[City of Mist // Solo] L'oiseau de mauvais augure

Critiques de Jeu, Comptes rendus et retour d'expérience
BenjaminP
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Re: [City of Mist // Solo] L'oiseau de mauvais augure

Message par BenjaminP »

La suite ! Comme je le présageais, mon emploi du temps est un peu trop rempli en ce moment pour aller aussi vite que je le voudrais et c'est bien dommage, je m'amuse beaucoup. Retour à Amos en fâcheuse posture (décidée par l'oracle ; toute cette scène doit d'ailleurs bien plus à l'oracle et aux scènes précédentes qu'au système). J'en profite pour relier beaucoup de points, relever quelques collets après avoir soulevé tous ces lièvres. Tout se met en place, comme dirait M. Burns.

***

[Que s’est-il passé entretemps à l’hôpital ? Amos a-t-il été embêté par la police ? 5, oui, 14 Mais, 6 Aïe ! Il devait donc s’agir de l’autre agent, blessé, qui a cherché un responsable à la mort de son collègue. Amos a-t-il su le convaincre que ce n’était pas lui ? Influence, Clés : Enquêteur prudent, Effacer ses traces, 2+2=4 ! L’agent lui a passé les menottes. On dirait bien que la suite va se jouer au poste.]

Ce qui devait arriver arriva. Ils m’ont mis le grappin dessus. Ils me tiennent. Comment aurait-il pu en être autrement ? Cette apparition mystérieuse, dont j’ai cru qu’elle venait supprimer le témoin gênant que Grüber était devenu, n’était en réalité là que pour me pousser à la faute. La mort de Grüber aurait sans doute été un plus ; ils auraient pu me la mettre sur le dos. J’aurais au moins empêché ça.
Je n’ai droit qu’à un coup de fil. Qui ? Pas Zack, il me reprocherait de m’être fait pincer et dénierait toute intervention. Je n’ai plus personne. Dans ma poche, le papier griffonné du numéro de Beth. Je le compose. Répondeur.
« Allô ? C’est Amos. Je suis au poste. Ils m’ont eu. J’étais à l’hôpital pour tenter de les empêcher de tuer Grüber, notre assassin. Herman Grüber, G, R, U tréma, B, E, R. J’ai mis l’assassin en fuite, on dirait bien que ça devient ma spécialité. Mais il y avait un agent de police sur le carreau et pas d’autres coupables que moi dans les parages, l’occasion idéale de me coffrer. Essayez de votre côté de savoir d’où vient ce type, ils m’ont pris mon portable. »
[Voilà qui me permettra de dépenser les deux fluides en banque concernant Grüber.]

De retour en cellule, je suis rapidement conduit dans le bureau du capitaine Alvarez qui m’expose les faits. Il s’étonne que je sois parvenu à retrouver Grüber et cherche à savoir comment mais, en bon journaliste, je lui explique que je ne dévoilerai pas mes sources. Il dit comprendre mon acte, un désir de vengeance, c’est tout naturel. Moi, je comprend vite sa stratégie, il veut me faire passer aux aveux le plus vite possible et fait semblant d’être de mon côté. Je réfute, parle de regrettable accident, indique que j’ai fait fuir un assassin. Il secoue la tête. Ce ne sera pas si facile. Il a observé les bandes des caméras de surveillance. On me voit très clairement m’emparer de l’arme d’un policier et tirer dans la chambre, provoquant l’envolée d’un extincteur qui percute l’agent au sol. Mais dans la chambre : rien. Grüber se dresse soudain dans son lit. Il a l’air paniqué mais il est seul. Je suis cuit. Mon seul atout : quand toute cette scène commence, quand les deux policiers sont projetés au sol et contre le mur, je suis encore loin, au bout du couloir. J’essaye de faire valoir cet élément. Il entend bien mais juge que ce n’est pas suffisant pour me relâcher. J’aurais pu poser un engin explosif auparavant, dit-il. Il m’annonce qu’il demande mon incarcération à la Prison centrale, dans l’attente de mon procès.
[Beth va-t-elle arriver avant le transfert vers la prison ? 5, oui. Aura-t-elle trouvé quelque chose susceptible de tirer Amos de ce mauvais pas ? 5, oui. Un avocat ? 4, oui.]
[Voyons voir de qui il s’agit : un homme, plutôt laid, moustachu, tiré à quatre épingles, vêtu d’un chapeau, lancé en politique. Un vieil ami à elle.]

