derleth a écrit : ↑jeu. avr. 25, 2024 7:27 pm
Très interessante cette vidéo. Je ne connaissais pas cet universitaire W. Blanc. Un fan de runequest mais dont la thèse ici est de dire que G. Stafford n'est que le produit de son époque et de son lieu (la Californie universitaire), et qu'il projetterait dans ses jeux son propre rejet de la modernité (chomage de masse, guerre du vietnam) et une volonté de retour à une époque pré-moderne fantasmée. C'est tout à fait probable en effet, et ça relativise les prétentions "théologiques" de Stafford.
W. Blanc évacue également les influences mythologiques elles-mêmes de Stafford - par exemple les ouvrages de Mircea Eliade - qui seraient eux aussi des produits de leur époque, à savoir des nostalgiques qui projettent dans leurs thèses historiques leur propre rejets antisémites et d'extreme droite. C'est une critique connue en effet.
Mais ce qui me frappe c'est qu'il y a plus de suggestions que de démonstrations, et donc on pourrait appliquer cette même critique : Il est aussi possible que M. Blanc soit lui même le produit de son époque, et qu'il projette ses propres grilles contemporaines sur Eliade et sur Stafford (il suffit de voir sa bio) à savoir que toute nostalgie est suspecte et sert des fins politiques, et a fortiori tout point de vue sur les sociétés pré-modernes est militant. Du coup doit on le croire ? Et au final la conférence ne démontre pas grand chose, à part que Stafford est un californien inquiet des années 70.
Mais quand même Runequest c'est le seul jeu qui nous fait réfléchir comme çà non ? En attendant la sortie prochaine du Lunar Way, évidemment
Merci
@derleth pour ces commentaires et désolé d'y répondre brièvement si tard. Brièvement, car une communication en colloque (du moins comme je les pratique) est toujours un "work in progress" qui doit susciter des commentaires pour finaliser un article écrit (article qui sera publié dans les actes du colloque). Bref, je ne vais pas répondre sur tous les points que tu soulèves, mais uniquement sur le fait que je suis "le produit de [m]on époque, et qu[e je] projette [me]es propres grilles contemporaines sur Eliade et sur Stafford".
C'est toujours le risque en effet, mais deux choses permettent d'aider à éviter cet écueil. En sciences humaines (histoire, socio, archéo), on apprends justement à prendre de la distance, y compris avec ses propres préjugés. Ce n'est jamais parfait, mais ça aide (même si apparemment, ça ne t'a pas convaincu

). Concernant Eliade, la critique de ses travaux est faite depuis très longtemps, et pas seulement par moi. Sans lancer de discussion sur le sujet (ce n'est pas le lieu), je ne peux renvoyer qu'aux deux travaux que je cite dans mon intervention, vers la minutes 19'.
Pour finir, je répondrai que si Runequest n'est sans doute pas le seul jeu qui fait réfléchir, je pense qu'on sera d'accord pour dire qu'il y a un charme extraordinaire qui doit beaucoup à la passion qu'à mis Stafford (et que mettent aujourd'hui d'autres) à le développer. Ce n'est sans doute pas un hasard si je suis tombé sous le charme de Glorantha quand j'ai ouvert pour la première fois
Les Dieux de Glorantha publié chez Oriflam.
Sur ce, bon jour férié pour celles et ceux qui ne travaillent pas, et bon
Runequest !