerdes.
S/ Il a trahi les siens, il nous trahira aussi.
L/ Ah mais oui, je vous ai pas dit. Apparemment, ils étaient prêts à me faire la peau ce soir.
E/ Ce soir, au théâtre ?
L/ Ah non, hier soir. J'ai été voir Majan et ils avaient prévu de me faire un sort.
E/ Si tu sert d’appât, on peut tomber sur quelques colériques et qu’ils fassent le premier faux pas.
L/ Je comptais y retourner et s'il doit y avoir un passage à l'acte.
S/ Ils pourraient t'attendre.
E/ Pido tu m'as demandé comment allaient mes côtes.
P/ Si je pouvais avoir une idée de ton état.
L/ Il prenait soin de ta santé.
P/ Où en sont nos capacités martiales ?
E/ Reste des bleus mais ça va. Ça bouge bien.
P/ Tu vas au théâtre ce soir ?
L/ Voilà, mais on verra jusqu’où ça mène.
S/ Tu fais ce que tu veux.
P/ Sachant que hier, les Testanegra allaient au palais pour se plaindre que Matado avait tué un de leurs hommes et qu'il est inadmissible qu'un homme du Ducatore tue un phalangiste. Au niveau du palais curial, ça discute que les régiments voudraient la peau de l'homme du Ducatore.
E/ On pourrait en causer aux hommes du Ducatore.
P/ Je vais envoyer les souriceaux du côté des dockers sur les troubles en ville-basse et faire remonter ce que l'anguille a pu attraper en traînant sur les quais.
L/ Puisqu'on en parle, je sais pas ce que vous en pensez mais on chercherait pas à améliorer les conditions de nos auxiliaires. Ils ont perdu un des leurs, ils vivent dans un taudis.
E/ T'as touché un héritage ?
L/ Pas encore.
E/ Je crois pas qu'il y ait trop de maisons vides dans le quartier.
L/ Améliorer l'ordinaire, voyez ça comme un investissement.
S/ Y'a longtemps que vous avez pas été leur rendre visite ?
E/ Quasiment jamais.
S/ Tu devrais, la soupe aux cailloux ça te filerait des idées.
Et sur ce, elle s'en va vers les étages.
P/ Si on se met à être généreux.
E/ Ce qu'ils veulent dire, c'est que si ça continue, on va finir à quatre voir moins.
Ils grandissent et sur le fond elle a tout à fait raison mais la graine est posée.
L/ Ils ont pris des bons coups dans la tronche. Vaut mieux payer bien et que ceux des voisins aient envie de bosser pour toi. Je pense qu'il faut lâcher un peu de sous. Vu ce qu'ils ont pris, faut pas qu'on soit léger la dessus.
E/ Imaginons qu'on doive les loger, qu'est ce qu'on a ?
L/ On vient de faire rafistoler le Bœuf donc, si on veut, on peut.
P/ Faut pas que ça soit visible de dehors.
L/ Honnêtement, ..
E/ Avec un peu de sous, tu prends qui pour vérifier qu'ils en font pas n'importe quoi ?
L/ Bella fait déjà ça mais sinon avec Speranza.
L/ Dix florins pour commencer, rendre ça étanche, des couvertures, des nouvelles paillasses,
L/ Speranza, elle a pas tord quand elle parle d'aller voir les gamins.
E/ J'y vais jamais. Pidocchi lui y va régulièrement.
L/ Je parlais de ceux au temple.
L/ Je ferai le point avec Bella en la faisant venir ici ils ont pris un sale coup dans la tronche
E/ Pido qu'est ce t'en pense ?
P/ Oui. Le problème c'est de dégager des priorités.
E/ C'est pas pour ça que t'es le chef ?
P/ On a peu mélangé maintenant que c'est Lupo qui fait dans l'assassinat.
L/ Une rallonge aux artisans qui ont fait ici.
P/ On voit avec Bella ce qu'elle veut ou pense.
E/ D'abord notre rendez-vous avec Benito, en milieu de matinée.
P/ Bella vers midi.
P/ Aller voir au palais où ça en est.
E/ Speranza, on y va, on a rendez-vous chez Benito !

Devant l'absence de réponse, Lupo monte pour aller voir dans la chambre de Speranza, il frappe à la porte mais elle n'est pas visible dans la chambre. Entrant un peu plus pour vérifier le placard, il avise qu'elle est sur la terrasse. Elle regarde derrière en silence.
L/ Ça va ?
S/ Y'a besoin de moi ?
L/ À ton avis, on a toujours besoin de toi, tu le sais.
S/ Et si je viens pas.
L/ Comme d'hab'
S/ Ils en ont quelque chose à foutre si je viens ou pas ?
L/ On est peut-être maladroit et avec une sensibilité de bûche mais on est pas des mauvais gars.
S/ Pas besoin d’être mauvais pour être con. J'arrive.

Ils s'habillent chacun selon leur style.
Speranza en garçon, jeune homme de bonne famille. Lupo en petit noble.
Ettore en garde du corps et masqué. Pido en marchand.
On voit bien qu'il faut regarder ailleurs quand ils sortent en tenues et équipés de leurs lames, personne ne blague à leur passage ni même de familiarité sur le trajet de la via dugla Ducati.
Donnola alias Belette s'approche un instant de Pido et marche à son côté.
D/ Y'a Bella qui m'dit de te dire que quelqu'un d'important pour toi courre les rues.
D/ Le gonfalonier Aspe Carneficce s'est rangé du côté des Mastiggia en disant que le centenier je-sais-plus-qui est mort de façon bizarre.
P/ Dis à Bella qu'on veut la voir.
D/ Elle vient te voir au Bœuf  ?
P/ C'est moi qui vais aller la voir dans leur quartier.
Pido fait demi-tour, suivant Donnola qui la guide auprès de Bella.
P/ Allez chez Benito tenir compagnie aux amuse-gueules.
E/ Bon ben on va y aller, c'est Benito qui va être surpris.


Pido est très vite seul avec Bella. Elle évite de lui parler directement. mais. Il fait expliquer l'information passée par Donnola que suite au meurtre de Chiodi, le gonfalonier a pris fait et cause pour les Mastiggia.


P/ C'est qu'une opinion.
B/ Tout le monde en parle alors que visiblement, d'habitude.
Pidocchi finit par sentir son haleine, elle sent la vinasse.
B/ Ça choque du monde parce que d'habitude les phalangistes ne se mêlent pas de politique.
P/ Dans quelle taverne t'as récolté ces informations ?
B/ Sur le port, dans la rue, partout ça en cause. Plusieurs souriceaux me l'ont dit aussi.
P/ J'ai un léger souci. T'as dormi dans la maison et tu sens déjà le vin dès le matin. D’où t'as été boire du vin ?
Elle se bloque.
B/ J'ai rien bu.
P/ Je vais pas te faire la morale vu le quartier mais c'est dangereux, faut déjà savoir le boire et me dis pas que t'as rien bu.
Elle aime pas trop la leçon de morale et tente de se barrer mais il l'attrape par le bras.
P/Autre sujet, complètement différent, nous les Compari sommes satisfaits et avons décidé d'investir dans votre bien-être donc tu me feras la liste de ce qu'il vous faudrait et on va aménager votre local. Pour cette histoire de vin, on en reparlera.
P/ Tu arrives à un âge où va falloir changer et penser à ce que tu vas faire plus tard.
Elle ouvre des yeux écarquillés
B/ Tu veux te débarrasser de moi ?
P/ On reparle de tout ça, probablement ce soir.

Il repart dans l'autre sens pour essayer de n'arriver que peu en retard chez Benito via della Ducati entre la piazza Smaradina et la piazza Palatino.
Devant la maison de Coccio, on constate que quelqu'un est en train d'emménager. Speranza, Lupo et Ettore s'arrêtent en voyant quelqu'un prendre l'héritage de Pido.
S/ La nature a horreur du vide.
E/ Tu l'avais bien caché le papier ?
S/ Ah non, j'ai fait comme on m'avait dit de faire. Y'en un qui s'est fait spolier.

L/ Il est de la famille de don Blattari ?
déménageur/ Je sais pas moi, je suis là à livrer et vider les meubles.
Il apprend que don Dominico Giordano s’installe en ces lieux.

Ah, encore une victime des saillies, verbales cette fois, de Lupo qui l'a ridiculisé il y a quelque années lors d’une réception. Un  marchand d'art affilié à Léonide Ducatore.

Ettore avise son père qui sort de chez eux accompagné de l’un de ses jeunes élèves. Il se déplace alors pour que sa stature ne soit pas reconnaissable. Son père pourrait le reconnaître même de dos.

Speranza fait signe à Pido qui revient vers eux d’accélérer mais celui-ci fait des grands yeux devant la maison.
S/ Y'a un nouveau propriétaire.
L/ Il a acheté à qui ?
P/ Il n'est pas venu là sans autorisation donc c'est un cadeau.
Il a du mal à constater qu'on lui pique son héritage. Il va en direction de chez Benito mais il songe à contacter assez vite Dagarella.

Aucun risque d’être vu et reconnu pour Ettore … 
Son père continue des échanges passionnés avec son élève. Des souvenirs remontent des échanges qu'il avait lui-même quand il buvait les paroles de son père et s'inspirait du moindre de ses gestes. 
Même l'angle de sa rapière à la hanche, le sens de la garde de sa main gauche, chaque détail différenciant l'épéiste du porteur d'épée.
 
La démocratie, ce n’est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité.
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Message par Doji Satori »

Épisode 53 - Chez Azzura, y'a pas que les fesses qui balancent.


Ils finissent par être introduits chez Benito par Orso qui les guide jusqu'à leur commanditaire qui trône dans son salon et propose à boire et à manger.

Benito Carpone/ Ah, vous voilà, entrez donc. Merci d'être venu.
P/ On a réussi à venir tous les quatre, c'est un moment exceptionnel.
Benito semble tracassé. Mauvaise nuit ? Il a l'air très fatigué et soucieux.
L/ Salut Benito. La déesse te bénisse.
Après les salutations d’usage, bière et nourriture passent par-là et il semble connaître nos goûts depuis le temps.
L/ T'as une petite mine.
BC/ comme je disais hier à Ettore et Pidocchi, c'est compliqué en ce moment. Beaucoup de choses qui bougent et c'est pas marrant. 
Là, j'ai un gros coup et j'ai pensé à vous. 
J'ai une commande pour incendier l'entrepôt de l'armateur Furca.
P/ Incendier ?
L/ Sujet très gênant dans une ville en bois.
P/ Et ça serait pas plus simple de faire disparaître l'objet plutôt que déclencher un incendie ?
BC/ Je questionne pas le clille sur ce qu’il veut. 
Mais c'est pas n'importe qui qui peut faire le job, faut avoir les couilles. Excuse-moi Speranza.
S/ J'en ai aussi.
BC/ C'est ce que je me disais. 
S’adressant à tous
BC/ Mais le prix sera celui que vous souhaitez.
BC/ Faut pas se faire pincer, si vous plongez je plonge avec.
BC/ Le clille s'en fout qu'il y ait quelques morts tant que ça crame et ça crame bien.
L/ Juste cet entrepôt.
E/ Faut y mettre les moyens.
S/ Et si ça prend à la ville ?
BC/ C'est un peu le risque. Quitte à ce que vous fassiez prendre feu et que derrière vous faites en sorte de maîtriser la chose ou de donner l'alerte. 
Benito quitte la pièce pour qu'ils puissent réfléchir.
E/ Foutre le feu pour moi c'est détruire une ville.
P/ D'autant plus que Furca est un client de Ducatore donc y'aura enquête sérieuse et faudra qu'il y ait un coupable.
L/ Je suis pas chaud, ça va attirer des emmerdes et on en a pas besoin. C'est du fric et on en a pas besoin non plus.
P/ Si un gros coup se présente, ça se regarde.
S/ Moi je trouve, ça pue.
E/ Si tu penses que quelqu'un est prêt à payer pour faire cramer un entrepôt d'un affilié de Ducatore, c'est qu'il y a des moyens derrière.
P/ Furca a reçu des prêts de Ducatore dont il est client. La franchise dont il bénéficie depuis peu sur le commerce d'épices occasionne de la grogne chez ses concurrents
S/ Ça j'en ai rien à foutre et s'il y a des morts et y'en aura. Un incendie ça se contrôle pas comme ça.
E/ Moi, je te dis qu'un incendie, c'est pour détruire une ville.
P/ Moi je serai à noyer le poisson.
S/ Mais t'as pas envie de le faire.
P/ Non.
S/ Je suis pas redresseuse de tort. C'est pas mes affaires et là, je vote contre.
L/ Sans toi on peut pas le faire déjà. Faudra qu'on rediscute.
P/ Lupo c'est clair, Speranza aussi. Ettore ?
E/ Moi je sais allumer un feu pour brûler une ville, je sais pas l'éteindre.
L/ Je comprends qu'il soit emmerdé
P/ C'est unanime, on répond non.
Pidocchi va chercher Benito
P/ Nous ne répondrons pas à cette offre, trop dangereux.
BC/ C'est à cause des conséquences ? Le contrôler ?
P/ Le contrôler mais aussi l'enquête qui suivra.
BC/ C'est pas moi qui parlerait.
E/ Démarrer un feu, ça se voit.
L/ Dans un entrepôt, on peut se cacher.
E/ Détruire, ça se jouait mais foutre le feu … Donc non, nous ne prenons pas cette mission et
et, tu disais Pido que ça se contrôle, ça, en ville, je sais pas faire.
E/ Et je te recommanderai de ne pas te metttre là dedans car tu te mettrais dans une merde terrible.
BC/ Je suis passé par vous parce que je vous connais bien, j’ai confiance en vous. 
E/ C’est quand même pas une bonne idée même pour toi ce truc d’incendie à Ciudalia.
BC/ Y'a des propositions que je peux pas refuser.
E/ T'es obligé ? T'as pas besoin de ça ?
BC/ Je peux pas refuser, c’est mon boulot. On vient me proposer des choses pour ça justement. 
Souriant affectueusement d’un air un peu las
BC/ Ettore, je n’y connais rien à l’art de l’escrime par rapport à toi et ben là c’est pareil, Et y'a des choses que je sais et que tu ne sais pas. Je ne peux pas t’en dire davantage pour t’expliquer, ça serait trop dangereux pour toi et moi. C’est la politique. 
P/ Tu sais à qui est l'entrepôt vu que t'as donné le nom et tu sais pour qui il travaille.
BC/ Je sais.
BC/ Sachez que je ne prendrai pas contact avec quelqu'un d'autre avant ce soir. Si votre décision est ferme.
BC/ Merci à vous et désolé de vous avoir fait perdre du temps.
L/ Toujours un plaisir de venir.
BC/ Ça m'a fait plaisir de voir Speranza pour une fois.
Il se détend mais reste préoccupé parce qu'un si gros sujet n'est pas résolu. 
Lupo note même une sorte de soulagement en lui. La raison est indéfinissable mais peut être que lui même ne tient pas à être responsable d'un incendie dans la ville ? 

Orso les raccompagne et d'un signe de tête indique quand la voie est libre.



L/ On va voir Ducatore et lui vendre la mèche ?
E/ Si tu veux perdre la confiance de Benito.
S/ J'ai pas confiance en Ducatore.
S/ Vu ce qui se passe avec l'ex nouvelle maison de Pido, j'ai pas envie. Pas confiance.
L/ Un boulot comme ça, c'est notre réputation et si on la piétine on aura plus rien.
P/ C'est ennuyeux car j'aimerais bien qu'il n'y ait pas un incendie en ville.
E/ Ça c'est autre chose.
L/ Faudrait pas qu'on ait des choses dans le coin.
P/ Je crois pas qu'on ait d'entrepôt.
S/ Il ne pensait pas à ça, j'ai compris.
P/ Je peux pas dire à l'Anguille qu'il doit surveiller l'entrepôt pour alerter dès le début des flammes, il aurait des doutes.
E/ Ce gamin bosse pas encore pour toi. Tu sais pas si il tient sa langue et ça le mettrait en danger.
S/ On a déjà des gamins qui bossent pour nous.
L/ Surtout vu ce que tu as dit à Bella.
P/ Qu'est ce que j'ai dit ?
L/ Tu lui as presque dit que tu voulais la dégager.
E/ Foutre le feu en ville en ce moment, c'est pas la bonne idée surtout si c'est entre sénateurs que ça se goupille.
S/ On a dit qu'on s'en mêlait pas.

Arrivés dans leur rue, ils constatent qu’il y a deux trois souriceaux parmi les plus jeunes dans leur cabane mais Bella n'est pas dans le coin. 
Lupo part à la recherche de Bella et il tope Donnola qui était avec elle ce matin. Lupo lui fait signe alors qu'elle tentait une approche pour chipper sur un étal.
D/ Tu veux quoi Lupo ?
L/ Je cherche Bella, tu sais ou elle est partie ?
D/ Elle faisait la belle pendant que j'allégeais les pigeons tout à l’heure. Mais après sa discute avec Pido, l’est descendue vers le port sans m’affranchir.
L/ Je vais voir si j'ai plus de chance là-bas. Elle était fâchée, fâchée ?
D/ chuis pas restée mais j'ai vu qu'elle pleurait.
L/ Merde.
D/ Elle chiale des fois, faut pas s'inquiéter.
D/ Y'a autre chose ?
L/ J'ai l'impression qu'il se sont pas compris avec Pido et je voudrai être sûr qu'ils se sont pas mis en tête des mauvaises idées.
D/ Quand l’est pas trop bien, elle monte au temple du resplendissant et y'a un coin en haut de la muraille écroulée d'où on voit bien la flotte en bas. Elle monte là-haut.
L/ Merci pour le tuyau, je vais voir là-bas.
La pièce accompagne le remerciement à la hauteur de l'information qui permet à Lupo de trouver très vite Bella qu'il rejoint après un peu d'escalade.



