[CR] Pathfinder2: l'âge des cendres

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CANARD
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[CR] Pathfinder2: l'âge des cendres

Message par CANARD »

Nous venons de commencer la première campagne pour la nouvelle mouture de Pathfinder.
Le MJ m'a demandé d'en faire la première CR. Autant en faire profiter tout le monde.

La première séance n'a pas été très originale. Evitez de la lire si vous comptez la jouer car vous perdriez le peu d'éléments de surprise. 
Nous ne nous sommes pas rencontrés dans une auberge mais lors de "L'appel aux héros", une manière encore moins réaliste de créer un groupe d'aventuriers.  :mrgreen:

Côté règles, j'ai bien aimé les 3 actions par tour avec certaines activités exigeants deux voire trois actions. 
Sans le savoir, mon perso a un rôle important, ma compétence en médecine ayant un rôle renforcé dans le jeu. 

Entrée en scène.  Attention spoilers.

 Journal d’un médecin de campagne
3 ème jour de Calistril, 2021 AR
Cela fait quelques jours que je traîne à Brèchemont, une petite ville du Pays d’Isger.
Je regrette déjà mon labo vétuste et surtout la vie d’une vraie ville, pas cette petite bourgade campagnarde dont on m’avait pourtant vanté le côté aventureux. Je n’ai rien vu ici qui respire l’aventure. Les gens sont en bonne santé et n’ont absolument pas besoin de mes services. C’est à peine si j’ai eu à soigner une vache. Pas de quoi rembourser les frais du voyage et de mon logement. Ma bourse se vide à vue d’œil. Je n’ai plus qu’un espoir, « l’appel aux héros », cette cérémonie probablement surestimée permettant à quelques petites frappes locales de se faire facilement un nom en chassant du kobbolds dans les montagnes. J’ai croisé un ou deux de ces lascars en ville. Ils sont faciles à reconnaître. Ils ont cet œil fiévreux qui ne trompe pas. Ils vont se jeter dans les ennuis la tête la première. Ce sont les meilleurs clients, ceux qui le moment venu, paieront n’importe quoi pour mes fioles d’élixir de vie. Une bénédiction pour un médecin alchimiste comme moi.

Reste à les ferrer et surtout à espérer les voir décrocher une offre satisfaisante. Cette ville est trop paisible à mon gout. La cérémonie va commencer et moins de 50 personnes ont pris place dans le « Cercle des fontaines » autour de la statue de Lamond Brècheton, le fondateur de la ville. Ce sont pour la plupart des badauds ou des familles venus observer des « héros » et profiter du spectacle gratuitement. Ils n’ont aucune peine à repérer les vedettes du jour, tant ceux-ci paraissent étrangers parmi cette population paisible et réjouie. Je suis assez contrarié de constater qu’ils m’incluent dans le lot. Certes je suis trop exotique pour eux mais mes habits font apparaître clairement mon ascendance noble. Ils ne peuvent tout de même pas me mettre dans le même sac que cet autre tieffelin dont je n’apprécie pas du tout les manières. Idem pour le nain dont la rusticité saute aux yeux. Je suis impressionné par contre par l’homme félin se déplaçant silencieusement entre les groupes et surtout par la grâce de la magicienne elfique. Elle est accompagnée d’une petite créature, un familier pierreux et joueur qui fait le bonheur des gamins. Elle ne passe pas inaperçue.

C’est le cas également d’une gobeline attifée d’une étrange toge blanche et d’une sorte de toque de magistrat. Elle étreint ses mains nerveusement et semble se parler à elle-même. Elle observe accablée une colonne acre de fumée rouge montant à l’horizon, du côté de la citadelle abandonnée des chevaliers infernaux. Quelque chose me dit que l’aventure que j’appelais de mes vœux nous attend. Je m’approche de la mégère qui s’amuse depuis quelques minutes de voir son chiard tenter d’attraper ma queue. Puisque nous sommes familiers, autant en profiter. Je lui demande poliment le nom et l’état de la curieuse créature à la peau verte mais cette matrone trop enthousiaste se met alors à me poser une série de questions invasives auxquelles j’ai bien du mal à répondre. C’est à peine si je finis par obtenir un prénom. Il s’agirait de miss Warbal, ambassadrice auprès du conseil de la ville pour le compte des impétueux bafouilleurs, une bande de gobelins ayant élus domicile précisément dans la citadelle susnommée. Je n’en sais pas beaucoup plus lorsque ce même conseil ouvre enfin les portes de « l’hôtel de ville », un bâtiment que seul l’égo de provinciaux incultes pouvait baptiser ainsi.

