Carton-pâte

[Vorghyrn]

même si moi j’aime les univers encyclopédiques d’ailleurs

ah mais je n'ai rien contre les univers encyclopédiques, je les ai même pratiqué assez intensément (ah ! le WoD ! j'ai encore pas mal de ses éléments en tête ).
En JDR, il n'y a pas de mauvais goûts, juste des goûts différents 

Après, je note quand même que certains joueurs (exclusif ?) d'univers encyclopédiques ont tendance à dénigrer les univers de moins de 300 pages et à regarder d'un air suspicieux un MJ qui improvise un nom de taverne. D'où mes petites piques ironiques (mais amicales) à leur destination 

[Ramentu]

Je distinguerais un setting incohérent ou instable mais détaillé d'un setting en carton-pâte.

Pour moi, un setting en carton-pâte, c'est l'équivalent d'un décor de théatre, d'un village de western dans un studio de cinéma, ou un Village Potemkine : on voit les façades, mais il n'y a pas de profondeur.

Si on est au centre, là ou l'action se passe, l'illusion est suffisante et le décor suffit.
Si on sort des sentiers battus / que l'on soulève un rideau, on voit des étendues vides.

Un univers comme 7 Sea est peut-être incohérent, mais pour ce que j'en connais, il est développé : les nations ont un historique, une économie, des factions, des tensions internes, ... je ne dirais pas que c'est du carton-pâte. (mais je ne connais que le livre de base de la première édition + nations pirates, donc à prendre avec un grain de sel)

Pour donner des exemples de la différence incohérence / carton-pâte selon moi :

Si je vais voir le Lac des Cygnes, et que le décor de la salle de bal est juste quelques panneaux peints en style vaguement Louis II de Bavière ou Schönbrunn, c'est du "carton-pâte".
Ce n'est pas un problème, c'est suffisant pour poser l'ambiance, le focus n'est pas sur le décor mais sur la scène de toute façon.
Par contre, si les panneaux représentent le ring de Madison Square garden, là il y a incohérence avec le livret et cela change la perception de la représentation.
Dans les 2 cas, c'est du carton-pâte.

En JDR, si l'univers de jeu est décrit
"Vous êtes dans le royaume du bon roi Gentil Ier. Le royaume est menacé à l'est par l'Empire du méchant empereur Sheev.
Au nord du royaume, il fait froid et il y a des barbares. Au sud, un désert infranchissable avec des hommes des sables fier et farouches. A l'ouest, des îles avec des pirates. Vous êtes dans le petit village du pommier Fleuri"
C'est du "carton-pâte".
Un univers "pas en carton-pâte", ce serait :
"Vous êtes dans le royaume du bon roi Gentil Ier, fils de Valium II, lui-même neveu de Pacifiste XVIII de la longue ligne des Pacifiste de Castel Pax. [... 300 pages de description géographique, historique, culturelle, sociale, climatique, botanique, militaire etc... du royaume et du continent...]
Vous êtes dans le petit village du pommier Fleuri (dépendant du Conte Arthur, Duché de Masson, 217 habitants, maire : Toine, 5 gardes, un temple dédié à Flora)"
L'un n'est pas meilleur que l'autre, mais on peut préférer l'un ou l'autre selon le type d'aventure prévu :
Si les joueurs vont quitter l'auberge pour aller piller une tombe perdue depuis des siècles, le carton-pâte suffit largement.
Si les joueurs vont s'engager dans une quête épique politique, militaire et religieuse, on préferera l'univers détaillé.

Dans les 2 cas, on pourrait avoir un royaume complement incohérent à tous les niveaux, le détail (ou l'absence de détail) n'étant pas une garantie de cohérence ! Il y a assez d'exemples de pavés de 1000 pages décrivant des univers qui ne tiennent pas debout dès que l'on réfléchit un peu...

Du moins, c'est comme ça que je perçois le terme.

[Yusei]

Pour moi l'aspect "carton-pâte" n'est pas tant lié à la quantité de background qu'à sa fonction. Un décor SF en carton-pâte, ça va être celui qui a une planète désert, une planète océan, un empire méchant, un vieux sage qui est là pour former le héros, etc. Un décor fantasy en carton-pâte, il va avoir un pays méchant, un pays déchu, un pays de nomades, etc. Quand les éléments du background ont une fonction narrative ou ludique qui saute aux yeux, ça fait faux.

[Vorghyrn]

L'un n'est pas meilleur que l'autre, mais on peut préférer l'un ou l'autre selon le type d'aventure prévu :
Si les joueurs vont quitter l'auberge pour aller piller une tombe perdue depuis des siècles, le carton-pâte suffit largement.
Si les joueurs vont s'engager dans une quête épique politique, militaire et religieuse, on préferera l'univers détaillé.

Pas trop d'accord là-dessus, c'est justement le concept de "campagne en spirale" dont je parlais plus haut et qui pourrait aussi me pousser à choisir le décors simple (pour moi l'appellation "carton pâte" ça reste péjoratif ) plutôt que le décors encyclopédique, même pour une quête vaste, épique et politique.