Bella le regarde monter et même s'asseoir à côté d'elle.
L/ Ça va ?
B/ Ouais.
L/ J'ai cru comprendre que t'avais pas trop le moral et que Pido avait pas su dire ce qu'il voulait, qu'il y avait eu un gros mic-mac et que vous vous êtes pas compris.
L/ J'ai pas le détail mais pour clarifier, nous ce qu'on voit c'est que dernièrement ça a été dur pour tout le monde. 
Elle reste silencieuse, le regard fixé sur la baie qui baigne le port
L/ On voudrait que tu nous aides pour qu'on améliore l'ordinaire des souriceaux. Pas rajouter à la peine par des conditions difficiles. Qu'on puisse compter les uns sur les autres. Et après, il a parlé de ton age, c'est pas qu'on te fout dehors, c'est pas la question mais plus de savoir ce que toi tu veux. Si t'as des ambitions,des envies et on pourra t'aider au mieux.
Elle hoche la tête.
L/ On te mettra pas sur le trottoir, tu t'efforces d'éviter ça, c'est pas pour qu'on t'y colle, on est pas des salopards, on essaye en tout cas.
Elle renifle et se frotte le nez.
B/ Merci de m'avoir dit tout ça, je vais réfléchir.
L/ C'est ça qu'on voulait te dire. Si y'a des problèmes, faut nous le dire et si c'est pas à moi, tu peux le dire à Speranza. Elle nous passera le message en nous mettant la tête dans le mur
D'accord ?
Elle acquiesce 
L/ T'as faim, tu veux manger un truc ?
Elle fait non de la tête
L/ Du coup, je te laisse, à tout à l'heure.



Speranza profite que les quatre soient réunis.
S/ À la base, je suis censée être incognito, le Compari discret donc les réunions comme ce matin ou les mariages, j'ai pas à y être. Donc on va revenir à, “Speranza, elle est bébête et elle reste à la maison”.
P/ D'accord.
S/ Sinon, mon ajout majeur, il sert à rien.
P/ Benito te connaît déjà mais je note ça. Tu as raison.
Pidocchi dépose un papier sur la table qu'il déplie. Le chiffre écrit attire fortement l'attention : dix mille florins.
P/ Je pense que j'ai pas besoin de vous expliquer d'où ça vient ?
E/ De Ressine.
Ignorant la blague, Pidocchi poursuit tout aussi sérieusement
P/ J'en conclut que Benito est désespéré.
L/ Qu'il a dit oui à un truc et qu'il a des gros problèmes.
P/ Je suis pas en train de dire qu'on va faire la mission mais je veux pas qu'il arrive malheur à Benito.
S/ Il était plutôt soulagé qu'on ait dit non.
P/ Ouais, alors pourquoi il m'aurait mis ça dans la poche ?
L/ J'en sais rien.
E/ Dix mille florins, c'est gigantesque.
S/ Et qui te dit qu'il ne vérifie pas notre loyauté ?
E/ Pas tellement son style.
L/ Ducatore sait pas que tu sais que le marchand bosse pour lui.
P/ Si, j'en ai parlé avec lui.
L/ Benito a mentionné qu'il n'appellerait personne avant ce soir. Genre changez d'avis rapidement.
S/ En tout cas pour ce qui est de Benito, c'est coutumier chez lui ? Ce genre de plan ?
P/ Non, pas à ce tarif.
S/ Que notre refus le mette dans la merde, c'est son boulot aussi. C'est son boulot, c'est sa merde et même si il chouine, on se met pas dans la merde parce qu'il accepte un truc trop gros pour lui. Vous dites il s'est mis dans la merde, il a que nous ben tant pis pour lui.
E/ Clair que dix mille, ça sort pas de sa poche donc il avait prévu de monter jusque là. Ça suppose un très gros commanditaire.
E/ Je suis content de pas être contre lui. Les phalangistes contre lui, l'entrepôt d'un des ses marchands. Foutre le feu à un entrepôt.
S/ Non, à la ville. Que les perchés là haut qui veuillent faire n'importe quoi. Qu'ils aillent le foutre eux même le feu. Ça pue, ça pue beaucoup.
E/ A ce tarif là, je crois pas que Benito pourra témoigner.
P/ Je crois que le commanditaire va s'arranger pour qu'il n'arrive jamais à la question.
S/ Si c'est un test de loyauté.
L/ Loyal ou pas, c'est pas notre fond de commerce.
S/ Je vois pas où on va. On s'occupe pas assez de notre quartier et on met les doigts dans des trucs politiques qu'on connait pas.
P/ C'est parce qu'on n’est plus un truc mineur de quartier.
L/ Si. On est que quatre et l'emprise qu'on a sur nos collègues s'amenuise.
P/ Y'a un choix à faire, un est ce qu'on fait ce truc d'élite et on se débarrasse du quartier ou est-ce qu'on retourne à nos histoires de quartier et de voisins ?
L/ On risque de passer à la casserole.
L/ Tu peux pas jouer au chuchoteur et refaire la façade de la baraque. Faut choisir, on pourra pas tout faire.
P/ Je comprends l'argument et il est valide.
E/ Si on reste que sur notre quartier, on va se faire bouffer.
L/ Tu crois qu'une famille noble va soutenir des gens comme nous, tu te fais des illusions.
S/ Pas de soutien de ce côté là à part du fric.
E/ Soit on devient des Dagarella, soit on perdra un jour notre quartier. C'est un peu la croisée des chemins entre passer dans les services des grands du monde ou rester à nos petites affaires de quartier et les disputes avec les clans voisins jusqu'à ce qu'on soit pris en défaut.
S/ On nous fera une Di Santi.
P/ Elle nous a pendu au nez à partir du moment où on l'a fait nous. Quel que soit le choix qu'on fait, elle va nous revenir un jour.
C'est ce que tente Pido en passant à autre chose.
L/ On lâche le Bœuf ?
P/ Non.
L/ Tu peux pas faire dans les grandes affaires et la clandestinité et qu'on sache ou tu crèches.
P/ Je vois ça comme une couverture.
E/ Faut développer notre quartier sinon on est pas crédible.
S/ La partie politique, on influera pas dessus.
E/ On a pas les épaules.
P/ On le fait quand même déjà, comme avec la sorcière
L/ On a pas vraiment fait exprès.
S/ C'est elle qui est venue nous chercher ?
P/ En fait, non, on l'a cherché nous-même.
L/ On avait fait ça parce que c'était les frères de Speranza.
S/ Et notre souriceaux.
P/ Mais on a mis les mains dedans.
S/ Si elle nous avait laissé emmener les gamins, elle s'en sortait.
E/ Non, on l'a assassiné, c'est parce qu'elle était dangereuse.
S/ Un chien dangereux, on l'abat, ni plus, ni moins.
S/ Je comprends que vous ayez d'autres aspirations mais moi j'ai pas envie d'y mettre les pieds, tout ces trucs qui puent la bouillasse.
P/ Je suis désolé mais nous faisons parti de la pègre
S/ Moi je te parle de la politique.
P/ Y'a une différence ? C'est juste le haut et le bas de la même échelle.
L/ Tu sais que les Carpone, tu peux pas leur tendre la main, ils vont te mordre mais ils sont assez honnête pour te le dire et qu'ils te la feront à l'envers et Argante va nous la faire.
P/ Où t'as vu qu'il était honnête ? Pour nous la faire, c'est écrit sur son front ?
L/ Je vous parie cent florins qu'il va nous la mettre à l'envers. Personne ne relève ?
S/ J'ai pas confiance en Argante mais j'ai pas envie de bosser pour les nobles.
L/ Je pense pas qu'on soit à une croisée.
S/ Moi je pense que si justement et on a pas l'air d'accord sur le trajet à suivre.
P/ J'entends et je respecte le point de vue
S/ N'empeche et du point de vue local, on est sous la menace d'une Di Santi et on sait d'où elle viendrait.
P/ Déjà, qui devient chef de famille, Rosina ou Argante et combien il en reste ?
E/ Une vingtaine de dangereux.
L/ Y'en a bien qui font des mariages. Ettore ?
E/ Vous allez me lâcher avec ces conneries de mariage ?
L/ Ou Speranza qui épouserait Argante.
Speranza lève les yeux au ciel, ne daignant même pas répondre
P/ L'intérêt général de la pègre, c'est le calme et des évolutions plus petites. Si on élimine, ça va agiter les gens donc faut neutraliser la partie hostile
L/ En décapitant ?
P/ Si tu décapites, y'a une tête qui repousse.
P/ Nous on préfère Argante.
S/ Ah non.
L/ Pas tous.
S/ Pourquoi pas le fils à Rosina ?
P/ Il a quel âge ?
S/ Je serais toi je me méfierai de la mère qui protège son bébé.
P/ Ça dépend si c'est toi qui veille sur elle.
L/ Contre qui ?
E/ Le reste de la famille qui veut reprendre les hostilités.
S/ C'est trop compliqué pour moi, je vais m'occuper de mes cachettes.
Speranza file.
E/ Argante est un Carpone, Rosina non.
P/ Il vont vouloir mettre un régent.
L/ Le problème qu'on a c'est que Argante va nous la faire dans le dos pour regagner la confiance de ses gars. On élimine et on voit qui vient derrière.
P/ Objectivement c'est pas un ennemi, c'est un allié.
L/ Il a fait ça et pour se refaire une virginité, il va avoir besoin de montrer à ses gars qu'il peut nous avoir.
E/ Si on compte sur l'embuscade qu'ils ont raté hier et qu'ils voudraient peut-être refaire ce soir.
P/ Faut pas que Majan soit blessée dans l'histoire.
L/ Pas sur qu'ils s'en prennent à quelqu'un du culte du desséché.
P/ Ils viendront nombreux vu ta réputation de tueur.
E/ Ça me plait bien, ça met encore Lupo dans le rôle de la chèvre.
L/ C'est pas grave
P/ C'est quand même le seul que je connaisse qui ait tué et été tué par la même personne.
E/ Tu dois aller à l'hirondelle ?
L/ Oui.
P/ Sinon, j'ai la maison de Coccio. Une maison nouvelle, ça peut amener des nuisances
histoire qu'il renonce.
E/ S'il renonce, tu l'auras pas pour autant.
P/ Signé sous la contrainte.



On fait appel à Ettore, sans doute à propos de Gentille et d'Azzura. C'est la souricette Bambolina qui est venue avec Pulcino.
b/ Y'a le type qui est là, il est monté chez Azzura.
La petite le regarde dans les yeux
b/ Ça va bien se passer.
Il se dirige vers chez les filles.

Un caillou jeté sur la bonne fenêtre fait ouvrir à Renata qui voyant l'importun, change d'avis sur le rappel des horaires respectables des filles de joie qui ont le droit de dormir jusqu’à midi.
Renata/ Si c'est pour toi, je peux faire une exception.
E/ C'est pour votre visiteur, le bellâtre.

Renata vient lui ouvrir en silence puis remonte devant lui en jouant des hanches exagérément. Mais comme Ettore se concentre sur la porte fermée de la chambre d'Azzura, elle comprend qu’il poursuit ce gibier et retourne dans sa piaule en fermant bien sa porte à clef.

La clef est dans la serrure côté Azzura, cette fois ils se sont enfermés pour en profiter et les bruits confirment qu'ils en profitent de façon fort agréable. Après des ébats, Gentile pose des questions à Azzura qui répond sans hésiter, il suit nos activités du moment. Une fois renseigné, Ettore quitte la maison pour aller informer les autres Compari de ce qui se passe entre Azzura et Gentile et les facilités avec lesquelles elle informe le bellâtre.

P/ Et pour qui il travaille ?
E/ Pour les Mastiggia. Il était venu après la fuite de Benvenuto avec la femme en noir et le chien.
L/ Si Mastiggia se renseigne sur nous, pas le moment de bouger sur des trucs trop voyants.
E/ Je vais l'attendre à la sortie.
P/ Tu veux qu'on vienne à deux ?
E/ Non, on va discuter tranquille Je peux le faire fuir seul.

Ettore attend l’homme des Mastiggia sur un banc. Quand il sort de la maison close, il fait signe à Ettore et s’approche de lui en souriant, s’arrêtant quand même à bonne distance.
E/ Tu viens souvent ? Besoin de quelque chose.
Gentile/ Non, j'ai eu ce que je voulais.
E/ Si t'as des questions tu les poses. Tu me demandes.
G/ C'est gentil mais j'ose pas déranger. Je voudrais pas m'immiscer dans vos affaires.
E/ Je suis un gars plutôt ouvert.
G/ Pour qui vous grenouillez ?
E/ Peut pas trop te le dire.
G/ On va pas discuter dans la rue.
E/ C'est l'endroit le plus calme, chez nous y'a des oreilles alors que dans la rue.
E/ On peut se poser sur le lavoir, à cette heure elles ont fini.

Arrivés sur les lieux et constatant que personne ne se trouve proche, ils reprennent leur discussion
G/ On raconte que vous grenouillez pas mal chez Ducatore. Or, tout ce qui concerne Benvenuto Gesufal ou Ducatore, ça nous intéresse.
E/ Actuellement on a plus de contrat ou de demande par là.
G/ Très bien.
G/ Si on a besoin de vous on peut venir donc vous voir ?
E/ C'est pas moi qui décide.
G/ Je vais demander à Pidocchi ?
E/ Non, faut passer par un intermédiaire.
G/ Son nom ?
E/ Je sais pas, faut voir avec Pidocchi.
Gentile est amusé de la réplique et poursuit sur un ton mi sérieux
G/ C'est fini entre nous ?
E/ Ça dépend, c'est fini avec Azzura ?
G/ C'est plus la même relation, je ne paye plus.
E/ Monsieur a des avantages.
G/ Je viens pas pendant les heures de travail. D'ailleurs, faut que j'y aille. J'ai du travail et on va se demander où je suis. 
Tu pourrais servir des sénateurs.
E/ Je suis un truand, j'ai pas d'heures.
G/ Toi aussi tu pourrais avoir cette sécurité.
E/ Ta famille est dans la soie, moi je suis plus dans la débrouille de rue.
G/ J'aime bien venir par chez vous et Azzura est accueillante. T'es pas jaloux ?
E/ Jaloux ? Je te rappelle son métier. J'aurais pas fini. Y'a pas que des soldats à s'enfiler en permanence dans le palais Mastiggia.
G/ Contrairement à toi, j'ai des obligations.
E/ C'est ça de bosser pour un maître.

Ettore laisse partir Gentile en s'assurant qu'il quitte leur territoire puis il va faire son rapport à Pidocchi.

E/ Y'a les Mastiggia qui veulent nous proposer des contrats si on bosse plus pour Ducatore. Ils savent qu'on y va souvent. On les a rencardé sur place et moi j'y ai été vu qu'une ou deux fois.
P/ C'est comme ça qu'on fait des rentrées d'argent, en bossant pour tout le monde.
E/ Messieurs, je vous laisse aller discuter avec Azzura. Si j'y vais, je crains de déborder.


Pendant l’après midi, Speranza se fait plaisir entre le bazar qu'elle génère dans le camp Cazahorca puis selon sa nouvelle habitude elle va piquer dans la rue des trucs aux serviteurs Phaleri qu'elle ira ensuite distribuer aux souriceaux.
 
La démocratie, ce n’est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité.
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Re: [CR] Quattro Compari - aventures à Ciudalia, d'après le roman Gagner la guerre (motorisé sous Epées & Voleurs)

Message par Doji Satori »

Épisode 54 - Au théâtre, ce soir.


Toujours énervé par ce qu'il vient d'apprendre, Ettore décide d'aller éclaircir la situation et mettre les points sur les i avec Azzura. Voyant son état et notant la demande d'intercession, Lupo l'accompagne pour empêcher l'escalade potentielle.
Une fois arrivés devant la maison des filles, la porte est fermée et la lumière éteinte puisqu'il n'est pas l'heure pour les clients. Un caillou envoyé sur le carreau de la chambre d'Azzura la fait surgir, souriante, à sa fenêtre.
A/ C'est pour quoi ?
E/ On voudrait te parler
A/ Vous montez.
Elle leur jette la clé de la porte
Elle les accueille autour d'une petite table avec du vin et après avoir pris une chaise dans la cuisine pour qu'ils puissent tous s'asseoir. Elle amène table et verres et commence à servir. Lupo s'est assis ainsi que Azzura mais Ettore hésite avant de le faire aussi.
L/ Je voudrais pas mettre Ettore mal à l'aise.
E/ Je vais commencer. Gentile. Je l'ai vu sortir de chez vous et paraîtrait qu'il est déjà revenu depuis la fois où je vous avais interrompu.
A/ Oui, il vient régulièrement.
E/ Souvent en début d'après-midi.
A/ Il apporte des sucreries. On mange parfois après l'amour.
Lupo note l’emploi du mot amour, peu usuel dans la bouche d’une professionnelle
E/ Et vous causez ?
A/ On discute.
E/ Et dans les discussions tu lui dit ce qu'on fait.
A/ D’où je viens, mon enfance. Il s'intéresse à moi. Il demande aussi des nouvelles de vous.
E/ Et tu lui parles de nous quand il demande.
A/ Je suis pas macquée avec vous.
Ça, c'est pas la bonne façon de lui répondre et vu qu'il se retient, ça commence à chauffer entre les oreilles d'Ettore. Il sait qu'elle parle d'eux, que Gentile est renseigné à peu de frais sur les activités des Compari et cette cruche n'a pas l'air de comprendre.
E/ Tu sais pas ! S'il te demande quoi que ce soit sur nous, TU SAIS PAS !
E/ Gentile, c'est un tueur comme moi qui pourrait un jour me la planter dans le dos donc je veux pas qu'il sache ce qu'on fait, ou on le fait, quand on le fait.

Le ton est monté, froid, coupant comme une lame et annonceur de violence à un point qu'Azzura par instinct ou habitude ancienne quand elle était sous la coupe des Di Santi se prépare à encaisser ou tenter d'amortir les coups qui vont pleuvoir. Il est debout, terrible, menaçant et les secondes sont longues avant qu'il ne se décide à sortir en martyrisant la porte au passage. Azzura tremble toujours de la gifle qui n'est pas venue alors que Lupo adoucit la forme énoncée par Ettore.

