[CR] D&D 5E — Rime of the Frostmaiden

Critiques de Jeu, Comptes rendus et retour d'expérience
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BenjaminP
Dieu d'après le panthéon
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Re: [CR] D&D 5E — Rime of the Frostmaiden

Message par BenjaminP »

L'expédition vers la tour de Netheril se lance, mais commence par un détour, histoire de s'arrêter un peu sur les conséquences de leur retraite devant l'avant-poste duergar tout au nord, qu'ils avaient renoncé à assaillir. D'autres s'en sont chargés pour eux, avec les conséquences que l'on sait.

Partie II : Tandis qu'il agonise

Polaris avait longuement étudié la carte de Spellix. Le point qu'elle indiquait se trouvait entre le Margrave au nord et la Dolence au sud, les deux rivières issues du Reghed qui alimentaient le lac de Dun, une région dangereuse et difficile d'accès de la toundra. Les deux rivières creusaient en effet chacune un lit profond qui transformait cet espace en un haut plateau ceint de hautes falaises de roches et de glace. La voie d'accès la plus sûre était au sud-ouest, car les rives du Dun y étaient plus abordables et permettaient de longer la Dolence jusqu'au vallon du Blanc, un long corridor en pente douce qui menait jusqu'au plateau. La route du nord-ouest était plus directe mais plus rude, bien plus rude ; sur la rive gauche de la Margrave, la falaise glacée atteignait des sommets. Néanmoins, l'emprunter leur permettrait de passer par Châteauroi. Polaris était toujours sans nouvelle de son père depuis l'assaut que les habitants avaient lancé sur l'avant-poste duergar. Il aurait pu envoyer une lettre à Torvus, la voix, ou aux sœurs Chorad, mais il bougeait bien trop ces derniers temps pour recevoir leur réponse, qu'il redoutait par ailleurs. Et si Athanase avait péri lors de l'assaut ? L'ignorance, toutefois, n'était guère plus confortable. Il sut convaincre Loxias et Anatole de suivre la route du nord afin de la dissiper. 
 
*

C'est Allie Shorad qui lui apprit la nouvelle. Son père Athanase avait été blessé, plutôt grièvement. Cela faisait deux semaines et son état n'avait fait qu'empirer. Mardane, la femme sauvée des geôles de Châteaudun avec son fils Lazare qui vivait sous son toit à présent, avait bien par bonheur quelques talents de guérisseuse, elle était sage-femme et connaissait les plaies, mais elle ne parvenait pas à soigner celle d'Athanase malgré onguents et antidotes. Il fallait se préparer au pire. Allie était confuse et désolée. Elle voulut un instant se blottir dans le giron de Polaris qu'elle était bien contente de revoir, mais il courait déjà vers le châlet de Frozenfar où reposait son père alité. Loxias posa, lui, quelques questions supplémentaires sur l'état de santé de son frère avant d'emboîter le pas de son neveu. Lui si roublard quand il était parti du Val alors qu'elle n'était qu'une gamine, était à présent comme transformé. Il avait acquis de la prestance, l'allure d'un grand chevalier du sud, mais surtout un regard dur qu'elle ne lui connaissait pas. Elle les suivit en prétextant d'aider Anatole à négocier la sente traîtresse qui menait au chalet. 

L'odeur était presque insoutenable. Agenouillé près de son frère, Loxias avait soulevé la couverture et découvert le flanc du blessé. Sous les onguents l'entaille, profonde d'un quart de pouce à peine, avait cependant vilaine allure. Les lèvres de la plaie avaient noirci. Une glaire épaisse en suintait, jaunâtre, comme la peau d'un mort. Imperturbable, Loxias se releva et demanda à Allie un baquet d'eau bouillie et quelques linges lavés de frais, à la cendre, qu'elle se pressa d'aller chercher. En bas, Polaris était affalé sur une chaise, seul. Mardane était partie relever les collets, Lazare s'affairait au chenil. Polaris ne répondit pas quand elle lui demanda s'il voulait une tisane. Il caressait d'un air absent ce gros chien étrange qui le suivait partout, ouvrait la bouche, mais aucun son ne sortait. À son retour dans la chambre, Anatole et Loxias était en plein conciliabule. Allie déposa le baquet, les linges, et recula sur la pointe des pieds. Elle redescendit vers Polaris. Elle lui servirait cette tisane, qu'il le veuille ou non. 