Cette grande salle très simple est remplie de chaises alignées devant une estrade où les cinq notables ont déjà pris place. Je m’installe au premier rang non loin de « l’ambassadrice » et j’essaie d’engager la conversation. Elle semble très perturbée. La fumée rouge serait un signal d’alarme lancé par son clan et elle craint le pire. Je ne peux en obtenir plus. La maire se décide à enfin prendre la parole pour un bref discours avant de laisser la place à ma voisine. Cette dernière n’a pas le temps de commencer son allocution, qu’une porte s’ouvre violemment à ma gauche et qu’un homme âgé entre en hurlant. Des flammes pénètrent à sa suite et de ces dernières surgit une créature ailée prenant un malin plaisir à les propager plus encore. Je me projette vers elle et lui parlant dans toutes les langues infernales que je maitrise, je lui ordonne de quitter les lieux. Elle semble ne rien entendre et continue son œuvre dévastatrice. Le nain surgit alors par derrière moi et se lance dans une violente attaque. Je saisis une fiole d’acide que je cache toujours dans mes poches. Puis une deuxième. Elle va rejoindre sa petite sœur loin de l’agresseur. Je suis un piètre lanceur. L’homme félin un bien mauvais guerrier. Il est presque à l’agonie non loin de moi. Je m’approche et lui tend une fiole d’élixir de vie, une de celle que j’escomptais vendre. Ce n’est pas le moment de mégoter, d’autant que la créature est maintenant sur moi et projette un cône enflammé que je parviens à peine à éviter. Un éclair vient soudainement clouer le pyromane, mettant fin à ses crimes. Le tieffelin semble plutôt doué pour les feux d’artifices.

Entre-temps, l’incendie a pris une ampleur incroyable et la fumée rend l’air irrespirable. Des corps sont étendus dans les allées. Je me joins à la chaine initiée par l’elfe pour éteindre le brasier mais il apparaît assez rapidement que c’est en pure perte. Je n’ai d’autres choix que de fuir en saisissant au passage le corps d’un malheureux inconscient. Lorsque je parviens à l’air libre, j’en avale une large goulée et j’expectore immédiatement la suie qui avait commencé à envahir mes poumons. Inquiet, j’avale ma dernière potion d’élixir. Elle ne fait pas l’effet escompté. Je note pour moi-même que ce n’est probablement pas le bon remède pour ce genre de dommage. Autour de moi c’est la cohue. Je remarque quelques regards envieux vers ma fiole maintenant vide. Un peu de publicité ne peut faire de mal me dis-je en souriant intérieurement. Les affaires reprennent. Je me redresse et essaie de paraître le plus fringuant possible. Quelques mètres plus loin, l’homme félin est étendu par terre, sa fourrure à moitié carbonisée. Il avait effectivement un plus grand besoin que moi de cette potion. Il a déjà été servi. Il devra payer cette fois.

Les rumeurs vont bon train. Un homme aurait été vu invoquant la créature incendiaire et fuyant la ville en direction de la citadelle. De son côté, la petite gobeline chouine son malheur à qui veut bien l’entendre. Il semble provenir du même endroit. C’est trop beau pour y croire. La maire essaie de mobiliser des poursuivants. De manière prévisible, seuls les trois « aventuriers » répondent à son appel. L’elfe et le tieffelin ne font pas de manière. Le nain cependant négocie âprement sa participation. Ses qualités d’entremetteur pourraient me servir dans le futur. Sa barbe par contre a considérément souffert des flammes et du piètre combat qu’il a livré. Nous n’avons pas été glorieux dans l’ensemble. L’homme félin ne se joint d’ailleurs pas à nous, préférant reprendre du poil de la bête. J’hésite à rester avec lui. Il fait un client tout à fait honorable mais les trois autres accompagnés de l’ambassadrice sont des proies si tentantes qu’il ne peut que leur arriver malheur.