L/ On sait pas pour qui il roule, s'il peut devenir un adversaire donc pour notre tranquillité, t'as qu'à changer de sujet de conversation. Tu fais ce que tu veux avec lui. C'est ta vie. On a rien contre toi mais notre activité c'est d'être prudent et méfiant et ça serait moche qu'il te manipule juste pour avoir des infos. Je vois que t'es pas à l'aise et que tu as peur de t'en prendre une. Ça va pas être le cas mais on veut pas que ce type devienne une menace. Tu y gagnerais pas au change si un autre patron s'installe dans le coin. C'est juste une mise en garde.
Lupo termine son verre et remercie Azzura de son écoute attentive.
L/ Voilà, à bientôt.
L/ Je suis pas un méchant mais si on est en danger, je sais pas comment les autres pourraient réagir.
Il finit par la rassurer et bien que le message soit pris au sérieux, elle est soulagée et heureuse de constater qu'elle est passée au travers des baffes qu'elle craignait.
L/ Fais gaffe et pense à te protéger parce que ce gars là, il cherche peut-être juste à te manipuler.
L/ Si il t'embrouille, on est là. On est là aussi pour ça s'il te menace pour avoir ce qu'il veut.
Il voit une lueur de doute dans la prunelle de la jeune femme, les mots ont porté.
A/ Merci Lupo.
L/ Bonne journée Azzura.

Quand il repart, il glisse en passant devant la porte entrouverte de Renata, 
L/ c'est pas bien d'écouter aux portes
R/ Je croyais que tu venais pour moi. Tu préfères la chair fraîche.
L/ Je suis pas si restrictif.
R/ Je te ferai un prix.
L/ Moi aussi, je te ferai un prix.
Elle éclate d’un rire mi amusé mi moqueur

Ettore et Lupo vont ensuite étudier le terrain pour voir où les Carpone pourraient monter une embuscade s'ils voulaient coincer Lupo ce soir entre le Bœuf et l'Hirondelle ou entre l'Hirondelle et le théâtre.


Pidocchi s'est dirigé vers le port et il a fini par aller se mettre à une table à la terrasse du banc de nage où il est rejoint par Lupo le serviteur du podestat Ducatore
P/ J'ai quelques informations pour qui tu sais.
P/ La première c'est qu'un des leaders de la révolte est identifié. C'est un docker du nom d'Arturo qui est lié avec la famille Stefani
L2/ T'es sur que c'est à moi que tu dois dire ça ?
P/ La deuxième c'est qu'il y a des gens qui s’intéressent à ce qu'on fait avec ton patron et ceux-là tu dois connaître, les Mastiggia. Les Mastiggia s'intéressent trop à nous.
L2/ Tu voudrais pas expliquer tout ça à...
P/ Je préfère pas en ce moment, même la porte de derrière est pas assez discrète.
L2/ Ah, Je dirai à qui tu sais.
P/ Tu diras à Spada et à personne d'autre : fais gaffe à Furca, y'a quelque chose qui se trame.
P/ Y'a peut-être une taupe dans le palais.
L2/ Bien.
Lupo écluse sa bière en tentant de ne rien oublier.
Pido regarde ostensiblement vers les entrepôts.
Lupo ne se retourne pas mais regarde cette direction au moment de partir.
Pido vérifie que Lupo n'est pas suivi quand ce dernier s'éloigne avant de lui même rentrer vers le Bœuf Rouge.



L'après-midi passe et les bruits de la rue se propagent encore et c'est toujours la ville-basse qui semble mener le bruit sauf que les gens sont soulagés que les phalangistes n'aient pas tiré sur la foule la veille.



E/ T'avais bien dit à l'autre qu'on s'était occupé de la sorcière ?
P/ Qui ? À Spada ?
E/ Non au père des gamins. Il s'est encore retrouvé en première ligne devant les phalangistes.
P/ J'ai discuté avec Lupo du palais Ducatore et je les ai informés pour les Stefani et les Masstigia.
P/ J'ai aussi sous entendu auprès de Spada via Lupo qu'il faut veiller aux entrepôts.
E/ Si on bave de façon trop voyante, Benito va pas être content.
P/ Le but c'est que ça se voit pas trop.
S/ Ça la fout mal pour Benito.
P/ Son boulot, c'est de trouver des gens, pas que ça marche.
S/ Tu veux que ça soit l'Anguille qui par hasard alerte ?
P/ Lui demander de surveiller spécifiquement cet entrepôt.
S/ C'est l'envoyer au casse-pipe.
P/ T'as une autre possibilité ?
E/ Pour moi, j'ai refusé et si quelqu'un d'autre l'apprend tant mieux pour lui.
L/ C'est notre relation de confiance avec Benito.
P/ Ça te gêne pas que quelqu'un d'autre le fasse ?
P/ Si y'a un qui est cramé et prêt à le faire.
E/ Si ils étaient prêts à mettre dix mille, ils vont revenir sans problème vers Benito pour savoir à qui il l'a dit et après quelques avoines, ça va nous retomber dessus.
P/ C'est un incendie qui vise Furca et à travers lui Ducatore, c'est la main du podestat.
S/ Tu fais du service gratuit à Ducatore ?
E/ On prend un contrat. Si un autre propose moins cher, on va pas lui pourrir son affaire.
P/ Si le feu part c'est la moitié de la ville qui crame. On est des citoyens de Ciudalia.
L/ Nous, c'est compliqué.
E/ Je sais pas pourquoi il a pris ce contrat.
S/ Moi non plus, je pense qu'on lui dois rien.
E/ Le mec qui paye dix mille florins et son affaire elle marche pas, il va être colère.
L/ Il va aller voir Benito puis il va lui faire dire qui est au courant.
P/ Moi si je demande un truc comme ça , je propose deux mille cinq cent et je paye pas.
S/ Et l’acompte ?
P/ Pour un boulot comme ça, je paye et je fais tuer la personne.
L/ A dix mille, ils s'en foutent de l’acompte.
P/ Ils vont aller voir Benito puis il va pas tarder à dire qu'il n'en a parlé qu'à eux ou à eux et ça va revenir sur nous très vite.
P/ Tu prend un de mes pions, je prend un des tiens.
 P/ Si tu grilles la moitié de la ville, ça va faire du bruit et les gens vont se retourner contre le premier qui passe à portée.
E/ On dira que c'est la faute de Furca vu que c'est dans son entrepôt et qu'il a pas sécurisé on ne sait quoi.
P/ Ça touche d'autres entrepôts et bâtiments, ça va finir très mal.

P/ Pour ce soir, j'ai besoin de mon arbalète ?
E/ Au cas où en face y'en ait un mais faut faire gaffe aussi au couvre feu.
L/ Ici, c'est nous le couvre feu et les alguazils font juste des patrouilles. Les phalangistes sont surtout dans la ville basse.
E/ Ça va dépendre d’où ils feraient une embuscade. Le plus logique c'est près de l'hirondelle.
P/ Tu penses que Majan pourrait enfiler une armure ?
L/ Je pense pas
P/ Tu lui as dit pour le risque d'embuscade ?
L/ Non.
P/ Et ça te convient ?
L/ Pas trop.
L/ L'autre jour, ils m'attendaient.
P/ Y'a des témoins et c'est sans doute une petite faction des Carpone qui ne veut pas que les autres sachent qu'il veulent te tomber dessus.
E/ Faut qu'on aille se placer et je suggère à Lupo que Majan glisse un cuir sous sa cape.
Lupo reste souriant mais ne répond pas, l’idée ne lui plaît guère mais il est inutile de contrarier Ettore.


Speranza va choisir son point de vue sur les toits.
Ettore ressemble à un poivrot qui cuve contre un mur et Pidocchi a pris un poste de tir avec son arbalète pour surveiller la rue devant l'hirondelle.



Quand tout le monde est en place, Lupo se dirige vers l'hirondelle puis rejoint Majan à l'étage qui lui ouvre. Elle porte une robe de belle facture mais qui reste sobreet arbore un masque exubérant et décoratif avec de longues plumes noires et de couleurs.
L/ Magnifique.
Il sourit et observe les détails avec un air agréablement surpris.
M/ Mon déguisement vous convient il messire Tramonte ?
L/ Vous êtes superbe, vous allez vous fondre dans la masse.
M/ Ma robe ne fera pas illusion longtemps, elle ne convient pas, sans doute, à ces endroits. Vous même êtes vêtu plus luxueusement.
L/ Ça vous gêne ? Personne n'y fera attention.
Elle sourit en faisant un signe de négation


Ils discutent en descendant et se dirigent vers la porte de devant. Quelques Carpone sont dans la salle à jouer aux cartes mais ils ne mouftent pas. Rien ne semble bouger et ils sortent et progressent dans la rue.
Pas de réaction excessive. Seul un gamin semble filocher Lupo et Majan. Speranza le prend en chasse. Tous les côtés de l'hirondelle sont surveillés par des gamins payés par les Carpone.

Sur le trajet, Majan est inhabituellement gaie et s'appuie sur le bras de Lupo en toute confiance. La tension que le Compari sent en elle semble due à l'impatience de  se rendre à la représentation théâtrale. Il jurerait que ce n'est pas la première qu'elle se déguise ou plutôt qu'elle emprunte une autre identité. Elle reste au fond d'elle-même une gyrovague.

Suivant les consignes de sa sœur, Lupo rejoint le théâtre officiellement fermé pour une représentation plus discrète et privée en prenant l’entrée des artistes empruntée il y a quelques jours lors du meurtre du centenier Chiodi. Le portier fait rentrer sur un air de conspirationniste en vérifiant dans la rue 
Dans le couloir, un second rôle de la pièce en costume de scène les prend en charge.
sr/ Bonsoir messire Tramonte, si vous voulez me suivre je vous amène à votre loge.
Il y aura un entracte et je vous apporterai une collation à ce moment.
Seule la scène est allumée ainsi qu’une lumière discrète dans de rares loges.
Lupo ne reconnaissant pas trop les invités, il les caricature à l'excès et surjouant les ragots habituels sur les tromperies supposées ou pire pour amuser la Gyrovague.



Devant la porte, le gamin Carpone a choisi de trouver un coin dans une ruelle.
 Il semble là pour prévenir quand la pièce va se finir et que Lupo prendra le chemin du retour.



Pido et Ettore sont repartis vers l'Hirondelle. 
Les gamins sont encore en faction à surveiller les diverses entrées de l’auberge. Quand Lupo et Majan sont partis, les Carpone sont restés dans l'hirondelle. L'embuscade n'a pas eu lieu mais c'est même un mouvement contraire qui s'est passé. Les Carpone sont-ils montés dans la chambre de Majan ou ont-ils prévu d'attendre le retour de Lupo pour lui régler son compte dans l'auberge à l'abri des témoins et passants ? Les deux hommes doutent et comme Lupo est à un endroit qu'ignorent les Carpone, eux vont se focaliser sur ces derniers. Pas possible de voir par les fenêtres ou à travers les volets au rez-de-chaussée ni de monter jusqu'à une fenêtre du premier sans être repéré par les gamins.
Ettore et Pidocchi envoient un passant donner un message marqué d'un quatre en direction d'Amanda pour qu'elle sorte. Accompagné d'une bonne pièce pour se payer le verre qui s'échangera contre le message, l'homme va au comptoir et glisse le papier à Amanda de façon discrète. Elle comprend et décide de sortir les poubelles en passant par la porte de la cuisine. Une fois sortie, inquiète elle regarde mais ne reconnaît personne jusqu'à ce qu'une silhouette se mette à siffloter un air étrange d'une chanson qui semble raconter l'histoire d'une Amanda. Air peu connu puisque inventé à l'instant pour Ettore. Elle s'approche tout en semblant être affairée par autre chose.
E/ Parait que des Carpone ont tenté de...
A/ Oui, monsieur Tramonte.
E/ J'ai vu un paquet de Carpone entrer dans l'hirondelle, ils sont montés à l'étage ?
A/ Non, ils sont dans la salle en bas.
E/ Ils doivent sortir avant la fermeture ? Nombreux ?
A/ Normalement oui, sept. Sur deux tables.
E/ Armés ?
A/ Oui, enfin, des couteaux comme d'habitude.
E/ Laissez la porte de la cuisine ouverte jusqu'à ce que Lupo soit rentré.
Ettore a obtenu les informations souhaitées et Amanda ne désirant pas que son absence soit repérée se dépêche de rentrer.


Au théâtre, Lupo et Majan assistent à la première partie de la pièce depuis leur loge. Andreo est flamboyant dans son rôle, plus Lupo que nature. Il a semble t'il très bien observé son sujet lors de ses dernières visites à son domicile pour que ses postures et son phrasé soient encore plus proches de Lupo. Ce dernier observe les réactions de Majan qui a conservé son masque. Lupo ayant déjà vu la pièce, il guette également les diverses réactions. Il reconnaît d'ailleurs Phaleri dans une loge en face. Il l’indique.
L/ C'est Phaleri, notre grand ami qui a peur du grand âge.
Elle se détourne de la pièce pour l'observer un long moment avant de reporter son attention sur la scène.

A l'entracte, un acteur vient les servir.
Majan reste silencieuse et ne quitte pas la loge alors qu'il comble le silence.
L/ Tout va bien ? C'est un peu dense.
Elle ne réagit pas à son air détendu.
L/ je vous avais dit que si vous vouliez savoir qui j'étais c'était instructif, la pièce à ne pas rater
M/ Je m'y étais préparée, j’avais entendu parler du scandale et de l'immoralité, effectivement.
L/ Je pense qu'elle a surpris mais elle est révélatrice des comportements dans certains milieux
M/ Est-ce le seul but que vous ayez à me montrer ce spectacle?
L/ Vous vouliez savoir à qui vous aviez affaire. J'ai eu un passé trouble et chargé dont j'essaie de m'extraire. Je ne suis plus comme avant. Il y a eu des changements.
Elle observe, grave et attentive alors qu'il semble amusé.
M/ Et vous pensez qu'en me montrant vos turpitudes, ça a une signification de …
L/ Je pensais que la vérité vous intéresserait.
M/ Je ne m'interroge pas sur votre attachement aux plaisirs évoqués ici.
Je me demande en quoi c'est significatif ou révélateur de qui vous êtes ?
L/ C'est ce que j'étais quand j'ai touché le fond.
M/ qu'en reste t'il aujourd’hui ? Jusqu’où va le jeu don Tramonte ?
L/ J’espérai que mon comportement ait pu vous laisser penser que j'avais changé. mais ça eut être pour me confronter à ça que nous sommes ici.
M/ Vous affectez tant de légèreté … Vous n’éprouvez pas de remords, pas de honte de ce que vous avez pu faire ?
L/ Cette légèreté est une défense, certains portent un masque c'est une protection comme une autre. Vu notre collaboration, relation et vos questions légitimes, ça me paraissait normal de vous montrer à qui vous aviez pu avoir à faire. Y'en a t'il une leçon à tirer, je ne saurais ?
M/ Le problème, don Tramonte, c’est qu’avec vous on ne connaît pas la frontière entre le rire et le sérieux …
L/ J'admets … mais je pense que vous êtes à même de savoir.
M/ Vous me prêtez de bien forts talents alors que vous êtes si complexe et avez tant de choses différentes en vous. Affecter la légèreté et les vices en étant un homme de bien ? Prôner la moralité et jouer avec des jeunes femmes ? Qui êtes-vous aujourd’hui ?
L/ Un peu tout ça, de cette période, des plaisirs terrestres puis aussi celui qui a vécu et pris un peu de sagesse la même personne mais différence avec un désir de changement ou de rédemption.
M/ Et je fais partie de cette rédemption ?
L/ Notre collaboration m'a aidé sur ce chemin.
M/ En quelle façon ?
L/ Un objectif, une cause pour laquelle je puisse mettre au service mes talents qui étaient mal utilisés.


Le rideau derrière eux s'entrouvre et Lucrezia arrive souriante et sans masque dans une robe somptueuse.
Luc/ Tout va bien ici ? Tu nous présentes ?
 L/ Lucrezia, Majan Majan, Lucrezia, ma sœur.
Majan les regarde alternativement.
L/ Andreo est au mieux de sa forme, comment vas- tu ?
Luc/ D’avoir été suspendu quelques jours l'avait tendu mais avec cette représentation unique et privée, il se lâche.
Quelques banalités sont échangées mais Lucrezia jette de nombreux coups d’oeils à cette femme que son frère a amené,  voir ce qu'il y a de plus pendable de ses frasques de jeunesse.
Luc/ Je descelle un accent étranger dit elle en regardant Majan qui reconnaît venir de Bromaël.
Il les laisse discuter sans trop s'immiscer pour fluidifier sans diriger la conversation.
M/ Vous êtes l’organisatrice ?
Luc/ C'est en fait grâce à vous et grâce à Lupo et ça a été l'occasion de l'ouvrir à ceux qui n'ont pu la voir avant que ça ferme.
M/ Je comprends mieux pourquoi il y avait si peu de monde.
M/ J'ai cru voir don Phaleri, une connaissance à vous ?
Lucrezia élude la question en en posant une autre.
Luc/ Vous le connaissez ?
Luc/ Je ne sais pas qui l'a invité ou s'il est l'invité d'autres invités.
L/ Il me semble qu'il fait office de mécène pour de nombreux artistes donc si vous ne l'avez invité, C'est une bonne chose qu'il soit là pour avoir sa protection et monter une prochaine pièce.
Luc/ Sa réputation est très bonne auprès des esthètes et artistes de la ville.
L/ Si tu l'as invité, bravo.
Luc/ Je tairai le nom des invités même si sans ton masque certains t'ont reconnu et m'ont questionné.
L/ Rien de bien inquiétant j’espère ?
Après vérification de l'accord de son frère et un clin d’œil vers Majan.
Luc/ Don Dulcino Strigila s'est enquit de toi.
L/ Que voulait-il savoir ?
Luc/ Savoir qui était avec toi alors que nous étions si fâchés l'autre jour … 
Luc/ Je lui ai dit que nos cœurs étaient aussi rapides à se fâcher qu'à se rabibocher. Nous n’avons que nous pour famille. Il a eu l'air satisfait. 

Mais justement vous verrez tout ceci dans la seconde partie de la pièce.
Sur ces mots qui laissent Lupo pantois, elle recule et referme le rideau alors que résonne les trois coups annonciateurs de la reprise de la représentation.
La démocratie, ce n’est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité.
Albert Camus
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Re: [CR] Quattro Compari - aventures à Ciudalia, d'après le roman Gagner la guerre (motorisé sous Epées & Voleurs)

Message par Doji Satori »

Épisode 55 - Quand la ville dort.