À ce moment, une grande commotion se déclenche dans le commissariat, dont les échos à peine étouffés par les cloisons trop minces nous parviennent jusque dans le bureau du capitaine. Un homme d’une soixantaine d’années déboule, un impeccable manteau d’astrakan sur les épaules, le fédora vissé sur la tête. Il louche fortement derrière ses lunettes épaisses et brandit vers Alvarez une pipe maniée comme un couteau.
« Capitaine ! Relâchez immédiatement mon client. Vous êtes en infraction de tant de lois qu’il vous faudrait reprendre vos études et cette fois dépasser le cours élémentaire pour les compter !
— Maître Sinclair, allons bon… Vous n’êtes pas en campagne ? Les élections approchent !
— Persifleur ! Si vous et vos agents mettiez autant d’énergie à faire correctement votre travail qu’à persécuter des innocents et dédoubler votre graisse abdominale, je serais maire depuis dix ans ! En attendant, je continuerai à sortir moi-même de vos bourrelets ces malheureux. Vous essayez d’extorquer à mon client ici présent des aveux hors de la présence de son avocat. Par ailleurs, vous devez me communiquer toutes les pièces du dossier dès maintenant.
Fasciné par l’éloquence et la diction de maître Sinclair, j’ose à peine intervenir. Que fait-il là ? Qui l’envoie ? C’est alors que je remarque derrière les vitres dépolies la silhouette floue de Beth emmitouflée dans une fourrure. Elle discute avec un homme qui pourrait être Lacroix. Je me contorsionne sur mon siège mais la conversation véhémente de l’avocat et du capitaine couvre totalement la discussion feutrée à quelques mètres de là. Je vais me lever quand arrive sur la table la question du mandat de dépôt.
— Hors de question ! plaide Sinclair. Mon client dispose de toutes les garanties pour rester libre dans l’attente d’une éventuelle assignation à comparaître qui, croyez-moi, ne viendra jamais. Son innocence sera démontrée bien avant.
J’hésite à intervenir. J’observe Alvarez en détail, l’ausculte et soudain, je vois. [Enquête. Clés : Troisième œil, secrets honteux. 7+2=9, deux indices, mais ils seront flous. Je choisis : quel secret honteux le capitaine Alvarez cache-t-il ? Réponse : il n’est pas au-dessus de toute corruption. J’enchaîne avec: Qui le paye sous la t able? Réponse : quelqu’un de haut placé à l’hôtel de ville.] Je lis la corruption sur son visage. Je sens l’odeur de l’argent sale passé dans sa patte graisseuse, entre ses doigts boudinés. J’entends les arguments frelatés de politiques véreux, sur son avancement, sa carrière, sa retraite. Mais les visages sont flous et les gestes ambigus. Je choisis de me taire pour le moment. Son tour viendra au tribunal du Vrai.
— Silence ! finit par beugler Alvarez, exaspéré. C’est au juge de la détention de décider d’une mise en liberté sous caution. En attendant, il file au dépôt !
Sinclair pose une main sur mon épaule avant de tourner les talons en déclarant :
— Vous vous en mordrez les doigts, capitaine ! »
Je me lève en même temps qu’Alvarez qui me guide dans le couloir, où Beth se fend d’un large sourire à ma vue. Elle me fait un clin d’œil et dit : « J’ai appris plein de belles choses sur Grüber. Courage ! Vous ne resterez pas longtemps en prison, je vous le garantis. » Je lui rends son sourire du mieux que je peux. J’aimerais partager sa certitude. Quelques secondes plus tard, la lourde grille de la cellule se referme sur moi. Ce soir, je dormirai en prison. Dormir : ce sera déjà ça.
[Temps calme : l’épaule se guérit et l’État correspondant disparaît. En revanche, Amos est toujours — plus que jamais — hypnotisé-2.]

