Xaramis a écrit : ↑ven. oct. 25, 2024 3:01 pm
Est-ce que quelqu'un par ci a lu la série mérovingienne (6 romans) de François Cavanna ?
1. Le Hun Blond
2. La Hache et la Croix
3. Le Dieu de Clotilde
4. Le Sang de Clovis
5. Les Reines Rouges
6. L'Adieu aux Reines
Je m'étais régalé avec ses romans "carolingiens" (Les fosses carolines, La couronne d'Irène), et je me demande ce que valent ses romans "mérovingiens".
J'ai lu les 3 premiers et je ne suis pas allé plus loin. Le premier était franchement bien. Le second plus moyen. Le troisième dispensable. J'avais fait un compte rendu ici, mais il a été avalé lorsque le fil précédent littérature a disparu dans les limbes. Je te mets un copier-coller de ce que j'ai conservé:
"Le Hun blond" de Cavanna.
Celui-ci est une relecture: je l'avais lu il y a bien longtemps, et j'ambitionne d'en lire les suites prochainement...
De quoi s'agit-il? Il s'agit d'un roman "historique" autour des personnages de Mérovée et de Childeric, respectivement deuxième et troisième rois francs saliens du cinquième siècle de l'ère chrétienne. Le héros principal du livre est le fameux "Hun blond", métis improbable d'un guerrier hun qui a déserté et d'une germaine de l'entourage de la reine. Ce personnage devient central dans l'histoire lorsqu'il est choisi pour aller rechercher Childéric à la cour du Roi Basin, en Thuringie, où il aurait été exilé pendant huit ans, en conséquence de ses moeurs dissolues. En procédant de la sorte, Cavanna mêle l'histoire et la légende du roi mérovingien avec quelques créations de son crû pour donner un récit plutôt accrocheur.
Le tout est écrit avec toute la gouaille dont est capable cet auteur, qui n'hésite pas à utiliser un langage moderne et anachronique, comptant sur l'intelligence du lecteur pour saisir qu'il s'agit là d'une figure de style.
"La hache et la croix" de Cavanna.
Ce livre est le deuxième de la série sur les Mérovingiens, après le "Hun Blond", dont j'ai déjà parlé plus haut.
Question style, on reste dans du Cavanna, assez agréable à lire, et avec les mêmes partis-pris que pour le précédent tome: Cavanna utilise un vocabulaire moderne, voire parfois argotique, pour faire s'exprimer ses protagonistes...
Sur le fond, Mérovée et Childéric ont laissé la place à Clovis, un roi rusé, malin, mais également assez sanguin. Loup et Otto, protagonistes du précédent ouvrage vont remplir des missions pour le souverain, tout en ayant leurs propres agendas... j'y reviendrai plus loin. On a évidemment droit à l'épisode du vase de Soissons, que Cavanna imagine être le saint graal, rien moins que cela. Et tant qu'à faire, il nous glisse un petit Lancelot du Lac, rencontré au hasard des chemins...
Otto et Loup réalisent donc quelques missions pour Clovis: il s'agit d'abord d'aller s'assurer de l'appui de Geneviève à Paris, puis d'aller prospecter dans un monastère pour "tâter le terrain" auprès d'un jeune femme, Clotilde, qui deviendra l'épouse du souverain. Entre les coups, Otto et Loup décident de porter secours à divers personnages, et agissent ainsi en contradiction avec leurs ordres et même contre les intérêts de Clovis...
Et c'est là que le récit devient quelque peu ridicule: les héros sont transbahutés de gauche à droite, en prenant des décisions dont la cohérence laisse quelque peu à désirer. On sent bien que Cavanna a voulu qu'ils interviennent dans un certain nombre d'événements clefs, sans parvenir à vraiment lier tout ça correctement. Bref, ce deuxième tome m'a laissé sur ma faim, et j'avoue avoir hésité longuement avant de me lancer dans le troisième tome.
Autre souci de l'auteur: on sent bien qu'il a du mal avec les croyances de ses personnages. Tant Otto que Loup sont athées, et on sent bien que cette posture est héritée de l'auteur, et n'a que peu de justification au regard de leur histoire personnelle.
Malgré tout, tout n'est pas à jeter: il y a quelques bonnes idées éparpillées entre ces pages, que je me verrais bien copier dans un scénario de jeu de rôle.
"Le Dieu de Clotilde" de Cavanna.
Ce livre est le troisième de la série sur les Mérovingiens, après le "Hun Blond" et "La hache et la croix", dont j'ai déjà parlé plus haut.
Toujours le même style inimitable, agréable à lire, et plutôt bien documenté, même si Cavanna semble se baser surtout sur Grégoire de Tours, ce qui est, je pense, assez critiquable.
On reste focalisé sur Clovis, et particulièrement sur la conversion de celui-ci. Loup et Otto, héros habituels de ce cycle, sont maintenant au service de Grallon, roi d'Armorique, et vont partir en mission pour son compte, avec pour objectif de ramener des reliques de Sainte Ursule et des onze-mille vierges qui l'accompagnaient, toutes des martyres massacrées par les Huns (encore eux)... Au passage, ils vont assister à la bataille de Tolbiac, où Clovis, venant au secours des francs ripuaires, va être confronté à une armée d'Alamans et solliciter l'intervention divine, promettant de se convertir si la bataille tournait en sa faveur...
Bon, comme pour le tome précédent, il y a maints rebondissements, et on a la même sensation que l'auteur a bien du mal à construire son récit, promenant ses personnages là où ils doivent être pour assister à tel ou tel événement, moyennant divers prétextes. On dirait presqu'un maître de jeu en panne d'inspiration qui téléporte les PJs à l'entrée du donjon de la semaine "parce que c'est comme ça, et voilà tout". La structure du récit s'en ressent clairement, et du coup, je vais laisser un peu de temps passer avant de m'attaquer au quatrième volume.