Lucrezia laisse Lupo et Majan assister seuls à la deuxième partie du spectacle. L'histoire de la déchéance de Tramonte continue crescendo. Le public, moins nombreux qu’à la représentation à laquelle il avait assisté, reste silencieux. Personne ne se fait remarquer par un esclandre que la foule rendait anonyme. Lupo, bien que connaissant l'histoire, se laisse capturer par l'interprétation d'Andreo jusqu'à la scène finale où il jette à nouveau les cartes une à une en énumérant la longue liste des vices et faits de leur histoire, et à travers celle-ci une mise en abyme de la société ciudalienne.
Il s'incline et le rideau tombe avec quelques applaudissements dont Lupo pour la prestation mais ce n'est pas le cas de Majan. Elle observe la salle, ceux qui se sont levés pour applaudir.
Avec Phaleri, on reconnaît Cesarino Rasicari, le neveu du podestat et un autre homme, artiste d'après sa mise, le Macromuopo, peintre célèbre qui a proposé l'une des trois fresques exposées au palais Curial.
Des souvenirs d'une muse que Lupo lui a ravi des visions artistiques reviennent à ce dernier.
Le peintre reste impassible et échange quelques mots avec l'amiral Phaleri alors que Cesarino applaudit à tout rompre.
Strigila n'est pas visible depuis le balcon que Lupo occupe.
Les gens profitent de cette opportunité d'un théâtre privé en petite société, havre de paix dans cette ville en tension.
Lucrezia revient les voir.
L/ Alors, la soirée a-t-elle été digne de vos espérances à Andreo et toi ?
Luc/ Il est crevé.
L/ J'imagine. C'est possible de lui passer le bonsoir ?
Luc/ Si tu veux, il n'est pas si fatigué que cela mais auparavant je suis chargée de transmettre une invitation à boire une coupe de la part de Donna Lusinga, la personne qui accompagne Dulcino Strigila.
L/ Très gentil comme invitation, elle s'adresse à qui ? Nous deux, nous quatre ?
Luc/ Qu'à toi.
D’un geste de l'éventail, elle reprend un code secret qu’ils utilisaient pour tricher aux parties de carte. Ce n'est pas une carte à jouer qu'elle lui signifie mais elle demande si ça peut être dangereux. Entrant dans le même jeu, il rajuste son pourpoint signifiant “oui”.
Luc/ Je dois lui signifier que malheureusement vous êtes pris ?
L/ Il serait inconvenant que je laisse mon invité, d'où ma question.
Lucrezia indique subrepticement Majan en repliant son éventail signifiant s’il a confiance en elle.
L/ Oui.
L/ Il serait désobligeant de ne pas donner suite à une invitation de personnes si agréables.
Je ne vais pas laisser mon invité pendant que je bois des coups avec la haute société.
M/ Faites donc et je resterai à vous attendre en me reposant ici si c'est possible.

Lucrezia appelle des seconds rôles pour qu'ils tiennent compagnie à Majan le temps qu’elle l’accompagne jusqu’à la loge de donna Lusinga.
Passant dans le couloir, il devient plus simple aux Tramonte de discuter.

Luc/ Ça peut être dangereux mais la refuser attirerait les soupçons car tu es connu pour aimer cette compagnie.
L/ Se jeter dans un piège ou la fosse au lion, question de réputation.
Luc/ Je te laisserai seul dans la fosse.
L/ Notre relation fluctue.
Luc/ N'est-ce pas ?
L/ Nous revoir après une telle dispute.
Luc/ Je ne fais que passer un message.
L/ Installe-la dans une loge, je vous y rejoindrai.

Il la laisse s’éloigner avant d’écarter le rideau qui mène à la loge pour y découvrir Strigila, donna Lusinga et même le lévrier que Speranza avait regardé avec tant d'envie. Le chien reste calme y compris quand Lupo lui présente ses mains mais un geste de Donna Lusinga le fait se coucher.
L/ Bonsoir.
DL/ Bonsoir Don Tramonte.
L/ Bonsoir Donna Lusinga. Comment allez-vous, la soirée vous a-t-elle plu ?
DL/ Fort jolie pièce.
L/ Édifiante sur le mode de vie ciudalien.
DL/ On reconnaît que l'auteur en a une parfaite connaissance.
Strigila vérifie le couloir et referme les rideaux, laissant Lupo seul avec Donna Lusinga.
Les banalités sur la pièce sont assez vite abrégées par Lupo alors que Dulcino revient.
DL/ Je crois savoir que vous étiez venu accompagné.
L/ Une jeune personne que j'ai rencontré qui s’intéressait à ce que peut être le théâtre à Ciudalia.
DL/ Vous êtes originaire de Ciudalia don Tramonte ?
L/ Oui, tout à fait.
DL/ J'imagine que peu de familles sont venues d'ailleurs, vous avez connaissance de vos origines ?
Elle parle une langue musicale qu'il ne connaît pas mais qui doit être de l'elfe à l’oreille.
DL/ Excusez-moi, etes vous déjà allé en d'autres contrées ? Valanael ou Llewynedd ?
 Il cache son étonnement.
L/ Non, pur produit de Ciudalia, né ici et sûrement mort et enterré ici.
DL/ Vous l'ignorez alors mais du sang elfique coule dans vos veines, ce qui peut expliquer votre charme et votre entregent à votre sœur et à vous.
L/ Moi qui pensait que c'était dû à mon talent. Quel élément vous laisse penser cela ?
DL/ Votre façon d’être et d'agir, votre coté évaporé et le regard sur ce qui vous entoure même s'il ne reste plus trop de scande dans votre phrasé. 
Votre mère était-elle alanguie ou distante quelquefois ?
L/ Ça a pu sauter quelques générations ? D'accord ? Peut-être, jamais songé à vrai dire.
DL/ Peu connaissent les elfes et ils sont reclus depuis de nombreuses années et c'est difficile pour nous autres humains de comprendre.
Il se caresse le lobe de l'oreille dans le doute.
DL/ Heureuse de vous avoir rencontré.
L/ Plaisir partagé.
DL/ Je me demandais s'il y avait moyen de vous compter parmi les amis de la famille Mastiggia, ceux qui œuvrent pour que Ciudalia reste une république.
L/ Ça dépend de ce que vous demandez par là, je suis ami avec tout le monde.
DL/ De grands troubles ont lieu et de plus grands vont advenir.
L/ Dois-je comprendre que vous allez lutter contre un tyran qui veut la renverser.
DL/ Un tyran qui veut le pouvoir. Quelqu'un pour qui vous avez travaillé et...
L/ Je vois, un avertissement amical.
DL/ Non, pas de pression.
L/ Juste un avertissement, pour mon bien.
DL/ Une mise en garde je préfère, gardez vous du podestat qui tisse sa toile depuis de nombreuses années et va bientôt arriver à ses fins.
L/ Ah oui ? Les sénateurs sont en difficulté actuellement ?
DL/ Il a rendu le pouvoir aux militaires mais il a réussi dans la menée de la guerre. Il en garde un avantage sur la cité et tant que les élections prochaines n'ont pas eu lieu, la situation est fragile et déséquilibrée.
DL/ Votre coterie , les Compari, a œuvré pour l'homme de main des Ducatore et il se trouve qu'il a assassiné Bucéphale Mastiggia.
L/ C'est ce que les rumeurs laissent entendre.
DL/ Ce ne sont pas des rumeurs, nous avons des preuves que le podestat cherche à étouffer, des témoignages, un ensemble d’éléments qui prouvent qu'il a été tué à des fins politiques pour décapiter toute opposition à sa prise de pouvoir.
L/ Je vois.
DL/ Vous n’êtes pas sensible à ces choses là ?
L/ Je suis assez distant de ce qui se passe avec les maisons nobles et je me limitais à passer des soirées avec les plus jeunes membres.
DL/ Et vos trois compagnons ?
L/ De plus basse extraction que moi encore, pas leur niveau d’intérêt. Aucun de nous ne baigne à ce niveau ou ne vit de ça.
DL/ C'est donc la récompense pécuniaire ?
L/ C'est une base.
DL/ Vous savez qu'il y a une récompense pour Benvenuto Gesufal.
L/ Il paraît.
DL/ Ses pas l’amènent souvent dans votre rue et qu'il serait bienvenu que nous soyons informés de sa prochaine visite.
L/ Depuis qu'il a disparu, Zani ne l'a pas vu.
DL/ Le jour où il apparaîtra, faites le savoir.
L/ D'ici là, la ville aura eu des changements majeurs, soit vous aurez gagné soit non et les circonstances seront différentes.
DL/ Le personnage reviendra, il est lié à Ciudalia, tôt ou tard. Gardez l’œil ouvert et choisissez le bon camp.
Un sourire triste reste visible au sein de cette tenue de deuil mais elle sourit à Lupo.
DL/ Vous avez vraiment du sang elfique dans les veines, sachez garder cette pureté, cette innocence.
Lupo qui vient de revoir sa vie de débauche s’empêche de réagir alors qu'elle finit par signifier qu'il est temps de prendre congé.
DL/ J'ai trop longuement abusé de votre temps.
L/ Merci de l’invitation et de cette conversation.
Strigila est resté les bras croisés à observer les échanges et raccompagne Lupo.
DS/ Je suis heureux que nous ayons eu cette conversation même si je n'y ai pas participé, je suis attristé par la mort de mon frère et j'espère qu'on se verra de nouveau dans des circonstances plus joyeuses.



Un acteur fait signe à Lupo au bout du couloir pour l'amener jusqu'à Majan et les acteurs qui discutent dans les loges. Lucrezia vérifie que tout va bien et il confirme d'un autre geste disant que pour le moment ça ira.



Sur les toits, Speranza voit les premiers invités sortir et rejoindre leurs escortes et elle reconnaît l'amiral Celeste Phaleri accompagné de deux autres personnes, un vieux barbu et un jeune homme. Leur escorte de trois sicaires les a rejoint. Le barbu les quitte sur un au revoir et part à l’opposé de Torrescella.
Le gamin des Carpone vérifie qui sort et se remet en planque.


Le manège recommence à chaque nouveau groupe qui sort. Cette fois c'est Tossatore et quelques bourgeois qui s'avèrent avoir été de la partie. Il reste encore des gardes du corps dans la rue et un homme seul sort raccompagné par Lucrezia. Speranza note avec attention ses traits pendant qu'ils se saluent et que Lucrezia retourne vers l'intérieur. La dame avec le chien qu'elle avait vu chez Zani sort à son tour avec Dulcino Strigila. Eux aussi partent vers Torrescella. Speranza s'impatiente en essayant de ne pas s'endormir. Dans la paume de sa main, la bague laisse poindre des gouttelettes de sang qui la maintiennent éveillée.


À l'intérieur, Lupo laisse Majan profiter après qu'il ait lui-même félicité Andreo et quand la gyrovague montre des signes de fatigue, assise sur une chaise à observer le monde des acteurs. Il décide qu'il est temps de partir et il prend congé. Lucrezia et Andreo le remercient de l'initiative de cette soirée privée.
L/ Merci mes amis pour cette soirée, c'était un vrai bonheur.
Andreo les raccompagne jusqu'à la porte.


Speranza passe devant le gamin des Carpone.
S/ T'es encore là toi ?
Il détale aussitôt.
S/ Et ta mission alors ?
Elle rigole pendant qu'il file à toute vitesse tant qu'il croit être poursuivi et les quelques pas de Speranza qui claquent volontairement sur le pavé le motivent plus encore. Deux rues plus loin, elle cesse la poursuite.


Majan enlève son masque en chemin pour remettre sa houppelande et sa capeline de gyrovague.
L/ Ce fut une expérience particulière.
M/ Le mot est bien choisi. Particulière. Retournons à l'hirondelle, je me fais lasse, merci pour cette soirée.
L/ Je vous en prie, c'est un plaisir.
Sur les toits, Speranza les suit et tous vont vers l'hirondelle.


Pendant ce temps à l'hirondelle, le commerce a fermé vers minuit et les Carpone sont sortis, l'activité est réduite par les couvre-feu et la peur s'est installée en ville. Les sept Carpone ont discuté en s'éloignant mais un groupe de trois revient un peu plus tard, discute puis se séparent, deux pour surveiller la porte de devant et un pour surveiller la porte de derrière à distance. La pluie bat le pavé, résonne sur les toits et il faut bien choisir sa cachette. Des bruits de courses signalent un gamin qui approche à grande vitesse et un coup de sifflet lui fait dévier son chemin. Il rejoint le guetteur de l’arrière alors que les deux de la porte avant et se dirigent vers eux. Ettore les suit et il s'approche assez pour même entendre quelques mots de mécontentement sur ce gibier qui tarde à venir.


Ils ont vu le gamin, on abandonne pour cette nuit. Tout ça pour ça.
Dans le tri des Carpone, là, on a des types qui sont pas dans la partie des voisins avec lesquels on a prévu de s'arranger pour pacifier le secteur et de bons rapports.
Un homme saoul titube puis se penche en avant, une fente de la rapière, une dague qui égorge le gamin, deux Carpone en moins. Les deux autres n'ont pas compris qu'un de plus est en train de les rejoindre sur le sol. Le dernier tente de se défendre mais une dague contre un duelliste, le report est bref.


Des bruits de course qui s'éloignent alors il se lance à la poursuite des bruits mais rapidement il avise qu'il s’agit de deux gamins qui sur un signal se séparent. Il choisit de suivre le plus grand et lui non plus ne pourra pas témoigner. Il finira derrière une poubelle dans une ruelle sombre, lavé par la pluie jusqu'à ce qu'un passant le trouve demain sans doute.


Pidocchi n'a pas entendu le ferraillage mais il entend des bruits de course, un gamin qui fuit dans sa direction. Il le laisse passer.
Pido abandonne la poursuite et quand il revient vers l'hirondelle, il reconnaît sur le sol les trois Carpone qui étaient revenus et un gamin égorgé. Il constate les décès en cours ou achevés. L’un vit encore.
c/ Toi! A l'aide! Au secours.
Pidocchi se baisse pour assister ses derniers instants en lui tendant du vin de sa gourde.
P/ Je peux pas grand chose, y'a un grand trou.
c/ C'est Ettore Compari qui nous est tombé dessus. Le salopard. Faut que tu préviennes les Carpone.
Pido ne le détrompe pas. Il l'assiste sur ses derniers instants et clôt les yeux du mort.
P/ Je ferai passer l'information à qui de droit.


Ettore revient vers l'hirondelle et aperçoit Pidocchi qui sous son manteau de pluie laisse reconnaître la forme d'une arbalète.
P/ Excellent initiative.
E/ Si on devait faire un tri dans les Carpone, je comptais pas garder ceux-la. Y'a un témoin qui m'a échappé.
P/ J'ai recueilli le dernier souffle de celui-là, il n'a pas eu le temps de voir de qui il s'agissait, surpris par un fantôme.
E/ Y’a un gamin qui m'a échappé, il va revenir avec du monde.
P/ Je l'ai vu passer dans cette ruelle.
E/ On pourrait partir vers le théâtre histoire de les intercepter et de revenir ensemble au cas où nos amis viendraient et ne trouveraient personne d'amical.
P/ T'as un alibi, j'étais avec toi.
E/ On est si trempé qu'on pourra pas faire croire qu'on était au théâtre.


En chemin, Speranza les reconnaît de loin dans un ruelle. Un caillou a prévenu Lupo qui d'un signe montre que des amis sont dans la rue alors elle les guide vers Pido et Ettore pour que les quatre rentrent ensemble. Il rassure Majan et quand ils tombent sur Ettore et Pidocchi, elle se raidit.
 L/ Tout va bien, c'est les nôtres.
Speranza joue l'ange gardien pour éviter les alguazils restés à l’abri de la flotte  dans des recoins habituels qu’elle connaît bien.
L/ Salut les gars.
E/ Bonsoir Lupo.
L/ Promenade digestive au clair de lune ?
P/ J'ai trouvé qu'il faisait chaud, j'ai voulu prendre l'air.
L/ J’ai passé une très bonne soirée.
E/ Nous aussi on a croisé des copains, on a discuté.
L/ Ceux qui voulaient me parler ?
P/ Oui, ceux-là.
L/ Pas trop déçus ?
E/ Définitivement déçus mais tu avais mieux à faire que leur causer.
L/ Les pauvres.
P/ C'est une belle nuit pour se promener, je suis trois fois content.
E/ Par contre l'hirondelle est fermée.
P/ Non, s'il tape à la porte de la cuisine, Amanda va ouvrir.
Majan reste silencieuse et les observe.
L/ La voie est libre ?
P/ Il pleut encore mais ça va.
E/ Si t'as peur de rencontrer des malandrins, on peut vous accompagner. C'est pas vraiment notre chemin mais on peut venir.
L/ Dans ces conditions, vous devriez plutôt aller vous mettre au chaud.
M/ Le dieu vous accorde miséricorde.
E/ La déesse vous bénisse.
E/ C'est peut être déplacée comme réponse à une gyrovague mais je n'ai pas trop l'habitude.


Majan reste silencieuse même une fois arrivés devant l'auberge alors Lupo fait la conversation pour dissiper la tension. Une chance qu'elle n'ait pas vu les taches de sang sur la tenue d'Ettore. Son culte a dû lui permettre de sentir le sang, la mort Elle est tendue alors il parle mais rien n'y fait, elle ne desserre pas les dents. Il s'inquiète de son état. Devant la porte, elle bifurque brusquement et se dirige vers une cour, derrière les déchets, quatre corps. Un jeune d'une dizaine d'années et trois hommes entre trente et cinquante ans. Lupo pose sa main sur son bras.
L/ Lui c'est un des truands qui fréquentent l'hirondelle.
M/ Cet enfant est aussi un truand ? C'était ?
L/ Comme beaucoup de gamins des rues, pas d'autre option pour survivre. L'endroit n'est pas sûr, allons ailleurs.

Elle reste un moment penchée sur les corps, murmure des paroles inintelligibles puis se redresse pour se diriger vers la porte de la cuisine. Lupo regarde tout autour mais personne de menaçant dans les environs.
Ils toquent. Rapidement Muto leur ouvre et après les avoir salué, elle referme la porte. Speranza, restée à distance, se retrouve seule sous la pluie.
S/ Oh, il fait chier.
Muto désigne le tableau des clefs, demandant sans doute s'il en veut une.
L/ Non.
M/ Je vous remercie de cette soirée, de m'avoir accompagné.
Aucun des deux ne semble ravi d'avoir trouvé des cadavres si proches en rentrant.
Lupo la raccompagne jusqu'à sa porte. Il vérifie quand même que la chambre est sûre alors qu'elle voulait lui dire au revoir sur le palier.
L/ Je jette juste un œil pour être sûr que tout va bien.
M/ On est jamais trop prudent avec tous ces assassins.
Il ignore le sous entendu
L/ On vient de nous envoyer un signal assez clair.
Majan a sorti sa dague et éclaire la pièce à la lueur de la bougie mais ils ne voient rien d'anormal.
L/ Ça va aller ? Vous le sentez ? Sinon on vous loge ailleurs.
M/ Il n’y aura pas de soucis.
L/ Soyez prudente et fermez bien votre porte.
Elle a retiré son capuchon et l'a placé à sécher devant le feu pour la nuit.
Lupo a perdu de son entrain et la vision d'un cadavre d'enfant n'est pas pour lui plaire, ça lui rappelle aussi la mort récente de Chiodi.