"Mardane a fait du bon travail", expliquait Loxias à son vieux maître, "mais elle s'est fourvoyée. La nécrose n'est pas due au poison, son onguent de chanvre et belladone était inutile.
— Les duergars ne sont pas connus pour l'employer, ils laissent ça aux drows leurs adversaires. En revanche, tu sens, n'est-ce pas ? Cette âcreté subtile, piquante, au sein des effluves putrides ?
— Oui. Un acétique. Sûrement de l'oléum. Peu employé car il ronge les lames, mais les duergars sont bon forgerons. Ils ont pu en enduire les leurs. Il faut nettoyer la plaie plus en profondeur et l'exciser largement, sans quoi la nécrose reprendra.
— Sacrée opération, mon petit. Le peux-tu ?
— Je n'ai pas le choix."
Loxias avait déjà plongé les mains dans le baquet d'eau si chaude qu'elles en ressortirent rouges comme des écrevisses. Puis il saisit un linge et le plongea à son tour dans l'étuve, avant de l'essorer longuement et de se mettre au travail.

"Allie, du miel ? T'en reste-t-il ? Une cuillère ou deux suffirait." C'était Loxias, de retour après une bonne heure passée dans la chambre. Il avait les joues creuses et le regard plus dur encore qu'auparavant. Il passa une main dans sa barbe aux teintes rousses. Allie aurait pu jurer qu'elle tremblait. "Oui, je... Peut-être ? Je vais regarder." Elle fila à l'auberge. L'heure passée avec Polaris avait été silencieuse. Elle lui avait tenu la main et posé quelques questions sur ce chien qu'elle ne connaissait pas, le seul sujet qui avait su faire sortir le jeune homme de sa catatonie. "Oui, c'est un bon gaillard, lui. Oui, il est bien grand. Oui, ses yeux sont différents. Oui, c'est parce qu'il te comprend. C'est un ami, oui. Oui." En fouillant les placards de l'auberge en quête de miel, elle repensait à la conversation qu'elle avait eu la vieille avec Athanase, dans un de ses rares moments conscients. Il lui avait proposé d'un air grave d'épouser Polaris, reprendre Frozenfar en sa compagnie. Elle laisserait l'auberge à sa sœur, Cori. Qu'en pensait-elle ? Sur le moment pas grand-chose. Elle pensait surtout qu'Athanase se sentait partir et pensait à la suite. Elle avait toujours apprécié Polaris mais ne songeait pas au mariage. L'hiver n'y était pas propice. Mais voilà que, le lendemain, Polaris se présentait à elle, comme un présage. Comme un signe. Elle avait retrouvé en un instant chez lui le garçon qui lui avait toujours plu, le beau garçon sincère et tendre, qui parlait si peu mais si vrai. Son cœur battait fort depuis son arrivée. Elle trouva un pot odorant et l'ouvrit. Oui. Le miel qu'avait gardé Cori pour préparer un gâteau de fenouil au solstice. Mais il n'y aurait pas de solstice cette année non plus, n'est-ce pas ? Elle s'en saisit.
 
*

Le soir, Athanase reprit enfin ses esprits et appela son fils à son chevet. Polaris grimpa les escaliers quatre à quatre. L'excision des chairs l'avait épuisé, mais il allait mieux, il le sentait. Peut-être qu'il survivrait, après tout ? Suffisamment longtemps pour voir son fils devenir un homme ? Avait-il songer à prendre épouse ? Il le faudrait bien, pour l'avenir de Frozenfar. Il n'y arriverait jamais tout seul. Alors, Polaris rassembla son courage et annonça à son père qu'il n'était plus si certain de reprendre l'affaire familiale. Il avait parcouru le Val et trouver un bel endroit, près des Deux Ombres, où s'installer peut-être. Et puis il y avait le petit Lazare, et Mardane, qu'il avait ramenés lui-même jusqu'ici. Voilà qui pourraient assurer l'avenir ! Pas besoin d'épousailles. Athanase était trop faible pour discuter longtemps, mais il entendit. Oui, Lazare était un brave petit. Ce n'était pas son fils, peut-être pas encore. Mardane était un don pour ses vieux jours. Un don des dieux... ou de Polaris. Il s'effondra dans l'oreiller. Son fils lui épongea le front et osa jeter un œil à la plaie. Elle était propre et nette. Loxias l'avait entièrement refermée avec un fil de lin. La nécrose avait disparu. Travail d'orfèvre. Son père survivrait. Il descendit les escaliers en silence.