C’est donc en leur compagnie et montés sur des montures rapides que nous prenons la direction du nord et des montagnes. J’ai réussi facilement à intégrer l’équipe. Ces fous furieux prendraient n’importe qui sans se poser de question. Je n’ai plus qu’une fiole d’acide et ma petite dague n’a pratiquement jamais servi au combat. Elle doit encore porter les traces des derniers ingrédients utilisés lors de mes expériences. Je ne compte d’ailleurs pas la sortir de sitôt. J’ai une « sainte » horreur de la violence. Qu’ils aillent se battre !! Je resterai à l’arrière à les attendre. Ils auront besoin d’un soigneur. Je calculerai mes tarifs en fonction de leurs revenus. J’ai pu observer leurs bourses. Elles ne sont pas bien pleines mais qui sait. J’ai peut-être misé sur les bons chevaux. Le nain a l’air robuste, mon « cousin » plutôt adroit et l’elfe est elfique. Et puis, je n’ai plus un sou vaillant. N’importe quoi fera l’affaire.


 
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Re: [CR] Pathfinder2: l'âge des cendres

Message par CANARD »

Pour info nous jouons sur Foundry, une table virtuelle. C'est très élégant et assez facile d'utilisation. 
Mieux que Roll 20 pour des parties classiques. 

Ambiance sonore réglable individuellement.
Jeux de lumière. 
Feuilles de persos très complètes. 

Le MJ maitrise vraiment bien cette partie technique. 
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Re: [CR] Pathfinder2: l'âge des cendres

Message par Nhumai »

Merci pour ce récit. Cette première partie plante le décor, c'est une campagne que je projette de faire jouer. 
J'attends la suite maintenant ;)
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Re: [CR] Pathfinder2: l'âge des cendres

Message par CANARD »

Nhumai a écrit : mar. févr. 09, 2021 1:04 pm Merci pour ce récit. Cette première partie plante le décor, c'est une campagne que je projette de faire jouer. 
J'attends la suite maintenant ;)

Merci Nhumai. C'est toujours sympa de savoir qu'il y a eu au moins un lecteur.  :mrgreen:

Nous jouons le prochain épisode mercredi prochain. Le rythme est de deux par mois.

Pour info, j'ai trouvé cette intro vraiment très artificielle. Je crois que cela se sent dans mon CR.  :D
Nous avons pas utilisé les historiques proposés dans le guide du joueur. Une erreur probablement. 
Nous n'avons pas visité la ville, au demeurant très classique. Ce sera pour une autre fois, j'espère.

Nous jouons en distanciel et personne ne se connait vraiment. Je n'ai jamais vu le MJ ni les autres joueurs. 
Tout ça n'aide pas probablement. Heureusement, Fondry est vraiment très pratique et le MJ a chargé une quantité phénoménale de matériel (toutes les règles mêmes celles des suppléments anglais qu'il a traduits pour l'occasion). 

La prochaine séance commencera de manière compliquée puisque le groupe est déjà scindé en deux.  
Les combats sont assez violents. Je ne sais pas comment un groupe peut s'en sortir sans soigneur. 
Un de tes joueurs devrait absolument avoir médecine. 
Canard

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Re: [CR] Pathfinder2: l'âge des cendres

Message par Nhumai »

J'imagine que ça n'est pas évident de jouer sans connaître les autres participants et en plus sans les voir. Je n'ai jamais joué en ligne à part à des mmorpg mais cela n'est pas la même chose.
De ce que j'ai pu comprendre, les soins sont super importants et Médecine l'est peut être plus que les soins magiques. Les archétypes du manuel du joueur permettent de faire le lien entre les persos et le lieu de départ de la campagne en effet, mais le démarrage n'est peut être pas représentatif de ce que peut donner le développement de la campagne une fois  que les persos seront devenus des compagnons de route et que vous vous connaîtrez un peu mieux.