M/ Vous désirez une boisson chaude avant de partir ?
L/ Je pense qu'il ne faut pas que je m'attarde par ici. Les corps qu'on a trouvés, c'est des truands du coin. Pas des gars de ma bande et pas sur qu'il apprécient de me voir dans le coin quand il vont débarquer.
M/ Ettore Stoccata avait du sang sur les mains, vous devriez lui poser la question sur cela.
L/ Si c'est lui qu'a fait ça, c'est qu'il y a des raisons.
M/ Il y a des raisons à toute mort.
L/ Certaines n'en ont pas.
M/ C'est la raison du tueur.
M/ Merci de m'avoir accompagné et si je peux vous demander un dernier service. Je n'ai plus de raisons de rester à Ciudalia et si vous pouviez demander à don Pidocchi de me trouver le moyen de rentrer dont il m'avait parlé.
L/ Je le préviens et il va vous trouver cela.
M/ Le dieux vous accorde miséricorde.
L/ Vous aussi.
Elle le regarde s'éloigner et met un temps à fermer la porte avant qu'il entende la clé tourner.


Le voyant rentrer dans l'auberge, Speranza lui a donné le temps de dire au revoir et elle a été voir les cadavres qu'elle a vu Majan manipuler. Elle reconnaît le gamin du théâtre et alors qu'elle peste, il sort enfin. Les deux prennent le chemin du Bœuf Rouge.

L/ Pas sûr que c'était une bonne soirée. Je pense qu'on file un mauvais coton.
S/ Le gamin te suivait. Je l'ai surpris au théâtre Il est parti en courant. Je sais pas ce qu'il s'est passé. Il y a dû y avoir quelque chose.
L/ Si c'est lui qui nous a suivis, c'est qu'on devait être attendu.
S/ Tu étais attendu.


Au Bœuf Rouge, c'est fermé mais un trait de lumière filtre sous la porte. Comme une lanterne sourde.
E/ Qui ça peut bien être à une heure pareille. Angelo qui fait du rab ?
P/ Tu proposes qu'on entre en coup de vent pour savoir qui c'est? A la Ettore ou à la Speranza ?
E/ Je suis pas Speranza.
P/ On fait comment ?
E/ Toi derrière et moi devant. On compte jusqu'à cent et on arrive en même temps.
Pidocchi rentre le premier et entend un ronflement. Une bougie sur le bar éclaire un aubergiste affalé sur le bar et qui dort pendant que l'autre Lupo, celui de Ducatore, dort sur trois chaises alignées devant le feu. Angelo ouvre un œil quand la porte grince en laissant passer un Ettore prudent.
Salut Ettore.
E/ Ben alors, t'as pas trouvé ton lit ?
Angelo/ T’a lui qui voulait pas partir. Y'a lui qui voulait vous voir sans délai. Ah oui, y'a aussi celui qui avait amené du vin qui voulait vous voir, il a dit qu'il repasserait.
P/ Merci Angelo, bonne nuit à toi.
Pidocchi va se mettre près de Lupo. Les vêtements gouttent sur le sol alors que Pido se blottit près du feu. Une fois posé, il réveille Lupo qui émerge difficilement.
L2/ Salut Pidocchi.
P/ Salut Lupo.
L2/ Y'a sa seigneurie qui veut vous voir d'urgence, tout de suite, maintenant.
P/ J'ai un ustensile à déposer dit il en sortant son arbalète.


Speranza passe par les toits à son habitude et Lupo arrivant sur ces entrefaites passe la porte. Il écoute désabusé. Histoire de finir la soirée de façon merdique, il va les rejoindre alors que Speranza va directement se coucher après avoir passé des habits secs. Elle va se caler avec Molosse qui veillera toute la nuit sur son placard.
E/ Il va dormir Ducatore.
L2/ Quand elle dit séance tenante sa seigneurie, c'est pas à discuter. Il veut vous voir. C'est Spada qui m'a dit que je devais pas revenir sans vous.
P/ Revenir sans qui ?
L2/ Sans les Compari.
P/ Faudrait qu'un reste avec Speranza. J'ai cru comprendre qu'on avait une autre visite en parallèle.
E/ Presque une dizaine.
P/ Une dizaine de visites, ça fait beaucoup.
L/ S'il me cherche, je serais dans mon lit.
La démocratie, ce n’est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité.
Albert Camus
Doji Satori
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Épisode 56 - Proposition, doutes et questionnements


Ettore reste au Bœuf pour nettoyer le sang, rincer ses vêtements et armure alors que Pidocchi et le spadassin du Podestat vont au palais Ducatore dans le quartier de Torrescella. Peu de patrouilles sous la pluie battante donc le trajet se fait sans avoir à courir ou éviter les rencontres impromptues.

Arrivés sans encombre au palais Ducatore, Lupo part aux informations, laissant Pidocchi sous bonne garde. Il revient rapidement.
L2/ Don Ducatore est parti se coucher, il te verra à l'aube, le mieux c'est que tu dormes ici.
Tu seras plus en sécurité.
P/ Je suis d'accord avec ça.
On lui trouve un endroit pour qu'il suspende ses affaires et on lui trouve de quoi dormir dans un coin du palais réservé au personnel. Un débarras, c'est un peu simple mais ça reste une nuit dans le palais du Podestat et il y a des gardes partout même en pleine nuit car le palais, comme le reste de la ville, est en état d'alerte. Pas une pièce sans garde.


 
Jour 16 - une croisée des chemins


Le Compari est réveillé à l'aube par une servante qui frappe à la porte et lui tend ses habits secs et repassés. On l'escorte mais il faut laisser ses armes avant d’accéder au podestat. Il laisse ses trois lames et on le guide jusqu'au cabinet de travail qui jouxte la pièce de vie de Léonide Ducatore. Le voilà dans l'antichambre avec deux sbires dans son dos et Spada Matado proche de sa seigneurie pendant qu’elle se fait raser.
LD/ Bonjour don Compari.
P/ Votre seigneurie.
LD/ Lupo m'a dit que vous aviez des informations à propos d'un de mes clients.
P/ J'ai eu des rumeurs comme quoi quelque chose se tramait à propos de l'armateur Furca et sinon, j'ai parlé d'un leader sur le port qui devrait être affilié à une famille mais ne semble pas en tenir compte.
Il explique le rôle de la famille Stefani sans les citer mais que les intérêts de la famille ne coïncident pas avec ce que conduit Arturo, le portefaix.
P/ J'ai également été sollicité pour un contrat sur Furca.
LD/ Vous m'en dites beaucoup et pas assez.
P/ Comme j'ai refusé l'affaire, je n'ai pas tous les détails. On m'a parlé d'un investisseur qui a un entrepôt sur le port, j'ai deviné mais je sais que le commanditaire met des moyens considérables, l'offre était très généreuse.
LD/ De quel ordre ?
P/ On parle de plusieurs milliers de florins.
LD/ Et vous n'êtes pas intéressé ? C'est pourtant une somme considérable semble t'il.
P/ L'action est contre nos principes, les incendiaires sont des gens très dangereux dans une ville comme la nôtre.
LD/ Un incendiaire, vous en savez beaucoup sans en savoir beaucoup, si vous pouviez me raconter toute l'histoire.
P/ Dans mon métier on récolte au fond des égouts et c'est pas très propre.
LD/ Mais encore ? Me cachez vous autre chose ?
La pression amicale des gardes du corps de Ducatore chauffe le dos et l'instinct de Pidocchi
Il invente une belle histoire de rumeurs peu sourcées et d'un indicateur qui aurait proposé de foutre le feu et qu'il se sont rétractés quand le mot d'incendie a été prononcé.

LD/ Si je résume, quelqu'un vous a proposé d'incendier les entrepôts de l'armateur Furca pour une somme de plusieurs milliers de florins par pur hasard.
P/ Non, pas par pur hasard.
LD/ Que vous ayez refusé est une chose mais pourquoi l'avoir répété à Lupo ?
P/ Parce qu'il m'a semblé important que vous en soyez informé et ce de façon gracieuses.
LD/ Et vous avez pas peur qu'on sache que vous avez parlé si je mets en place des contre mesures ?
P/ Vous noterez que j'ai habillé d'une certaine façon l'ensemble du message.
Le Podestat se redresse pour observer Pido pendant que la serviette brûlante du barbier finit de parcourir le visage.
LD/ Peut-on dire donc que les quattro Compari sont de notre côté ?
P/ Dans certains cercles mais pas à tout le monde.
LD/ J’avais proposé il y a quelque temps qu’elle soit officieuse.
P/ Certains membres souhaitent qu'on ne monte pas trop vite dans les intrigues de la cité.
LD/ Je vous demande pas de monter mais de rester à votre niveau aussi bien dans l'exfiltration d'un client ou dans l’élimination d'un centenier … 
Cette troisième occasion me fait dire que vous êtes des personnes dignes de confiance pour moi mais qu'en est il des trois autres et de leur trouble, pourquoi être venu seul ?
P/ Je suis venu seul parce que les autres avaient à faire et globalement le choix des trois autres est de rester à leur place.
LD/ J'ai donc une mission à vous proposer. Il s'agit de brûler l’entrepôt de l'armateur Furca.
P/ Mais j'ai déjà refusé.
LD/ Oui, par une double crainte, l'incendie et que ça nuise à mes intérêts.
P/ Votre excellence connaît les risques d'un incendie.
LD/ Je connais mais j'ai besoin de cela … J'ai besoin que la ville basse prenne partie pour moi. Si je suis la victime, j'aurais à nouveau le peuple de mon côté.
P/ En quoi le risque de brûler la moitié de la ville vous sert ?
LD/ Vous n'avez pas forcément besoin de comprendre. 
Il soupire et reprend néanmoins
Il faut parfois brûler ses vaisseaux pour gagner la bataille. Subir un grand préjudice de la part de mes ennemis pour m'attirer les faveurs de la populace. 
C’est également un motif de dissension chez les Bellicistes. J'ai besoin que cette menace horrible de l'incendie qui aurait pu se propager au reste de la ville contrebalance la mauvaise presse que j'ai eu avec les déboires de mon conseiller Gesufal et les accusations qui pèsent sur mon expert thaumaturgique. 
Mes ennemis ont utilisé les rumeurs et la calomnie et j'entends que la rue repasse de mon côté.
P/ La première proposition venait de vous ou c'est un revirement de votre part ?
LD/ Il n’y a jamais trop de coïncidences.
Désormais débarrassé des soins de son barbier, le Podestat s’avance sur son fauteuil en croisant les doigts
LD/ J'ai conscience que le risque est grand mais la récompense à l'avenant. Que ça reste secret et que ça soit fait, je ne puis confier cela à personne d'autre.
P/ Je vais en causer avec mes associés.
Le Podestat acquiesce
LD/ Votre niveau de récompense se chiffre à combien ?
P/ À plusieurs milliers.
LD/ On reste dans ces mêmes sommes.
P/ J'ai un autre sujet, si vous permettez au sujet de Coccio, un ami commun, il semblerait que son testament n'ait pas été trouvé.
LD/ On m'avait dit qu'il n'avait pas d'héritier.
P/ J'avais nourri l'espoir qu'il ne m'ait pas oublié mais je pense bien qu'on devrait trouver ce testament or la maison semble avoir été vendue.
LD/ Je vais demander à ce qu'on recherche cela.
LD/ Une dernière chose, ce n'est qu'une première étape.
J'aurais des tâches beaucoup moins dangereuses mais nécessitant des personnes de confiance. J'aurais à l’avenir besoin de serviteurs zélés qui ne soient pas directement liés à ma maison. Nous sommes liés et il sera dorénavant difficile de se désengager mais ça ne deviendra pas officiel. 
Je souhaite vous garder là où vous êtes et non faire de vous des courtisans en mon palais. J’en ai suffisamment voire déjà bien trop. 
P/ Fort bien, permettez que je me retire.
Sur un geste de congédiement de Ducatore, Spada Matado raccompagne Pido aux portes du palais par des coursives dérobées et même les cuisines pour finir par une porte de service où on lui rend ses armes. Il lui lâche un dernier conseil de bien réfléchir aux paroles de son excellence et se laisse même à confier que lui aussi a bien aimé la résolution du problème Chiodi.
P/ Il avait pas le niveau qu'on pensait.
SM/ Rigole pas trop, je savais quel niveau il avait et vous avez bien géré, c'est passé crème.
Les consignes sont claires, faut pas que ça crame trop mais l’entrepôt doit avoir des dégâts …
SM/ Je peux t'envoyer Lupo tous les jours à des endroits prévus, en début d’après midi demain au temple du resplendissant, puis l'Aquilo, puis le banc de nage et ainsi de suite. Vous remettez plus les pieds ici et si vous avez des trucs à passer, ça passe par Lupo.
P/ C'est une affaire qui marche.


Pidocchi rentre et va profiter de la chaleur du foyer qu'on démarre avant de se mettre au lit pour la matinée, il croise Ettore qui sort faire ses exercices du matin.

E/ Il a dit, détruit ? Ça suppose que Benito a pas filé le bébé à quelqu'un d'autre.
P/ Mais ça suppose qu'on le fasse. On est remonté d'un cran, on prend direct chez Ducatore.
E/ Je dirai oui et non, si tu prend et que Benito n'est pas en intermédiaires il va penser que tu l'as court-circuité sur un travail qu'il avait trouvé. Benito, il cherche des gars pour foutre le feu, on dit non et ça prend feu quand même, c'est pas un imbécile.
P/ C'est pas le seul sur le marché.
E/ Vu le sujet, y'a pas tant de monde au courant.
P/ Si on dit non, on se fâche avec un gros employeur.
E/ Si c'est le client la victime, ça change la donne.
E/ Si on le fait sans passer par Benito il va se douter qu'on l'a court-circuité.
P/ J'aimerai surtout arriver à brûler l’entrepôt sans brûler la ville.
E/ Faut qu'il soit brûlé sans brûler la ville.
P/ Pas brûlé, détruit. J'ai des poudres mais il en faudrait beaucoup et elles font du feu.
P/ Est-ce que tu vois autre chose ?
E/ Ben ouais. il est monté sur quoi ton entrepôt ?
 P/ Globalement en bois sur des quais en pierre.
E/ Si on fait ça comme le bûcheron fait tomber un arbre du bon côté.

Ils décident de remonter et d'aller réveiller rapidement les deux autres Compari.
Pidocchi opte pour réveiller Lupo et Ettore doit prendre le risque de lever Speranza.
Ettore descend avec une Speranza roulée dans sa couverture et encore assoupie.
Pidocchi leur raconte sa nuit au palais, la rencontre avec le podestat et la demande de ce dernier. Il explique pourquoi on avait refusé en tant que citoyen et que la victime présumée le demande quand même.

Ettore se rappelle des travaux de sape et de comment conduire un feu afin que ça crame sur place sans trop répandre le risque au voisinage. Faut que ça soit fait comme par des sapeurs professionnels. Soit dessous par du feu grégeois soit des charges au bon endroit pour que ça retombe sur place.
E/ On peut même avoir un incendie au centre pour que ça brûle et avec les charges faire en sorte que l'incendie s'effondre sur lui-même avec les charges.
S/ Pido ?
Elle semble épuisée.
S/ En fait, on le fait quoi ?
P/ J'ai pas dit oui.
S/ Mais pourquoi ?
L/ Parce qu'il a parlé à Ducatore et qu'on a pas le choix.
P/ J'ai pas dit oui.
L/ Et qu'est ce qu'il t'a dit ? L’information, ça circulera pas et si tu le fais pas tu vas te faire zigouiller, soit tu dis oui soit t'es mort.
P/ Il l'a pas dit même si je vois ton raisonnement et on peut le sous entendre mais il peut pas couper les ponts avec ses petites mains.
L/ Une main qui a que quatre doigts c'est pas la plus utile.
P/ Mais j'ai pas dit oui !
S/ Mais t'es prêt à le faire.
P/ L'incendie comme le décrit Ettore, ça peut avec des priorités.
S/ Mouais.
L/ Là encore, des grosses promesses de récompenses et d'autres missions à suivre.
S/ Ma question : t'es prêt à ces choses là.
P/ À titre personnel oui mais nous sommes quatre et pour les sujets importants, on décide ensemble.
E/ Moi je suis contre foutre le feu à la ville et s'en prendre aux intérêts de Ducatore mais là c'est lui qui demande et je peux faire attention à ce que je fasse ça proprement.
P/ Quelle est ta position Lupo ?
L/ Entre la mort ou la mort ? Faites sans moi. Je me pose des sérieuses questions sur ce qu'on est en train de foutre et pas que sur cette affaire.
P/ Bien, nous sommes des malfrats, pas des robins des bois.
S/ On en rien à foutre de la mort de certains, qu'on égorge des gosses.
E/ Ça je prends pour moi, pas un gosse, un témoin.
S/ Tu as eu tous les témoins ?
E/ Non.
S/ ils étaient combien à s'échapper ?
E/ A priori un petit a réussi à filer, Pido l'a vu partir.
L/ Vous vous rappelez la pièce et comment ça se termine, je crois qu'il va me falloir un second paquet de cartes.
L/ J'ai bien compris la raison mais je suis pas satisfait du résultat.
S/ Je pensais pas qu'on irait jusque là.
P/ Jusqu’où ?
S/ On s'occupe pas des autres qui bossent pour nous. Les gamins qu'on perd des yeux, on a été mauvais, on a pas mis les moyens suffisants.
E/ Non, on a fait avec nos moyens, on a pas perdu du temps et sans nous y'en aurait encore.
P/ Peut-être que tu devrais penser à une nouvelle carrière dans le théâtre.
L/ Peut-être.
Et sur ce, il se lève et quitte la pièce. 
Emmitouflée dans sa couverture, Speranza ne bronche même pas.