Allie... Il n'avait jamais songé à elle comme à une femme. Mais cette idée étrange était en train de prendre graine. L'amie de sa prime jeunesse. Belle et gentille. Claire. En paix. Allie ?
 
*

Un peu de drama, ça fait jamais de mal ! J'ai tiré au dé le sort d'Athanase, gravement blessé, puis je les ai laissé faire. Anatole a sorti un 18+5 pour identifier le problème et Loxias un 20 nat dans sa compétence médecine, qu'il maîtrise, au moment des soins. Athanase ne mourra pas — du moins pas par leur faute. On pimente le tout d'un petit dilemme amoureux, et zou ! Vite la suite.
 
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Islayre d'Argolh
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Re: [CR] D&D 5E — Rime of the Frostmaiden

Message par Islayre d'Argolh »

BenjaminP a écrit : ven. mars 07, 2025 11:00 amUn peu de drama, ça fait jamais de mal !

Toutafé.
C'était très intéressant de casser un peu le rythme de l'action : les personnages s'étoffent.

Notamment ceux qui ont désormais accès au sortilège de Boule de Feu. :mrgreen:
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Re: [CR] D&D 5E — Rime of the Frostmaiden

Message par Elijah Shingern »

BenjaminP a écrit : ven. mars 07, 2025 11:00 am
Partie II : Tandis qu'il agonise


C'te magnifique référence littéraire :mrgreen:

Fragments...

"Loxias appelle des âmes.

Elles viendront des rives de la Mer des Glaces Mouvantes,
Des taudis enfumés des Dix-Villes,
Des plaines affamées de Valbise,
Des forêts solitaires hantées par les Ours,
Sur lesquels règnent l'Hiver Mauvais.

Les trappeurs laisseront leurs arcs,
Les pêcheurs laisseront leurs filets.

Loxias le Mercenaire appelle des âmes.

Il les veut pour briser une Déesse
Que l'on appelle quelquefois Auril.
Ils répondront à son appel,
Courageux dans leur silence.

Ils savent qu'il est le meilleur
Dans la mêlée des hommes.

Ils savent que le Dieu
Lui a confié une épée nue,
Et que l'épée a fait son travail.

Quant à eux, ils viendront
Avec la lame et le bouclier,
Le heaume à forme d'ours ou de yeti
Leurs incantations pour rendre la terre fertile,
Leur théogonie,
La geste de Netheril.

Loxias les appelle pour les amener vers la victoire."


Islayre d'Argolh a écrit : ven. mars 07, 2025 11:19 am Toutafé.
C'était très intéressant de casser un peu le rythme de l'action : les personnages s'étoffent.

Notamment ceux qui ont désormais accès au sortilège de Boule de Feu. :mrgreen:

Tu veux causer de l'étrange Archimage qui sème la terreur dans les coeurs ? :mrgreen:
Vous nous voyez parmi les nations
Nous battrons-nous toujours pour la terre charnelle
Ne déposerons-nous sur la table éternelle
Que des cœurs pleins de guerre et de séditions
BenjaminP
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Re: [CR] D&D 5E — Rime of the Frostmaiden

Message par BenjaminP »

Encore un petit bout de cette session 17, pour les amateurs de grand froid et de verveine chaude.

Partie III : la Blanche de tous les Blancs

Ils avaient franchi la Margrave, escaladé la falaise. Le plus dur était fait, pensaient-ils. Seulement, juste après son ascension, tandis que Loxias finissait de hisser Anatole, Polaris avait vu les hauteurs du Reghed disparaître au loin dans la brume. Plus dangereuse que les courants glacés, plus mortelle que les falaises à-pics, l'hiver venait leur rappeler qu'elle demeurait le plus grand danger du Valbise. La faible luminosité du ciel fut bouchée bien vite. C’était à prévoir. Dans la toundra, le blizzard se levait d’un coup et happait tout sur son passage. Polaris héla Loxias. Il fallait creuser un trou. Et vite. C’était ça, ou l’errance inutile et épuisante dans un millier de milliers d’échardes à vous écorcher vif. Vite.

