Cette réflexion fait suite à nos échanges sur les fils :
- OneDnD et évolution de la license OGL https://www.casusno.fr/viewtopic.php?t=41503
- OneDnD et OGL, topic 1.2 to bring them all and in darkness... https://www.casusno.fr/viewtopic.php?t=41545
EDIT : je vois que le copier-coller à fait sauter les appels de note... Vous pouvez donc lire la version googledoc avec celles-ci là : https://docs.google.com/document/d/10va ... sp=sharing
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Autour des années 2000, alors que l’Âge noir du JDR se finissait, est né le jeu de rôle libre, en particulier à travers des licences ludiques libres telles que l’Open Game License (OGL) de Wizards of the Coast. Plus de 20 ans plus tard, alors que le JDR a connu sa Renaissance et son Âge d’argent, l’OGL connaît une crise qui révèle les limites du mouvement du libre au sein du JDR.
Pour rappel, la culture libre est basée sur 4 libertés (les exemples sont de moi, et peut-être discutables) :
- la liberté d'utiliser l'œuvre pour tous les usages : créer des personnages, créer des aventures, créer des créatures, des objets, des lieux, des règles, choisir ses règles, jouer, jouer en public, en streaming, diffuser des parties, etc.
- la liberté de copier et de diffuser des copies (aider son voisin) : des feuilles de personnages, d’aides de jeu, de règles, de suppléments (du simple monstre ou sort à l’ouvrage entier), de jeux complets, etc.
- la liberté de l'étudier (s'aider soi-même) : bibliographie et sources d’inspiration, notes d’intention et/ou de game design pour le JDR ? builds de personnages ?
- la liberté de modifier et de diffuser des copies de l'œuvre résultante (aider sa communauté) : créer et publier des aventures, créer du matériel de jeu compatible, traduire, hacker/reskinner un jeu, créer de nouveaux jeux et matériels de jeu non compatibles, etc.
- le non respect de ce devoir -ce qui constitue une brèche de la licence OGL- constaté souvent, avec une simple insertion du texte de la licence dans les ouvrages de JDR,
- la non utilisation de l’OGC, hormis pour utiliser et signaler l’OGC des SRD initiaux (SRD 3.5 et SRD 5.1) de D&D. (Même s’il existe des auteurs ayant au contraire déclaré toute leur création en OGC, comme avec Épée & Sorcellerie 2).

- elle n'est peut-être pas irrévocable,
- le devenir des œuvres basées sur le SRD 3.5 de D&D, qui demeure sous la licence OGL 1.0a,
- le devenir de la “galaxie de l’Open Game Content” licenciée sous l’OGL 1.0a et qui dépasse de beaucoup le SRD 5.1 de D&D mis en licence Creative Commons CC BY.
- elle demeure sous licence OGL 1.0a,
- elle ne peut être réutilisée sans la licence OGL sauf accord explicite des titulaires des droits (qui peuvent être nombreux, difficiles à identifier et recontacter parfois 20 ans après),
- elle ne peut être relicenciée (par exemple sous CC ou la futur ORC) que par les auteurs originaux, s'ils disposent encore des droits patrimoniaux (il y a une subtilité additionnelle sur le partage éventuel des droits si c'est une œuvre à plusieurs titulaires : l'unanimité est en principe nécessaire sauf si les titulaires des droits se sont organisés autrement).
L’ombre de l’ORC
Si la question du contenu libre s'est beaucoup focalisée sur les règles de jeu, l’aspect “lore” est aussi en enjeux.
Tout d’abord, certaines règles sont indissociables d’un certain lore, comme les créatures, les sortilèges, les peuples des personnages, ce que les SRD de D&D en OGL permettait de gérer.
Mais d’autres aspects du lore, particulièrement ceux indépendants des mécaniques de jeu comme les lieux, les PNJ, les organisations, etc. sont le plus souvent non versés dans l’OGC (et sont protégeables/protégés par le droit d’auteur ou le droit des marques commerciales). Or ces aspects sont nécessaires pour la création de scénarios qui ne soient pas génériques et qui s’appuient sur et exploitent les spécificités d’un jeu ; pour des backgrounds de personnages ; pour des suppléments de contexte ; pour des parties en public qui se déroulent dans l’univers officiel du jeu ; pour du cosplay ; etc.
Il y a d’ailleurs eu des jeux qui ont libéré leur univers en utilisant les Creatives commons comme Eclipse Phase (2009), ou d’autres expérimentations de licence comme Theonosis, an open fantasy setting (2010) avec l’Open Setting Licence.
S’inspirer de la fan fiction ?
- l’autorisation ou l'interdiction explicite, enregistrée dans les plateforme de fandom,
- une utilisation non commerciale et à usage personnel (Anne McAffrey),
- l’utilisation d'une licence type CC BY-NC, BY-NC-SA (Mercedes Lackey),
- des mentions obligatoires (“Tous les personnages; la marque X ; sont la propriété de Y” ; “Une fan production/création non-officielle de Z”; etc.) (Neil Gaiman),
- le contenu pornographique interdit, la recommandation de préserver le jeune public de contenu adulte (Anne McAffrey),
- la cohérence avec l’univers,
- l’absence de responsabilité des ayant-droits,
- une éventuelle tentative de protection mutuelle en cas de sessions de droit (pour un film, etc.) (Anne McAffrey),
- la possibilité pour les ayant-droits de changer n’importe quand ces conditions,
- etc.
Imaginons que j'ai créé deux œuvres, une trilogie à succès : Qui, Revient & De loin, et un jeu pour jouer dans l'univers de cette saga : Le Monde Qui revient de Loin -Ze RPG.
- la fondation SCP, en en CC BY-SA 3.0 https://fr.wikipedia.org/wiki/Fondation_SCP
- Wiki encyclopédique en CC BY-SA 3.0 Unported sur l’univers de Lovecraft (dans le domaine public depuis 2008 dans l’Union européenne) : https://lovecraft.fandom.com/wiki/Main_Page
- Univers de Robert E. Howard (Conan) (dans le domaine public depuis 2006 dans l’Union européenne, mais il y a des dispositions complexes dans ce cas...).