P/ On réserve notre réponse ?
E/ Pas trop sinon Benito va filer à un autre.
P/ Si notre employeur dit vrai, y'a pas d'urgence.
E/ Pas attendre que la ville explose quand même.
P/ Ça m'embête qu'il réagisse comme ça ?
S/ De quoi ? Qu'il ait récupéré une conscience ?
P/ A ton avis, faut aller le chercher ?
E/ Aucun de nous deux sait parler à Lupo.
S/ Je vais y aller.
P/ T'es pas en état.
E/ Il a une conscience, il vient pas de là et dans la fratrie c'est pas son rôle. Donc il a du mal à accepter le sale boulot qu'on doit parfois faire.
S/ Le sale boulot qu'on doit ? Je croyais qu'on était libre.
E/ Ça m'amuse pas de tuer des gens.
S/ Encore heureux.
P/ Je comprends que tu veuilles aller le chercher mais il fait un sale temps dehors.
S/ Les gros bras, je comprends, mais le gamin j'ai du mal …
E/ Le Carpone, celui qui aurait prévenu les autres et à cause de qui on nous serait tombé dessus ce matin avec toute une famille en colère.
S/ Peut-être parce que j'ai perdu deux petits frères et des amis ces derniers jours.
E/ Je vois un gamin qui vous avait suivi, il rejoint les trois mecs qui vont tuer Lupo, je pense que vous êtes juste derrière donc je dois agir sur les trois et lui c'est un témoin qui risque de dire à tous les Carpone que c'est moi qui ait fait ça.
S/ Et tu as un autre témoin ?
E/ Peut être, un autre gamin que Lupo a vu filer, pas sûr qu'il m'ait identifié mais on verra.
S/ Je vais aller causer à Lupo, pas sûre de le convaincre.
S/ Au final on est pas mieux que la miresse
P/ Je suis pas d'accord.
S/ Ben quoi ? Elle les tuait par nécessité, on fait pareil, pas mieux qu'elle. On a les choix qu'on se donne et la vie qu'on mérite.
P/ Et tous les gars des phalanges que tu fous dans des disputes ?
S/ J'en ai tué aucun.
P/ Que tu saches. Ils ont pu se disputer et donner des coups de couteau.
S/ Je prends pour moi ces choix et j'en ai fait d'autres. Il est peut être temps que j'aille voir ailleurs.
Elle remonte dans sa chambre
P/ Si Lupo et Speranza s'en vont, on va pas être en mesure de faire quoi que ce soit mais je vais rester ici attendre ce que veut Dagarella. Même si c'est pas un assassinat, ça doit être majeur.
E/ On va arrêter sur les assassinat, Lupo l'a déjà mal pris de devoir en tuer un, faudrait pas qu'on s'habitue à faire ça comme fond de commerce.
P/ Quand il faut, on le fait, mais si on peut trouver un moyen de l’éviter, je suis pour.


Pidocchi va se recoucher pendant qu'Ettore redescend dans la salle principale avec les habitués et les joueurs de cartes.

Speranza file en direction de l'hirondelle où elle pense trouver Lupo. Les corps ne sont plus là où ils étaient cette nuit et le sol a été nettoyé. Les Carpone sont sur les dents mais elle arrive à se faufiler sans être vue. Entre deux patrouilles des mouchards, elle se glisse par la porte arrière. Elle file dans la cuisine pour discuter avec Amanda avant de penser à aller voir à l'étage. Muto l'aperçoit et continue à faire sa cuisine.
S/ vous avez vu Lupo ?
D'un geste de la main, elle fait des tours avec son doigt puis intime de rester là et quelques temps après elle ramène Amanda.
A/ Bonjour.
S/ Bonjour, je cherche Lupo.
A/ Non, il n’est pas là.
S/ Et elle est là la rabougrie ?
Regard d'incompréhension.
S/ La prêtresse.
A/ Dame Majan ?
S/ Oui.
A/ Elle doit être dans sa chambre.
S/ Vous croyez que je peux aller la voir ?
A/ Elle a pas donné d'indication quand Muto lui a servi son repas ce matin donc sans doute que oui.
Speranza ressort et décide de passer par les toits pour rejoindre l'étage sans passer par les escaliers.


Elle frappe à la porte de la gyrovague qui s'ouvre assez vite.
S/ Atcha.
M/ Le dieu vous accorde miséricorde Speranza Monbello.
S/ Moi c'est Compari.
Majan s'efface pour la faire rentrer
M/ Entrez donc, vous êtes mal en point.
S/ Juste un rhube.
M/ Mettez vous près du feu.
S/ Bous auriez pas bu Lupo par hasard ?
M/ Non, je l'ai quitté hier soir après ...
S/ Vous pourriez lui dire que je le cherche, il est parti fâché ce matin.
M/ Par rapport à hier soir ?
S/ Je verrai ça avec lui.
M/ Je suis trop indiscrète, c'est mon métier sans doute.
S/ Ah bon, pourquoi ? atcha.
M/ Je suis enquêtrice, une gyrovague.
S/ J'aimerai bien lui parler.
M/ S'il se manifeste à moi, je lui dirai. Où peut-il vous trouver ? Au Boeuf rouge ?
S/ Il vous aime bien.
M/ Moi aussi je l'aime bien.
S/ Ben en même temps il est très attachant et même attachiant des fois.
Majan sourit en lui tendant une tasse
M/ Buvez ça tant que c'est chaud, attention c'est brûlant.
Majan reste debout à l'observer pendant que Speranza boit entre deux éternuements sur un silence d'attente.
M/ Je vais vous laisser profiter du feu, je dois écrire encore un peu.
S/ Je vous embête pas au moins ?
M/ Je ne vous aurais pas laissé entrer si vous m’embêtiez.
S/ Berci.
Speranza finit sa tasse puis prend congé après avoir évité plusieurs fois de piquer du nez.
M/ Vous vous sentez mal ? Vous voulez vous allonger ?
S/ J'ai juste raté le dix heure dix huit, ça m'arrive souvent.
Majan la regarde étonnée puis sort de sous sa chemise un pendentif sous forme de crane en métal qu'elle prend dans sa main puis elle l'approche de la jeune femme.
M/ Vous ne voulez pas vous allonger ?

Speranza allait répondre mais elle s'endort de fatigue et laisse Majan l'allonger, prendre sa température puis la couvrir. Elle prend soin de Speranza toute la matinée en captant parfois des délires de Speranza à propos de bus, de train, de correspondance et autres mots étranges.


Lupo se promène, évite un pickpocket et déambule sous la pluie entre deux tavernes.


Ettore attend Dagarella mais c'est un des hommes de Claudio qui se pointe.
G/ Salut Ettore.
E/ Salut Gigi.
G/ Tavernier, à boire. Y'a moyen de causer un peu ? Y'a Claudio qui me dit de te dire qu'on doit partir demain et si Pidocchi a besoin de nous faut qu'il le dise parce qu'on part demain au matin.
E/ Tu faisais quoi avant ?
G/ Avant quoi ?
E/ D’être avec Claudio ? 
G/ À gauche à droite. Les compagnies, à Bromaël, les seigneurs de guerre, ils recrutent. Des fois ils payent pas et des fois faut chercher la solde dans les fermes.
G/ Tant que le bras est ferme et qu'on en donne plus qu'on en prend … puis Claudio il en a là dedans. Jamais un plan pourri avec lui. On s'est fait niquer des fois mais il rattrape toujours le coup.

G/ On est bien ici, le Claudio il resterait bien, on est bien ici.
Pietra évite lestement les mains baladeuses du soudard en apportant la boisson.
G/ On hivernerait bien là plutôt que sur les routes. Tu finis pas ton verre ?
E/ C'est compliqué en ce moment, les phalangistes sont sur les nerfs, les alguazils sont tendus, la population en colère donc on va rester au calme.
E/ Emmène ça, vous boirez en chemin.
G/ Merci, c'est ben gentil. A la revoyure.

D'autres habitués passent manger dans le Bœuf, des alguazils, des gars du coin qui s'abritent de la pluie.

Plus tard alors que Pidocchi est lèvé
E/ T'as Gigi qu'est passé pour dire que Claudio et les autres partaient demain pour Bromaël.
Si t'as quelque chose à leur proposer, ils peuvent retarder le départ mais il commence à faire humide pour eux dans le coin.
P/ Les autres sont pas réapparus ?
E/ Non, pas d'autres visiteurs que lui.
P/ Je pensais à Speranza et Lupo.
E/ Non.
La démocratie, ce n’est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité.
Albert Camus
Doji Satori
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Épisode 57 – Et si on se parlait


Assis sur le muret où il avait trouvé Bella, Lupo fait le point, le regard perdu sur la baie.

Pidocchi profite du temps de repas pour faire le point.
Aller voir les Stefani, on a une chance sur deux de ne pas tomber sur la bonne faction et si on va embêter Arturo sur son terrain avec les dockers, ça risque d’être compliqué.

P/ On est un peu en sous-effectif là.
E/ On est toujours en sous-effectif. J'essaie de recruter mais en ce moment avec les nobles qui attirent toutes les lames disponibles, c'est compliqué.
P/ Est ce que tu crois que Bella veut devenir une Compari ? Qu'elle a envie de devenir une associée et plus une souriceaux ? Si elle est motivée.
E/ Ses motivations, peut être mais t'en fait quoi ?
E/ C'est pas une Speranza, pas un Lupo, tu veux lui faire faire quoi ?
P/ On s'adapte. La différence entre le souriceaux et le Compari, le Compari il peut aller à la castagne.
E/ Elle s'appelle Bella, pour les souriceaux c'est une petite maman donc me dit pas que tu veux qu'elle aille à la castagne.
P/ Tu la formeras comme les autres.
E/ La meilleure façon de gagner un combat, c'est de pas avoir à se battre. Si l'autre a peur d'y perdre quelque chose, il hésite mais Bella, elle fait peur à personne.
P/ Sinon un autre des gamins.
Ettore préfère ne pas répondre et passe à autre chose
E/ Y'a Gigi, un gars de Claudio qui est passé ce matin, il te fait dire qu'ils partent demain matin.
P/ Ils vont hiverner plus à l'ouest là ou ça paye de se battre.
E/ J'ai tenté de sonder un des gars de Claudio mais ils préfèrent aller avec lui en Bromaël.
P/ T'as essayé de lui piquer un de ses gars ? Il va pas aimer.
E/ J'ai lancé des lignes, il a pas mordu, il a même pas du comprendre et c'est que du sous-entendu mais choux blanc.
E/ Par contre, Claudio, j'aimerais bien qu'il emmène Renzo, celui qu'était avec Scheggia. Ca me plairait qu'il aille avec eux faire un tour en Bromaël. Il parle trop sur moi et j'aimerais bien qu'il aille se taire ailleurs.
P/ On peut envoyer un souriceau, dire à Claudio qu'il peut l'embaucher pour aller se balader au Bromaël. Si j'ajoute une prime d'embauche de quelques florins, il s'en fera une recrue en le chopant par la peau du cul. Je prendrai ça sur la part de Lupo vu qu'il est pas là.
E/ Déjà aller chez Benito et lui faire stopper le contrat d'incendie. Puis s'arranger concernant
les agitations sur les quais.
P/ On verra comment il considère l'affaire car si je lui demande d’intervenir auprès des Stefani, c'est un service qu'il nous rend.
E/ C'est quand même arrangeant pour lui vu que c'est une mission qu'il avait voulu nous filer et que l'autre équipe qu'il a dit avoir mis dessus n'a pas réglé l'affaire.
P/ Ça compte pas, si on demande on paye, c'est un principe de base chez Benito puis ça nous arrange donc c'est normal de payer son écot.
E/ Mouais, faudra qu'il soit raisonnable et que ça nous coûte pas trop de passer un message.
P/ Je prendrai sur la part de Lupo.
E/ C'est pas son jour.
P/ Bon, j'y vais, tu fais quoi ? Tu restes ici ou tu m'accompagnes ?
E/ Ben je dois rester au cas où Dagarella passe vu qu'il avait dit hier qu'il reviendrait.
E/ Il est pas passé ce matin alors faut que je reste à l'attendre mais pour pas faire d'erreur, tu voulais lui dire quoi à Dagarella ?
P/ Ben je voulais le tenir au courant pour le risque sur les quais.
E/ Ben faut pas, surtout si on est sur le coup.
P/ Puis je devais lui parler du fait qu'on va travailler pour Ducatore et qu'on va chercher à éviter de marcher sur les plates-bandes des chuchoteurs donc on se met d'accord avant pour éviter de se trouver face à face.
E/ Ducatore a dit que ça devait être secret. Puis les chuchoteurs, c'est dans les coups de surin, nous on a pas prévu de faire dans l'assassinat. Pas de raison de lui en causer.
P/ Oui mais je cherche à coordonner nos relations pour que ça marche côté affaires.
E/ Tu sais quoi ? C'est trop compliqué pour moi, tu lui diras et je vais en profiter pour aller avec toi boire un coup chez Benito, ça sera plus à mon goût.

Les deux hommes vont sans problème chez Benito sous ce temps maussade, ces rues humides. Depuis qu'un gonfalonier a pris parti pour les Mastiggia, l'ambiance entre les nobles et les habitants est fraîche.
Après une vérification par Orso qui fait office de portier que les gars ne sont pas trop dangereux et animés de mauvaises intentions, ils sont conduits jusqu'à Benito.
B/ Ah ! Vous voilà.
P/ Ces brioches sont succulentes, on sentait l'arôme jusque chez nous.
Un petit alcool fort les accompagne.
B/ Vous avez donc réfléchi ?
P/ Oui, nous avons réfléchi et nous prenons la mission. L'offre de prix est toujours la même ?
B/ Oui.
E/ C'est quoi les consignes ?
B/ Pas changé par rapport à hier. Faire en sorte que l’entrepôt de l'armateur soit brûlé. Pas un simple départ de feu mais menaçant même pour la ville sans que ça prenne des proportions trop importantes. Qu'il soit maîtrisé et que ça reste sous contrôle.
P/ On a un délai raisonnable ?
B/ Quel délai que j'en informe le commanditaire ?
P/ Quelques jours.
Benito acquiesce 
B/ Vous connaissez les commanditaires toujours pressés alors qu'ils auraient pu le dire avant.
P/ On aura besoin d'un acompte préliminaire.
B/ De combien ?
P/ Dix pour cent, surtout en cash.
B/ Je peux te faire amener cent florins par jour.
P/ Par exemple.
B/ Je peux négocier pour toi une sauvegarde ?
E/ Une sauvegarde ?
B/ Si jamais vous devez quitter la ville, que y'ait des fonds qui vous attendent quelque part.
B/ Vous vous doutez bien que si ça merde, vous et moi on est mort. Si un de nous se fait cramer, faut qu'on ait des fonds ailleurs. Un aller sans retour.
E/ J'allais te dire qu'avec des contrats comme ça, y'a des gens qui veulent pas de témoins.
P/ Il est plus dangereux d’éteindre que de laisser le feu couver.
B/ Si on passe par moi, c'est que je suis un intermédiaire opaque. Je suis une tombe. S'il m'arrive quelque chose, ça va se voir aussi. C’est pas que je sois indispensable, c’est que je rends service à beaucoup de monde …
P/ Je suppose que tu es en contact avec un minimum d’intermédiaires.
P/ D'autre part, nous aurions besoin de tes immenses services.
B/ Je t'écoute.
P/ Tu n'es pas sans savoir qu'il y a des troubles en ville basse et je suppose que le nom d'Arturo ne t'es pas inconnu.
B/ Je sais qu'il pousse à la roue.
P/ Or, il fait partie d'une famille bien connue. Dans cette famille, il y en a qui n'aiment pas que ça bouge autant du côté des docks. Si en tant que Compari, je vais voir les Stefani, je vais être pris de haut.
B/ Je peux y aller pour vous. En tant qu’intermédiaire.
P/ Et combien me demanderas-tu ?
Il frise sa moustache
B/ Juste un conseil amical ?
P/ Absolument. Dans le cadre de la sécurité de la ville.
B/ Dix florins ?
P/ Sans soucis. Le tout est que ça tombe dans la bonne oreille.
B/ Je connais la bonne oreille pour que ça reste entre eux.
P/ Sur ce, est ce qu'il reste de la brioche ?
B/ Non, juste cette infusion locale.
P/ J'aurai pensé à du vin des cinq vallées.
Le Carpone rigole
B/ Non, trop cher pour vous ! Je fais dans le local.
P/ Je m'habitue au luxe.
B/ C'est moi qui fait la vitrine.
B/ J'organise le transfert des fonds, prévoit votre zone de départ loin de Ciudalia.
Montefelone est trop près. Ressine était l'idéal mais le climat n'est plus bon.
Bourg-preux ? C'est assez loin.
B/ Si ça foire, je te conseille d'être loin de la république.
E/ Moi, j'ai traîné vers Bromaël donc ça serait par là-bas. Je connais encore une auberge par là-bas qui doit toujours y être.
P/ Une que t'as pas détruite ?
E/ Je détruis pas les auberges, je les vide.
P/ Et si y'a des gars d'en face dans l'auberge, vous la cassez pas ?
E/ Ben non, sinon tu boirais où après ? On se bat mais on casse pas l'auberge.
P/ Dans le crâne de tes ennemis !
E/ Si t'as cassé les tonneaux, tu mets rien dans le crâne.
Benito a suivi d’un œil amusé le dialogue entre les deux Compari, le front quelque peu déridé de ses soucis. 
B/ Je vous arrange la sauvegarde, pendant ce temps là.
Les deux Compari quittent les lieux après les salutations d’usage

P/ Qu'est ce que tu dirais d'aller voir le coin des entrepôts.
E/ Je te rappelle que les dockers m'ont dans le nez donc faut faire dans le furtif.
P/ Et pourquoi ils en ont après toi.
E/ L'autre jour y'a eu une bagarre sur les quais.
P/ Un classique.
E/ Oui sauf que par réflexe, je me suis mis du côté des phalangistes, C'était des Burlamuerte.
P/ OK, je comprends mieux, un type qui se range du côté des militaires, on le repère.
Les deux Compari vont plutôt examiner à l’autre coté du port, l’entrepôt de Furca situé près de l’arsenal, ainsi que les bâtiments autour. Étudier la faisabilité, les dangers si ça se répand et par où ça pourrait ou non aller …
P/ Je mettrai bien une citerne d'eau dans les entrepôts d'à côté. Je loue la place et...
E/ Personne fait ça. Y'a des fontaines et des puits partout et pour l'eau de mer, y'en a à quelques mètres.
Les deux font des plans, observent les fondations, la présence des rochers contres certains murs.