Le concept de campagne en spiral ou concentrique c'est de partir d'un petit point d'intérêt juste assez développé pour générer quelques parties et de ne créer le monde que pour les éléments qui seront (probablement) utilisés au fur et à mesure de la campagne. Ca ne donnera jamais un monde encyclopédique car si les PJ ne vont jamais chez le pirates, ce point du BG restera "des iles de pirates". mais ça peut donner quand même un monde vaste et cohérent. C'est pas tout à fait de la full Impro parce qu'en général le MJ se garde 2-3 coups d'avances et qu'il y a quelques techniques (prise de notes, organisation, partage de narration etc...) à avoir pour faire ça bien mais 
1/ ça part d'un décors simple
2/ ça minimise le travail du MJ
3/ ça peut donner de chouettes grosses campagnes

Pour moi, le choix entre le décors simple et l'univers encyclopédique, il n'est pas selon l'ampleur de la campagne que j'imagine mais en fonction des envie du moment du groupe (et surtout du MJ). Un univers encyclopédique peut m'avoir taper dans l'oeil et j'aurais envie de le faire jouer. Plus probablement pour une campagne moyenne-longue mais ça pourrait aussi être du court, qui n'exploite que quelques éléments. Mais, si mon temps disponible pour une campagne est faible ou si je sens que les joueurs ont aussi envie de "worldbuilding", je vais me rabattre vers un décors simple, quitte à le développer organiquement si la campagne s'allonge

[Qui Revient de Loin]

Je pense justement que le décor simple n'est pas un décor en carton-pâte (où, pour moi, le sens péjoratif est à dessein).

Le carton-pâte n'est pas une question de simplicité ou de complexité. Je pense qu'on doit pouvoir faire du carton-pâte complexe (pour l'intérêt de se casser le cul à faire ça, par contre...).

Le décor simple peut être un paravent juste peint, mais bien fait fait, là où le carton pâte sera un assemblage de décors en 3D dont on verra les fils, les raccords, les armatures. Bref, c'est mal foutu, à la va-vite, sans une once d'imagination ou de réflexion (ex déjà cité : les jeux à peuples/profession ou à faction générant des troupes barnum). ça tendra surement vers l'archétype, sans forcément qu'une autre œuvre basée sur les clichés et les archétypes soit en carton-pâte (ex: les pbta).

[Ramentu]

L'un n'est pas meilleur que l'autre, mais on peut préférer l'un ou l'autre selon le type d'aventure prévu :
Si les joueurs vont quitter l'auberge pour aller piller une tombe perdue depuis des siècles, le carton-pâte suffit largement.
Si les joueurs vont s'engager dans une quête épique politique, militaire et religieuse, on préferera l'univers détaillé.

Pas trop d'accord là-dessus, c'est justement le concept de "campagne en spirale" dont je parlais plus haut et qui pourrait aussi me pousser à choisir le décors simple (pour moi l'appellation "carton pâte" ça reste péjoratif ) plutôt que le décors encyclopédique, même pour une quête vaste, épique et politique.

Le concept de campagne en spiral ou concentrique c'est de partir d'un petit point d'intérêt juste assez développé pour générer quelques parties et de ne créer le monde que pour les éléments qui seront (probablement) utilisés au fur et à mesure de la campagne. Ca ne donnera jamais un monde encyclopédique car si les PJ ne vont jamais chez le pirates, ce point du BG restera "des iles de pirates". mais ça peut donner quand même un monde vaste et cohérent. C'est pas tout à fait de la full Impro parce qu'en général le MJ se garde 2-3 coups d'avances et qu'il y a quelques techniques (prise de notes, organisation, partage de narration etc...) à avoir pour faire ça bien mais 
1/ ça part d'un décors simple
2/ ça minimise le travail du MJ
3/ ça peut donner de chouettes grosses campagnes

Pour moi, le choix entre le décors simple et l'univers encyclopédique, il n'est pas selon l'ampleur de la campagne que j'imagine mais en fonction des envie du moment du groupe (et surtout du MJ). Un univers encyclopédique peut m'avoir taper dans l'oeil et j'aurais envie de le faire jouer. Plus probablement pour une campagne moyenne-longue mais ça pourrait aussi être du court, qui n'exploite que quelques éléments. Mais, si mon temps disponible pour une campagne est faible ou si je sens que les joueurs ont aussi envie de "worldbuilding", je vais me rabattre vers un décors simple, quitte à le développer organiquement si la campagne s'allonge

100% d'accord avec toi sur ce point, et j'utilise aussi la méthode spirale.
On pourrait aussi comparer à un effet "fog of war" : la partie découverte/influencée par les joueurs est détaillée + et un petit peu autour, le reste est flou.
Mais il y a aussi des setting ou même les parties "explorées" restent floues ou archétypales .

[Vorghyrn]

Mais il y a aussi des setting ou même les parties "explorées" restent floues ou archétypales .

tout à fait, la méthode n'est pas infallible, ni même objectivement meilleure que l'univers encyclopédique (on peut même aimer les deux, c'est mon cas ). C'est juste une autre façon de faire. Mais qui n'est pas incompatible avec une campagne longue, complexe etc...