[mode mylife/on]Pour ma part je compte la faire jouer sur table, avec un groupe malheureusement réduit à 2 voire trois. Nous avons a déjà joué à D&D Basic/Expert ensemble mais PF2 est tout nouveau pour nous, je pense que nous allons partir sur la boîte d'initiation/troubles in Otari et/ou Fall of the Plaguestone et quelques scénars one shot avant de nous lancer dans une campagne. Je voulais uniquement utiliser de la VF mais vu que tout ça n'est pas prêt de sortir en Fr, je vais me rabattre sur la VO. Du coup on partira peut être par la suite sur "Abomination Vault" qui se passe autour d'Otari.
Pour les persos de "mes" joueurs, je vais partir sur le quatuor classique guerrier/mago/prêtre/rogue avec utilisation du biclassage car nous n'aimons pas jouer avec plusieurs persos par joueur ou des PNJ et je vais voir ce que donne l'adversité dans cette configuration pour voir comment ajuster tout ça en campagne. [mode mylife/off]

J'arrête là mon laïus, je te souhaite bon jeu et j'attends la suite!

 
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Re: [CR] Pathfinder2: l'âge des cendres

Message par artificier »

Ayant lu toute la campagne et prévoyant de la faire jouer sur une table physique quand ça sera techniquement gérable, ce sera un plaisir de lire ton CR en tant que joueur.

Effectivement, ne pas avoir utilisé les historiques proposés par le guide du joueur me semble une première problématique au démarrage car ils proposent tous un lien direct avec la ville ou avec l'enjeu de la campagne. Par curiosité, quels historiques vous avez tous et votre histoire pour être arrivés dans le coin ?

Pauvre MJ si dès la première séance le groupe est séparé, je suis curieux de savoir comment il va régler cette situation.

Au plaisir de lire la suite :) 
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CANARD
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Re: [CR] Pathfinder2: l'âge des cendres

Message par CANARD »

artificier a écrit : mar. févr. 16, 2021 3:56 pm
Effectivement, ne pas avoir utilisé les historiques proposés par le guide du joueur me semble une première problématique au démarrage car ils proposent tous un lien direct avec la ville ou avec l'enjeu de la campagne. Par curiosité, quels historiques vous avez tous et votre histoire pour être arrivés dans le coin ?

Au plaisir de lire la suite :) 
Nous avons tous choisi un historique dans le livre de base. Noble pour ma part. 
Du coup nous nous sommes tous retrouvés sur la place aux fontaines à attendre l'appel des héros. Sans trop savoir pourquoi ni comment.
Ce n'est qu'en écrivant le CR que j'ai réfléchi à tout cela et inventé ce médecin intéressé voire cupide. Je suis réellement sans le sou, ayant dépensé énormément dans mon matériel médical. Le nain a tout de suite donné le ton en faisant les poches des personnes étendues dans la salle en feu. (Mon personnage n'est pas sensé le savoir). Par contre, il a négocié très durement avec la maire. Bref voyant que l'autre tiefelin semblait être un tantinet roublard, il n'était pas très difficile de trouver le ton juste pour le démarrage de cette campagne.  Seule l'elfe est vraiment altruiste. Elle a pensé à éteindre le feu mais sans succès. Il parait que c'était possible. Nous avons mis trop de temps à mettre hors d'état de nuire l'incendiaire. 

Bref, j'ai déjà connu mieux comme introduction. J'espère que la campagne entière n'est pas de cet acabit. 
Je n'en veux pas trop au MJ. Il s'est beaucoup investi dans sa plateforme Foundry qui est vraiment très belle. 
La création de chaque perso lui a pris déjà pas mal de soirées et nous n'avions plus énormément de temps pour les introduire convenablement. Il est allé à l'essentiel, le combat et le recrutement pour un petit trip vers la citadelle. 
J'espère qu'il trouvera une astuce pour récupérer l'homme félin.

La suite demain soir.
 