Mais Anatole ne bougea pas.

Pour qui le prenaient-ils ? Le vieux maître ne serait jamais parti de Montandre sans prendre auparavant d'infinies précautions susceptibles de lui assurer jusque dans la toundra au moins un semblant de ce confort qu'il aimait tant. Il n'allait pas renoncer à ses tisanes, par exemple. Un bouquet de verveine glacée ne prendrait pas trop de place dans sa besace. Surtout, il n'avait aucune envie de connaître la morsure du froid jusque dans son sommeil, pas plus que de périr dévoré par une meute de chats des neiges. Alors, pour son premier voyage aussi loin dans la toundra, il s'était résigné : avant de partir pour ce grand voyage, il avait ouvert le grimoire d'Isale.

Isale, la belle Isale, elle qui lui avait proposé de partir à l'aventure à ses côtés, sur les traces des merveilles d'Ythrinn, dans sa folle jeunesse. Il avait dit non, elle était partie sans lui et n'était jamais revenue. Il l'avait retrouvée quarante ans plus tard, prise dans les glaces éternelles du Cairn, non loin du très précieux grimoire qu'elle lui avait dérobé. Il y avait si longtemps qu’il ne l’avait pas vu. Toute une vie, pour ainsi dire. Toute une vie passée depuis dans le confort de ses études et de son chalet, jusqu'à ce que vînt l'hiver éternel et que le jeune Polaris le sortît de sa torpeur. Le grimoire d'Isale était depuis toujours celui d'Anatole, en vérité, mais d'un autre Anatole, un Anatole jeune, amoureux, puis esseulé. C'en était devenu celui d'un autre. Celui d'une autre. Le grimoire d'Isale. Isale qui l’attendait encore, gelée, au sommet du Cairn. L'ouvrir l'avait transporté loin dans le temps.

La magie de Leomund, qu'il y avait consigné — il s'en souvenait encore —, manquait de subtilité. Elle était rêche comme un gant de crin et aussi discrète que le brâme d'un cerf dans une forêt de cristal. Mais elle était fonctionnelle, Anatole savait le lui reconnaître. Quand Polaris se mit à quatre pattes pour creuser, sous une première rafale de grésil, avec de grands gestes en sa direction, il tira donc la perle transparente de sa sacoche et prononça l'incantation, les mots râpeux et bancroches de cet "archimage de renom". Un demi-cercle d'obscurité tiède les entoura soudain, abrité du vent, de l'humidité, du froid. Boy aboya, surpris, mais il comprit bien vite, comme les autres, les avantages que cet abri leur procurerait. Anatole savait bien que, vu de l'extérieur, l'incongruité de cette demi-sphère d'un noir d'encre n'échapperait à personne, mais ainsi perdu dans la toundra, au cœur d'un tel blizzard, cela ne l'inquiétait guère.

Il mit sa tisane à chauffer.

*

Ils restèrent ainsi jusqu'à ce que la nuit vienne puis se retire, passant ponctuellement quelques coups d'œil au dehors pour constater que la tempête faisait toujours rage. Elle recula à la mi-journée, le lendemain. Le clair-obscur du Val sans soleil était enfin revenu. Ils sortirent, Boy le premier.

Le chien leva tout de suite la truffe. Le vent mué en brise lui apportait une étrange odeur. Après avoir lancé un coup d'œil inquisiteur à Polaris, il la suivit prudemment. Tous s'approchèrent à pas comptés pour découvrir, derrière une colline, la silhouette d'un vieillard, assis sur ce qui aurait pu ressembler à un trône. Polaris encocha. Au beau milieu de la toundra, toute rencontre était dangereuse, il le savait. Mais Anatole retint son geste. Il sentait, autour de cette apparition étrange, une aura impalpable mais puissante. Il les guida plus près. Loxias avait la main à sa garde et lui jetait des regards inquiets.

