Elthaïn a écrit : ↑dim. févr. 02, 2025 3:14 pm
On demande à l'empire Ottoman de reprendre pied dans la zone, vu que c'était bien plus calme avant ?
Je veux bien que les tracés des accords Sykes-Picot ne soient pas une page les plus glorieuses de notre histoire diplomatique, mais ça remonte à un siècle. Des tracés arbitraires de frontières, il y en a eu, notamment en Afrique, et tous les cas n'ont pas dégénéré en massacre, fort heureusement. Aussi, j'aimerais savoir ce que nous, la France, ancienne puissance coloniale, pourrions-nous faire maintenant : leur dire "on s'est trompé, on annule, refaites les frontières" ? Pas sûr qu'ils en aient envie, et en premier la Turquie.
Pourquoi la Turquie serait concernée, alors que le traité de Lausanne est signé
après les accords Sykes-Picot, qui en plus sont une entente secrète sans aucune légitimité entre deux puissances coloniales ?
La question n'est pas de revenir à d'anciennes frontières qui de toute façon n'ont jamais existé et les accords Sykes-Picot ne sont pas très comparables avec le tracé des frontières africaines (qui d'ailleurs fut loin d'être si aberrant qu'on ne le croit) pour la simple raison qu'ils dégageaient non pas des frontières précises mais des zones d'influence....d'ailleurs les frontières contemporaines correspondent fort peu aux accords, sans même parler de celles qui existaient
avant, comme l'irano-irakienne ou la palestino-égyptienne (1906), sans compter que les acteurs locaux avaient déjà pris des initiatives: pour le Liban, par exemple, c'est la capitale
ottomane qui le gérait directement, sans délégation contrairement aux habitudes...et pour le Grand Liban les Français ne voulaient pas y incorporer la Bekaa, par exemple, ce sont les Libanais qui ont fait le forcing.
Nous ne sommes pas forcément dans la vision communément admise des puissances qui débarquent, tracent de plein autoritarisme des frontières avec un fil de géomètre ce qui provoque les crises ultérieures, non, la réponse est ailleurs: le tort principal de ces accords, c'est la trahison du monde arabe par les occidentaux, et ce coup de poignard dans le dos de Hussein Ben Ali a marqué de manière persistante les relations avec les puissances occidentales, y compris de nos jours....les Français et les Anglais ont peut-être oublié cette forfaiture, pas les Arabes et, dans une culture qui met en exergue le sentiment de l'honneur, c'est d'une importance capitale.....surtout qu'il y a eu réitération avec le fils, Fayçal ibn Hussein, et si Khan Maysaloun passe au-dessus de la tête des occidentaux concernés, ce n'est sûrement pas le cas non seulement en Syrie mais dans le monde arabe en entier où c'est certes une défaite mais qui est portée aux nues...