Canard

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Re: [CR] Pathfinder2: l'âge des cendres

Message par Onigacharaki »

MJ sur PF1, ayant récemment acquis PF2, et avec l'objectif de maitriser cette campagne, je vais suivre avec intérêt ;)
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Re: [CR] Pathfinder2: l'âge des cendres

Message par CANARD »

 4 ème jour de Calistril, 2021 AR
 
J’ai pour habitude de me lever avant l’aube pour préparer mes potions. Ce matin, j’ai la surprise de me rendre compte que je ne suis pas le premier. La gobeline rode déjà entre les arbres du bosquet où nous nous sommes réfugiés pour la nuit. Elle va, hagarde, du promontoire d’où l’on peut observer la citadelle, à notre campement rudimentaire. Elle tremble de peur mais hésite à nous réveiller. Elle finit enfin par s’apercevoir de ma présence au bruit de mes instruments d’alchimiste et cela la décide à passer à l’action. Elle secoue alors tout le monde en nous suppliant de nous mettre en route sans tarder. Le nain est extrêmement bougon et râleur. Je crois qu’il lui a décoché un coup de pied. Il est le dernier prêt si on excepte ma personne.

Préparer des potions prend du temps. Et j’ai tout à penser qu’il ne sera pas perdu. Nous allons nous engager la tête la première dans un beau merdier et nous ne sommes pas au meilleur de notre forme. J’opte pour 6 élixirs de vie, 3 feu grégeois, 3 fioles d’acides et 3 mutagènes de juggernaut. J’aurais pu choisir de garder sous le coude de quoi lutter contre des maladies mais cette menace me semble moins probable. Le nain me regarde intéressé, en terminant les restes de la veille et en recomptant ses sous. J’en profite pour aborder le sujet qui me brûle justement les mains. Je propose mes élixirs de vie à une pièce d’or le flacon, ce qui est une offre avantageuse sachant qu’elles valent au moins le double. Ce salopard me balance alors un morceau viande en me signifiant que ce sera le seul paiement que je peux attendre de lui.

Je fulmine et entame la discussion avec le reste de l’équipe. Seule Liva, la Tieffelin (ce n’est que récemment que son genre met très furtivement apparu) accepte de me donner 5 pièces d’argent pour les soins que je lui ai déjà prodigué. Je regrette mon élan de générosité d’hier soir. Fatigués par la longue chevauchée et souffrants toujours de leurs blessures, mes « camarades » avaient requis mes talents pour soulager leurs peines avant de se coucher. Ils se trompent s’ils croient que je vais me satisfaire de ma part des éventuels trésors. De quoi d’ailleurs peut-on bien espérer d’un clan de gobelins faméliques ? Et quelle aide peuvent-ils attendre en retour d’une bande de sauveurs aussi peu expérimentée que nous ? Leur ambassadrice, elle en tout cas, ne leur sera d’aucun soutien, ni à nous non plus. Je me rends compte stupéfait qu’elle n’est pas dans le groupe que je viens enfin de rejoindre devant la citadelle.

L’environnement n’est guère accueillant. Le chemin, à peine praticable, est bordé de ronciers. Il mène à une muraille de six mètres de haut au-delà de laquelle je ne distingue pas grand-chose. Une vieille porte nous bloque le passage. Je n’en reviens toujours pas qu’elle nous ait abandonnés au moment où ses conseils nous auraient été le plus utiles. Il s’en faut de peu que j’aille la rechercher. Mes « compagnons de route » ne m’en laissent malheureusement pas vraiment le temps. Sans trop réfléchir à un accès plus discret, ils tentent d’ouvrir le portail et provoquent un horriblement grincement des gonds. Immédiatement, des aboiements de chiens se font entendre et très vite l’un de ces horribles cerbères parvient à franchir l’étroit passage ainsi obtenu.
Dernière modification par CANARD le ven. févr. 26, 2021 10:31 am, modifié 3 fois.
Canard

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Re: [CR] Pathfinder2: l'âge des cendres

Message par CANARD »

Dommage que je ne puisse pas vous mettre une capture d'écran de Fondry prise à ce moment précis.  😄
Canard

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Re: [CR] Pathfinder2: l'âge des cendres

Message par CANARD »

De l’arrière d’où je me tiens, j’assiste impuissant à l’assaut. La bête mord profondément Doria, la sympathique elfe. Je renonce à balancer une fiole d’acide. Elle risque de toucher tout le monde. Le chaos est complet avec l’arrivée de deux autres molosses tout aussi agressifs. Je finis par me résoudre à leur porter le fer de ma dague. Je m’approche mais mes attaques fouettent l’air inutilement. J’aperçois brièvement un éclair terrasser l’un des fauves. Liva impressionnante une fois de plus. Ensuite je hurle de douleur lorsque des crocs s’enfoncent dans mes chairs. J’halète précipitamment mais l’air que je respire empeste. Des pustules sur le dos des monstres ont éclaté libérant un poison infâme. J’ai la nausée. J’enrage surtout de ne pas avoir préparé les potions simples contre les maladies. Elles nous auraient instantanément soulagés. Doria est pratiquement inconsciente. Je fouette l’air d’une dernière inutile attaque et j’entraine l’adorable imprudente loin du combat.