Boy fit une première fois le tour de ce qui se révéla être un cadavre momifié par le froid et harnaché sur un siège de cuir. Les quelques lambeaux de tissu encore pris dans sa ceinture attestaient à la fois de sa richesse et de son ancienneté, sa barbe démesurée signait sans réserve son avis de décès lointain. De plus en plus curieux, nos trois explorateurs sur le qui-vive parvinrent à quelques pas du trône, quand le sol se mit à trembler, la neige à se soulever partout autour d'eux. Une pente raide se forma sous leurs pieds, qu'ils dévalèrent sans pouvoir contrôler leur chute. Polaris et Loxias retrouvèrent l'équilibre, mais Anatole, séparé d'eux par un angle nouveau et abrupt dans la pente, dégringola de l'autre côté. Après un roulé boulé à faire grincer ses vieux os, il se trouva nez à nez avec la plus terrible de toutes les créatures du Valbise.

Le dragon, blanc comme la neige et vieux comme le temps, avait déployé ses ailes, prêt à reprendre son envol après la tempête qui l'avait cloué au sol. Il comptait repartir sur les vents avec son cavalier, mais voilà que quatre bêtes se trouvaient sur sa route. Il ne les voyait pas, bien sûr. Ses grands yeux opalins ne discernaient plus rien depuis longtemps à cette courte distance. Mais son flair ne le trompait jamais. Trois de belle taille. Et une plus petite. Un chien. Pas très gras.

Arveiaturace le grand Wyrm, la terreur des troupeaux, avait faim, comme toujours. Elle se félicitait déjà que la Providence lui ait fourni ainsi, dès son réveil et sans le moindre effort, de quoi se sustenter avant l'envol. Ainsi, elle pourrait aller après cet encas bienvenu jusqu'à la mer des Brisants se repaître de quelques morses, à moins qu'un ours polaire n'ait l'excellente idée de se trouver là.

Mais voilà qu'une des bêtes lui parla.

Un humain. Et qui savait la langue des dragons, avec ça.

Effrayé, oui, très bien. Mais courtois, sans être obséquieux. Conscient de la futilité de son existence. De sa maigreur aussi, certainement. Néanmoins, ce fumet de verveine restait plein de promesses.

Elle ouvrit une gueule énorme et se tourna vers Meltharond le fidèle, son seul ami, son confident, son grand amour, toujours perché sur sa selle. Elle lui avait promis de longue date ne plus jamais se repaître des humains. La vieille promesse tenait-elle toujours ? Meltharond garda le silence, évidemment. Comme toujours. Elle sentit tout le poids du jugement, dans ce silence. Évidemment. Comme toujours. Il avait raison. Elle n'allait pas briser un éternel serment pour quelques gargouillis, enfin. Meltharond avait raison. Évidemment. Comme toujours.

Alors, Arveiaturace, le grand Wyrm, la Blanche de tous les Blancs, battit des ailes, et s'envola.

*

Eh oui, ça y est, le mode "tiny hut" a été activé. On en avait marre de se traîner dans le froid. C'est ça aussi, le niveau 5 : pouvoir siroter tranquille sa verveine en attendant que ça passe, avec un bon repos long en perspective !

Sinon, en vrai, la session s'est encore un peu poursuivie, ils sont arrivés jusqu'à la tour de Netheril et en ont commencé l'exploration, mais comme on s'est arrêté au beau milieu, j'attends la prochaine de pour tout raconter d'un coup, je me suis déjà beaucoup trop étalé sur celle-ci (mais ça valait le coup ! C'était du beau jeu long, comme les repos).
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Re: [CR] D&D 5E — Rime of the Frostmaiden

Message par BenjaminP »

Nous sommes en pause suite à l'arrivée de mon quatrième (alleluia !), on devrait reprendre courant mai si tout va bien. C'est l'occasion de faire le point, de voir où on en est et vers où se diriger.

Les copains @haplo, @Islayre d'Argolh et @Elijah Shingern, si vous voulez intervenir, n'hésitez pas ! C'est le moment des retours et des espoirs pour la suite (stars and wishes, dirait l'autre).