*

Sinclair a réussi à obtenir ma libération sous caution, il a même avancé la somme. J'imagine que je dois cette faveur à sa volonté d'apparaître comme un infaillible justicier aux yeux des électeurs, mais je ne vais pas m'en plaindre. Grâce à lui, et à Beth, je n’aurais passé que trois jours en prison. Trois jours particulièrement désagréables. Beth est venue me voir au parloir hier, pour m’apprendre quelques détails intéressants de la vie de Grüber. [C’est le moment de dépenser mes deux indices encore en cours. Première question : pour qui travaille-t-il ? Réponse : Hector Bark. Deuxième question : pourquoi voulait-il se débarrasser de Beth ? Réponse : Beth avait « lu » des choses en lui lors de son spectacle.]
Tout d’abord, son employeur : un certain Hector Bark, industriel récemment passé en politique. Il faudra se renseigner sur lui et, ça tombe bien, maintenant que je suis libre, je n'ai rien de mieux à faire que de touiller, à l'ancienne, les tréfonds incestueux de la politique et de la pègre. Je ne connais pas ce Bark, ce qui prouve déjà un point important : sa carrière politique est météorique ; une arrivée récente et pourtant très discrète, ce que j'appelle dans mon jargon le cocktail d'accueil du criminel.
Ensuite, Beth s’est rappelée, fouillant ses souvenirs et les photographies de son agresseur, que Grüber avait assisté à son spectacle à de nombreuses reprises. Il avait même laissé plusieurs bouquets de fleurs à son intention, dont elle n’avait jamais élucidé la provenance avant de connaître son nom. Et puis, il y a quelques jours, elle l’avait fait monter sur scène et, dans un état de transe extatique, avait annoncé à toute la salle que ce monsieur Herman Grüber savait des choses sur l’attentat du Harper’s Bazar, qu’il était rongé de culpabilité et effrayé par la perspective d’une punition. Il l’avait très mal pris et avait quitté la salle au beau milieu du numéro. Le lendemain, elle recevait une lettre d’un autre spectateur : Eduardo Calderon, qui lui expliquait qu’elle avait le pouvoir de sauver un innocent de la prison. Il lui demandait ce qu’elle savait de l’attentat, l’enjoignait de parler à la police, aux journaux, à tout le monde. Elle l’avait reçu dans sa loge et ils avaient longuement discuté. Elle avait dû lui avouer qu’elle ne savait rien de toute cette histoire. Qu’il y avait de fortes chances pour que tout ça ne soit guère plus qu’une coïncidence. Qu’elle était une artiste, pas une voyante. Qu’elle ne savait rien de l’avenir. Eduardo ne l’avait pas crue. Il avait continué son enquête de son côté, jusqu’à son triste dénouement.
C'est le moment de lui rendre justice. Avant même d'avoir pris le temps de remettre les lacets de mes chaussures, je monte dans le 219 qui m'amènera Downtown.

[Est-il surveillé ? 6, oui ! La caméra reste sur place tandis qu'Amos s'engouffre dans le bus qui démarre vers le lointain. Puis elle pivote de l'autre côté de la rue, où deux hommes en costumes gris à l'avant d'une vieille Ford démarrent.]
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BenjaminP
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Re: [City of Mist // Solo] L'oiseau de mauvais augure

Message par BenjaminP »

J'ai réussi à glisser une petite séance solo ce soir, que voici.

