Quarante ! Nous en sommes à notre quarantième jour de mer. Les privations se voient sur les corps et les esprits. Les tensions deviennent de plus en plus visibles entre les membres de l’équipage. Certains regrettent la décision de poursuivre et veulent faire demi-tour. Udo continue son rôle de bosco, mais je le soupçonne de pencher de plus en plus vers le camp des mécontents.
J’ai dû faire mettre aux fers Alice et Antonin. Huguenin les a surpris en train de préparer le sabordage du bateau, sous prétexte qu’il serait plus charitable de mettre fin à tout cette mascarade maintenant, plutôt que de se nourrir de faux espoirs. Ça me désole.
Le brouillard s’est levé avec le jour, et quelle surprise ! Une terre nouvelle, verte et luxuriante s’offre à nous. Des oiseaux étranges nous accompagnent. Malgré la faim, personne n’ose les chasser. L’espoir renaît et c’est avec la joie dans le cœur que nous mettons le cap vers cette terre providentielle.
Nous accostons sur une plage de sable blanc, accueillis par les chants d’oiseaux inconnus. La végétation est luxuriante, mais étrange. Les arbres portent des fruits énormes.
La première action de l’équipage est de trouver de la nourriture, et cette nouvelle terre en semble très bien pourvue.
Jour 50
Nous avons construit un campement de fortune sur la plage, à la lisière de la luxuriante forêt qui la borde. C’est un repos pour l’équipage qui ne supporte plus de rester sur le bateau. La vie quotidienne s’organise, toujours sous le joug du bosco. Nous avons trouvé une source d’eau claire pas loin du camp. Il y a beaucoup de petits animaux faciles à chasser dans les environs. Par contre, il n’y a aucune trace d’êtres humains.
Une expédition est en cours pour explorer les environs du campement, et éventuellement trouver des humains qui pourraient nous aider dans les réparations et nous parler de leur île. Est-ce une île ou est-ce un nouveau continent ? Nous sommes plus loin à l’est que personne n’est jamais allé. Cet endroit pourrait être une nouvelle terre. C’est prometteur !
L’expédition est revenue. Ils ont grimpé sur les hauteurs pour voir au-dessus de la forêt dense qui nous bouche la vue depuis la plage. Clotilde est formelle, ce n’est pas une île, ou alors elle est de bonne taille. Depuis les collines, ils ont vu de la forêt à perte de vue, et au loin des montagnes.
Les réparations sont terminées sur la Fierté de Felten. Elle est prête à reprendre la mer. mais avant d’entreprendre le grand voyage du retour, je tiens à caboter vers le nord ou le sud de notre position. Je suis curieux de la taille de notre île.
Et bien… C’est un continent, rien de moins ! Nous avons voyagé plusieurs jours le long des côtes, vers le nord. La forêt s’étend sur une immense distance. Elle ne s’arrête que parce qu’une grande chaîne de montagnes lui bloque la route. Derrière les montagnes, la mer s’engouffre dans les terres. Et encore au-delà, d’autres montagnes.
La décision est prise : il est temps de reprendre la mer. Nous ne sommes pas des explorateurs, mais des marins.
Nous chargeons des vivres et de l’eau en grande quantité. Nous partons demain à l’aube.
Nous avons trouvé une nouvelle île ! La végétation est luxuriante ici aussi, mais moins foisonnante que sur le continent. C’est une bonne étape pour refaire le plein d’eau et de vivres. Nous passerons la nuit ici.
La mer est calme, et le voyage se passe sans incident. Avec la nourriture que nous avons embarquée sur le continent ou sur l’île, le moral est bon et l’espoir est haut. Mes instruments montrent que nous sommes sur la bonne voie.