De mon côté, voilà comment j'envisage la suite :

Spoiler:
Les voilà donc au pied de la tour renversée de Netheril, où le simulacre de Dzaan va leur proposer de le ramener à la pleine existence en échange de l'amulette de commande qu'ils sont venus chercher. On va ajouter quelques parchemins magiques pour les pousser à ne pas massacrer cet odieux mage rouge sur le champs, ça devrait le faire. L'obstacle principal vers la salle du rituel (qui transforme les illusions en réalité, rappelons-le) est "protégée" par un basilisk dans l'aventure telle qu'écrite, ce qui ne me convient pas. Il n'a aucune raison d'être là, c'est pas une bête du froid. C'est donc l'occasion de dégainer le MM24, dans lequel je suis allé chercher un petit démon, fruit de l'expérience précédente, et malheureuse, de Dzaan, pour réaliser son rêve : un Vrock, bien vicieux dans sa nouvelle mouture, et CR6 comme il se doit ici (entre le moyen et le dur). On verra comment ils se débrouillent, mais ça devrait saigner un peu. Avec la possibilité de réifier quelques illusions au passage, peut-être, s'ils sont malins.

Ensuite, l'aventure nous parle de six gobelours qui passent par là pour corser la situation, mais là encore, ce sera non. Ils ne correspondent à aucune des factions introduites, ils n'ont rien à faire là. On va donc les remplacer par les nomades du Reghed, que je cherche à mettre en scène depuis quelques temps déjà. Donc : à la sortie de la tour, rencontre avec deux berserkers que la chardalyne a rendu fous. Ils les gèreront comme ils pourront en fonction de leur état, puis le reste des nomades, qui poursuit ces taches sur leur honneur pour les exterminer, rappliqueront. On aura ainsi une rencontre au sommet entre nos héros et le clan du loup, ça fera le lien avec l'histoire de Shila la chérie de Polaris, et ça devrait les amener à s'intéresser à la cave des berserkers.

Comme on s'achemine lentement vers la fin du chapitre deux, on va placer cette cave près de la forteresse des duergars, de laquelle ils pourront voir partir le dragon de chardalyne et boum, nous voilà aux chapitres 3 et 4.

Je ne suis pas certain de la meilleure manière de gérer ce moment, d'ailleurs. C'est un des points délicats les plus relevés concernant cette campagne : normalement, les PJs vont à Sunblight pour enfin latter Xardorok et voient le dragon partir à ce moment. Ils doivent alors rebrousser chemin s'ils ne veulent pas que le dragon rase les dix villages et Velynne Harpell arrive à pic pour le leur dire. C'est pas terrible. De notre côté, on a déjà envoyé Avarice là-bas (mon art consommé de la préfiguration), c'est déjà un deux ex machina de réglé. Elle pourra se charger du retour rapide vers les dix villages si c'est ce qu'ils décident, et les ramener ensuite fissa OU, surtout, se charger elle-même de Xardorok si ça ne leur dit rien d'y aller eux-mêmes. Je déterminerai l'issue dans ce cas-là (probablement un sale accord passé entre la faction renégate des duergars et Avarice).

Vellyne, elle, a d'autres choses à faire : Nass Lantomir lui a volé son artefact. Ils la recroiseront plutôt à Montandre, et c'est ça qui les lancera sur la piste d'Auril.

Et pour ce qui concerne plus directement nos héros, les pistes qui restent à explorer, étirer, prolonger, ou ignorer bien sûr, c'est comme on veut :

— Loxias et la lutte contre les cultes diaboliques, l'autorité qu'il pourra acquérir aux yeux du clergé de Helm dans le Val, sa position future (restera, restera pas ?). Sa foi n'a jamais été ébranlée, c'est donc qu'il est bien décidé, crois-je, à continuer sur cette voie.

— Anatole et Netheril (et Isale). Anatole redevient lentement celui qu'il aurait toujours dû être : un fucking archimage. Et le voilà sur le point de découvrir les plus grands secrets de Netheril. Restera-t-il le modeste petit magicien de province que nous connaissons, ou son ambition se réveillera-t-elle enfin ? Que doit-il à Isale, de ce point de vue ? Fera-t-il quelque chose pour la ramener à lui, façon la Soupe au choux ? (Ça lui irait très bien.)

— Polaris, Shila et Frozenfar. Pour notre bon Polaris, c'et le dilemme classique entre la perpétuation de l'affaire familiale et la vie de liberté que Shila peut lui promettre. Une rencontre avec les nomades du Reghed pourrait faire peser la balance d'un côté ou de l'autre. On a introduit un second love interest dans la partie précédente, ce qui pimente un peu le tout. De ce point de vue tout est ouvert et c'est super. On n'a plus qu'à le laisser décider !

Vivement !
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