***

« Vous êtes monsieur ?
— Eli. Anton Eli. J’ai rendez-vous avec M. Bark.
Je réprime un discret frisson en prononçant ce pieux mensonge, mais je ne peux tout simplement plus me permettre d’enquêter à visage découvert.
— En effet. Veuillez vous asseoir, monsieur Bark va vous recevoir. »
L’hôtel de ville n’a pas beaucoup changé depuis mes grandes années au City Herald. Toujours la même atmosphère feutrée, les mêmes éclairages à hauteur de poitrine tamisés par des abats-jours en verre opaque orientés vers le sol, la même moquette vert bouteille imprégnée d’un mélange de tabac et de shampoing détergent. Et les mêmes ficelles pour y pénétrer.
« Monsieur Eli ! Ravi de vous rencontrer !
— Monsieur Bark. Enchanté.
— Passons dans mon bureau, nous serons plus à l’aise ! Après vous, dit-il en me cédant le passage vers un bureau luxueux, moderne, où le marbre a remplacé la moquette et le clinquant le terne. Rappelez-moi… Pour quel journal travaillez-vous ?
— Je suis freelance, mais je vends la plupart de mes articles au Herald, à la Tribune, parfois à la Gazette.
— Bien, très bien. Et ce portrait, comment le voulez-vous ?
— Intime et documenté : les deux axes habituels. Mais je vous en prie, votre temps est précieux, commençons ! Parlez-moi de votre vie d’avant la politique…
Tandis qu’il se rengorge et déblatère, je le fixe et tire la vérité de sa seule présence. Il voudrait la cacher, bien sûr, c’est ce qu’il a toujours fait ; mais sous la surface de sa peau trop lisse, elle grouille comme les vers dans une charogne qu’on révèle à coups de pied. [Seulement, l’amulette de Bark le protège toujours, puisque le Golem n’a pas réussi à l’en priver.] Mais quelque chose cloche. Un voile, un flou l’entoure et perturbe ma lecture. [Enquête. Clés : Troisième œil, Secrets honteux, Haine du mensonge, et un désorienté-2 qui vient s’appliquer en malus, auquel j’ajoute la faiblesse Syndrome du survivant, car Amos vient touiller là de douloureux souvenirs pour lui. 8, pour un petit indice, et encore, flou… La question : a-t-il demandé à Grüber de poser la bombe du Harper’s ? La réponse (floue, donc) : il existe un lien entre Grüber, Bark et le Harper’s, mais on n’en saura pas plus ici.] Je vois Grüber dans son bureau qui hoche la tête, je vois Grüber au Harper’s, je vois l’explosion, mais rien de plus, rien de concluant, tout juste une confirmation de la possibilité du lien.
Je me force à sourire et à continuer ma litanie de questions rituelles à ces gros bonnets devenus conseillers du maire : pourquoi la politique, pourquoi maintenant, et quid du risque de conflits d’intérêts ? Bark a bien appris son texte, il parle tellement bien la langue de bois qu’on dirait de l’ébène massif : sombre et brillant. Flûte. Cette méthode n’est pas la bonne…
Au bout d’une demi-heure d’entretiens, je lui explique que j’ai de quoi commencer et que je le recontacterai pour la suite. Je lui serre la main et le prie de ne pas se donner la peine de me raccompagner, je connais la route. En chemin, je m’arrête au bureau de la secrétaire et me lance dans une petite conversation amicale sous prétexte de caler un nouveau rendez-vous avec le patron.
« Il n’est pas toujours aussi poli, si ?
— Oh, vous savez, il a tant de responsabilités, c’est excusable d’être parfois sur les nerfs. Je n’ai pas à me plaindre.
— Ah oui ? Et qu’est-ce qui a le don de le mettre hors de lui ?
— Il n’aime pas qu’on discute les ordres.
— Ça ne m’étonne pas. Oh et, à propos, il m’a dit que son agent de sécurité était actuellement hospitalisé et que cela le contrariait beaucoup. Il était proche de lui ?
— M. Grüber, répond-elle en se renfrognant. Oui, je crois, oui. Il travaillait déjà avec lui avant son arrivée à la mairie.
— J’aimerais le rencontrer, il doit en connaître de belles sur monsieur Bark !
— Oh, je… C’est que… Il est hospitalisé comme vous le disiez !
— Bien sûr, j’attendrais sa sortie. Vous auriez son adresse ? Je vais lui écrire un courrier.
— Je… Je ne suis pas sûre d’être autorisée à vous la communiquer, il faudrait que je demande à monsieur Bark.
— Oh ? Est-ce bien la peine de le déranger pour ça ? Ce n’est pas une information confidentielle, si ?
[Influence. Clés : Un réseau d’informateurs. 5+1=6, nope.]
— Mais bien sûr que si ! Je ne suis pas tombée de la dernière pluie, M. Eli, ne me prenez pas pour une cruche, se défend-elle avant de se refermer comme une huître.
[Manœuvre dure : privez-les de leur objectif.]
Encore une voie d’enquête stoppée nette. Je n’ai plus le coup de main, décidément.

