Salut,
Merci pour ces retours. Je n'aime pas trop la dénomination de jdr-apéro mais, puisque c'est dit de façon non péjorative, je peux faire avec.
Comme tout le monde, j'ai plein d'idées ou d'envies de jdr en tête, mais la plupart de mes idées en restent à ce stade. C'est quand j'imagine un angle intéressant que je commence à me pencher sur la création. Pour
Pirates!, c'était : « tous les échecs sont critiques ». Pour
Factotums, c'était : « on découvre qui sont les personnages en jouant ». Pour
La Route du Maître, pendant longtemps je n'avais que « je veux faire comme dans les romans de Yoshikawa sur Miyamoto Musashi » mais ce n'est pas vraiment un angle, juste une envie, donc ça tournait en rond. C'est seulement quand j'ai pensé à l'évaluation de la situation que j'ai trouvé mon angle d'attaque. C'est cet angle qui fait l'originalité d'un jeu, qui fait qu'on n'y joue pas comme à n'importe quel autre jeu, aussi bien par les actions que par le ton. Sans angle d'attaque, les règles sont juste une façon rigolote de lancer les dés et, dans mon expérience, un joueur donné jouera toujours le même type de personnage d'un jeu à l'autre.
Ensuite, ce n'est que du réglage. Comme l'a dit Yusei, les réglages se font avec plein de tests. Et, dans mon cas, pas de contrainte de temps. Je veux qu'il arrive des choses dans le jeu, je cherche des règles qui incitent les joueurs à faire ces choses. On observe très facilement des dérives, des effets indésirables et parfois tout le contraire de ce que l'on cherche ! Je garde les règles très simples par goût personnel et pour que le jeu reste très accessible, mais ce n'est pas une obligation. Ceci dit, c'est pratique car cela permet de faire des changements radicaux si besoin. Donc, pour répondre à ta question, les règles viennent après l'idée du jeu ; je peux avoir des idées de règles très tôt dans la conception mais rien n'est acquis, ce sont les tests qui tranchent.
Indépendamment de l'angle, je garde sur un bout de papier l'envie initiale, le truc qui m'a fait penser que ce jeu serait bien. Quand je sens que je m'égare, que je prends une direction différente de celle qui m'a fait fantasmer au départ, je rectifie le tir. Sinon, le risque est trop grand de changer plusieurs fois de direction, sans aller nulle part. L'objectif est donc la seule chose qui ne change pas pendant tout le processus.
Et c'est à peu près tout.