Speranza va mieux après un nombre inconnu de décoctions et la fièvre est descendue même si elle ne se souvient pas avoir bu de tisane. Elle continue de faire semblant de dormir et observe Majan y compris quand elle vérifie qu'elle dort encore. Partir sans faire de bruit, compliqué. Pas possible alors elle mime son réveil.
S/ Lupo est pas passé ?
M/ Non, pas encore. C'est vrai qu'il a l'habitude de passer en ce moment, tous les jours
Elle n'a pu s’empêcher de rougir.
M/ Vous allez mieux ?
S/ C'est gentil, ça va merci beaucoup. Il a une heure pour vous voir ou il vient quand ça lui chante ?
M/ Il n’est pas du genre à avoir des horaires mais vous devez le savoir mieux que moi.
S/ Ça fait partie de son charme, on sait pas à quoi s'attendre. Je vais essayer de voir si je le trouve.
Speranza conclut que Majan attend la visite de Lupo à la réaction de la gyrovague.
S/ Faut que je le trouve, faut que je lui parle, un truc important.
M/ Un souci ? Je ne voudrais pas être intrusive mais si je peux …
Speranza la coupe sèchement, comme par réflexe.
S/ Ben posez pas la question.
S/ Merci de vos bons soins, je dirai à Lupo que vous êtes là.
Majan reste impassible
M/ Pareillement. Il doit savoir où vous trouver j'imagine.
S/ Si je le cherche et qu'il me cherche, on va pas … je repasserai si besoin.
M/ Je lui passerai la commission et lui permettrait d'attendre ici, s'il le souhaite.
S/ N'hésitez pas à lui mettre un coup de pied au cul si besoin.
M/ Je pense qu'il est plus en sécurité dans cette chambre que dans la salle de l'Hirondelle.
S/ Vous savez, on est pas idiot, non. On sait où on avait mis les pieds dès le départ même si les proportions sont pas mesurées. On est pas des enfants de chœur non plus.

Speranza part et s'assure que Majan a bien fermé derrière elle.
Où chercher Lupo ? Un endroit ou il aurait été jouer ? Non, il est pas d'humeur estime t-elle.
Vu comment les Carpone la regarde, elle ferait bien d'aller chercher ailleurs car même si elle n'a pas peur, ça serait dommage de les provoquer et que ça débouche sur une embrouille inutile.
Ça bronche pas du côté des Carpone présents dans la grande salle de l’auberge mais Amanda semble tendue. Elle reste quelque temps à surveiller l’Hirondelle mais aucun Carpone ne semble être sorti avant ou après pour lui faire un mauvais coup.
Elle décide de passer par les toits pour avoir un meilleur point de vue et ne pas se faire filocher. Il aime la mer, alors elle vise les tavernes de via Mala, une terrasse ? Il avait parlé de celle de l'olivier, ça doit être un coin calme. Elle cherchera tout l'après-midi, en vain.


Pendant ce temps sur le belvédère, Lupo a beau apprécier le calme et la vue, il s'ennuie vite d’être seul. Il décide d'aller voir sa sœur, un retour aux racines.
C'est elle même qui entrouvre la porte après avoir vérifié par la fenêtre qui toquait à la porte et elle lui sourit en ouvrant plus largement
Luc/ Salut. Si tu viens pour Andreo, il est au théâtre. 
L/ T'aurais à boire ?
Luc/ Tu veux quoi ? De la bière ou du brutal ?
L/ Du brutal, commençons par ça.
Elle va cherche la bouteille de grappa et des petits verres.
L/ Merci.
Sa sœur l'observe en souriant avant de lever son verre.
Luc/ Santé.
Ça brûle mais ça fait du bien, on se sent vivant et il se ressert. Elle ne suit pas car son frère enchaîne un deuxième dans une descente de cascade. Quand il est comme ça, c'est qu'il a un truc en travers de la gorge alors elle attend qu'il ait fini de ruminer et digérer. 
Mais elle s’impatiente vite face à son silence
Luc/ T'es venu pour boire ou causer ? Si t'es venu pour boire, je peux te laisser. La bouteille est là et tu pourras dormir là.
Il se ressert.
L/ Pardon, je suis … je sais pas, faut que je fasse le point sur la trajectoire que j'ai prise.
Elle lève un sourcil
Luc/ Trajectoire ? Tu es bien trop sérieux.
L/ Tu vois quand on s'est quittés il y a quelques années ? J'en suis revenu là.
Luc/ Tu croyais qu'en acoquinant avec trois malfrats tu avais une trajectoire ?
Luc/ Des problèmes de fille ? D'argent ?
L/ Non encore que … tu sais la femme avec qui j'étais hier soir, je crois que je l'ai déçu et ça m'a fait un choc.
Elle poursuit dans l’ironie 
Luc/ Déçu ? Tu lui montres les turpitudes du fils ingrat et tu pensais que ça serait pris comme un péché de jeunesse ?
L/ Je croyais que c'était votre truc à vous les femmes, l'honnêteté.
Luc/ Ne te fais pas plus bête que tu n'es.
L/ C'est pas ça, c'est plus ma vie de maintenant et ça me fait cogiter.
Luc/ Ta vie maintenant n'est plus conforme ?
L/ Je commence à patauger dans la fange et j'en sais rien, peut-être que ça m'amuse plus.
Luc/ Tu avais dit que passer d'un plaisir futile à un autre n'était pas sérieux, tu parlais d'amitié …
L/ Justement, ça a pris un coup dans l'aile.
Luc/ A cause d’une histoire de fesses, d’argent ?
L/ C'est pas eux c'est moi.
Luc/ Je ne te suis plus.
L/ Tu vois pourquoi je dois réfléchir.
Luc/ Je te sens chafouin.
L/ Je ne suis plus moi, je suis en crise existentielle. Quand on s'est séparé, toi, comment t'as fait ?
Luc/ Écrire a été pour moi une catharsis, mais c'est personnel …
L/ J'imagine bien que ce qui a marché pour toi ne sera peut être pas de même pour moi, qu'est ce qui t'a aidé à refaire surface.
Luc/ Un peu de stabilité, émotionnellement.
L/ Qu'est ce qui t'a fait dire, lui, c'est le bon.
Luc/ Un homme te convient jusqu’à ce qu'il te déçoive mais pour l'instant il tient la route.
Je l'ai mis à l’épreuve en long, en large et en travers.
L/ T'as fait ta vilaine avec lui ?
Luc/ Je reste ta sœur. Je n'ai pas toujours été gentille, j'ai même mis des coups de couteau dans notre contrat mais je ne veux pas appartenir à un homme. 
Et toi, tu ne veux pas appartenir à une femme ?
Il a mis tant de temps à répondre qu'elle manque une respiration avant de reprendre.
Luc/ Ah, c'est plus grave que ce que je pensais.
Il se moque d'elle ? Elle pose son menton dans ses mains pour l'observer et vérifier s'il ne lui fait pas une farce avant de s'en sortir par un bon mot, une pirouette à dire que c'était juste une blague.
Luc/ T'es sérieux, t'en pinces pour cette fille ? T'en as connu des mieux …
L/ En fait j'en sais rien. Pourtant je suis habitué à décevoir tout le monde mais cette fois-là, ça m'a fait mal.
Luc/ Quand on causait ensemble toutes les deux, elle ne m'a pas paru choquée ou déçue.
L/ C'est ce qui s'est passé après.
Luc/ Ah oui, et qu'est ce qui s'est passé ?
L/ Ces derniers temps ça frite avec une bande voisine, et là il y a eu de la casse …  Et même si je n'étais pas directement impliqué, elle a très bien compris ce qu'il s'était passé. 
Luc/ Bref, un règlement de compte entre bandes rivales que ta colombe a compris. C'est juste ça qui te chagrine ou tu veux te faire plus beau que ce que tu es ? Ou alors, tu as voulu montrer ton jeu de cartes …
L/ Avec les camarades, on a des activités répréhensibles et là y'a un gamin qui y a laissé sa couenne.
Luc/ Et ?
L/ J'en sais rien … pas le genre de truc… pas un argument de séduction.
Luc/ L'amener ici, au théâtre, t'avais quoi dans la tronche pour faire ça ?
L/ M'amuser.
Luc/ D'habitude, tu les emmènes écouter de la musique douce.
L/ Faire tomber le masque peut être …
Luc/ Moi je te connaîs … Mais celle qui te connaît depuis peu, a-t-elle une chance qu'elle comprenne ? Si je suis ta logique, tu lui faisais confiance pour qu'elle voit derrière les apparences et le jeu mais je ne sais pas si ta belle est perchée.
L/ Elle est loin d'être bête.
Luc/ Mais question connaissance du chic, des arts et de la vie ciudalienne, ce n'est pas son habitude non ? Tu l'as sortie d'un couvent ? C'est ça ton trip en ce moment ?
L/ T'es pas tombée loin.
Luc/ C'est pas une gourgandine de la déesse douce quand même ?
Si la juxtaposition de gourgandine et déesse douce a quelque chose de surprenant, il ne le relève pas
L/ T'es pas tombée loin.
Luc/ Trop jeune pour être de la vieille déesse … le cul serré, mais pas suffisamment pour le resplendissant … Aquilo ? Non, elle a un accent étranger. Elle n’est quand même pas du Desséché quand même ?
L/ Ben si.
Luc/ Ah ouais quand même. Après les vieilles rombières, tu fais avec les croyantes. Je comprends mieux.
L/ On est bien là.
Luc/ Finalement, de fréquenter cette prêtresse, t'a donné de la vertu et une moralité c'est ça ?
L/ P'tet bien. C'est pas moi qui l'ait corrompu mais elle qui m'a tiré vers le haut.
Luc/ Elle te force à faire des trucs bizarres avec des morts ?
L/ Rien du tout.
Luc/ C'est même pas drôle.
L/ Si t'as besoin d’anecdotes, je te les garde pour la prochaine pièce.
Luc/ Je n'ai jamais vu un membre du culte du Desséché au théâtre. C'est même sûrement impi dans leurs croyances. Elle savait qu'elle venait au théâtre ce soir-là ?
L/ Oui, elle savait.
Luc/ Si elle a une influence sur toi, l'inverse est peut être vrai.
L/ Ben ouais putain.
Il vide son verre et Lucrezia en fait de même.
L/ T'as raison en fait. Tu ferais quoi toi ?
Luc/ Lui offrir le cœur d'une jeune victime sacrifiée ? 
Reprenant son sérieux
Je ne connais pas plus que toi ce cercle des croyants, c'est étranger à mon monde.
L/ On s'est retrouvé à collaborer et le travail qu'on a fait, d’enquête, m'a bien plu.
Luc/ Dis m'en plus, vous avez travaillé sur une enquête ? Vous n’êtes pas dans les mêmes sphères, c'est cette enquête qui vous a fait vous rencontrer ?
Elle frétille d'intérêt à cette mention pendant qu'il descend un autre verre.
Elle l’observe d’un oeil critique

Luc/ Si tu as l'intention de la rejoindre d'ici ce soir, il ne faudrait pas que tu pues la picole, ni que tu sois complètement déchiré. Quoi que je t'ai vu faire des trucs déchiré …
L/ Il faut croire que je vieillis.
Luc/ Toi tu vieillis, moi je gagne en maturité.
L/ Bon, je vais pas faire de vieux os, j'ai piraté la moitié de ta boutanche.
Luc/ C'est toi qui l'a payée ...
L/ C'est vrai.
Luc/ Il ne faut que j'ai pas l'air de ramener trop d'argent. Je ne suis pas trop tranquille. Les gars d'ici pensent que les comédiens, dès qu'ils ont un peu de succès, roulent sur l’or. Ils nous mettent la pression pour qu'on paye un pizzo.
L/ Si tu veux payer à quelqu'un de sympa.
Luc/ Si ça se complique, je n'hésiterais pas à te contacter.
L/ Sérieusement faites attention et si ça doit partir en vrille, fais moi prévenir.
Un peu rafraîchi par ces nouvelles, il se décide à partir quand une question arrive.
Luc/ C'est bien Majan le nom de ta dulcinée ?
L/ Elle t'as donné son nom ?
Luc/ Ouais, elle avait l'air si incongrue dans ce lieu que je lui ai fait la conversation. En sachant qui elle est, je comprends mieux le décalage.
Luc/ C'est la seule que tu as dans ton lit en ce moment ? Ou alors ? C'est la seule qui te résiste, c'est ça ?
L/ J'aurais pu mais j'ai pas envie de.
Luc/ Je crois savoir que tu n’as pas mis non plus dans ton lit Demestilla Stoccata ?
L/ Oui enfin. Là, on est un peu dans le cas inverse. Dans son cas, je suis juste le boute en train.
Elle lève un sourcil.
Luc/ Décidément, ça confirme ce que je pensais.
L/ Vas y balance.
Luc/ Tu vieillis !
L/ Ben ouais peut-être.
Luc/ Bon et qu'est ce tu vas faire pour ta Majan ?
L/ Sans doute que je dois parler avec elle.
Luc/ Sans doute.
L/ Ah ouais t'as pas mieux comme conseil.
Luc/ Je ne vais pas la croiser par hasard au coin d'une rue.
L/ Ah ouais j'ai vieilli, si tu imagines que je vais envoyer ma sœur dire à une fille que mon frère te trouve très mignonne et il voudrait savoir si tu veux être avec lui.
Luc/ On peut faire la stratégie du patrice mais à priori tout vous sépare.
L/ On s'est croisé sur l'affaire des gosses qui avaient disparu.
Luc/ Tu m'en avais parlé.
L/ On menait chacun de notre côté notre enquête et on a collaboré.
Luc/ Et ça a donné quoi ?
L/ On a retrouvé les gamins mais on a pas été assez bon.
Ça réveille les souvenirs qui amène à se resservir un verre.
Elle lui prend la main.

Luc/ Je t'ai rarement vu touché par le sort de quelqu'un à ce point à part le serin qu'on avait dans une cage étant petit.
L/ Tu peux enfouir ta vrai nature sous un masque de clown, derrière c'est le même.
Luc/ Est- ce là la rédemption du fils ingrat ?
L/ P'tete bien.
Luc/ Finalement le titre est plutôt bien choisi.
L/ Oui, en effet, félicitation à l'auteur.
Luc/ Cette fille n'est pas d'ici ?
L/ Non, elle est de Broamël.
Luc/ Et, elle y repart là ?
L/ Elle a prévu d'y retourner.
Luc/ À toi de voir si.
L/ Ouais, ouais, à moi de voir ce que je veux, c'est ça ce que tu veux dire.
Luc/ Ce que tu veux, ce que tu veux être, ce que tu veux d'elle, ce qu’elle veut de toi.
L/ Plein de questions, pas de réponses.
Luc/ C'est ce qu'il te faut creuser, ce que tu veux réellement. Cette enquête est le reflet d'un moment en suspension à part ou le début de quelque chose ? Et s'il n'y a pas de partage, de quelque chose de commun c'est que cette relation n'a pas d’avenir.
L/ Possible, j’en sais rien.
Luc/ Vos moments ensemble sont également fugaces et inhabituels pour elle. Si elle s’est rendue au théâtre, est ce que tu t'es rendu sur Dessicada ?
L/ Non.
Luc/ Est ce qu'elle y réside ?
L/ Non, elle est en ville.
Luc/ Elle n'est pas d'ici à double titre.
L/ Absolument.
Luc/ Tu viens de toucher du doigt mes limites mais tu devrais aller lui poser des questions en partant sur le terrain de la franchise, ça te permettra d'évacuer tout cela, en bien ou en mal.
L/ Je pense qu'en tout cas elle le mérite.
Luc/ C'est intéressant que tu y trouves quelque chose qui n’est pas juste de l'amusement.
Avec un dernier verre il prend congé.
L/ Je vais lui parler comme ça les choses seront claires ?
Elle opine et le regarde d’un oeil scrutateur
Luc/ Rince ta bouche, passe ton visage dans une fontaine et tiens moi au courant.


Quand Ettore et Pidocchi rentrent au Bœuf Rouge, Dagarella est bien passé avant le repas du soir et devant l'absence des Compari, il a dit qu'il repasserait demain midi mais Angelo ajoute qu'il avait pas l'air commode de venir deux fois pour rien.
 
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Re: [CR] Quattro Compari - aventures à Ciudalia, d'après le roman Gagner la guerre (motorisé sous Epées & Voleurs)

Message par Doji Satori »

Épisode 58 – Une demande de Majan 


Lupo passe par la porte arrière de l'hirondelle et se montre discret. Il entend des éclats de rire d'une conversation dans la grande salle, personne ne fait attention à lui, il grimpe les escaliers. Une fois à la porte, Majan lui ouvre.
L/ Comment ça va ?
M/ Très bien, pas comme Speranza qui est grippée, vous l'avez vu ?
L/ Elle est grippée ?
Elle acquiesce
M/ Vous avez mangé ?
L/ Euh, non.
L'idée ne lui avait même pas traversé l'esprit.
L/ Et vous ?
M/ Non plus mais je vais peut-être aller en chercher car ce n’est pas une bonne idée que nous soyons ensemble dans la salle commune.
L/ Je suis venu discrètement.
M/ Je vais descendre pour m'assurer qu'on nous monte un peu de nourriture.

Pendant son absence, il écoute les bruits venant d'en bas et tournant en rond dans la pièce. Il remarque un papier plié sur le bureau, d’une couleur différente que le papier qu’elle utilise habituellement. D'ailleurs les affaires d’écriture sont déjà rangées et la besace au pied du lit est prête. Le départ pourrait se faire rapidement si le besoin se présentait. Il ne va pas plus loin dans sa curiosité. 

Elle revient.
M/ On nous montera ça prochainement.
Il remarque seulement qu'elle a repris l'habit de gyrovague et que la robe empruntée pour la soirée n'est plus là. Elle l’invite à s'asseoir sur le lit pendant qu’elle prend sa place habituelle à la table. 
Elle s'aperçoit qu'elle avait laissé le pli sur la table et le range dans sa bourse.