Je sors de l’hôtel de ville et me dirige vers le théâtre tout proche. Beth joue ce soir, elle m’a proposé de l’y retrouver un peu avant le spectacle, dans une heure ou deux, ce qui me laisse le temps pour essayer d’en savoir plus sur ce van Buren que j’ai croisé à l’hôpital. J’appelle Angela, la pigiste du City Herald pour les affaires judiciaires.
« Angela ! Ça fait un bail ! Comment vas-tu ?
— Je suis entre deux audiences, Amos. Qu’est-ce que tu veux ?
Je l’imagine très bien, ses lunettes au bec, en train de griffonner au crayon sur son petit carnet à spirales dans un recoin du palais de Justice. Elle n’a jamais aimé perdre son temps, pourtant, c’est une des rares à m’avoir envoyé des fleurs après l’attentat, accompagnées d’un petit mot gentil. Nous nous sommes parlés à plusieurs reprises depuis, surtout à propos du procès Riviera.
— Tu connais un van Buren ? Maître van Buren, un avocat ?
— Oui, oui, bien sûr.
— Tu saurais me dire avec quel genre de clients il travaille ?
— C’est un avocat d’affaires, principalement. Mais son cabinet emploie aussi quelques pénalistes — il faut croire que les gros bonnets ont de gros besoins en matière judiciaire.
— Tu aurais des noms ? Qui a eu recours à lui dernièrement ?
[Enquête. Clés : Un réseau d’informateurs, La Cabale des dix, Enquêteur prudent. 6+3=9, Amos obtiendra donc la réponse à cette question, plus deux autres, et Angela pourra lui poser une question en retour.]
— Eh bien… Figure-toi qu’il vient de rejoindre l’équipe qui défendra le Harper’s contre Riviera.
— Oh ? Et avant ça ?
[C’est là deuxième question. L’oracle me donne un casino et un professeur.]
— Sa grosse affaire précédente, c’est l’Ouroboros contre Maxime Cheng.
— De quoi s’agissait-il ?
— Un professeur de statistiques de l’université qui avait publié un article à charge démontrant que les machines à sous de l’Ouroboros étaient truquées. Le casino n’avait pas apprécié. Ils l’ont attaqué en justice.
— Qui a gagné ?
— C’était David contre Goliath, sauf que cette fois-ci David n’avait pas même une fronde. Goliath l’a écrasé comme une mouche. L’université l’a lâché, il doit des millions de dommages et intérêts qu’il ne pourra jamais payer.
— L’Ouroboros, c’est bien la famille Pharixas, c’est ça ? La « mafia grecque ».
[C’est la troisième question.]
— Tout à fait, confirme-t-elle avant de s’interrompre brusquement. Je dois y aller, Amos. Mais tu ne va pas t’embarquer dans cette affaire, rassure-moi ? C’est pas le moment de te mettre en danger, et ces types-là ne plaisantent pas. Cheng pourra te le confirmer.
— J’ai bien peur que si, Angela.
— Bonne chance, Amos.

Je suis arrivé au théâtre. Il est l’heure, à présent.

***

La piste Bark n'a pas encore donné grand-chose, mais l'indice flou suffit tout de même à faire de lui le suspect numéro un d'Amos, ce qui devrait lui faire croiser le Golem rapidement. À moins que Beth ait d'autres plans ?
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Re: [City of Mist // Solo] L'oiseau de mauvais augure

Message par BenjaminP »

J'ai enfin trouvé un tout petit peu de temps pour continuer cette histoire. Ça a vite bougé dans une bonne direction, c'est parfait. J'essaierai d'enchaîner un peu.
 
*
[Que s’est-il passé du côté du Golem durant ces quelques jours ? Déjà, il récupère ses clés brûlés lors du Downtime, si bien qu’il n’a pas le temps d’enquêter sur l’affaire. Il va cependant demander à Egon ce qu’il en sait, mais on jouera ça en flashback pour se coller confortablement dans l’action. Sa seule piste : la Cabale des dix.]
 