Le nain m’énerve. Il raconte avec forces gestes comment il a égorgé le second chien en l’attrapant par les oreilles. Il n’est pas nécessaire qu’il s’obstine à casser les miennes. Je sais pertinemment comment il a terrassé le dernier. Il lui a écrasé la cervelle juste devant moi. Ces gesticulations ne serviront à rien. Je ne le soignerais pas. J’ai déjà fort à faire pour penser mes plaies et celles de mes deux compagnes. Lui et la gobeline finiront par payer. Son absence me reste toujours sur l’estomac. Elle aurait probablement pu éviter tout cela en calmant ces chiens de garde typiquement gobelins. Je lui reconnais néanmoins une utilité. Elle a guidé vers nous l’homme-félin qui arrive telle la cavalerie lorsque tout est terminé. Comment a-t-il fait pour nous rejoindre si vite ? Je n’en sais rien. C’est tout à fait miraculeux mais c’est ce dont nous avons besoin. Le nain profite de ce renfort pour passer le portail et s’enfoncer sans attendre dans la forteresse. Il m’énerve.

Lorsque je le suis enfin, je découvre une cour pavée garnie de statues représentant des chevaliers en armure. Une bannière rouge partiellement déchirée pend lugubrement sur le mur du fond par-dessus le portillon qu’ils viennent de franchir. J’ai à peine le temps d’observer le symbole inscrit sur l’étendard sanglant, un Soleil doré et éclatant. Déjà je m’enfonce dans l’obscurité d’un couloir menant à une sorte de dortoir, un amoncellement de lits éparpillés sans aucun ordre. De multiples portes garnissent les murs. En nous dirigeant vers elles, nous réveillons une créature enfuie sous une couverture. Doria n’a pas de chance. Elle se fait poignarder avant que nous ne puissions réagir, enfin avant que le nain et Liva n’aient le temps de mettre fin à la menace. Cette petite ne tiendra plus longtemps. D’autant qu’en tentant de la soigner une nouvelle fois, j’approfondis sa plaie. Je n’hésite pas et lui offre un de mes précieux élixir.
Canard

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Re: [CR] Pathfinder2: l'âge des cendres

Message par CANARD »

Journal d'un médecin de campagne.
3ème séance

Nous faisons le point. La situation n’est pas brillante. Il est à peine 8h du matin et nous sommes épuisés. Dans ces conditions, continuer l’exploration de la citadelle semble bien trop périlleux. Nous songeons un instant à retourner auprès de la gobeline mais abandonner les lieux semble au-dessus de nos forces. Nous décidons finalement de profiter des lits pour nous reposer. Ces quelques instants de tranquillité nous font le plus grand bien. Ils raniment notre courage et réveillent notre curiosité pour les différentes portes. Elles mènent pour l’essentiel vers des chambres individuelles. L’une nous ramène vers l’extérieur, preuve qu’avec un peu plus de jugeotte, nous aurions pu éviter les chiens de garde. La dernière s’ouvre sur un réfectoire poussiéreux. De là, nous atteignons différentes salles dont une d‘entrainement. C’est de cette pièce que nous avions délaissée pour en fouiller d’autres que semble soudainement provenir des éclats de voix. Les bruits d’un combat se font entendre derrière une porte que nous avions ignorée. Nous hésitons à faire preuve à nouveau d’hardiesse/ imprudence. Finalement le nain se décide à franchir le seuil.