M/ Vous avez pu transmettre ma demande à Don Pidocchi ?
L/ Non, je m'en suis chargé moi même. Vous monterez sur la radieuse qui appareille pour Bromaël dans trois jours.
Elle a repris sa distance et sa froideur qu'il avait mis du temps à percer. Les longs silences sont coupés de phrases courtes.
L/ Vous savez ce que vous allez faire là bas.
M/ Rejoindre mon ordre et rendre compte.
L/ Vous faites des passages réguliers et des rapports avant une nouvelle affectation ?
M/ Je n'ai pas d'affectation, une gyrovague suit son instinct.
L/ Vous restez à l’affût des surprises et des morts.
M/ Les morts inexpliquées.
L/ Les collaborations douteuses ?
M/ Pas forcément, je laisse ça à la justice locale, les gyrovague n'ont pas vocation à recréer une justice.
L/ Je parlais de collaborer avec quelqu'un comme moi.
Elle lâche un sourire sous le capuchon.
M/ Je suis trop sérieuse. Je ne vois pas quand vous plaisantez.
L/ Je suis navré de la façon dont la soirée d'hier s'est terminée. Je vois bien que mon quotidien, ma vie nous a rattrapé, je suis désolé.
M/ Ne le soyez pas … je ne vous en tiens pas pour responsable. Qui suis-je pour juger quoi que ce soit ?
L/ Notre collaboration m'a amené à évoluer sur là où je vais et ce que j'ai bien pu faire.
M/ Vous voilà bien trop sérieux don Tramonte.
Il est bien temps que je parte. Mon départ soulagera sans doute bien des personnes.
L/ L'ai-je dit ?
M/ Non en effet, vous devez être une des seules.
M/ Je ne suis pas une Compari.
L/ Ça doit être ça.
M/ Vous avez des tracas par rapport à hier soir ou il s’agit d’autre chose ?
L/ Ce qui s'est passé hier même si ça arrive souvent dans le quartier de Ciudalia … non c'est plutôt l’enquête qui m'amène à réfléchir et la pièce d'hier, même si ce n'était pas le but de Lucrezia, m'amène à m'interroger sur mon parcours et ma destination.
M/ Votre destination ?
L/ Je ne sais pas mais je m'interroge sur l'avenir et comment je vais évoluer, notre collaboration m'a permis d'entrevoir autre chose.
M/ J'en suis enchantée si j'ai pu avoir une influence sur votre morale et votre vertu et à la fois peinée.
L/ peinée ?
M/ Le mot est sans doute trop fort mais je regrette de vous avoir perturbé.
L/ Il est bon parfois de se remettre en question.
M/ Comme vous avez pu le comprendre, c'est quelque chose que j'ai déjà fait et que je devrais peut-être refaire. En tout cas, notre collaboration m'a amené à y réfléchir.
de sa chaise, elle le regarde, droite et posée.
L/ J'ose espérer avoir pu de mon côté vous permettre un peu de percevoir des choses sous un autre angle.
M/ Vous m'avez changée, j'ai pris un peu de Lupo, vous avez pris un peu de Majan …
L/ Mais …
Elle le coupe
M/ Cette collaboration n'est peut être pas finie.
L/ J'en serais ravi, votre départ me chagrine et vous allez me manquer.
Elle évite son regard et sort de sa bourse le message qu'il avait vu plié.
M/ J'ai reçu ce message cet après-midi.
L/ Qu'est ce que c'est ?
M/ Un message d'un des frères de Dessicada.
L/ Celui qui vous avait aidé ?
Elle acquiesce 
M/ Il me propose un rendez-vous dans les catacombes de Purpurezza.
L/ Et vous lui faites confiance ?
M/ Si c'est bien lui, oui. Mais j’aurais besoin de votre soutien ça peut être dangereux.
M/ Vous ...
L/ Rien que votre départ m’attriste alors s'il y a le moindre risque que vous laissiez votre peau Je serais dévasté.
Elle rougit et ajoute précipitamment
M/ Ne parlons pas de choses aussi funestes.
L/ Vous pouvez compter sur moi et …
M/ Je pense que c'est lui qui m'écrit car …
L/ Oui mais, vous savez ce que cette affaire a révélé. Elle met en cause des dignitaires de cette ville qui ont des alliés et tout intérêt à étouffer l'affaire. 
Ça peut ne pas être lui et sinon il peut avoir été manipulé, trompé.
M/ C'est une lettre d'un membre du culte du desséché.
L/ Il y en a bien ici qui ont des pratiques douteuses.
L/ Douteuses, non, mais qui ont laissé faire.
L/ Le cœur de cette ville est pourri et il contamine souvent, il peut avoir été trompé, influencé, surveillé.
M/ S'il m'arrive quelque chose, je veux que mes écrits soient transmis.
L/ Pas de problème, je peux le mettre en sûreté.
M/ Ils sont déjà plus dans cette chambre, je peux les remettre à Speranza et vous me les donnerez au moment du départ.
L/ Ou ça vous attend à bord.
Elle sourit
M/ Si je manque le départ, cela serait regrettable.
On frappe à la porte, C'est la servante de l’auberge Muto qui montre les plats sans se rendre compte que Speranza la suit telle une ombre.
S/ Vous avez vu Lupo ?
Il se révèle de l'angle où il s'était mis au cas où le visiteur aurait été du clan Carpone.
La servante ne bronche pas à toute cette agitation. Elle dépose le plateau sur la table et ressort en fermant la porte.

M/ Vous allez mieux ?
Elle répond oui mais les cernes disent le contraire.
M/ Vous mangez un morceau avec nous ?
L/ Elle va se servir dans mon assiette.
S/ Ben oui.
M/ Vous voulez une tisane ?
S/ Euh euh euh euh ...
L/ Oui, elle en a besoin.
M/ Oui.
L/ T'es en train de me reprocher d’être venu me chercher ?
S/ Qu'est ce que tu veux que je te dise d'autre ?
L/ Tu vois ce que ça fait ?
S/ Ce que ça fait quoi ?
L/ Quand tu te barres et qu'on te cherche.
S/ Moi j'ai des trucs à faire.
L/ Oui mais toi t'es parti fâché.
S/ Ben non.
L/ Je vois pas ce que tu ..
S/ J'ai cherché partout où tu picoles, partout.
L/ Ben j’étais pas parti boire.
S/ Vu comment tu sens la picole.
Elle cite tous les endroits ou elle a pu la chercher , la liste des tavernes et même les jupons de Majan sont cités. Quasi partout en fait sans le trouver,
S/ Je sais même plus ce que je voulais dire, bravo !
Majan prépare la table, met les couverts pendant que les Compari se chamaillent.
L/ Là, elle aurait besoin de nous et notamment de tes talents.
S/ Hein.
L/ Elle a un rendez vous qui a l'air bizarre et faudrait mettre en sécurité ses écrits et pour ça t'es la meilleure.
S/ À priori on a rien perdu, je sais où est chaque chose, même si des fois j'oublie
L/ Faudra juste lui rendre avant qu'elle prenne le bateau.
Ils tombent d'accord. Majan les informe que Muto les a caché dans la cave.
S/ Je vais aller les chercher.

Ni une ni deux, elle file les chercher sans encombre et les trouve emballés dans une toile pour les protéger de la saleté et de l'humidité. Elle part en direction d'une de ses caches et reviendra plus tard chercher Lupo qui pendant ce temps mange avec Majan en blaguant.
Il la questionne sur ses envies de découvrir d’autres mystères à être initiée avant son départ.
Elle récapitule. 
M/ Vous m'avez fait découvrir les boissons et la nourriture sophistiquée, les arts théâtraux mais je ne sais quelles autres spécialités de Ciudalia vous pourriez me faire découvrir. Je laisse cela à votre imagination.
Elle poursuit sur le théâtre du point de vue technique, décor, jeu d'acteur. Il répond à sa curiosité en distillant quelques anecdotes mondaines mais il n’est pas dans son assiette.
Speranza revient sans prendre la peine de frapper à l’huis.
M/ Vous êtes revenue prendre votre tisane ? Elle est bien infusée.
S/ J'étais surtout venu prendre mon Lupo.
Un temps d'arrêt.
M/ Très bien, je vous le laisse.
L/ Vous battez pas pour moi. Comment ça tu prends ton Lupo ?
S/ Je suis chargée de te ramener à la maison. Faut qu'on cause, ça te va comme ça ?
M/ Je vais vous chasser, je suis fatiguée de toute façon. 
S/ Je vous comprends, il est fatiguant des fois.
L/ Bon, OK.
S/ Quoi, c'est pas vrai ?
L/ Merci pour ce repas.
S/ Merci pour la tisane. 
M/ Remettez vous bien Speranza Monbello
S/ Mais vous êtes obligé de rajouter Monbello à chaque fois ?
Speranza tout court, ça suffit.
M/ J'appelle aussi Don Lupo Tramonte, Lupo Tramonte.
L/ Elle y tient.
M/ Le nom que vous portez est important, c'est celui de vos ancêtres et c’est une façon de mettre le doigt sur qui vous êtes.
S/ Moi je suis Speranza et Monbello, ça fait pas partie de moi donc Speranza tout court.
L/ Elle a coupé les ponts avec son passé, pour d'excellentes raisons.
S/ Qu'est ce t'en sais ?
Et sur ce, Speranza se barre en laissant les deux autres pantois.
M/ Rejoignez là.
Lupo décide de repartir de l'hirondelle sans délai alors que Speranza est partie par le passage du toit à travers la trappe qui mène au grenier.


Des souriceaux se pointent au Bœuf pour s'excuser du soir de l'embuscade.
Pido tente d'avoir davantage d'explications sur le comment et Sfacciato finit par avouer que Donnola et lui se bécotaient dans la cour. Pidocchi décide d’ignorer les gestes obscènes d’un Lurido hilare dans le dos d’un Sfacciato bredouillant ses explications. 
P/ Je prends note des excuses, l’affaire est classée. Les erreurs ont des conséquences mais le message est passé.


En fin de soirée, tout le monde se retrouve.
E/ Vas y, sort les cartes. Ils sont arrivés tous les deux.
Un indice, ça fait depuis le bout de la rue qu'on entends Speranza râler.
S/ On a du lait de chèvre ?
S/ T'as déjà bu, tu m'as pas attendu !
L/ Paraît qu'il faut que je vienne, Speranza m'aurait cherché toute la journée.
P/ T'es parti pendant qu'on causait contrat et tu nous as fait une crise d’honnêteté.
L/ D'innocence, on va pas chipoter. Partageons les informations.
S/ Je suis pas sûre de comprendre.
P/ J'ai décidé de prendre le contrat malgré tout, histoire que ça soit pas fait par quelqu'un d'autre. D’autant plus que je connais le commanditaire.
S/ On avait pas dit qu'on le faisait pas ?
L/ Du coup, tu connais le commanditaire et tu veux changer le contrat.
S/ Le contrat au départ, c'est de tout cramer.
P/ L’entrepôt est rasé.
P/ Oui mais maintenant, que l’entrepôt est au commanditaire, on s’adapte.
L/ Comment tu fais ça ?
P/ Ettore connait des techniques de sapes et on essaye de faire ça sans dégâts autour.
S/ Ducatore, il veut faire ça pourquoi ?
P/ Être victimisé et avoir les gens de son coté
L/ Furca sera indemnisé après.
P/ Faut que ça soit spectaculaire.
S/ Si ça fait juste pouf.
P/ J'ai des idées pour que ça soit visible et qu’il soit inutilisable et je compte utiliser des techniques pour que ça soit plus spectaculaire que ça ne sera dangereux pour la ville.
L/ D'accord.
P/ Le contenu importe peu car il sera supposé détruit.
E/ Faudra faire gaffe car Furca connaît peut être ses marchandises.
L/ Je vois.
P/ Et la récompense finale est somptueuse.
L/ Un superbe égorgement au fond d'une ruelle.
P/ J'ai aussi prévu d'autres plans avec une mise à l'écart si notre employeur ne s'avère plus aussi fiable.
L/ On va être gênant pour lui.
S/ Son homme de main est pas là.
P/ Tant que Benvenuto est pas là, on se fera pas tuer.
E/ On remplace une partie des compétences.
S/ On avait dit qu'on lâchait l'affaire.
P/ Dix mille florins.
L/ Les morts ne dépensent pas de florins.
P/ Dix mille florins quand même.
L/ Et Speranza , elle en pense quoi ?
Elle fait des bulles dans son verre de lait.
S/ Maintenant que vous avez accepté, si on veut pas que vous finissiez au bout d'une pique on a pu le choix.
P/ On a plus d’assurance en ayant accepté que si on avait été au courant et qu'on avait refusé.
L/ Je veux bien mais moi aussi je vous amène un contrat et je veux votre avis.
Majan a reçu un message de Dessicada pour un rendez-vous souterrain.
P/ Et on doit faire ?
L/ Protection, élimination, escorte.
P/ Et à titre gracieux ?
S/ C'est ce qu'il a dit quand il dit qu'il ramène le contrat.
Puis c'est pour Majan, c'est presque une Compari.
Speranza arrête de faire des bulles. 
Tout le monde la regarde, interloqués, mais personne n’ose la questionner sur un tel revirement.
P/ Et toi Speranza, t'as aussi une mission sous le coude ou une idée de ce qu'on fera des bénéfices.
S/ Tu parles de quoi ?
P/ De ce qu'on ferait de certains fonds, plus humanitaire comme certains en ont émis l'envie.
S/ Indemniser ceux qui auront tout perdu si leur maison brûle.
P/ Si ça se passe mal, il est possible qu'on doive s'écarter de Ciudalia si notre employeur change d'avis, vous avez des connaissances ou un lieu ?
L/ J'ai une connaissance qui va partir du côté de Bromaël.
P/ Dans les préparatifs, y'a une option de sortie rapide si ça se fait.
S/ C'est pour quand ?
P/ J'ai pas de délai.
L/ Et une idée de quand tu comptes faire ça ?
P/ Pas décidé et pas de date imposée, c'est un effet à long terme. On peut faire le rendez vous de Majan avant. C'est une réunion avec des gars de son clergé.
L/ Oui, des gars de son clergé, du genre il faut qu'on parle.
E/ Et c'est ou ?
L/ Catacombes de Purpurezza.
P/ En pleine nuit je suppose.
S/ Pour les Desséchés je comprends mais ça porte malheur.
P/ Ettore ?
E/ Ouais.
P/ Protection en sous-sol, des trucs en particuliers ? Reconnaissance en avance mais y'a de multiples entrées.
L/ Y'a rien dans les catacombes, personne qui veut y aller, plein d'histoires morbides, de disparus, des morts-vivants.
E/ Très mauvais choix.
L/ C'est bien pour ça qu’on va y aller pour l'accompagner, c'est forcément une embrouille et moins elle mourra chez nous, plus elle retournera chez elle.
S/ Si son âme meurt ici, elle va faire un fantôme.
P/ Je te dirai bien de faire une reconnaissance Speranza.
S/ Je veux bien ne pas me défiler.
E/ C'est pas ce qu'on te demande. Y'aura moi, pas Pidocchi et si un autre est le bienvenu.
La mieux équipée pour descendre c'est Majan mais une Majan en pleine forme.
L/ Sinon, tu y vas avec Stella.
P/ Stella ?
L/ Stella Morelli, pour te protéger, elle a plein de trucs.
S/ Sinon n'importe qui d'autre avec Stella ? Genre Ettore.
E/ Aller chercher de quoi se protéger dans la boutique de Stella, c'est normal.
E/ T'as des précisions sur les catacombes de Purpurezza parce que c'est grand.
P/ Y'a six entrées possibles mais à l'intérieur, je sais pas trop.
Pido dessine un schéma vu du point de vue de la surface, on dénombre six entrées et y'a une citerne la dessous mais je ne sais pas comment c'est sous terre.
E/ Six entrées !? T'as combien de souriceaux ?
P/ Douze.
E/ Si à un endroit y'a quatre couteaux qui rentrent, on dit à Majan que son rendez vous est annulé.
 S/ Faut mettre les souriceaux en surveillance en fin d'après-midi demain.
E/ Je peux faire un passage à l'intérieur demain.
L/ L'autre plan serait d'y aller à la place de Majan et de faire déplacer à un autre endroit.
L/ Si c'est un prêtre du Desséché, il va pas aimer qu'on soit là.
E/ Tu serais prêt à t'en prendre à un prêtre du Desséché ?
L/ Ça dépend du tarif, la miresse elle a pas eu le temps de nous maudire
E/ le culte risque de mal le prendre.
S/ On est pas là pour tuer.
P/ C'est pas notre métier de base.
E/ Faut pas que ça soit une habitude.
L/ Y'a des gens très dangereux, c'est pas une ville tranquille.
P/ Le seul vrai assassin dans le groupe, c'est Lupo.
E/ Non.
P/ On met en place une surveillance.
E/ J'irai avec Majan.
P/ J'ai des choses pour ça, du Compari lumineux. Ça colle partout, une petite patte.
E/ Le truc que t'avais collé sur les dents des gens ?
Pidocchi opine
P/ Ça peut être utile pour marquer un itinéraire et ça ne s’éteint pas avec de l'eau.
P/ Tu me montreras, je vais en préparer une bonne dose.
E/ Tes suggestions ? Un moyen de communication ? Une cloche, un tocsin.
S/ T'y vas avec Pirate et tu nous l'envoies.
La démonstration avec Pirate n'est pas concluante sauf pour la disparition d'un bout de jambon.
E/ J'irai demander des protections à Stella.
P/ J'ai demandé un acompte qui devrait nous apporter des fonds qui devraient nous être utiles, dix pour cent.
E/ C'est énorme vu la somme.
P/ Mais normal comme acompte.
S/ La rabougrie,elle peut les faire vos amulettes alors que les Morelli, elle vont faire payer.
P/ Je suppose que Lupo serait mieux indiqué pour faire une demande à Majan.
E/ Tu te compliques la vie.
P/ C'est comme ça qu'on reste en vie.
E/ T'as combien d’amulettes dans ta chambre ??
P/ Soixante treize.
E/ Tu les as eu comment ?
P/ J'en ai fabriqué quelques-unes, sinon je les ai achetées, parfois chez les Morelli, parfois chez d'autres.
E/ Elles t'ont posé des questions ?
P/ Si on pose des questions, je renonce à l'achat.
E/ Ben voilà, On va se coucher pendant que tu prépares tes potions.
 
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