La Cabale des dix. La Cabale des dix. J’ai dû éplucher des dizaines de livre de la bibliothèque d’Egon [Enquête. Clés : le manoir d’Egon. Mystique. 3+2=5. Nope. Hard move : ôte leur tout espoir. Ce n’est pas dans les livres que le Golem trouvera la réponse, l’amulette l’a obscurci-2], et je n’ai absolument rien trouvé sur cette histoire. Que dalle. Nada. J’aurais dû pourtant. Il y a tout dans ces bouquins. Mais l’amulette de Bark a dû me jeter un sort. Il faut que je me désenvoûte. Ça tombe bien, quand je lui ai expliqué toute l’affaire et demandé des comptes, demandé comment diable quelqu’un avait bien pu apprendre mon nom — et s’il n’avait pas quelque chose à voir là-dedans —, cette vieille bique acariâtre d’Egon a refusé tout net de m’en dire plus tant que je ne serai pas allé voir Esmé, la diseuse du Quartier rouge. « Elle saura qui t’a appelé », m’a-t-il dit. Il m’a même pris rendez-vous. J’ai lu, je crois, un brin de terreur dans ses yeux à cette occasion. La peur de me perdre ? J’en doute.
 
*
 
[Je tire au hasard quelques renseignements sur cette Esmé : Obèse, Main griffue, parfait. Et côté déroulé, je tire un verbe : Invoque, et Violent. Et bah, ça promet !]
 
Le Quartier rouge est le seul coin de cette foutue ville où j’ai vaguement l’impression d’avoir des attaches, bien que je n’y aie jamais habité, en tout cas pas à ma connaissance. Selon Egon, c’est parce que mes « racines spirituelles » sont européennes, et que le Quartier rouge a ce petit côté Vieux monde, ces bancs en fer forgé, ces lumières de réverbères art déco diffusés par globes de verre qui se reflètent dans les flaques innombrables sur les pavés des ruelles. Ces vieilles bâtisses étroites qui dépassent rarement deux étages, s’imbriquent et se repoussent, prêtes à s’écrouler comme un tas de mikado au moindre mouvement, au moindre coup de sonnette. Pas étonnant qu’elles tombent en ruine : repeindre une façade est déjà trop risqué.
J’entre sans frapper au 2, Murdoch Lane et me retrouve dans ce satané couloir qui pue l’encens et le parfum capiteux, notes de vanille sur lit de canard WC. Esmé est postée à sa table derrière son rideau de perles, cigare au bec. Elle lit le journal.
— Entre, mon coco.
Elle n’a pas levé les yeux.
— C’est pour
— Je sais. Egon m’a dit. Assieds-toi.
Je m’exécute. Elle pose enfin son journal et tapote de ses ongles interminables sur sa boule de cristal.
— Alors comme ça, quelqu’un connaît ton nom ? Et tu voudrais savoir qui ?
— Oui.
Je jette un œil dans la boule en m’attendant à y voir apparaître la triste figure qu’il s’agira de démolir.
— Oublie ça, coco, c’est de la camelote pour appâter le chaland. Donne-moi ta main.
Je lui tends.
— Aïe !
Elle m’a enfoncé son ongle dans la paume sur un bon centimètre.
— Je préfère ne pas prévenir, ça marche mieux.
Elle tient ma main au-dessus de la table et place un cendrier en dessous. Un épais liquide brun vient se mélanger goutte à goutte à la cendre de son cigare. Elle touille la mixture de son doigt et s’en badigeonne le front.
— Yèhè shèmè hagadol mevorakh. Yèhè shèmè hagadol mevorakh.
— Qu’est-ce que
— Yèhè shèmè hagadol mevorakh. Yèhè shèmè hagadol mevorakh.
Esmé a les yeux fermés. Ses joues flasques tressautent par intermittence.
— Yèhè shè… mè hagaDOL mevorakh. Yè… hè shèm… è… haga...
Je l’observe attentivement. De la sueur perle de son cuir chevelu entre les boucles grises. Ça n’a pas l’air de très bien se passer.
— DOL MEVORAKH !
Elle ouvre soudain des yeux noirs comme l’enfer alors que son cri se manifeste hors de sa bouche en fumée noire. Je recule d’instinct. Une forme allongée se condense, molle et dégingandée comme un jouet en latex. Esmé ne bouge plus d’un pouce. La forme grossit et s’accroupit sur la table. Deux points jaunes lui forment un regard. Il me fixe. Et me saute dans la gorge.
[Encaisse. Clés : aucune. 5+5 : 10 !]
[On va stater un peu cette créature mystique. C’est un mécanisme de défense mis en place par la Cabale des dix contre quiconque essaierait d’identifier l’un d’eux par des moyens magiques. Elle impose des amnésiques-2 à la chaîne pour faire tout oublier  à sa cible et n’est pas sensible aux dégâts physiques. Ses spectres : Blessure : — .]
Je la repousse de tout mon être. Cette saloperie ne passera pas. Je brandis mon talisman face à elle. [Affronte. Objectif : prendre le contrôle des forces mystiques en présence. Clés : mystique, talisman, la kabbale. 11+3=14 ! Je choisis 1. d’accomplir mon objectif : à moi la puissance. Et 2. de contrer sa prochaine tentative.] Une lumière sacrée l’enveloppe et souligne sa silhouette frêle, qui cherche à nouveau à m’atteindre, sans succès. Je ne lui laisse pas le temps de comprendre qu’elle a perdu le contrôle et prononce une formule de bannissement. [Défonce. Clés : les trois mêmes. 5+3 = 8. Est-ce que je grille toutes mes cartouches ?  2, non. Alors je contrôle les dommages collatéraux. Elle encaisse Coupée-des-sephiroth-3.] Je la compacte, la roule en boule, la maintient puis la réduit, petit à petit, centimètre par centimètre, fixant ses yeux jaunes tout du long avec le plus beau rictus cruel que je suis capable de produire. Elle n’est plus qu’une balle, plus qu’une bille, plus rien. Dans un grand plop final, elle disparaît dans l’éther sans laisser de trace.
[J’aimerais savoir ce que c’est et qui l’a envoyée, je tente donc : Enquête. Clé : Cabale, Mystique. Mon créateur. 7+3 = 10. Mes 3 questions : qu’est-ce que c’est ? quel était son objectif ? qui l’a envoyée ?]
C’était un Kerubim, une créature de kabbale, probablement chargée de défendre l’identité de celui qui voulait me contrôler. Raté. Je sais qui sais, à présent. Je le vois comme s’il était devant mes yeux. Il ne perd rien pour attendre, cet avocat de mes deux.
— Merci, Esmé.
Les bras ballants, elle dégouline de sueur sur sa chaise qui menace de s’effondrer sous son poids. Ses yeux ont retrouvé leur petit éclat coquin derrière ses faux cils.
— Quand tu veux, Coco. Contente que ça t’ait plu.
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Re: [City of Mist // Solo] L'oiseau de mauvais augure