Le spectacle qui s’offre à nous est surprenant. Un guerrier en armure sombre ornée de crânes combat deux diablotins au milieu d’un pentacle rouge vif dessiné à même le sol. Il n’a guère besoin de notre aide. C’est à peine si nous avons le temps d’intervenir que déjà il essuie les traces sanglantes sur sa lourde hallebarde. Il semble évident qu’il s’agit d’un chevalier infernal, l’un des légitimes propriétaires des lieux. Notre surprise est grande, la citadelle ayant la réputation d’être abandonnée depuis longtemps. Nous nous hasardons à quelques questions mais l’inconnu nous les renvoie de manière péremptoire en exigeant de connaitre la raison de notre présence en ces lieux. Le ton ne plait guère au nain. Il rétorque avec vigueur et l’échange devient très vite houleux. Heureusement la Tieffelin intervient prestement et parvient à calmer les esprits. Son sourire diabolique agit rapidement sur l’humeur du collosse. Il finit par desserrer les dents et par nous concéder quelques explications.

Il s’appelle Alak Stagram. Il prétend n’être là que depuis peu de temps. Il est venu récupérer des objets importants et en profite pour purifier les lieux. Il ne nie pas avoir tracé le cercle et réalisé l’invocation. Il s’agit selon lui d’un test de passage pour les apprentis-chevaliers. Drôles de manières. Il me semble un peu louche. Je comprends que le nain ne le supporte pas même si j’eusse vu avec plaisir sa tête barbue rejoindre celles des pauvres diablotins victimes de cette brute épaisse. Une autre fois peut-être car la conversation tourne court. Il parle de rejoindre ses frères d’armes bataillant loin d’ici sur un autre front nettement plus important. Il quitte alors la pièce à grandes enjambées et nous avons bien du mal à le suivre. Il nous entraine vers une arrière-cour cernée de remparts à moitié effondrés au centre de laquelle nous découvrons ahuris une énorme créature mi-lézard mi-dragon. Je crois un instant qu’il s’agit de sa monture tant elle semble lui correspondre mais les deux créatures infernales se jettent soudainement l’une contre l’autre cherchant à s’anéantir mutuellement. Le choc est terrible et l’humain est projeté à quelques mètres, nous laissant hébétés, seuls face au monstre.

N’écoutant que mon courage, je me précipite sur le gisant pour l’attirer loin du combat. Le souffle fétide de la bête m’atteint de plein fouet. Je m’écroule suffoquant. C’est tremblant que je parviens à me relever et à achever la tâche que je m’étais fixée. Mes compagnons ont entre-temps encerclé la créature. Elle ne semble pas apprécier avoir de multiples adversaires tournoyant autour d’elle. Les coups pleuvent. L’homme félin finit par lui en décocher un mortel. La tension redescend soudainement de plusieurs crans. Pas pour longtemps. Sur le rempart, des bruits de voix que le vacarme du combat avait masqués jusqu’ici se font entendre. L’elfe reconnait le parlé gobelin. Nous ne pouvons voir les petites créatures mais elles semblent aux prises avec un agresseur ayant pris leur chef en otage.

Une corde pend le long de la muraille. Mes compagnons les plus en forme se hissent jusqu’au chemin de ronde et disparaissent à mes yeux. Je reste en bas pour soigner les blessés. Je dois repousser cet abruti de nain. Il tente de profiter de la faiblesse du chevalier pour le provoquer à nouveau. Soudain un grand cri retentit. L’otage a été égorgé.
Dernière modification par CANARD le sam. mars 13, 2021 2:34 pm, modifié 1 fois.
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artificier
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Re: [CR] Pathfinder2: l'âge des cendres

Message par artificier »

Un plaisir de te lire, même si on sent la tension dans le groupe... J'espère que vous allez trouver des raisons de continuer ensemble ☺️
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CANARD
Cardinal
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Re: [CR] Pathfinder2: l'âge des cendres

Message par CANARD »

Merci.

Les joueurs s'entendent bien mais le nain est effectivement insupportable. 😉
Ceci dit, mon perso l'est tout autant en refusant de soigner gratuitement.
Je n'ai pas insisté ici mais ma réserve de potions s'épuise.
Canard

Les règlements doivent s'adapter à la situation et non l'inverse.

La sagesse suprême est d'avoir des rêves assez grands pour ne pas les perdre du regard tandis qu'on les poursuit. Faulkner
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