Message par BenjaminP »

La suite. Ça avance !
*
 
[J’ai envie de passer à la rencontre entre le golem et Amos, j’ellipse donc la recherche de Van Buren, qui va gentiment se trouver au bon endroit au bon moment. Reste à déterminer lequel, et un tirage me donne : théâtre. Je m’incline.]
 
J’ai mis du le temps à le trouver, le baveux. Pas souvent au bureau. Mais il est passé ce soir et je l’ai filé jusqu’au théâtre de la Rue d’Or, Downtown. Il a pris son billet pour un spectacle, Bethsabée Attenborough, « voyante extralucide ». Esmée aurait bien rigolé. En fait de voyance, l’artiste a proposé une sorte de numéro d’hypnotisme. Bas de gamme, mais rigolo. Une instinctive. Pas certain qu’elle-même se rende bien compte de ce qu’elle fait. Ça avait l’air de plaire au public, néanmoins. Van Buren a regardé tout le spectacle d’un air amusé. Le type pas dupe. À la fin de la représentation, il a filé en direction des coulisses. J’ai pris ma plus belle allure de technicien anonyme et je lui ai emboîté le pas. [Feinte. Clé : Je ne suis pas là. Malléable. Parle et j’obéis. 5+3=8. Ah ah ! Quelqu’un l’a remarqué. Je me demande bien qui !]
 
D’une démarche souple et vigoureuse, il se faufile dans ce dédale avec l’assurance du propriétaire. Longeant la travée dissimulée derrière le rideau, il s’engage ensuite dans un long couloir au sol jonché de câbles électriques et aux murs recouverts d’affiches à moitié décollée, bavant leur couleur sur la peinture défraîchie. J’enfonce ma casquette sur le crâne et le suis à dix pas de distance. Alors qu’il disparaît au bout derrière un angle, je force l’allure. Je m’arrête juste avant le coude et me poste là tranquillement, à moitié dans l’ombre. Il frappe à la porte de la loge. La porte s’ouvre : c’est l’artiste, je reconnais sa voix. Je tends l’oreille mais à ce moment un type me tape sur l’épaule. Je me tourne vers lui et il se fige.
Grand, blond, hâve, yeux très clairs, un nez comme un éperon.
— Vous ?!
La peur au milieu de la figure. J’en suis comme deux ronds de flan. Je n’ai jamais vu ce type. Et comment m’a-t-il vu, lui ?
Je tente de baisser d’un ton.
— Quoi, moi ? Vous ne voyez pas que je suis occupé, là ?
Au prix d’un effort visible, il parvient à surmonter sa peur. Le rouge aux joues à présent, il pousse un grand cri, se jette sur moi et m’encercle des ses bras frêles.
— Beth ! Beth ! Ils t’ont envoyé un autre tueur !
Tant pis pour la discrétion. Je jette un œil vers la porte, tous les regards sont portés sur nous.
[Van Buren reconnaît-il le Golem ? Peu probable, 6, oui. Enrichissement ? 5 (conflit), —. Que va-t-il tenter ? Je lance un oracle. Pour un verbe d’abord 55 : Vénère. Intéressant. Et un adjectif : 87 : Magique. Logique.]
[Et Beth, que va-t-elle faire ? Va-t-elle fuir ? Peu probable, 1, non. S’armer ? Très probable, elle est sur le qui-vive depuis l’autre soir. 4, oui. 16 +2 = 18 (conflit), Mais. 3 : Tout se complique. Woof, ça fait beaucoup d’événements dans la même scène. On va tenter !]
Le baveux est comme saisi de stupeur à ma vue. Sa belle assurance en a pris un coup. Il porte la main à l’intérieur de sa veste. À ce moment, Bethsabée, calme comme une vestale, se penche derrière la porte et en ressort une batte de criquet de fort belle facture, qu’elle lui assène en plein sur l’oreille. [Cela suffit-il à sécher van Buren ? Très probable, 3, oui, 7 (conflit), —.] Les tempes grisonnantes de Van Buren se teintent de rouge tandis qu’il s’effondre. Je devine entre ses doigts plaqués contre la paroi pour accompagner sa chute ce qu’il a tout juste réussi à extirper de sa poche : un morceau de papier froissé. [Le Golem comprend-il de quoi il s’agit ? Probable, 5, oui, 17 (exploration), mais, 12, Multiplication.] D’instinct, je sais ce qu’il tentait de faire. Ce fumier voulait prendre le contrôle et me dicter ses quatre volontés.
[Affronte : le Golem veux se dégager de la prise d’Amos et récupérer ce bout de papier de toute urgence. Clé : Force herculéenne, Malléable, mais faiblesse : Mon nom. 8+2=10. Je choisis : accomplir son objectif, et contrer la riposte.] J’envoie valser le gringalet qui s’écrase à grand bruit contre le mur et me jette vers van Buren. Devant la porte, la batte reprend son élan, cette fois vers mon crâne. Je ne cherche même pas à l’éviter. Je ne suis qu’une boule d’argile meuble, dans laquelle elle s’enfonce sans douleur pour rebondir. J’écarte les doigts de l’avocat et récupère mon âme, mon dû. Mon nom. Je l’avale goulûment pendant que la batte s’abat sur mon dos, à plusieurs reprises.
 
*

C'était très intéressant à jouer, cette scène. Les dés ont bien parlé. Le "tout se complique" de Beth, par exemple, était un cadeau du destin. Elle n'a pas compris le message d'Amos et a pensé qu'il parlait de van Buren, qu'elle a donc logiquement séché. Je ne pensais pas qu'ils lui mettraient le grappin dessus aussi vite, mais c'est mieux comme ça, on va pouvoir avancer. La prochaine séquence s'annonce piquante, puisqu'il faudra jouer la méfiance entre Amos et le Golem, et probablement la désamorcer si on veut les faire aller dans la même direction. La question centrale qui se pose est donc : quelle focalisation choisir ? Ce sera déterminant. Je pense choisir Amos. Mais pourquoi pas Beth ? Ce serait fun.
CR 5E fleuris : Rime of the Frostmaiden et le Tribunal d'Islayre

Enjeu Solo, l'émulateur de MJ qu'il est beau ! Pour toutes vos parties sans MJ, Enjeu Solo contient les oracles qu'il vous faut.
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